Triangle de Corail : Indonésie, Phillipines, Papouasie-Nouvelle-Guinée |
Banda, Indonésie : au Cœur des Récifs Invisibles |




J.-B.P., A.C. - TERRE SAUVAGE N°417 > Octobre > 2023 |
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Un Joyau Sous-Marin sous Pression |










K.W., D.D. et J.H. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°273 > Juin > 2022 |
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Écosystèmes à Protéger : le Triangle de Corail |

COMMENT ÇA MARCHE N°86 > Septembre > 2017 |
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Nouvelle-Bretagne : un Miracle aux Antipodes |

Au nord de cette île de Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous avons plongé dans un des rares récifs corallien encore intacts de la planète. Ici, on croise 536 types de coraux et 900 espèces de poissons de récifs. le dernier paradis ?
Dans un coin reculé de l'océan Pacifique se niche un royaume de corail : la baie de Kimbe. "Un monde en soi, plus étrange que les confins de l'espace", raconte notre photographe, David Doubilet. Mais, à la différence de l'espace froid, ce monde vit et respire : dans cet univers évoluent des galaxies de poissons et des formations de corail aussi spectaculaires que l'explosion d'une supernova. La baie se situe sur la côte de la Nouvelle-Bretagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La région est à cheval sur deux plaques tectoniques en collision, ce qui a produit un paysage de volcans, un étroit plateau continental plongeant brutalement dans des abysses de 2000 m de profondeur, et des monts sous-marins couronnés au fil des millénaires par des récifs coralliens.

Voilà 17 ans, Doubilet a passé 8 jours en reportage à Kimbe. Il en est reparti envoûté, avec l'envie tenace d'y retourner. Une obsession ancrée dans le souvenir d'un paradis sous-marin traversé de bancs de poissons couleur argent, de prairies de gorgones rouges et d'eaux cristallines. Pendant des années, le photographe s'est demandé : ce paradis est-il encore intact ? "Certains récifs coralliens sont pleins d'énergie, décrit-il, comme une toile abstraite de Jackson Pollock". Mais, dans le souvenir de Doubilet, Kimbe est impressionniste, "telle une peinture de Monet". Recenser la vie marine qui ondule, nage ou rampe dans ses courants, c'est plonger dans une diversité florissante. L'inventaire comprend ici 536 types de coraux (plus de la moitié des espèces du monde) et 900 espèces de poissons de récif. Des merveilles minuscules (l'hippocampe denise, qui tient sur l'ongle du petit doigt) ou énormes (le grand cachalot) s'y côtoient. L'explication tient autant à la géographie qu'aux courants océaniques, aux températures et aux caprices de l'évolution.

Grâce à son extrême isolement, ce récif corallien déborde autant de vie qu'il y a 17 ans - à la différence de tant d'autres. Il ne subit pas de pression démographique comme, disons, les récifs des eaux asiatiques. La pêche commerciale y est inexistante. Il prospère aussi parce qu'on en prend grand soin. Parmi ses défenseurs figure Nature Conservancy, une organisation à but non lucratif. Elle a conçu un plan instituant 14 aires marines protégées dans la baie, avec le soutien d'un organisme local de protection et d'éducation, Mahonia Na Dari (gardien de la mer), et d'un centre pour la gestion locale des aires de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui aide les habitants à gérer et protéger leurs ressources.
À quoi ressemble un récif corallien en bonne santé ? Pour le savoir, voyez celui de Kimbe, affirme Geoffrey Jones, professeur de biologie marine à l'université James Cook de Townsville, en Australie. Parmi ses singularités : une rare abondance en gobies, des petits poissons aux habitats restreints et spécialisés. Certains d'entre eux passent leur vie dans un seul type de corail, au même endroit. "Si ce corail vient à disparaître, c'en est également fini du poisson". Pour l'heure, le poisson et le corail sont bien présents. Pour l'heure. Répétons-le sans relâche : les récifs meurent aussi. 
Ils sont vulnérables à l'acidification de l'océan, à la surpèche, aux effluents agricoles et, surtout, au réchauffement climatique. Celui-ci provogue sur le plan biologique une cascade d'événements, qui se termine avec du corail blanchi comme un squelette. "Nous sommes arrivés durant l'une des pires moussons des dernières décennies", relate Doubilet à propos de son retour. Le changement climatique perturbe les phénomènes météo partout sur le globe. Dans la baie de Kimbe, la mousson s'est invitée lors d'un mois d'ordinaire clair et frais. Des pluies torrentielles ont provogué des ruissellements, troublant les eaux proches de la côte et contraignant le photographe à se concentrer sur des récifs plus éloignés. Même ainsi, la baie de Kimbe résiste. Le poisson argenté, le corail éclatant et la gorgone écarlate qui hantaient Doubilet y vivent encore. Pour l'heure. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, plus de la moitié des récifs coralliens sont menacés. Les récifs sont fragiles, aussi fragiles et envoûtants que le souvenir de certains rêves.
C.N. et D.D. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°170 > Novembre > 2013 |
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