Ils ressemblent à des limaces et passent inaperçus dans nos jardins. Et pourtant, ces envahisseurs venus des tropiques sont un vrai danger pour nos sols. Tout a commence il y a une dizaine d'années. D'étranges bestioles visqueuses se sont installées dans nos jardins sans même que nous les remarquions. Ces envahisseurs portent le nom de "plathelminthes terrestres". Ils débarquent en France par petites troupes, probablement en se cachant dans des pots de fleurs importés de l'étranger. Leur allure : un curieux mélange entre une limace et une sangsue. Rien de vraiment effrayant à première vue. Pourtant, les plathelminthes terrestres ont bien des raisons d'être craints. Si nous les laissons s'installer sur nos terres, ils pourraient perturber sérieusement l'écosysthème de nos sols. Sans lombrics, les sols se meurent... D'où leur pouvoir invasif et l'hécatombe qu'ils causent chez les vers de terre. "Une catastrophe pour la fertilité des terres", tempête le zoologue. Car les lombrics, s'ils paraissent insignifiants à nos yeux, sont de véritables ingénieurs du sol. Sur un hectare de terre, environ une tonne de ces animaux travaillent sans cesse à creuser des galeries. Ils aèrent ainsi le sol, permettant aux racines des végétaux de s'y enfoncer. Et leurs allées et venues entre profondeur et surface brassent la matière organique, qui est la clé de la fertilité pour les cultures. Autant dire que sans eux, jardiniers et agriculteurs feraient grise mine. Et ce n'est pas tout ! Les lombrics sont également un maîllon de base de la chaîne alimentaire. S'ils se faisaient rares, toutes les espèces qui s'en nourrissent seraient également menacées d'extinction. Ainsi, dans quelques régions d'Ecosse, certains insectivores comme la taupe auraient déjà quasiment disparu de la circulation à cause des plathelminthes qui ont englouti leur mets préféré. Heureusement, un halo d'espoir subsiste dans cette sombre histoire. En Grande-Bretagne, malgré le massacre d'un nombre colossal de lombrics, des chercheurs ont constaté que les parcelles de terre les plus atteintes n'ont perdu que 20 % de leurs vers de terre. "C'est considérable à l'échelle d'une population, note toutefois le pnofesseur Justine. Si l'on compare avec l'homme, seules de terribles épidémies comme celle de la peste noire ont été capables, par le passe, d'abattre une si grande partie de la population". Neanmoins, la situation semble s'être stabilisée. Et c'est tant mieux, vu que l'on ne connaît encore aucun moyen de chasser les plathelminthes de nos terres. La grande traque ! Pour l'instant, on se contente donc de cartographier l'avancée de l'ennemi. Chaque region où les petites bêtes sont repérées est minutieusement ajoutée à la carte. Partant du principe qu'il faut bien connaître son adversaire pour mieux l'attaquer, cette phase de repérage est fondamentale. Jusqu'à présent, plusieurs espèces ont été identifiées en France, et les 3 régions les plus touchées par l'invasion sont la Bretagne, les Alpes-Maritimes et le Midi-Pyrénées.
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