D'île en île, de l'Asie à Madagascar |
A priori, tout sépare le célèbre dodo de l'île Maurice, oiseau exterminé par l'homme, du pigeon des îles Nicobar, à 4000 kilomètres de là, dans le golfe du Bengale. Ils sont pourtant cousins.
Sur l'île de Madagascar et ses voisines (La Réunion, Maurice, Comores, Seychelles), de nombreuses espèces partagent cette histoire familiale : leurs plus proches parents se trouvent au loin, sur le sous-continent indien. Comment ces plantes, oiseaux, papillons, lézards ont-ils franchi une telle distance ?
Grâce à des îles qui auraient émergé dans l'océan Indien à plusieurs reprises au cours des millénaires, facilitant la dispersion des espèces par des sauts de puce, répondent des chercheurs français dans la revue Cladistics. Or, jusqu'à présent, la séparation de la Grande Ile du continent asiatique il y a 80 millions d'années paraissait la meilleure justification de ces étonnantes parentés. Les techniques d'investigations moléculaires ont permis aux biologistes de découvrir un niveau de différenciation entre les espèces incompatible avec une séparation de 80 millions d'années. "Cette hypothèse ne fonctionne que pour un très petit nombre d'organismes de Madagascar et de sa région", affirme Christophe Thébaud, du Laboratoire évolution et diversité biologique (CNRS/université Paul-Sabatier, Toulouse). Les perruches, les petits hiboux ou les oiseaux lunettes de Madagascar se sont séparés de leurs cousins asiatiques il n'y a que 500.000 à quelques millions d'années.
En combinant la topographie des chaînes de montagnes sous-marines de l'océan Indien avec des études de paléoclimatologie, Christophe Thébaud et ses collègues montrent que des îles émergent régulièrement entre l'Inde et Madagascar lorsque le niveau de l'océan baisse, et cela depuis environ 30 millions d'années.
C.D. - SCIENCES ET AVENIR > Février > 2010 |
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