Les Chimères : Embryons mi-Homme mi-Animal

Embryon Hybride Humain-Singe

O.D. - SCIENCE & VIE N°1246 > Juillet > 2021

La Course aux Embryons Chimères est lancée

H.J. - SCIENCES ET AVENIR N°871 > Septembre > 2019

Des Embryons Humains Génétiquement Modifiés

L.L. - SCIENCES ET AVENIR N°843 > Mai > 2017

Premiers Embryons Homme-Cochon Viablent Créés
Premiers Embryons Chimères Porc-Humain

F.G. - SCIENCE & VIE N°1195 > Avril > 2017
H.J. - SCIENCES ET AVENIR N°841 > Mars > 2017

Les Chimères (Génétique)

En génétique, une chimère est un organisme qui possède deux ou plusieurs génotypes distincts. Cette anomalie est extrêmement rare chez l'être humain mais pas totalement impossible. Moins d'une centaine de cas sont décrits dans la littérature médicale [1].

Peu après la fécondation, si deux jumeaux se forment, il arrive qu'un œuf migre vers l'autre œuf. Une fusion se produit alors et le développement continue normalement. Le fotus possède ainsi certaines parties du corps avec un génotype donné et le reste caractérisé par un autre génotype, proche mais similaire à celui d'un proche parent. Une femme possédait par exemple un génotype spécifique pour sa tête alors que son tronc était génétiquement différent. Elle devait subir une transplantation du rein et les analyses effectuées sur un de ses fils montrait qu'elle ne pouvait être sa mère. Une étude plus poussée permit de découvrir qu'elle possédait des ovaires avec deux génomes [2].

Les médecins supposent que les chimères apparaissent suite à l'utilisation de médicaments pour améliorer la fertilité. Les chimères humaines peuvent présenter des lignes de Blaschko [3]. Les lignes de Blaschko est le nom donné à un phénomène cutané extrêmement rare qui apparaît chez l'être humain et qui produit des marbrures avec des motifs caractéristiques sur la peau.

On rencontre aussi des chimères interspécifique (entre espèces). Le plus souvent ces espèces sont proches, avec en particulier les chimères souris-rat et mouton-chèvre. Les mouton-chèvre sont stériles, les souris-rat aboutissent à la disparition des cellules de rat. Des chimères d'espèces très proches peuvent être fertile (espèces de souris Mus musculus et M. caroli). Les hybrides mouton-chèvre sont des chabins ou ovicapres. Les produits issus de la fécondation artificielle sont des chimères.

Applications technologiques

En biologie développementale, l'utilisation de chimères a permis des avancées majeures pour la compréhension de la formation de la crête neurale, avec le développement en 1969 par Nicole Le Douarin, d'une technique originale de visualisation de la différenciation et de la migration des cellules embryonnaires, la fusion d'embryons chimèriques caille-poulet. Cette approche a permis des avancées cruciales dans la connaissance des systèmes nerveux et immunologique.

En mai 2007, le gouvernement britannique a donné son autorisation à la création de chimères d'humain et d'animal, in vitro, dans le cadre de recherches scientifiques. Ce sont des équipes impliquées dans les recherches sur les cellules souches qui souhaitent travailler sur de telles organismes. En pratique, des noyaux de cellules humaines sont placés au sein d'ovocytes animaux, lapins ou bovins, par exemple [4].

Références

1/ Howard Wolinsky, "A mythical beast. Increased attention highlights the hidden wonders of chimeras", dans EMBO reports, vol. 8, n+3, 2007, p. 212-214 (A mythical beast texte intégral)
2/ Damn Interesting, The Not-So-Legendary Chimera
3/ Understanding Genetics : Human Health and the Genome
4/ La Grande-Bretagne autorise des "chimères" homme-animal , Le Monde, 9 septembre 2007

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WIKIPEDIA > Mars > 2009

La Création d'Embryons mi-Homme mi-Animal bientôt autorisée en Grande-Bretagne ?

Outre-Manche, trois projets visent à franchir un nouveau pas dans la recherche sur des cellules souches. Explications avec Stephen Minger, à l'origine d'un des projets.

Science & Vie : Pourquoi créer des embryons hybrides homme-lapin ou homme-vache ?
Stephen Minger : Nous voulons étudier les formes génétiques des maladies des motoneurones, de Parkinson, Alzheimer et de l'amyotrophie spinale (affection neuromusculaire rare où les neurones de la moelle épinière dégénèrent). Pour ces maladies, il n'y a pas de traitement et nous n'avons pas de bons modèles animaux. Nous devons donc obtenir des cellules souches pour comprendre les mécanismes et tester des médicaments.

S&V : Les embryons 100 % humains ne suffisent-ils pas ?
S.M. : La stimulation ovarienne pour aider les femmes qui veulent un enfant est utile, mais pour la recherche, cela n'a pas de sens, Les traitements hormonaux et le prélèvement des ovocytes au niveau des ovaires s'avèrent compliqués et peu fructueux. De plus, la recherche a besoin de milliers d'embryons, donc de milliers d'ovocytes. Nous proposons d'aller dans les abattoirs pour prendre des ovaires de vaches, de brebis ou de lapines qui ont été abattues pour l'alimentation. Ensuite, les ovocytes seront cultivés in vitro.

S&V : Comment fabrique-t-on ces hybrides ?
S.M. : Selon la technique de clonage : on ôte le noyau d'un ovocyte d'animal et on le remplace par le noyau d'une cellule humaine. Par stimulation électrique, l'ovocyte se divise. Au bout de six jours, on pourrait prélever les cellules souches pour en faire des lignées. Normalement, huit jours après fécondation, l'embryon est implanté. ln vitro, il ne peut pas se développer plus de quatorze jours. Nous ne demandons pas l'autorisation de créer des monstres, nous voulons seulement des cellules. À ce stade (blastocyste), l'embryon humain contient des cellules souches. ->

S&V : Si on implantait de tels embryons, qu'obtiendrait-on ?
S.M. : Les chances de réussite d'une implantation dans l'utérus sont plus que minimes et celles de voir se développer un début de grossesse, plus faibles encore. C'est de la science-fiction. De toute façon, c'est illégal.

S&V : S'agirait-il d'un entraînement avant d'utiliser des ovocytes humains pour mettre au point des traitements ?
S.M. : Nos recherches sont purement fondamentales. En revanche, une autre équipe autorisée à cloner en Grande-Bretagne veut créer des lignées de cellules souches thérapeutiques. Or, même si l'ovocyte de vache est dépourvu de son noyau (donc du matériel génétique), il reste des protéines qui appartiennent au ruminant, ce qui pourrait être mal toléré par le système immunitaire du patient. Il faudra donc passer par des ovocytes de femmes.

S&V : Quels sont les arguments des opposants à la recherche sur les embryons hybrides ?
S.M. : Ils estiment que nos expériences vont provoquer un mélange d'espèces. Or, sans le noyau de l'ovocyte, il n'y a plus de trace de l'ADN animal, même si des protéines peuvent subsister. Et en injectant dans cet ovocyte énucléé le noyau d'une cellule humaine, l'embryon ainsi obtenu ne contiendra que du matériel génétique humain.

S&V : Quand comptez-vous débuter ces recherches en Angleterre ?
S.M. : La commission indépendante sur la recherche embryonnaire (HFEA) a différé sa décision pour réaliser de plus amples consultations auprès de la population - a priori, 70 % approuvent - et de la communauté scientifique. D'ici à six mois, nous devrions être fixés. C'est une bonne occasion pour expliquer au grand public nos recherches.

M.C. - SCIENCE & VIE > Mars > 2007
 

   
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