Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Holometabola, Diptera (+ de 150.000 espèces)

Moustiques - La Grande Menace
Diptères, Nematocera (7 infra-ordres, 24 fam), Culicidés (111 genres, 3578 espèces)

Le Moustique Tigre s'implante dans l'Hexagone

H.J. - SCIENCES ET AVENIR N°880 > Juin > 2020

Petites Bêtes, Gros Impact

POUR LA SCIENCE N°490 > Août > 2018

Moustiques - La Grande Menace

Chikungunya, dengue, paludisme... responsables de millions de morts, ces maladies, et d'autres, ont un point commun : elles se transmettent via les moustiques. Or, ceux-ci n'en finissent plus de coloniser de nouveaux territoires aux quatre coins du monde, tout en devenant résistants aux insecticides. Un véritable fléau pour l'avenir, qui met aujourd'hui les scientifiques au défi de trouver des parades.

L'offensive est planétaire

Chikungunya, fièvre jaune, paludisme... Vecteurs d'épidémies meurtrières, les moustiques sont en passe de devenir l'ennemi public n°1. Et rien ne semble pouvoir les arrêter.

Aedes albopictus. Retenez bien ce nom dans les années qui viennent, il risque de devenir célèbre. Car aucun scientifique, aujourd'hui, n'imagine plus comment on pourrait empêcher ce moustique de conquérir le monde. Inconnu en dehors des jungles asiatiques il y a seulement 30 ans, cet être minuscule, incapable de voler par lui-même plus de quelques centaines de mètres, s'est en effet installé non seulement en ville, mais sur les cinq continents. Outre-Atlantique, on le trouve à présent de l'Amérique du Sud jusqu'au Canada. Et en 2005, malgré plusieurs tentatives du réseau de surveillance français pour l'en empêcher, il a réussi à prendre pied à l'extrémité sud-est de l'Hexagone, dans une dizaine de communes des Alpes-Maritimes, entre Nice et Menton, où il se reproduit désormais.
Albopictus, en latin, signifie "peint en blanc" : sa silhouette sombre est en effet mouchetée de taches neigeuses, une à chaque articulation. Les Américains, eux, l'ont baptisé "moustique tigre asiatique", en référence à son abdomen rayé, mais surtout à sa voracité : lorsqu'il est affamé, il suit sa proie partout, jusque dans les maisons et les voitures, sans manifester la moindre crainte. Si les scientifiques suivent avec attention l'offensive du moustique tigre, ce n'est pas tant que son agressivité crée une nuisance partout où on le trouve, mais parce qu'il s'avère un redoutable propagateur de maladies. L'extraordinaire flambée de Chikungunva à la Réunion, dont il est responsable, en est la dernière preuve. Mais Aedes albopictus pourrait être source d'autres mauvaises surprises. Les scientifiques du Centre for Disease Control (CDC) américain ont découvert qu'il était capable de transmettre pas moins de... 22 virus différents ! Dont quatre au moins sont redoutables la dengue, l'encéphalite japonaise, la fièvre jaune et le virus du Nil occidental (ou West Nile).

UNE EXPANSION FULGURANTE

La dengue touche, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs dizaines de millions d'habitants des tropiques, et s'étend régulièrement. Tandis qu'en ce moment même, des cas surviennent périodiquement en Guyane française. Quant au Chikungunya, jusqu'à présent considéré comme rare et relativement bénin, il vient non seulement de flamber à la Réunion, mais semble avoir gagné toute la région (Mayotte, Seychelles, Madagascar...), et s'avère responsable d'une épidémie considérable en Inde. L'expansion fulgurante d'albopictus, si elle reste la plus spectaculaire, n'est pas la seule. Quantité d'autres moustiques se sont lancés à la conquête de nouveaux territoires. Quant à ceux qui restent à leur place, ce sont les pathogènes qui les colonisent qui gagnent du terrain. Parmi les espèces les plus dangereuses, on peut citer Anophele GAMBIAE, Aedes oegypti, Culex vishnui, Culex pipiens et Culex quinquefasciatus. Tous transmettent des maladies de plus en plus meurtrières.

LES RÉGIONS TEMPÉRÉES NE SONT PLUS ÉPARGNÉES

Le paludisme frappe aujourd'hui 300 millions d'êtres humains et tue chaque année près d'un million d'enfants. Malgré l'existence de vaccins, la fièvre jaune et l'encéphalite japonaise continuent elles aussi de poser un énorme problème de santé publique sous les tropiques. Quant à la filariose lymphatique, aussi appelée maladie de l'éléphant parce qu'elle défigure les malades, elle a des conséquences lourdes, 40 millions de cas étant considérés comme graves. Qui plus est, les régions tempérées ne sont pas à l'abri des maladies à moustique. La preuve via des moustiques qui s'infectent sur des oiseaux, le virus du Nil occidental a, depuis 1999, envahi l'essentiel de l'Amérique du Nord, où il a par-dessus le marché muté vers une forme particulièrement sévère, source de méningites et d'encéphalites qui ont d'ores et déjà fait 116 morts en 2005. En France ce virus apparaît périodiquement en Camargue depuis des années. Est-il importé par les oiseaux migrateurs que piquent aussi les moustiques ? Mystère. Heureusement la forme française est moins sévère que l'américaine, et touche en priorité les chevaux... pour l'instant. Car au train où vont les choses, il se pourrait que les moustiques cessent, même dans nos régions tempérées d'être un simple désagrément empoisonnant nos nuits d'été.

 AEDES ALBOPICTUS

Vecteur principal de la dengue et Chikungunya : De 80 à 100 millions de cas par an
MOUSTIQUE : Très actif à l'aube et au crépuscule, il véhicule le pathogène de la dengue, mais aussi, entre autres, ceux du chikungunya, du west Nile et de l'encéphalite de Saint-Louis. Il pond dans les petites collections d'eau en ville, mais survit très bien en milieu rural. Par lui-même, durant ses dix semaines de vie, albopictus ne parcourt que de courtes distances. On peut se protéger de lui en vidant les accumulations d'eau dans son jardin, sa maison, son balcon. Ses oufs résistent à l'hiver ; il pique homme, animaux domestiques et oiseaux.
MALADIE : La dengue est, dans le monde, le principal virus transmis par des insectes. Elle provoque fortes fièvres, maux de tête, vomissements, douleurs articulaires, musculaires, et éruptions cutanées. Peuvent survenir ensuite des hémorragies conjonctivales, des saignements de nez ou des ecchymoses, qui finissent toutefois par disparaître. Dans 1 % des cas, il existe une forme hémorragique très grave la fièvre est alors accompagnée d'hémorragies gastro-intestinales, cutanées et cérébrales, qui peuvent entraîner la mort. À ce jour, il n'existe encore ni traitement ni de vaccin.

 ANOPHELE GAMBIAE

Vecteur principal du paludisme : 300 millions de cas
MOUSTIQUE
: Cet anophèle africain est le grand vecteur du paludisme, mais aussi de la filariose lymphatique et du virus O' Nyong-Nyong. Il se reproduit à proximité des habitations, dans les flaques, ornières, pneus abandonnés, etc. Il pique presque exclusivement l'homme.
Son pic d'agressivité est nocturne et il sévit surtout en intérieur. Les femelles peuvent vivre jusqu'à un mois. Les plus âgées sont les plus infectantes.
MALADIE : Le parasite résiste à de nombreux traitements. P. falciparum compte près de 60 vecteurs, dont Anopheles funestus. Il provoque, de 8 à 30 jours après l'infection, une fièvre intense et cyclique, avec des douleurs musculaires, un affaiblissement, des troubles gastro-intestinaux.

 CULEX VISHNUI

L'encephalite japonaise : 50.000 cas par an
MOUSTIQUE
: Habitant de l'Asie, il pique surtout en extérieur du crépuscule à l'aube. Dans les zones tempérées où il est actif, il agit principalement de juin à septembre (inactif en hiver). Vishnui se reproduit dans les rizières, marécages, mares, canaux, voire dans les flaques et les ornières. Il est favorisé par les élevages porcins ou aviaires, et rare en milieu urbain.
MALADIE : La maladie se manifeste par une fièvre intense s'installant brutalement, des maux de tête, des troubles du comportement, notamment de l'élocution, de la posture, voire des paralysies (on note parfois des troubles intestinaux ou des douleurs abdominales). Les troubles neurologiques vont s'aggravant : tremblements, rigidité, mouvements involontaires, pouvant aboutir au coma. Avec 15.000 décès par an, la mortalité est particulièrement importante parmi les enfants, chez qui l'on constate beaucoup de séquelles neurologiques. Il existe un vaccin, mais pas de traitement.

 CULEX PIPIENS

Vecteur du virus du West Nile.
Quelques dizaines de milliers de cas par an.
MOUSTIQUE
: Il a une aire de répartition très large, de l'Europe aux États-Unis. Il se reproduit dans les fossés, mares, bassins et aime l'eau polluée. Adulte, il passe l'hiver dans des grottes ou des abris. Aux États-Unis, il est aussi le vecteur de l'encéphalite de Saint-Louis.
MALADIE : Elle se manifeste par fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, ganglions du cou, et souvent éruption cutanée et diarrhée. Dans moins de 15% des cas, elle provoque méningites et encéphalites, parfois mortelles.

 AEDES AEGYPTI

Vecteur de la fièvre jaune : 200.000 cas par an.
MOUSTIQUE
: De petite taille (4 mm), ce moustique est très inféodé à l'homme : on le trouve rarement à plus de 90m d'une habitation. Il fait peu de bruit, et attaque de préférence les pieds et les chevilles, de jour ou au début de la nuit. Strictement tropicale, cette espèce fréquente les habitats urbains, et se reproduit dans de petites collections d'eau. Ses oufs peuvent survivre plus d'un an à la sécheresse. Aegypti est aussi un important vecteur de la dengue.
MALADIE : Elle débute par fièvre, douleurs musculaires et maux de tête. Dans les formes graves, au bout de trois jours, un syndrome hémorragique avec vomissement de sang apparaît, ainsi qu'une jaunisse qui donne son nom à la maladie. Il existe un vaccin, mais pas de traitement.

 CULEX QUINQUEFASCIATUS

Vecteur de la filariose lymphatique : 120 millions de cas.
MOUSTIQUE
: C'est durant les mois les plus chauds que ce moustique est le plus actif. Il pique principalement la nuit, à l'intérieur, mais surtout à l'extérieur, les hommes et les oiseaux. Cette espèce pond dans les égouts, les puisards, les eaux polluées. Présent en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, il peut aussi véhiculer le Chikungunya et le West Nile.
MALADIE : La filariose lymphatique, ou éléphantiasis, est provoquée par un ver microscopique. Elle aboutit à des déformations sévères des membres, du visage ou des organes génitaux, s'accompagnant de surinfections. Le traitement est peu efficace.

Yves Sciama - SCIENCE & VIE > Juin > 2006
 

   
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