Hawaï, le 29 septembre. Elle s'appelle Gliese 581 g, est à 20 années-lumière de nous, et tourne autour de son étoile, une naine rouge (étoile au centre), avec cinq autres planètes. D'après l'équipe de Steven Vogt et Paul Butler qui l'a découverte avec le télescope géant Keck, elle est la meilleure candidate au titre de planète habitable : pile au milieu de la zone habitable de son étoile, c'est-à-dire à une distance telle que l'eau peut y exister à l'état liquide. On sait qu'elle est trois à quatre fois plus massive que la Terre, et à une année de 37 jours. Il pourrait y faire au moyen -45° Celsius. Seulement, un de ses hémisphères est toujours sombre, et l'autre toujours éclairé. Serait-ce rédhibitoire pour la vie ? Pour le savoir, il faudrait pouvoir analyser son atmosphère, afin d'y déceler un composant issue d'une activité biologique, comme l'ozone de l'atmosphère terrestre, par exemple.
Parmis toutes les exoplanètes, c'est celle qui ressemble le plus à la Terre. Sa découverte relance l'espoir fou de découvrir un jour la vie en dehors du système solaire. Une agréable fraicheur printanière : voici le temps qui règne sur Gliese 581c, l'une des dernières planètes découvertes hors de notre système solaire. L'étoile Gliese 581 est une naine rouge, plus petite et moins chaude que notre Soleil, distante de 20 années-lumière. INVISIBLE AU TÉLESCOPE Bref, Gliese 581c est ni plus ni moins la première exoplanète (planète tournant autour d'une autre étoile que notre Soleil) sur laquelle on puisse sérieusement envisager de découvrir de la vie. D'autant que non seulement elle se situe dans la zone habitable de son étoile, mais elle est la planète ressemblant le plus à notre Terre jamais détectée. Avec une masse qui pourrait être à peine cinq fois celle de notre petite planète bleue, c'est la plus légère des plus de 230 exoplanètes découvertes jusqu'ici, et la plus légère aussi des 12 potentielles "super Terre" identifiées parmi elles (les planètes considérées comme potentiellement rocheuses, à l'instar de la nôtre, avec une masse ne dépassant guère 15 fois celle de la Terre, (voir tableau). Et si sa densité est comparable à celle de la Terre, elle aurait une fois et demie sa taille.
La Terre n'est donc plus unique : on lui connaît désormais une grande sour, à 20 années-lumière d'ici ! Une grande sour qui tourne à toute vitesse autour de son étoile, puisque son année dure... treize jours. Si la Terre était si près du Soleil, elle serait noire, carbonisée. Oui, mais le "soleil" de Gliese 581c est une naine rouge, une catégorie d'étoiles commune dans notre Galaxie puisque 80% des étoiles les plus proches de nous appartiennent à cette catégorie. Or, beaucoup plus léger que le Soleil (trois fois moins massif), cet astre est aussi 77 fois moins chaud. Sa zone "habitable" - définie comme la région où l'eau liquide peut exister - est donc nettement plus proche que dans notre système solaire. LE VIVIER DES NAINES ROUGES L'équipe a donc utilisé une autre méthode de détection, dite "indirecte" : mesurer la vitesse radiale de l'étoile, autrement dit le léger va-et-vient de l'étoile imposé par le mouvement de gravitation de la planète autour d'elle. "On a pu détecter cette petite planète grâce à Harps, le spectrographe actuellement le plus précis au monde installé à La Silla, au Chili", souligne Stéphane Udry. Une précision impressionnante puisque l'instrument parvient à mesurer les déplacements d'une étoile au mètre par seconde près ! Voire à 20 cm/s dans certains cas... "Ce spectrographe est dédié à la recherche de planètes autour des étoiles, poursuit Stéphane Udry. Ce qui nous permet d'observer près de 2000 étoiles toute l'année, dont environ 100 naines rouges, au cours de 100 nuits d'observation". Les naines rouges sont en effet des cibles parfaites pour la détection de super Terre en zone "habitable". Car il faut à Harps une étoile qui bouge d'au moins 1 m/s pour pouvoir la détecter. Impossible avec des étoiles comme notre Soleil : celui-ci est tellement lourd, et la Terre tellement loin de lui, qu'elle ne parvient à le faire bouger que de 8 cm/s. Au contraire, les naines rouges sont moins massives. La force de gravité de leurs planètes les fait donc bouger davantage. "Avec cet instrument, remarque Stéphane Udry, on a détecté 11 des 13 planètes les plus légères connues aujourd'hui". Et plus les planètes sont proches, plus l'étoile gigote". Or, on sait que la zone habitable des naines rouges se trouve assez proche de l'étoile. Harps a donc toutes les chances de débusquer des planètes "habitables"... UNE DEUXIÈME "HABITABLE" ? "Il y a deux ans, explique Xavier Bonfils, quand on a découvert la première planète gravitant autour de GL581 - une planète de masse semblable à celle de Neptune et d'une périodicité de 5 jours -, on se doutait qu'il y en avait une autre qui gravitait en treize jours. Car en appliquant, sur les variations de vitesse radiale, le modèle qu'on utilise pour déterminer la présence de planètes, on détectait des résidus importants sur le signal. On a donc continué les recherches jusqu'à confirmer que ces résidus correspondaient bien à la révolution d'une autre planète." Après une cinquantaine de mesures en deux ans, l'équipe de chercheurs a finalement débusqué GL581c... mais aussi une troisième planète de 8 fois la masse de la Terre et d'une périodicité de 84 jours. "Cette dernière est aussi très intéressante, remarque Stéphane Udry. Elle est très légèrement plus massive que sa camarade et se trouve dans une zone un tout petit peu plus froide. Cependant, s'il existe autour de cette planète un effet de serre comme sur Vénus, sa température pourrait être tout à fait vivable. Suivant l'évolution du système, les deux planètes pourraient être habitables.
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