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Stratégies de Prédation

Cochenilles colonisées
PARTENAIRES

Parasites des plantes, les cochenilles absorbent la sève de leur hôte à l'aide d'un long rostre.

Mais elles-mêmes servent d'hôtes à des intrus, des champignons du genre Septobasidium, qui compte environ 300 espèces, dont quelques-unes en Europe (Septobasidium quercinum, fréquent sur le chêne vert en Méditerranée, par exemple). Ces champignons hyperparasites, dont l'aspect rappelle le lichen, reprennent aux cochenilles ce qu'elles ont subtilisé à la plante en déployant des houppes d'hyphes (les filaments qui composent le mycélium, partie végétative du champignon) à l'intérieur du corps de l'insecte, par l'anus ou la vulve. Mais cette relation n'est pas à sens unique : les septobasidiums servent en effet d'abri aux colonies de cochenilles et ne capturent, en guise de loyer, que certains individus ; les cochenilles, de leur côté, assureraient la dispersion du champignon, qui ne fructifie qu'en leur présence (voir le schéma p. 31).

L.B. - SCIENCES ET AVENIR N°179 > Octobre-Novembre > 2014

Vers pris au Lasso
CARNIVORES

Certains champignons sont de redoutables prédateurs carnivores.

Parmi leurs mets de prédilection, les nématodes du sol, des vers ronds microscopiques qu'ils attrapent par toutes sortes de moyens, comme des pièges collants ou des lassos étrangleurs. Ces organes de capture se forment essentiellement en l'absence d'autres nutriments et lorsqu'un repas se profile, ce qui suggère que les champignons repèrent au préalable leur proie. Mais par quel moyen ?
La réponse est venue en 2013 d'une équipe de biologistes américains : les vers sont trahis par les ascarosides, des phéromones qui assurent des fonctions essentielles pour leur développement et leur comportement. En étudiant la réponse aux ascarosides de huit espèces de champignons nématophages, les chercheurs ont montré que ceux-ci reconnaissent des motifs moléculaires associés aux nématodes et élaborent dans leur organisme de nouvelles structures pour pouvoir les attraper, créant aussitôt des pièges.

L.B. - SCIENCES ET AVENIR N°179 > Octobre-Novembre > 2014

Fourmis Zombifiées
NEUROPARASITES

Les fourmis, qui représentent 70 % des insectes des forêts tropicales, sont une manne pour les parasites, dont les champignons forment le plus gros contingent.

Parmi ceux-ci, Ophiocordyceps unilateralis, une espèce du Brésil et de Thailande, a développé une arme imparable pour pirater le cerveau des fourmis charpentières (Campomotus leonardi) qui vivent dans les arbres. "Les Champignons poussent sur la face inférieure des feuilles, leurs spores contaminant les fourmis lorsqu'elles les traversent en cherchant leur mourriture", relate David P. Hughes, entomologiste à l'université d'Etat de Pennsylvanie. La fourmi adopte alors un comportement des plus étranges : elle quitte la canopée et descend a un endroit du tronc extrêmement précis, un peu au-dessus du sol, là où l(humidit"é atteint 94 ou 95 % et la température entre 20 et 30°C. Elle mord dans une feuille... et s'effondre, morte. Le champignon a pris le contrôle de son système nerveux pour la conduire là où les conditions lui permettent de fructifier : il produit alors des filaments autour du cadavre, puis un pédoncule pousse à l'arrière de la tête, qui va disséminer les spores. Ce processus de zombification "est encore à l'étude, mais on sait déjà que les champigmons utilisent des neuromodulateurs (composés chimiques qui régulent l'activité des neurones", indique David Hugues.
Spectaculaire, cette attaque n'est pourtant pas des plus efficaces. D'abord parce que les fourmis développent des contre-mesures (par exemple en rejetant des nids les insectes infectés), ensuite parce que les Ophiocordyceps sont eux-mêmes victimes d'autres champignons qui les stérilisent : 65 % seulement de leurs spores se révèlent viables !

L.B. - SCIENCES ET AVENIR N°179 > Octobre-Novembre > 2014

Tarentules Terrassées
INVASIVES

Si les araignées peuvent inspirer des visions d'horreur, elles-mêmes connaissent parfois une fin peu enviable, y compris les plus imposantes.

C'est le cas des tarentules, victimes de Cordyceps ignota, une espèce tropicale de champignons appartenant à un genre dont les différents représentants sont spécialisés dans le parasitisme d'insectes (chenilles, chrysalides ou papillons, larves de coléoptères, etc.) et d'arachnides.
Lorsque les spores de Cordyceps ignota réussissent à percer l'exosquelette de la tarentule, le mycélium (la partie végétative des champignons) se développe et envahit progressivement les tissus internes, jusqu'à la mort de l'hôte. Le champignon peut alors fructifier : de spectaculaires appendices ressemblant à des bois de cerf, appelés stromas, poussent sur le cadavre de l'araignée, dont la forme reste toutefois bien identifiable. Redoutés des insectes, les cordyceps ont pour les humains des effets parfois bénéfiques : c'est le cas de Cordyceps subsessilis, un pathogène des scarabées, dont la forme asexuée produit la ciclosporine, agent immunosuppresseur qui a permis l'essor de la transplantation d'organes.

L.B. - SCIENCES ET AVENIR N°179 > Octobre-Novembre > 2014

Des Parasites Obligent les Plantes à les Nourrir

Le champignon Botrytis cinerea, responsable de la pourriture grise, parasite plus de 200 plantes différentes.

Certains champignons et bactéries détournent le glucose nécessaire à leur développement en obligeant la plante qu'ils parasitent à l'exporter elle-même hors de ses cellules ! Ils réalisent ce véritable "hold-up" à travers les canaux Sweet, de minuscules pores impliqués dans les échanges de sucre de part et d'autre de la membrane cellulaire.

La mécanique, élucidée par li-Qin Chen (Carnegie Institution for Science, Californie), est implacable : l'organisme pathogène injecte dans la cellule végétale une protéine qui stimule l'expression des gènes Sweet. Il s'ensuit une multiplication des canaux, qui se manifeste par un afflux massif de glucose, directement utilisable par le parasite. Cette découverte marque un pas de plus dans la compréhension des interactions entre le pathogène et sa plante hôte, et ouvre de nouvelles perspectives dans la lutte contre les parasites.

E.H. - SCIENCE & VIE > Février > 2011
 

   
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