Augmenter le nombre et la variété des pollinisateurs peut accroître les récoltes de 30 % en moyenne.

AGRONOMIE : Plus il y a de variétés d'insectes butineurs, meilleurs sont les rendements. Ce constat, établi par 35 équipes de chercheurs et publié dans la revue Science, va à l'encontre des pratiques d'agriculture intensive. Il plaide pour une agriculture "�écologiquement intensive�" qui laisse toute sa place aux haies, arbres, buissons et à la flore sauvage favorables à l'épanouissement de la biodiversité des pollinisateurs. Les scientifiques ont fait varier le nombre et la variété d'espèces de pollinisateurs sur 344 �parcelles représentant 33 types de cultures dans 12 pays.
Résultat �: en moyenne, les rendements progressent de 31� % quand le nombre de butineurs pour 100 fleurs passe de 2,5 à 5,5. Mais le nombre ne suffit pas� : "Les rendements augmentent sensiblement lorsqu'il y a plus de trois espèces différentes de pollinisateurs qui butinent la parcelle", détaille Bernard Vaissière, chercheur à l'unité Abeilles et environnement de l'Inra d'Avignon. Pis, dans les plus grands champs, les rendements n'augmentent guère avec le nombre d'insectes s'ils ne sont visités que par des abeilles domestiques� : les espèces sauvages (bourdons, osmies, mégachiles) ont donc un rôle très important.

Miser sur les abeilles domestiques pour produire melons, amandes ou café est un mauvais calcul.

D'après les résultats d'une étude internationale, leur participation à la pollinisation des plantes serait en effet marginale par rapport à celle des abeilles, papillons, mouches et autres pollinisateurs sauvages. Les scientifiques ont observé 600 champs dans le monde, cultivés selon 41 systèmes différents, de la monoculture intensive à l'agriculture traditionnelle.

Résultat : le travail des pollinisateurs sauvages y apparait essentiel. Plus ils visitent les plants, plus les graines ou les fruits sont abondants. À l'inverse, l'augmentation des visites d'abeilles domestiques n'améliore la fructification que dans 14 % des systèmes d'exploitation. Et avec deux fois moins d'efficacité ! Pourtant, jusqu'à présent, les agronomes se sont surtout inquiétés du déclin des populations de ces abeilles domestiques, lié à l'usage des pesticides, à la culture intensive ou à des virus. Or, certaines études attestent que les pollinisateurs sauvages connaissent un déclin au moins aussi massif. Ils souffriraient en plus de la disparition des zones boisées où ils nichent, ou des floraisons de plus en plus précoces dues au changement climatique.