Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Holometabola, Hymenoptera (entre 1 et 5 millions d'espèces, une centaine de familles)
Hyménoptères, Apocrita, Aculeata, Formicidae (358 genres, + de 12000 espèces)

Pourquoi les Insectes vont Conquérir le Monde

Ces Autres Insectes à l'Affût qui Menacent

Il n'y a pas que les fourmis... Moustiques, blattes, criquets et autres chenilles connaissent, eux aussi, une extension planétaire inédite. Un phénomène tel qu'il risque de toucher de plus en plus nos campagnes, nos villes... et notre santé.

Depuis quinze ans, les moustiques du genre Aedes ne cessent de se répandre à travers le monde : originaires du Japon et d'Egypte, ils ont colonisé les États-Unis, l'Amérique centrale, les Caraïbes, l'Albanie et l'Italie. Un spécimen a même été découvert dans le Val d'Oise en 2002 ! Installé sur les côtes italiennes, à moins de 60 km de nos frontières, il progresse au rythme de 6,25 km par an, estiment les chercheurs de l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen. Ce qui pourrait l'amener à gagner la Côte d'Azur dès 2010. Une situation qui appelle à une surveillance accrue, car Aedes n'est pas un banal moustique : il est le vecteur de la dengue, qui tue 20.000 personnes par an dans le monde.
Et il n'y a pas que lui ! D'autres moustiques, tout autant propagateurs de redoutables maladies infectieuses, inquiètent les autorités sanitaires. Le paludisme (plus de 1,5 million de morts par an dans le monde), véhiculé par l'Anopheles gambia, avait disparu de nos contrées. Or un rapport de l'OMS de 2002 a révélé qu'il resurgissait en Europe centrale et du Sud. Plus près de nous, c'est le moustique Culex, vecteur du virus du Nil occidental, qui mobilise depuis fin 2000 en Camargue. À tel point que Jean-Pierre Hervé, du Laboratoire de recherche sur les insectes nuisibles à Montpellier, redoute que le virus du Nil supplante "dès l'an prochain, le Sras à la une des journaux". En effet, la conquête d'autres territoires change la donne. Et pas seulement sur le plan sanitaire : les cultures ne sont pas moins menacées par le développement inédit de certaines espèces.

Des risques pour la santé...

Paludisme, dengue, fièvre jaune, virus du Nil... La liste est longue des maladies mortelles que transmettent certains moustiques. Le paludisme que véhicule Anopheles gambia (<-) tue plus d'un million et demi de personnes dans le monde.

L'abeille africaine Apis mellifera scutellata (->) a, elle, été importée au Brésil en 1959 pour améliorer la production de miel. Hélas, son hybridation avec l'abeille locale a donné naissance à "l'abeille tueuse", une race colonisatrice et hyperagressive : elle tue 200 personnes par an et on la retrouve jusqu'en Californie...

Avec des épidémies pouvant se propager là où on ne les attend pas, l'invasion territoriale par certains insectes représente d'ores et déjà un risque sanitaire. Sans oublier les ravages agricoles et leurs conséquences économiques. Ainsi stopper l'extension des insectes est un défi pour la science, qui implique, non seulement de comprendre les facultés des espèces concernées, mais aussi de prendre en compte comment l'humain a favorisé des terrains, tel le réchauffement climatique.

LE MIGRATEUR LE PLUS NUISIBLE ? UNE SIMPLE CHENILLE...

Ainsi du criquet pélerin : sévissant en Afrique et en Asie, il aborde aujourd'hui les côtes d'Espagne et d'Italie, et les zones où il pullule se multiplient (Maroc, Yémen et Chypre). Or un seul essaim peut engloutir 300 tonnes de végétaux par jour ! Moins spectaculaire, la chenille processionnaire n'en a pas moins été identifiée en 2001 par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) comme "migrateur le plus nuisible". Implantée dans les forêts méditerranéennes, elle ne cesse de progresser en Europe (Espagne, Portugal et France) et dans les pays du Maghreb, où elle dévore les résineux. Et que dire des abeilles tueuses : d'origine d'africaine, elles ont été importées au Brésil en 1956 et, depuis lors, remontent vers le Nord, jusqu'au Nevada, au rythme de 300 km par an ! Une colonisation qui a déjà tué plus de 1500 personnes par piqûres...
Dans les villes, la situation n'est pas plus brillante. Là, ce sont les termites qui n'en finissent pas de grignoter charpentes et planchers, au point que le 21 mars 2003, un arrêté préfectoral décrétait même Paris "zone infestée".

... Et les habitations et les récoltes
Les fléaux subtropicaux profitent du réchauffement global. Importés en France au XVIIIè siècle avec les bois africains, les termites (à gauche) se sont adaptées et grignotent aujour-d'hui quelque 6 millions de logements en France.

La chenille processionnaire du pin (au milieu)
, hier méditerranéenne, a passé récemment la Loire. Quant au criquet pèlerin africain (à droite), il a franchi la Méditerranée.

DES INVASIONS FAVORISÉES PAR LES ÉCHANGES COMMERCIAUX

Les blattes ne sont pas en reste : colonisant les villes du monde entier, elles seraient responsables d'un nombre croissant d'allergies respiratoires, dont l'asthme. Ironie de l'histoire : cette invasion des insectes qui menace l'homme, c'est lui qui en est le premier responsable. Car c'est bien avec le développement du commerce que moustiques et autres cafards ont pu, en transitant par les soutes des avions ou des bateaux, étendre leurs territoires. La généralisation du chauffage urbain a également joué un rôle, attirant dans les villes blattes et termites. Tandis que les modifications des pratiques agricoles ont favorisé l'expansion du criquet (déboisement, augmentation de la taille des exploitations) et de la chenille (monoculture des résineux, comme le pin d'Alep au Maghreb). Enfin, prévient encore l'OMS, le réchauffement climatique pourrait aggraver la situation. Devenant plus chaudes et humides, les zones tempérées pourraient notamment attirer de nouvelles espèces de moustiques et, déjà, l'arrivée en Europe du Sud d'Aedes aegypti, vecteur de la dengue et de la fièvre jaune, est redoutée. Contre de telles invasions, l'homme ne dispose que d'une seule arme : les pesticides. Mais leur efficacité est limitée. En effet, le patrimoine génétique des insectes mute rapidement, les rendant insensibles aux traitements. En mai dernier, des chercheurs de Montpellier ont identifié des mutations permettant aux moustiques Culex Pipiens et Anopheles gambia de résister aux insecticides. Un atout génétique pour les insectes, ces vétérans de la planète qui, représentant 80 % des espèces animales, paraissent en mesure de contester le moindre pouce de terrain à ce nouveau venu qu'est l'homme.

EN SAVOIR PLUS
- "Voyage chez les fourmis", Bert Holldobler, Edward O.Wilson, éd. du Seuil, 247 p. (1996).
- "La Fourmi et le sociobiologiste", Pierre Jaisson, éd. Odile Jacob, 311 p. (1993).
- "Naturaliste : le savant et les fourmis", Edward O. Wilson, éd. Christian de Bartillat, 400 p. (2000).
- "Vie artificielle. Où la biologie rencontre l'informatique", Jean-Philippe Renard, éd. Vuibert, 408 p. (2003).
- "Les Sociétés animales", Serge Aron, Luc Passera, éd. De Boeck Université, 336 p. (2000).
- "Adresses utiles en entomologie", Michel Martinez, Jean-Louis Dommanget, éd. OPIE, 60 p. (2002).


SITES
- www.issg.org/index.html#ISSG - Site de l'union pour la conservation de la nature.
- www.inra.fr/internet/hebergement/opie-insecte/
Des pages d'entomologie et d'écologie par l'Office pour les insectes et leur environnement (OPIE).
- http://pagesperso-orange.fr/jean-yves.bichaton/fourmisp5.htm - Site associatif. Par des passionnés de fourmis.
- http://aanthill.free.fr/ - Nombreux liens sur les fourmis.

Pourquoi les insectes vont conquérir le monde
1/ Le phénomène des fourmis
2/ Une résistance à toute épreuve
3/ Des armées sans chef
4/ Un duel avec l'homme ?
5/ Ces autres insectes à l'affût

Propos recueillis par J.-J.P. - SCIENCE & VIE > Juillet > 2003
 

   
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