Améliorer les Capacités de notre Cerveau

La Dopamine Dope l'Effort Soutenu

La motivation nécessaire pour mener à bien une tâche à long terme viendrait d'une libération croissante de dopamine dans une région du cerveau, le striatum.

Plus nous approchons du but et plus il est important, plus la quantité de dopamine sera élevée, fournissant un moteur pour accomplir les efforts nécessaires. Découvert par Mark Howe du MIT (États-Unis) chez le rat, ce mécanisme est sans doute à l'ouvre chez l'homme, car un déficit en dopamine (par exemple dans la maladie de Parkinson) est lié à des difficultés pour mener une tâche à son terme.

V.E. - SCIENCE & VIE > Octobre > 2013

10 Trucs pour se Concentrer et le Rester

Vous avez prévu une après-midi d'étude ou de travail sur un projet, mais pas simple de rester attentif sur le long terme et se tenir à ses objectifs... Voici quelques conseils pratiques, essayés et validés.

Organisez l'environnement de travail selon vos préférences. Vous pouvez pour cela évaluer la lumière, le bruit ou le confort de 3 ou 4 espaces pour choisir celui qui sera le mieux pour vous.

Assurez-vous de disposer de tous les outils et éléments nécessaires à l'activité. Rien de plus efiicace pour se déconcentrer que de s'interrompre pour aller chercher ce qui manque.

Conservez un carnet à proximité pour jeter toutes les pensées parasites (par exemple "je dois appeler X pour confirmer le diner de samedi) dès qu'elles se manifestent au lieu d'y répondre dans l'instant.

Détendez votre corps et votre esprit avant de commencer à étudier. Une promenade est par exemple très utile. Vous pouvez aussi lire quelques pages d'un roman, pour stimuler doucement l'attention.

Fixez-vous des buts réalistes. Si vous planifiez de réviser l'ensemble du cours de l'année en 3 heures, l'ampleur de la tâche risque de perturber votre concentration.

Faites des courtes pauses toutes les 20 à 30 minutes. Plutôt que de brancher la télé ou de consulter le téléphone portable, mieux vaut fermer les yeux et repenser tranquillement à ce que vous venez d'étudier ou de faire.

lmaginez que votre cerveau est rempli de l'objet de votre attention, sans porte d'entrée pour les pensées parasites.

Cassez la structure globale de la tâche pour adopter un processus étape par étape, plus propice à des moments de concentration et des moments de pause.

Attachez-vous à trouver une motivation quand l'activité ne vous intéresse pas beaucoup. Cela peut être un intérêt personnel, par exemple un étudiant sportif qui va envisager la révision d'un cours de biologie comme une source d'information sur le fonctionnement de son corps.

Établissez un contrat personnel basé sur votre sensibilité aux récompenses ou aux punitions. Par exemple, "pour 10 pages lues, j'écoute un peu de musique pendant 10 minutes", ou "si je ne finis pas ce rapport je renonce à ma sortie au cinéma".

RÉFÉRENCE : Learning and Academic Skills Center, université du Minnesota.

MÉDITATION : LA MÉTHODE LA PLUS ANCIENNE ET LA PLUS EFFICACE

Entre les méthodes décevantes et celles en cours de développement, le bilan est mitigé. Et si la meilleure des stratégies pour renforcer ses capacités de concentration était à notre portée, depuis des millénaires ? Pratique spirituelle, la méditation est également un excellent outil mental dont les effets sur l'attention sont aujourd'hui confirmés par la recherche. Une étude publiée en 2009 par Antoine Lutz, à l'époque chercheur de l'université de Wisconsin-Madison s'appuie sur un entrainement intensif la méditation de 3 mois, centrée sur l'attention à la respiration. Cette pratique répétée et régulière améliore la stabilité attentionnelle des participants.
Comment expliquer un tel effet chez les méditants expérimentés ? Si les mécanismes restent mal connus, Jean-Philippe Lachaux annonce une hypothèse : l'attention de l'expert serait en grande partie focalisée sur sa tâche principale, par exemple à 80 %, tout en consacrant les 20 restants à une "sorte d'attention à l'attention", c'est-à-dire des ressources attentionnelles utilisées pour veiller et maintenir le bon niveau de concentration sur la tâche en cours. Pour illustrer son propos, le spécialiste de l'attention prend l'exemple du voilier : "Pour bien diriger un voilier, il faut apprendre à observer les vents et les courants. De la même façon, pour contrôler son attention, on doit prendre en compte tout ce qui peut l'influencer, positivement ou non. La méditation renforce la capacité à accorder le juste niveau attentionnel, sans trop s'engager - ce qui déboucherait sur la captivation. Ce léger recul sur la tâche en cours, avec un regard introspectif sur la dynamique de l'attention, est sans doute le principal secret de méditants".

LES BIENFAITS DE LA COLÈRE
La recherche a tardé à s'intéresser à l'impact des émotions, mais depuis quelques années les études se multiplient, apportant des résultats surprenants
. Ainsi, la colère peut être bénéfique à la négociation, en agissant sur... l'attention ! Deux psychologues de l'université de Californie, Wesley Moons et Diane Mackie, ont mis leurs participants en colère avant de leur faire lire un texte défendant une mesure qui leur est défavorable. Certains arguments sont forts et pertinents, tandis que d'autres se caractérisent par leur faiblesse et leur manque de sérieux.
Résultat ? La colère n'empêche pas d'avoir les idées claires, au contraire. Les participants énervés distinguent davantage les bons arguments des mauvais. Leur attention sur le message étant renforcé, ils peuvent en évaluer toute la pertinence et être incités à changer d'avis. Selon les deux chercheurs, la colère n'est pas toujours une alliée de la négociation : elle peut perturber la pensée en altérant la perception du risque, en accentuant les préjugés et en déclenchant des comportements agressifs. Mais dans certains cas, la colère permet l'analyse plus attentive et rationnelle d'un raisonnement proposé par une autre personne. Wesley Moons precise les conditions de l'effet positif : "la colère améliore la concentration et la profondeur du traitement parce qu'elle nous pousse à prêter attention. Elle nous réveille d'un état émotionnel neutre et signale que quelque chose ne va pas. Cet effet n'apparaît que pour des niveaux modérés de colère, alors qu'une émotion très intense conduit plutôt à un traitement moins profond de l'information. L'impact positif de la colère doit logiquement apparaître pour d'autres émotions négatives (frustration, ressentiment, peur...), car elles indiquent toutes qu'il y a quelque chose d'inhabituel et qu'on devrait porter attention pour résoudre le problème. Mais d'autres études sont nécessaires pour le vérifier". De plus, les conséquences de la colère dépendent des origines culturelles de l'individu. Ainsi, une étude réalisée en coopération entre l'INSEAD et l'université de Berkeley en 2010 indique que les populations asiatiques réalisent de plus petites concessions quand la négociation se solde par la colère de leur interlocuteur.
RÉFÉRENCES : W.G. Moons et D.M. Mackie, Drinking straight while seeing red : the influence of anger on information processing, Personality and Social Psychology Bulletin, 2007. H. Adam et coll., Cultural variance in the interpersonal effects of anger in negotiations, Psychological Science, mai 2010.

LES CAHIERS DU MONDE DE L'INTELLIGENCE N°1 > Août-Septembre-Octobre > 2013

Extraits Végétaux : une Alternative qui fait ses Preuves

Le problème est surtout éthique : le dopage cérébral est-il réservé à une partie de la population ?

CAFÉINE

Ses effets positifs sont démontrés de longue date sur les ressources attentionnelles. Elle améliore la vigilance auditive et visuelle, diminue les temps de réaction, renforce l'attention soutenue. Mais des études récentes commencent à révéler son impact sur des performances cognitives : elle permettrait de renforcer l'apprentissage et la mémoire à court terme dans des tâches simples. D'après des résultats récents, la caféine renforce la transmission de l'information entre les neurones, dans une partie de l'hippocampe - une zone indispensable à la mémorisation.

THÉANINE

Cet acide aminé, présent en particulier dans le thé, agit sur les rythmes des ondes alpha dans le cerveau. Il améliore ainsi l'apprentissage et la concentration en situation de stress, et réduit la sensibilité aux informations parasites durant la mémorisation. Sa principale plus-value concernerait les fonctions exécutives, impliquées notamment dans la planification d'activité ou la prise de décision. La théanine pourrait améliorer d'autres aspects de la performance cognitive en étant associée à la caféine - comme elle l'est naturellernent dans le thé.

GLUCOSE

Source d'énergie indispensable à toutes les activités cognitives, il améliore la mémorisation à court terme, accélère la prise de décision et, chez les enfants, limite la sensibilité à la distraction quand ils travaillent seuls. Si les bénéfices du glucose sont assez clairs aujourd'hui, les études indiquent des résultats contradictoires sur le mode d'ingestion : vaut-il mieux une boisson surdosée, à impact rapide, ou une digestion lente, sous forme d'hydrates de carbone ?

GINKGO BILOBA

Connu sous le nom d'arbre aux mille écus, il est la base de très nombreuses applications médicales. Ses propriétés vasodilatatrices sont connues depuis plusieurs millénaires. L'extrait de feuilles de ginkgo biloba est également antioxydant. D'après plusieurs études, il améliore l'attention soutenue et la mémoire des visages, et il facilite la prise de décision exécutive.

GUARANA

Cette plante amazonienne, reconnue depuis des temps ancestraux comme source d'énergie, a un impact marqué sur les capacités attentionnelles. Rien d'étonnant quand on sait que le principal composant contenu dans les graines de guarana est la caféine - environ 5 % du poids des grains. Mais d'autres principes actifs, encore inconnus à ce jour, apporteraient des effets positifs. Des études signalent son rôle dans l'amélioration de la vigilance et la capacité à rappeler correctement des informations.

FLAVANOLS DE CACAO

Ces nutriments, connus pour leurs propriétés antioxydantes, boostent le traitement des informations visuelles et diminuent la fatigue mentale. Ses bénéfices seraient d'autant plus marqués deux heures après l'ingestion de cacao. Une récente étude s'est intéressée à l'impact d'une consommation régulière sur la mémoire de travail. Si les chercheurs n'ont pas relevé de bénéfice significatif sur la performance, ils constatent en revanche une modification de l'activité cérébrale dans plusieurs zones impliquées dans la mémorisation et le rappel d'informations.

GINSENG

La racine de cette plante originaire d'Asie du Nord-Est est réputée pour ses propriétés pharmaceutiques. Depuis quelques années, les chercheurs découvrent ses bénéfices cognitifs. Il augmente la vitesse de rappel d'informations, renforce la performance dans des tests arithmétiques simples et diminue les erreurs. Le ginseng chinois limite aussi la fatigue mentale associée à des efforts cognitifs soutenus. Si son mécanisme d'action reste inconnu, une hypothèse concerne sa capacité à moduler les niveaux de sucre dans le sang.

- H. E. Gorby et coll., Do specific dietary constituents and supplements affect mental energy ? Review of the evidence, Nutrition Reviews, décembre 2010.
- Society of Science & the Public, Science News, fevrier 2011.

CAFÉINE ET GLUCOSE AU MENU DES RATIONS MILITAIRES
Décryptage des pistes de dopage cognitif chez les militaires par Harris Liebermann, chercheur en psychologie à l'lnstitut de recherche de l'armée américaine.

"Nos études sur la caféine prouvent son impact sur l'énergie mentale. Ses bénéfices principaux dépendent de plusieurs facteurs. Lorsqu'on est reposé, elle stimule surtout la vigilance et la concentration. En cas de privation de sommeil, son intérêt s'élargit à d'autres aptitudes comme l'apprentissage et la mémorisation. Par contre, il est très difficile de définir une dose idéale. Il existe une sensibilité génétique aux effets de la caféine, et les bénéfices cognitifs sont probablement moins marqués chez les gros consommateurs. L'armée s'intéresse beaucoup aux suppléments nutritifs et à leurs conséquences. S'ils sont efficaces et sans danger, ils intègrent les rations des soldats américains. Pour l'instant, celles-ci contiennent des apports en caféine, mais aussi en glucose, un carburant cognitif essentiel. Actuellement, nous étudions les effets d'un acide aminé, la tyrosine, sur les performances cognitives dans des situations extrêmes - par exemple de très grand froid ou de stress élevé. Concernant les médicaments, on sait que le modafinil apporte une aide précieuse aux pilotes privés de sommeil. Mais il ne faut pas négliger les effets indésirables de ces molécules. De plus, quelle est la qualité de la performance cognitive sous modafinil ? Le plus efficace, pour disposer de ses pleines capacités mentales, est de bien dormir ! Si ce médicament permet de restaurer le niveau de performance, rien ne vaut la pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels".
R.B. Kanarek et H.R. Lieberman, Diet, Brain, Behavior : pracrical implications, CRC Press, 2011

LES ALIMENTS DE LA CONCENTRATION

Pour tout parent qui souhaite favoriser les capacités attentionnelles des enfants sans investir dans des jeux vidéo, un autre mode d'action efficace concerne... leur assiette. Suivez le guide pour savoir comment la remplir :
- Céréales, fruits, légumes : leurs sucres apportent du glucose, source indispensable d'énergie et de maintien de la vigilance.
- Oufs, lait et fromages, carottes, pommes de terre : ils sont une source de zinc, essentiel à la concentration et la mémoire.
- Thon, truite, germes de soja : ils fournissent de la tyrosine, impliquée dans la synthèse de neurotransmetteurs essentiels à la vigilance et la concentration - adrénaline, noradrénaline, dopamine.

LES CAHIERS DU MONDE DE L'INTELLIGENCE N°1 > Août-Septembre-Octobre > 2013
 

   
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