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Voici que nos abeilles, déjà menacées par le frelon asiatique et les pesticides, subissent aussi la pollution atmosphérique. Robbie Girling (université de Southampton, Angleterre) vient de montrer que le dioxyde d'azote émis par les moteurs diesel masque l'odeur des fleurs, perturbant la pollinisation. Il a reproduit en laboratoire l'odeur de la fleur de colza et l'a mélangée avec de l'air plein de gaz d'échappement. En moins d'une minute, deux composés aromatiques floraux sur huit n'étaient plus décelables. De quoi brouiller le signal olfactif envoyé par les fleurs pour attirer leurs pollinisateurs, surtout près des routes.
Trois pesticides - la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame - présentent un risque élevé pour les abeilles.
Telle est la conclusion de l'Autorité européenne de sécurité des aliments, qui a évalué le risque lié à l'exposition des butineuses via le pollen et le nectar, les poussières ou l'exsudation par la plante.
Quatre nouveaux virus ont été détectés dans des colonies saines d'abeilles domestiques aux États-Unis. Deux d'entre eux formaient même le plus gros des troupes de la flore microbienne des butineuses. On ignore encore si ces virus jouent un rôle dans le syndrome d'effondrements des colonies d'abeilles.
Des chercheurs ont mis en évidence pour la première fois l'effet conjoint d'un champignon et d'un pesticide. De quoi éclairer d'un jour nouveau la rapide disparition des butineuses. En décembre 2007, Science & Vie (n°1083) se faisait l'écho d'une avancée significative dans l'enquête portant sur la mystérieuse disparition des abeilles domestiques aux États-Unis, en Europe ou en Chine. Depuis 2004, en effet, nombre d'apiculteurs voient leurs ruches se vider brutalement de leurs ouvrières sans que les cadavres de celles-ci ne soient retrouvés à l'intérieur ou aux alentours de la ruche. Des centaines de millions d'abeilles manquent ainsi à l'appel ! COUPABLES RECHERCHÉS : En l'absence de cause connue, le phénomène a été baptisé "syndrome d'effondrement des colonies" (CCD en anglais, pour Colony ColJapse Disorder), et il serait responsable d'au moins un tiers des pertes de colonies d'abeilles domestiques aux États-Unis. Sachant que les trois quarts des espèces de plantes dont se nourrissent les hommes reposent sur l'abeille pour leur pollinisation, les scientifiques se mobilisent pour identifier le coupable. Ou plus vraisemblablement les coupables, car jusqu'à présent aucune étude n'a pu mettre en évidence la responsabilité d'un agent biologique ou chimique en particulier. En 2007, l'équipe de Ian Upkin (université Columbia à New York) démontrait pourtant, étude génomique à l'appui, la présence quasi systématique du virus de la paralysie aiguë (ou IAPV) dans les colonies d'abeilles décimées. Mais les auteurs confiaient qu'ils n'avaient pas pour autant démontré de lien de causalité directe ; ils supposaient plutôt que le virus agit en conjonction avec d'autres facteurs affaiblissant les défenses immunitaires de la butineuse. Parasites, pesticides ou mauvaise alimentation étant les complices envisagés. La piste d'une association de malfaiteurs était ainsi privilégiée, sans pour autant qu'aucune démonstration n'ait pu en être faite. ÉTUDIER LES INTERACTIONS : Pis, la combinaison du parasite et du pesticide induit aussi une moindre production d'une enzyme permettant à l'abeille de sécréter un antiseptique préservant le miel et la nourriture pour les larves des contaminations bactériennes. L'interaction entre le parasite et le pesticide augmente donc la mortalité des abeilles à court terme, mais affaiblit également la colonie sur le long terme. Si cette étude de laboratoire reste difficilement extrapolable aux conditions naturelles, elle confirme la nécessité d'étudier les interactions entre les différents stress auxquels sont soumises les abeilles. Un projet européen de recherche portant sur l'interaction de trois facteurs vient d'ailleurs d'être lancé. Les coupables de ces disparitions seront peut-être enfin démasqués !
Alors qu'elles sont indispensables à la survie de la planète, les abeilles disparaissent par milliards. À qui la faute ? Rien ne va plus dans la nature depuis le milieu des années 90. Les abeilles meurent par milliards, sans raison apparente. En France, plus de 300.000 ruches ont disparu depuis 1994. Les États-Unis ont perdu 1,5 million de ruches. Cette année, l'hécatombe gagne l'Allemagne, l'Italie, la Belgique, l'est de la France, l'Asie... toute la planète est touchée. Hormis les apiculteurs, personne ne s'en inquiétait jusqu'à ce que les baisses de production des vergers et des tenues maraîchères deviennent inquiétantes. On réalise alors que les insectes pollinisateurs tiennent un rôle fondamental pour environ un tiers de la production mondiale de nourriture (fruits, légumes, oléagineux, protéagineux, café, cacao, épices...), pour l'essentiel en cultures vivrières. Le phénomène de disparition brutale des abeilles ne s'explique pas entièrement. Si l'on peut identifier huit coupables, aucun n'est responsable à lui seul de l'hécatombe à laquelle nous assistons. LES PESTICIDES : Pesticides. C'est le nom de la grande famille des tueurs d'insectes, de parasites, de champignons, de plantes sauvages indésirables dans une culture. En France, en moyenne, on en répand 107.000 tonnes par an. lls polluent 57 % des nappes d'eau souterraines et sont présents dans presque tous les cours d'eau. Par définition, un insecticide tue les insectes. Les abeilles sont des insectes... Un insecticide dans un champ, un herbicide dans celui d'à côté, un fongicide dans un troisième... Sachant qu'une abeille butine jusqu'à 700 fleurs par jour dans un rayon de 3 km, elle ingère un cocktail de produits chimiques mortels. Le plus ravageur est le varroa (->). Cest un gros acarien qui pompe la lymphe des abeilles. Une sorte de vampire des abeilles, bien identifié, visible à l'oil nu et que les apiculteurs savent traiter. De même, ils connaissent depuis longtemps les différentes espèces de nosema, des parasites du tube digestif très destructeurs de colonies. Sans qu'on puisse leur imputer l'hécatombe actuelle, varroa comme noserna connaissent une mystérieuse prolifération. À terme, quelles en seront les consequences ? Deux espèces de loques (<-) putréfient puis dessèchent les larves des couvains d'abeilles, avec de graves conséquences sur le cheptel apicole. Les adultes n'étant pas touchées, cette épizootie n'explique pas la disparition d'abeilles en pleine activité. Le grand accusé est le frelon asiatique (->), qui a conquis une partie de la France. Il tue les butineuses solitaires ou attaque directement les ruches. Il commet des dégâts, mais n'est pas la cause des disparitions massives. Beaucoup d'apiculteurs disent que les grandes étendues d'une seule culture privent les abeilles d'un régime de pollens et de nectars variés, ce qui les affaiblit. La suppression des haies, des friches naturelles réduit aussi leurs ressources alimentaires. Ce sont à 90 % des plantes pesticides, c'est-à-dire que la plante sécrète son propre insecticide ou est résistante à un puissant herbicide. On retrouve des pollens de maïs génétiquement manipulé dans des ruches situées à plus d'un kilomètre d'un champ d'OGM. Question : la mortalité touche des régions sans OGM. Télévision, radio-téléphonie, wi-fi... certains les accusent de perturber le système de navigation aérienne des abeilles. Pas de preuves formelles même si la présence d'un téléphone portable provoque du désordre dans l'organisation d'une ruche. Question : les abeilles se portent bien en ville. Peut-être faut-il chercher dans la différence des ondes urbaines et rurales... RÉFLECTIONS À PROPOS DE L'ABEILLE 1/ Les insectes sociaux dont les abeilles, vivent sur Terre depuis 120 millions d'années. Ils ont traversé les grandes perturbations géologiques et climatiques survécu à la disparition des dinosaures. Échanges commerciaux provoquant l'arrivée de virus et de prédateurs, ondes radio, pesticides, OGM... les coupables de leur déclin actuel relèvent tous de l'activité humaine. LES CHIFFRES France : 2000 apiculteurs professionnels, 98.000 amateurs...
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