Biodiversité - Tout est Vivant, Tout est Lié

"Il n'y a pas d'un côté l'homme, et de l'autre côté la nature. L'homme fait intégralement partie de la nature. Nous faisons partie d'un tout, et nous devons apprendre à coexister avec la diversité du vivant. En 30 ans, nous avons perdu près de 30 % de tout ce qui vit sur Terre. Il est urgent de réagir", Yann Arthus-Bertrand.

Dans cette première émission de la série "Vu du Ciel", Yann Arthus-Bertrand, qui a depuis longtemps observé et photographié la Terre vue du ciel, fait un état des lieux de la biodiversité, c'est à dire du tissu vivant qui couvre notre planète, du plus petit au plus grand. Il nous montre que sans céder à la panique, il est urgent de réagir pour faire face aux agressions parfois irrémédiables que nous lui faisons subir. Il est important de comprendre qu'il n'y a pas d'un côté l'homme et de l'autre la nature, mais que tout est lié. L'homme est au centre de la biodiversité, et il doit en être le gardien. Ce fantastique voyage au cour du Vivant nous amène à la rencontre des espèces menacées d'Afrique, des marais du Brésil et des forêts en Tasmanie convoitées par l'homme, des plantes médicinales en Chine, des Inuits et de l'Ours Blanc dont on prévoit la rapide extinction. Les problèmes sont aussi complexes que la Terre est vaste. Mais ce qu'elle sera demain, nous le décidons aujourd'hui.

 KENYA

Les Lions du Masaï Mara

La réserve du Masaï-Mara est un endroit unique pour observer les hommes en liberté. Comme l'homme ne chasse plus ici depuis plus de 60 ans, pour eux nous ne sommes ni des prédateurs ni du gibier : nous sommes acceptés.

Pour tous ces grands fauves, il n'y a pas vraiment de chance de vivre en harmonie avec l'homme. Tout va bien quand ils se trouvent dans un espace protégé, comme le Masaï Mara. Mais si un lion franchit les limites du parc, et si vous êtes un Masaï dont le troupeau est attaqué par un lion, ce lion ne vous semble pas du tout merveilleux. Il détruit votre moyen de subsistance. Ce qu'on voit aujourd'hui dans ces parcs est presque un mensonge : on a l'impression qu'il y a des lions partout en Afrique alors qu'ils sont cantonnés dans des parcs. Il y a dans le Masaï-Mara 500 lions environ. Ca semble beaucoup, et puis quand on regarde un lion on a l'impression que c'est une créature si forte que rien ne pourra la déranger. Mais il ne faut pas se leurrer. On estime aujourd'hui qu'il y a probablement moins de 40 000 lions dans toute l'Afrique. De même qu'il ne reste que 6000 tigres en Asie, alors qu'ils étaient 100.000 il y a un siècle. Si les grands fauves sont protégés dans le Masaï Mara, à l'extérieur ils ont un gros problème. Et ce problème c'est l'homme. Car nous sommes en compétition avec eux pour les territoires.

Les Gnous du Masaï Mara

Trois mois par an la réserve du Masaï-Mara est le lieu de passage d'une migration exceptionnelle : la traversée de la rivière par des milliers de gnous. Yann y a vécu l'un des moments les plus importants de sa vie de photographe et de sa vie d'homme. Chaque année, par un rituel immuable, près d'un million de gnous quittent la Tanzanie pour rejoindre les prairies vertes du Masaï-Mara, au Kenya. C'est un long voyage de 4 mois sur 700 kilomètres. C'est la dernière grande migration terrestre sur la planète.

Il y a 150 ans, 60 millions de bisons effectuaient une migration identique en Amérique. Ils sont aujourd'hui 500.000. Il n'y a qu'un seul passage pour tous les gnous sur la rivière. C'est le chaos complet entre les mères qui appellent leurs petits et les petits qui appellent au secours. La bousculade est telle que beaucoup de gnous vont mourir noyés et piétinés. Cette scène est terrible à voir. Les carcasses se comptent par centaines, à tel point que les hippopotames se transforment en éboueurs. Ils entassent les gnous morts sur un coin de la berge, comme si ils voulaient nettoyer la rivière. Ce tas de cadavres peut sembler absurde. Pourtant depuis toujours c'est le lieu de rassemblement de tout un petit monde. Les vautours viennent de 200 kilomètres à la ronde, les crocodiles, les millions d'insectes qui pullulent... Cette migration joue un rôle très important dans l'équilibre général de la nature. Quand on parle du vivant, il faut se rappeler que tout est lié.

Les éléphants du parc d'Amboseli

Le parc national d'Amboseli se trouve aux pieds du Kilimandjaro, la plus haute montagne d'Afrique (5895 mètres d'altitude). En fondant, la neige a formé un immense marécage, qui est le coeur de la réserve. Pendant la saison sèche, les éléphants viennent y chercher l'eau et la nourriture. À cette époque, leur population peut doubler ou tripler. Ici aussi on retrouve des problèmes de cohabitation. Certains champs de maïs ou d'oignons sont régulièrement saccagés. Le nombre d'éléphants est en augmentation. Ils sortent du parc et vont dans les champs, et posent problème aux fermiers. La solution, ce sont les barrières et les corridors. Mais les installations ne sont pas entretenues, et donc rapidement détériorées par les éléphants. Les vrais responsables ne sont donc pas les animaux, mais les hommes. Difficile pour autant de porter un jugement quand on sait que ce pays est un de ceux où le revenu par habitant est le moins élevé de la planète.

Dans les fermes des éléphants, on constate que c'est l'amour que le gardien donne au bébé éléphant qui peut le sauver. Les bébés éléphants dont la mère est morte ont une grande mémoire affective. Certains se souviennent de leur soigneur toute leur vie. Tout le travail des soigneurs consiste à reformer un groupe. C'est par l'amour qu'on sauve des vies. Quand on parle de sélection naturelle, on pense souvent à la lutte pour la vie. Mais peut être que la nature a aussi inventé l'amour pour notre survie.

Le Thé de Kericho et la Forêt de Kakamega

Le vivant, c'est aussi les forêts. Les collines de Kericho, au Kenya, ont été déboisées pour y installer d'immenses plantations de thé. Le thé a été amené ici par les missionnaires anglais au début du siècle, et maintenant le Kenya est le troisième producteur de thé au monde. Les grandes forêts d'eucalyptus autour des plantations ont été plantées pour couper le bois afin de faire sécher le thé. Ces eucalyptus ont été importés d'Australie. Ce n'est pas très bon pour la bio-diversité, car en dessous de ces eucalyptus il n'y a pratiquement aucune vie. On a détruit des milliers d'arbres, mais on a donné du travail à quatre cent mille personnes. La forêt de Kakamega est la dernière forêt tropicale du Kenya. Elle est en péril à cause la pression démographique. Deux cent mille personnes y habitent. En cinquante ans la forêt a rétréci de moitié. La principale cause de déforestation, c'est la pauvreté. Une grande partie des revenus de la communauté vient de produits extraits de la forêt, comme le charbon de bois. Le programme KEEP de Benjamin Okalo a pour but de préserver la forêt et toutes les formes de vie qu'elle abrite, sans pour autant compromettre les ressources des habitants. Pour sensibiliser les populations, Benjamin a décidé de s'adresser aux enfants. Car ici comme ailleurs c'est le meilleur moyen de convaincre les parents. Dans le cadre du programme KEEP, tous les samedis des enfants suivent un cours sur l'environnement. On leur fait découvrir la forêt, comment la protéger, comment construire une pépinière d'arbres. On leur apprend quelles sont les espèces menacées, quelles sont les plantes médicinales. Cette initiative est primordiale.

La Perche du Nil

Respecter la biodiversité, c'est voir un peu plus loin que le bout de son nez. C'est considérer les choses sur le long terme. Car le temps de la nature n'est pas le notre. Le meilleur exemple, on le trouve dans les eaux du lac Victoria. C'est le deuxième plus grand lac d'eau douce du monde. Récemment, il a été le cadre d'un déséquilibre majeur. En 1950, on y trouvait encore deux cent espèces de poissons. En quelques années, la plupart de ces espèces ont disparu. Le coupable, c'est la perche du Nil, introduite en 1954 par les colons britanniques. Et depuis, tout a dérapé. La croissance de ce poisson carnivore qui peut atteindre 100 kg a été d'autant plus rapide qu'il n'a pas de prédateur.

La perche du Nil est devenue une source importante de revenus pour les pêcheurs, qui exportent toute la pêche. C'est la même perche du Nil qui arrive tous les jours dans nos poissonneries. Mais les perches du lac Victoria sont en train de disparaître car elles n'ont plus rien à manger. Le poisson vaut si cher à l'export que tous les agriculteurs se sont fait pêcheurs. On est venu de toute la région pour le pêcher. Comme pendant la ruée vers l'or, des villages-champigons ont poussé partout. Si on continue comme ça, la perche du Nil et les autres espèces vont disparaître définitivement du lac.

Le Réchauffement Climatique

Du plus petit organisme au plus gros, il y a bien des façons de casser le fragile équilibre du vivant. Aujourd'hui, on passe à une autre échelle. Notre inconscience a déréglé le thermostat de la planète. Jour après jour elle se réchauffe. Ce n'est pas la première fois sur notre planète que le climat change. Il y a eudes réchauffements, des glaciations, des cataclysmes en tout genre. Et au moins cinq extinctions majeures comme celle des dinausores. À chaque fois ces bouleversements ont détruit la quasi totalité des espèces vivantes. Chaque fois la vie est repartie. Mais il a fallu des millions d'années pour reconstruire. Aujourd'hui nous avons accéléré le film. Ce que la nature fait sur des milliers d'années, nous l'avons fait sur une vie d'homme. La machine climatique s'est emballée. Nous en constatons déjà les premiers effets. Le glacier du Kilimandjaro est en train de disparaître sous nos yeux. Patrick Duncan, écologue, nous prédit les conséquences de ce réchauffement. Il ne pourrait plus y avoir de glace d'ici 20 ans sur le Kilimandjaro. Et la végétation suivra les glaces, puisque c'est la température qui détermine son emplacement. On peut prendre le Kilimandjaro comme témoin du monde en modèle réduit. Chez nous, en Europe, les forêts monteront vers l'Arctique. Et le milieu méditerranéen progressera vers le Nord en direction de Paris. Ces changements seront eux aussi très spectaculaires. On verra des espèces typiques comme le chêne vert monter vers le centre de la France.

La particularité du réchauffement climatique aujourd'hui c'est sa rapidité. Cela pose un problème fondamental, à savoir que les organismes n'ont pas le temps de s'adapter au changement. Les animaux ni les plantes ne peuvent changer à temps leur mode de vie, ce qui explique le très grand nombre d'extinctions aujourd'hui. Des solutions, il y en a. Des personnes et pays commencent à comprendre l'enjeu. Le protocole de Kyoto est un exemple. Et chacun peut prendre les mesures nécessaires pour calculer et réduire son impact sur la Terre. C'est personnel, des solutions il y en a plein, il faut les appliquer. A nous de trouver les bons gestes, de faire les bons choix pour alléger notre poids écologique sur la Terre. Si tout le monde vivait comme les français, il faudrait trois planètes pour satisfaire tout le monde.

 Rep Dem du CONGO - Les Hippopotames du Lac Edward

En éliminant les hippopotames du lac Edward, au Congo, l'homme est en train de découvrir qu'il compromet son propre avenir.

Le parc des Virunga, à l'Est de la République démocratique du Congo, dans la région des Grands lacs, est la deuxième zone la plus riche au monde en biodiversité. 71 espèces mammifères, 10.000 plantes recensées. Une guerre civile entre les forces gouvernementales et leurs opposants fait rage dans le pays, et affame la population depuis 10 ans. Peter Banza est coordinateur pour le WWF. Son combat à lui, la survie des hippopotames, est pacifique. Il y a trente ans vivait ici la plus grande concentration d'hippopotames du monde. Aujourd'hui, ils ne sont plus que huit cent, alors qu'il y en avait plus de trente mille. Les hippopotames, officiellement protégés, ont été exterminés par l'homme.

450 gardes sans radio, ni jumelles, ni voitures, traquent les braconniers sur un territoire plus grand que la corse. Ils trouvent une dizaine de carcasses d'hippopotames par mois. Les animaux sont abattus pour leur viande ou leur ivoire. Mais en tuant l'hippopotame, l'homme met en jeu sa propre survie. Les premiers concernés sont les pêcheurs du lac. Depuis la création du parc en 1935, ils sont les seuls à vivre légalement sur ce territoire. Mais le volume de la pêche diminue au fur et à mesure que l'hippopotame disparaît. Les hippopotames rejettent dans le lac des excréments. Les poissons, qui les suivent à la trace, se nourrissent de ces déjections, essentielles à leur subsistance. Sans hippopotame, pas de nourriture pour les poissons. Et sans poisson, pas de pêche pour les hommes. L'homme n'est pas supérieur à la nature. Il en fait partie. La chaîne alimentaire était ici parfaite. Jusqu'à ce que l'homme tue l'hippopotame. Il faut donc éloigner l'homme de l'hippopotame. Du fait de la guerre, cent cinquante mille personnes vivent aujourd'hui illégalement sur le territoire du parc. Il faudrait dix ans sans attaque de l'homme pour que la colonie des hippopotames puisse se reconstituer.

 BRESIL - Le Pantanal

Protéger la biodiversité, c'est aussi protéger les milieux naturels. Le Pantanal est la plus vaste zone humide de la planète, grande comme les deux tiers de la France. Elle s'étend sur trois pays : le Paraguay, la Bolivie et le Brésil. C'est le sanctuaire d'un très grand nombre d'espèces végétales et animales.

Les zones humides jouent un rôle de filtre écologique. Elles piègent les sédiments et purifient l'eau que le ciel amène. Leurs sols fonctionnent comme des éponges et peuvent conserver l'eau pendant plusieurs mois en cas de pluies abondantes, et la restituer en cas de sécheresse. Les zones humides contribuent aussi à réguler le climat.
Comme elles sont propices à l'agriculture, elles attirent la convoitise de l'homme, qui se retrouve en compétition avec la nature. Dans certaines fermes du Pantanal, les bêtes sont souvent attaquées par le jaguar. Jusqu'il y a vingt ans, la chasse au jaguar était donc autorisée par la loi. Les chasses à répétition ont bien failli exterminer le plus grand fauve du Nouveau Monde. Certains chasseurs, écoeurés par les charniers auxquels ils ont contribué en emmenant des touristes en safari sur ces terres, ont progressivement décidé d'arrêter de chasser. Antonio Ribeiro, qui a tué plus de 60 jaguars au cours de sa carrière, fait partie de ceux-là. Il est aujourd'hui décidé à essayer de sauver les jaguars, et fait équipe avec un biologiste avec lequel il a équipé une dizaine de jaguars d'une puce électronique afin de mieux les étudier. L'homme défriche de plus en plus pour ses exploitations, et grignote sur le territoire du jaguar, qui se retrouve de plus en plus en contact avec l'homme.

Le jaguar n'est pas le seul prédateur menacé par l'homme dans le Pantanal. Carolina Varguas est vétérinaire et s'emploie à protéger les loutres géantes. Longtemps chassée pour sa peau, la loutre géante a failli disparaître de la planète. Les loutres sont de véritables indicateurs de la bonne santé de leur environnemment. Comme elles se trouvent tout au bout de la chaîne alimentaire, leur présence dans la nature atteste que toutes les espèces se trouvant dans la chaîne sont elles aussi vivantes. La grande fierté de Carolina, c'est son dernier sujet d'étude, une jeune loutre orpheline qui sans l'aide de l'homme n'aurait pu survivre. Sancho avait moins d'un mois quand elle a été trouvée par un pêcheur. Pendant 7 mois, Carolina a tout appris à Sancho: à jouer, à nager, mais aussi à pêcher en lui donnant d'abord des poissons morts, et petit à petit en lui montrant comment attraper les poissons vivants. Pendant tout ce processus, l'instinct animal a toujours été plus fort que le contact avec l'homme. Aujourd'hui Carolina est parvenue à réintroduire Sancho dans son milieu naturel. Une première mondiale.

 Groenland - Menace sur l'Ours Blanc

Sur le territoire du Grand Nord règne un maître incontesté : l'Ours Blanc. C'est le plus grand carnivore de la planète. Il en subsisterait seulement 22.000. Il se nourrit principalement de bébés phoques, les blanchons.

L'ours recherche la viande mais surtout la graisse du phoque. Il doit en effet reconstituer sa propre couche de graisse, qui augmente sa protection thermique. Aujourd'hui le maître des glaces vacille. L'ennemi est sournois : c'est le réchauffement climatique et la fonte des glaces. L'activité humaine a fait grimper ici le mercure deux fois plus vite que sur le reste de la planète. Pour l'ours polaire, c'est une catastrophe. Son territoire de chasse, la banquise, se réduit progressivement. Sans banquise, pas de phoque, pas de graisse, et donc pas de réserve pour l'ours. La maigreur et la mort à coup sur. Selon certaines études, l'ours polaire pourrait disparaître d'ici cent ans.

Mais l'homme non plus n'est pas épargné. Pour les 1300 Inuit d'Upernavik, au Groenland, le réchauffement n'est pas pour demain. Il est déjà une réalité. La baie d'Upernavik, d'habitude glacée jusqu'à mi-juin, est depuis 5 ans en eau à partir de la mi-avril. Autrefois, les Inuits utilisaient des chemins ancestraux pour se déplacer sur la glace. Désormais ils ne le peuvent plus, et doivent inventer de nouveaux chemins pour passer d'un village à l'autre. Ils sont plus difficiles à trouver et demandent plus d'efforts, car ils passent souvent par la montagne. Les accidents sont en augmentation.

Un autre ennemi, lui aussi venant de très loin, attaque l'Arctique : la pollution. Les pesticides, les métaux lourds, le mercure émis par les industries sont transportés par les vents et les courants en Arctique. La concentration toxique dans les eaux et les planctons du grand Nord est énorme. Au bout de la chaîne alimentaire animale, l'Ours Blanc est une nouvelle fois victime. Au final, les polluants sont trois milliards de fois plus concentrés dans ses graisses que dans les eaux où il nage. L'homme est également touché : l'augmentation des toxiques dans les organismes des ours et des Inuits est terriblement inquiétante. Le nombre de cancers du sein a doublé en dix ans, pendant que le lait maternel pourrait très être classé comme toxique. Comment imaginer qu'un tel environnement sans centre urbain, sans exploitation agricole, sans grande industrie, puisse être à ce point contaminé ? Il y a urgence pour sauver l'Arctique. Demain , pourrons-nous encore filmer la scène incroyable d'un ours blanc qui vient de naître ? Ce n'est pas sûr.

 Tasmanie : La Déforestation au Napalm

La déforestation n'est pas un problème réservé aux pays en développement. Ce qui se passe en Tasmanie, au sud de l'Australie est particulièrement choquant. On y pratique une déforestation massive au Napalm.

Bob Brown, sénateur, docteur en médecine et militant écologiste, se bat depuis vingt ans pour protéger la forêt. Car derrière les forêts "carte postale", à l'abri du regard des touristes, l'industrie forestière lâche des centaines de balles de napalm par hélicoptère au dessus de la forêt primaire. Au contact du sol, elles explosent, provoquant des incendies. L'objectif : nettoyer le terrain, détruire toute la forêt primaire et les espèces y vivant pour la remplacer par des plantations industrielles à la croissance rapide au tronc bien calibré pour les machines. Les feux peuvent durer plusieurs semaines. Des arbres centenaires, comme les eucalyptus de Tasmanie, dont certains atteignent 130 m de haut, sont détruits. C'est aussi le cas des plantes rares de la canopée. Plus de 90 % du bois coupé part au Japon pour faire du papier. Seul 3 % des arbres coupés sert à fabriquer des meubles ou des objets nobles. Le secteur du bois a perdu la moitié de ses emplois en trente ans. La destruction prend des proportions tellement alarmantes qu'une vingtaine de scientifiques australiens, spécialistes de l'environnement, ont lancé une alerte commune aux autorités. Les études montrent que les nouvelles forêts comprennent dix fois moins d'espèces que la forêt primaire. Ici, trois cent millions d'années d'évolution ont été anéanties en moins de trente ans. Parallèlement, l'industrie mène la vie dure à ceux qui la critiquent. Bob Brown est menacé de procès, tout comme une jeune cinéaste accusée... d'avoir filmé une manifestation. On lui réclame un demi million de dollars. Pour Bob Brown, il ne faut pas se mettre en colère. Le maître mot est Détermination. Nous perdons actuellement toute la connaissance, la beauté, notre mission est de de transmettre cette forêt aux générations futures. Si cela ne se fait pas en Australie, un pays riche, comment demander aux peuples d'Amazonie, d'Afrique, d'Asie, de protéger leurs forêts ?

 Chine : Une Plante contre le Paludisme ?

Le paludisme tue deux millions de personnes chaque année. Dans le Yunnan, en Chine, le docteur Ho est un médecin bien particulier. Chez lui, pas d'antidouleur ou d'antidépresseur. Son savoir, qu'il a transmis à son fils, est ancestral : la médecine traditionnelle.

Tout est concu à partir de poudres de racines. La racine d'Astragal, par exemple, guérit des hémorragies. Le docteur Ho a un message à faire passer aux enfants : protéger notre planète. Car la nature est magique. Les plantes absorbent du dioxyde de carbone et libèrent de l'oxygène nécessaire à la vie. Qui plus est elles sont bénéfiques pour la santé de l'homme. Tous les jours, le fils du docteur parcours la montagne à la recherche de plantes. C'est là qu'on trouve un petit trésor : l'armoise. Les scientifiques ont découvert qu'une certaine variété de cette plante, l'armoise annuelle, permet de lutter contre le paludisme, la maladie qui tue le plus d'enfants : un toutes les trente secondes, rien qu'en Afrique. L'artémisine est extraite des feuilles de l'armoise annuelle (Artemisia annua), une plante de la famille des ambroisies. La plante est désormais semée massivement par les fermiers chinois. Quelques centimètres d'armoise annuelle forment l'élément de base pour l'élaboration d'un remède contre le paludisme. La plante doit pousser sept mois. C'est au cours de la guerre du Vietnam que les chinois ont découvert les propriétés de cette plante. Pendant des années, les scientifiques occidentaux n'ont pas voulu croire à cette découverte, qui date de 1972. Depuis les années 90, les firmes chinoises se sont associées avec des laboratoires occidentaux et extraient de milliers de tonnes de feuilles d'armoise un principe actif, comme pour le parfum.

Ces remèdes sont-ils vraiment efficaces ? À Wang Pa, en Thailande, à la frontière Birmane, se trouve un centre de réfugiés qui ne peuvent bénéficier de soins contre le paludisme dans leur pays. On y prescrit de l'armoise couplée à un autre traitement. Dans 90 % des cas, le patient est guéri. Il aura fallu trente ans pour que la découverte chinoise convainque les organisations internationales. Trente ans plus tard. Soixante millions de morts plus tard. L'équivalent de la population française rayée de la carte par le paludisme.

Biodiversité - En Conclusion, les Chiffres

En 30 ans, nous avons perdu pres de 30 % de tout ce qui vit sur terre (Source : wwf/www.wwf.fr).

Dans son rapport Planète vivante, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a livré une estimation de l'état des écosystèmes naturels de la planète, notamment forestiers, aquatiques et marins. Ce chiffre de 30 % sur 30 ans est une moyenne. Pour les écosystèmes d'eau douce, la perte est de 50 %, pour les écosystèmes forestiers, elle est de 10 %, pour les écosystèmes marins, 30 %.

Mise à jour en 2006, la liste rouge des espèces menacées à l'échelon mondial, dressée par l'UICN, comporte 16 119 espèces.1 espèce sur 4 est menacée chez les mammifères, 1 sur 8 chez les oiseaux, 1 sur 3 chez les poissons ou les amphibiens (Source : Union mondiale pour la nature (UICN)/www.uicn.org).

En 100 ans, 50 % des zones humides ont disparu (Source : Convention de Ramsar/www.ramsar.org).
Depuis 1900, la moitié des zones humides du monde ont disparu. Ce sont des milieux où l'eau se mêle à la terre. Les zones humides rassemblent les tourbières, les étangs des plaines intérieures, les prairies humides alluviales ou encore les marais littoraux, les forêts humides et jusqu'aux plus petites mares.

Il ne reste que 6000 tigres en Asie. Alors qu'ils étaient 100.000 il y a un siècle (Source ; Convention de Washington/www.cites.org).
Les différentes estimations donnent une fourchette de 5000 à 7000 individus appartenant à 5 sous-espèces. Les tigres du Bengale sont les plus nombreux. L'aire de répartition du tigre va de l'Inde et de la Russie jusqu'en Chine et en Asie du Sud-Est. C'est un animal qui a besoin d'un vaste territoire, de 10 à 1000 km², selon l'abondance des proies. Les tigres de Sibérie ont besoin des plus vastes territoires. La chasse au tigre est à présent partout illégale et le commerce international des tigres et de leurs produits est complètement interdit par la Cites. Pourtant, la destruction de l'habitat continue à un rythme rapide, des tigres vivants sont vendus illégalement dans le commerce des animaux de compagnie exotiques, des peaux de tigres sont vendues et achetées, et certaines parties de cet animal sont recherchées comme apportant un bénéfice présumé pour la santé.

L'homme n'est qu'une espèce parmi les deux millions officiellement recensées (Source : Unep/www.unep.org).
Ce chiffre correspond aux espèces décrites par les scientifiques, soit quelque 1,75 million d'espèces. On découvre et on nomme environ 15.000 espèces par an. Chez les vertébrés (poissons, oiseaux, reptiles, amphibiens, mammifères), les espèces décrites sont 45.000. Il y en aurait peut-être au total 50.000. Les champignons sont moins bien connus : 70.000 espèces décrites sur le million qui existeraient sur la planète. C'est encore plus vrai avec les bactéries et les virus. Les estimations sur le nombre total d'espèces vont de 3 à 100 millions.

Dans les forêts tropicales humides vit 50 % de la faune et de la flore mondiale. Ce sont dans les forêts tropicales humides que l'on recense la plus grande densité et diversité d'espèces.

Pour 3 milliards de personnes sur la planète, le bois est la principale source d'énergie (Source : Conseil mondial de l'énergie – WEC/www.worldenergy.org). Il s'agit de tous les biocombustibles y compris le charbon de bois.

Dans le monde, chaque minute, 28 hectares de forêts sont détruits (Source : Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture/www.fao.org). Par an, c'est l'équivalent d'un pays comme la Grèce. Selon les années, la déforestation touche de 13 à 15 millions d'hectares.

Dans le monde, 75 % de la population se soigne avec des plantes (Source : OMS / www.oms.org).
C'est variable selon les pays. En Chine par exemple, 30 à 50 % de la consommation totale de médicaments sont des préparations traditionnelles à base de plantes.
- 50 % de nos médicaments viennent de la nature (Source : Programme des Nations Unies pour l'Environnement/www.pnue.org).
- Le paludisme tue 2 millions de personnes chaque année (Source : OMS / www.oms.org).
En fait le chiffre serait, selon un rapport de l'OMS, de 1,1 à 1,3 millions de morts par an directement imputables au paludisme sur la période 1999/2004.
- En Europe, 15 à 40 % des plantes auront disparu avant cent ans (Source : Programme des Nations Unies pour l'Environnement/www.pnue.org).
- En Europe, 84 % des plantes cultivées dépendent directement des insectes pour leur pollinisation (Source : Institut national de la recherche agronomique/www.inra.org).

80 % des glaces du Kilimandjaro ont fondu en un siècle. Plus exactement entre 1912 et 2002 (Source : Professeur Lonnie Thompson, université de l'Ohio).

Aujourd'hui, le rythme d'extinction des espèces est 100 à 1000 fois plus élevé que le rythme habituel.
Source : Union mondiale pour la nature (UICN)/www.uicn.org

Si tout le monde consommait aujourd'hui comme un Français, il faudrait trois planètes pour satisfaire tout le monde.
Source : wwf / www.wwf.fr

40 % de la banquise arctique a fondu depuis 1960. Source : Nasa / www.nasa.org
Il s'agit du volume des glaces de mer et non de leur surface. La Nasa a mesuré une diminution de l'épaisseur moyenne de cette banquise. La diminution de sa superficie est de 15 %. Il reste aujourd'hui 22.000 ours blancs sur la planète. L'espèce pourrait disparaître d'ici 100 ans.
Source : Union mondiale pour la nature (UICN) / www.uicn.org
L'UICN donne une fourchette de 20 à 25.000 individus d'ours blancs. La disparition dans un siècle serait concomitante avec celle de la banquise arctique sous l'effet du changement climatique.

Doc N°1 : Arthus Bertrand - Vue du Ciel > Octobre > 2006
 

   
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