Ces Petites Bêtes qui rendent Service à la Nature |

A.B. - ÇA M'INTÉRESSE N°448 > Juin > 2018 |
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La Trogne, un Refuge Naturel pour Différentes Espèces... |
Sur et dans une trogne vous trouvez à la fois du terreau, du bois tendre, du bois mort, des feuilles, de la sève... On y découvre aussi toute la panoplie d'insectes qui y sont associés (des coléoptères et hyménoptères notamment) ainsi que les oiseaux qui se nourrissent de cette petite faune.
La taille régulière de l'arbre modifie considérablement son aspect et son évolution. L'action de divers facteurs (champignons, bactéries, insectes, développement du terreau, exposition au soleil, continuité des réseaux d'arbres...) transforme la trogne en niches favorables à une faune et une flore abondantes et variées comportant des espèces rares et menacées.
La trogne abrite ainsi la chouette chevêche, la chouette hulotte, la chouette effraie, le hibou petit duc, la huppe fasciée, le pigeon colombin, le torcol fourmilier, le moineau friquet, les mésanges bleues et charbonnières, le gobemouche gris, le rouge-queue à front blanc, l'étourneau sansonnet, le rouge-gorge, le grimpereau ou le merle. Au bord de l'eau, le canard colvert et la foulque macroule peuvent y nicher. Certains mammifères utilisent ces niches pour se nourrir, donner la vie et stocker leur nourriture. La loutre, le hérisson, le mulot, la musaraigne, la belette, l'hermine, la fouine, le loir, l'écureuil, les chauves-souris, la salamandre tachetée ou les couleuvres fréquentent aussi les cavités de ces arbres.
Côté flore, la trogne accueille aussi des espèces très diverses lichens, mousses, fougères, plantes a fleurs, herbacés et ligneuses. La présence de tous ces végétaux est favorisée par l'action du vent et des oiseaux, grands pourvoyeurs de spores et de graines.
La biodiversité est impressionnante autour de ces arbres biscornus. Même mort, l'arbre taillé en trogne continue son ouvre bienfaitrice sur la nature : "Une trogne morte ou couchée, est le siège d'une vie intense qui conduira au recyclage complet de l'arbre. Très souvent, le lierre vient coloniser le têtard mort et lui apporte une nouvelle vie" explique Dominique Mansion, Président (bénévole) de la Maison Botanique.
Un refuge en danger
Pour les trognes et les refuges qu'elles offrent à la faune et à la flore, la situation n'est pas brillante. Depuis 50 ans, pratiquement aucune trogne n'a été créée pour remplacer celles qui disparaissent. La plupart sont arrachées avec les haies, les autres ne sont plus taillées. L'abandon des pratiques d'entretien a entraîné une régression du nombre d'arbres à cavité. Avec, au final, le risque de disparition de certaines espèces. Dans les bocages, les spécialistes considèrent que la densité des arbres à cavité actuelle est juste suffisante pour maintenir des populations viables de certains coléoptères remarquables.
Le pique-prune : une espèce menacée
Les insectes xylophages sont qui se nourrissent de bois. La diminution du nombre de vieux arbres constitue une menace pour ces espèces. En particulier pour le pique-prune qui trouve dans les trognes les conditions appropriées à son développement (terreau, cavité...). Long de quelques centimètres, le pique-prune habite dans des cavités d'arbres feuillus comme Les chênes, hêtres, saules, châtaigniers, frênes... Son évoLution exige un volume de terreau proche du mètre cube. Il a une capacité de vol très limité et seulement 15 % d'entre eux se dispersent, alors que les autres se reproduisent dans leur cavité de naissance. Ces exigences rendent cette espèce rare. Aujourd'hui malheureusement, plus de 90 % des stations de pique-prune connues au XIXè siècle ont disparu. Cette situation a nécessité la protection du pique-prune au niveau national (arrêté du 22 juiLLet 1993) et au niveau international (annexes II et IV de la directive habitat et annexe II de la convention de Berne).
ASNIÈRES INFO N°284 > Novembre > 2007 |
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