Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Holometabola, Hymenoptera (entre 1 et 5 millions d'espèces, une centaine de familles)

Frelon Asiatique (Vespa velutina) Tueur d'Abeilles
Apocrita, Aculeata, Vespoidea (4 sous-fam, 38 genres), Vespinae (4 genres, 65 espèces)

L'Inavouable Arme des Abeilles

H.R. - SCIENCES ET AVENIR N°888 > Février > 2021

Le Frelon Tueur a débarqué aux USA

H.R. - SCIENCES ET AVENIR N°880 > Juin > 2020

Le Frelon Géant (Vespa mandarinia)

SCIENCE & VIE DÉCOUVERTES HS N°12 > Décembre > 2019

Ruche Idée : Chine

ÇA M'INTÉRESSE N°456 > Février > 2019

Raid sur la Ruche

E.P. - SCIENCE & VIE JUNIOR N°346 > Juillet > 2018

Comment Sauver les Abeilles du Frelon Asiatique ?

Une société fraçaise a développé un drone pour détruire les nids de frelons. Nouvelle arme contre le tueur d'abeilles venu de Chine : un drone qui dégomme les nids les plus haut perchés. La guerre est déclarée.

C'est l'histoire du piqueur piqué : à 25 m au-dessus du sol, un drone déploie une perche de 2 m de long. Comme un dard, elle perfore le nid de frelons et y injecte de la perméthrine, un puissant insecticide qui paralyse et tue toute la colonie. Télécommandé depuis le sol, le Joker (c'est son nom) permet de détruire les nids inaccessibles, même depuis une nacelle. Plus besoin de combinaison de protection ni d'asperger le nid avec des litres de pesticides, la frappe de ce drone est chirurgicale. Vespa velutina, ou frelon asiatique, a débarqué en France il y a dix ans, introduit par accident dans des poteries en provenance de Chine. Depuis, cette espèce invasive a colonisé 63 départements de France métropolitaine. Si sa piqûre est plus douloureuse pour l'homme que celle du frelon européen, ce sont surtout les abeilles qui en pâtissent : les ouvrières du frelon capturent les abeilles dans les ruches pour nourrir leurs larves. Impossible pour l'instant de chiffrer l'impact du frelon sur les populations d'abeilles, mais les apiculteurs parlent déjà d'une hécatombe.
En dix minutes, le drone détruit plusieurs milliers d'individus : Pour contrer les dégâts, les biologistes travaillent donc à l'élaboration de deux types de pièges. Les pièges alimentaires, disposés autour des ruchers, qui appâtent les frelons avec du sirop de fruit, de miel et d'alcool. Problème : ils attrapent parfois d'autres insectes. Un autre type de leurre utilise des phéromones comme appât, ces substances chimiques qu'utilisent les frelons pour communiquer entre eux. Plus radical, le drone détruit plusieurs milliers d'individus en dix minutes. Mais pour l'utiliser en ville, il faut obtenir une autorisation spéciale. Or c'est là que se trouvent 80 % des nids de frelons asiatiques. La guerre contre l'envahisseur est déclarée, mais elle n'est pas encore gagnée.
Texte Alma Bensaid ; Photos Eric Tourneret/Light Médiation

ÇA M'INTÉRESSE N°402 > Août > 2014

Frelon Tueur : les Scientifiques au Secours des Abeilles

C'est le nouvel ennemi des abeilles ! Venu d'Asie, le frelon noir Vespa velutina a envahi en quelques mois le Sud-Ouest de la France, où il menace de décimer les ruches. Comment contrer l'invasion ? Les chercheurs sont actuellement sur la brèche afin d'établir le profil exact de ce superprédateur. Sachant que, d'elles-mêmes, les abeilles organisent déjà la résistance...

Comme si les menaces pesant sur les abeilles françaises n'étaient pas assez nombreuses ! Tandis que les insecticides affectent leur santé et que l'extension des monocultures appauvrit leurs ressources alimentaires, voici qu'un nouvel ennemi n'a rien trouvé de mieux que de s'attaquer à elles. Son nom ? Vespa velutina. Soit un gros frelon noir qui, venu d'Asie, se trouve si bien chez nous qu'il défraye la chronique en dévastant les ruchers. Au mois de mars, on pouvait même parler de véritable invasion avec pas moins de 13 départements du Sud-Ouest touchés. Comprendre : on y avait observé dans les mois précédents, soit un spécimen du prédateur, soit un nid hébergeant toute une colonie (voir carte). Et quels nids ! L'hiver dernier, des apictuteurs de la région de Bordeaux en décrochaient un mesurant 1 m de haut pour 80 cm de diamètre ! "Décroché" car l'intrus s'ingénie à édifier son nid dans les arbres, à des hauteurs pouvant atteindre 15 m, ce qui le rend quasi invisible avant l'automne et la chute des feuilles... "Entre les villes de Marmande et de Podensac, nous en avons dénombré 85 sur une distance linéaire de 60 kilomètres !" raconte Jean Haxaire, entomologiste amateur du Lot-et-Garonne et parmi les premiers à avoir eu vent de la présence de V. velutina en France, en novembre 2005. Le premier, avec Claire Villemant, spécialiste des guêpes au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, à avoir sonné l'alarme. Et pour cause. Car d'après la centaine de témoignages de ceux qui ont vu la "bête" au cours de l'été 2006, si elle est sans réel danger pour l'homme, ses attaques sont susceptibles de causer de véritables carnages chez les abeilles. Comment ? Grâce à une technique de prédation parfaitement réglée. Pour commencer, V. velutina se place à 20 ou 30 cm devant l'entrée de la ruche, dos tourné à celle-ci, attendant le retour des ouvrières. Que l'une d'entre elles survienne chargée de nectar ou de pollen, et il se jette sur elle, la tue net d'un coup de mandibule à la base de la tête et emporte la malheureuse, tandis qu'un autre monstre le remplace au pied levé devant la ruche, prêt à foudroyer une autre abeille. Le plus souvent, ce superprédateur ne dévore pas sa proie sur place : après lui avoir arraché tête, pattes et ailes, il malaxe le thorax et l'abdomen pour en faire une "boulette" qu'il emporte avec lui afin d'en nourrir les larves de sa colonie. Et si les observations directes ne l'attestent pas en France, ce pourrait être pire si ce noir frelon reproduisait le comportement qui'il a en Asie, sa terre d'origine, où il est l'ennemi juré des ruchers. "D'après la littérature, il capture les ouvrières et cherche à pénétrer dans la ruche pour piller le couvain (oufs et larves), dont il nourrit les larves de sa propre colonie", explique Claire Villemant. Face à la menace, les apiculteurs ont, en hâte, organisé la résistance... sans que les dispositions prises soient toujours judicieuses. En Gironde, l'hiver dernier, certaines mairies ont ainsi mis à disposition de ceux qui en faisaient la demande des nacelles pour aller décrocher les nids, invisibles auparavant, pour les détruire.

DES MOYENS DE LUTTE GUÈRE EFFICACES

Plus radical, et suivant la même logique, les sociétés de chasse ont été mises à contribution pour tirer sur les nids les moins accessibles. Las ! Comme les guêpes sociales, et contrairement aux abeilles domestiques, tous les frelons ont des colonies annuelles qui meurent avant l'hiver, explique Claire Villemant. Après l'accouplement, en automne, les femelles fécondées se cachent dans la litière du sol ou dans un bout de bois mort pour hiverner. Au printemps, elles fonderont de nouveaux nids." Bref, en hiver, les nids sont vides... Quant à occire les futures reines, inutile d'y penser : il faudrait pour cela quadriller les sous-bois, retourner les feuilles mortes une à une, soulever l'écorce de chaque souche...
Pour l'heure, et faute de mieux, la parade des apiculteurs se résume donc à agir directement sur les individus volant aux abords des ruches. Non pas via des insecticides ou autre expédient drastique : le remède serait pire que le mal et les abeilles ne s'en remettraient pas ! Le Centre national de développement apicole (CNDA), principal organisme d'appui technique à la filière, recommande plutôt d'utiliser de simples "pièges-bouteilles" installés devant les ruches dès la fin février, afin d'appater à la bière sucrée ou au sirop les jeunes reines avant qu'elles ne fondent de nouvelles colonies. D'une certaine efficacité, ces pièges présentent cependant le défaut de capturer sans discrimination l'indésirable frelon asiatique, mais aussi le frelon européen, des guêpes sociales, voire des abeilles solitaires et même quelques abeilles domestiques ! Heureusement, le CNDA propose d'autres ripostes, sans dommage collatéral : réduire l'entrée des niches à 6 mm de hauteur pour empêcher le frelon d'y pénétrer. Et maintenir l'herbe haute devant les ruchers parce "qu'il semble que les abeilles s'enfoncent dans les herbes plus vite que le frelon", comme l'indique la fiche d'information éditée par le Centre. Ces mesures suffiront-elles ? Il est trop tôt pour le dire. D'autant qu'il s'agit du premier frelon exotique introduit accidentellement dans l'hémisphère nord. Or, on ne sait presque rien de ce "tueur d'abeilles" dans son milieu d'origine et, partant, de la meilleure stratégie à lui opposer, qui plus est en France.

Pourtant, l'avenir pourrait réserver une bonne surprise aux apiculteurs. Car aussi étrange que cela paraisse, il n'est pas sûr que l'invasion de V. velutina soit, à long terme, synonyme d'horreur écologique, en France ou ailleurs... Pour comprendre, il faut savoir que certaines colonies, même au cour des zones les plus touchées par l'invasion hexagonale, sont curieusement épargnées par le frelon tueur. "Vraisemblablement, les abeilles ne constituent pas l'intégralité de son régime alimentaire, souligne Claire Villemant. Pour savoir précisément ce que mange le frelon, et comment ses proies varient selon les saisons, il faudra analyser les boulettes de chair qu'il rapporte au nid." Des analyses qui pourraient également dire si V. velutina est susceptible de voler leur pitance aux autres hyménoptères carnivores, et notamment à son cousin, Vespa crabro, seul frelon présent jusqu'ici sur le sol européen. Pour l'heure, il est difficile de répondre. En Europe, V. crabro est connu comme un prédateur "généraliste", dont le menu se compose de fruits, de mouches, de chenilles, d'araignées et parfois de quelques abeilles. Mais au Japon, son comportement est totalement différent : dans cet archipel, où V. velutina est absent, V. crabro cohabite avec quatre autres espèces de frelons qui, chacune, "occupe une niche écologique particulière, explique Claire Villemant, que ce soit par son mode de nidification, son cycle de développement ou son régime alimentaire." Ainsi, les V. crabro nippons se nourrissent-ils à 95 % de cigales... En France, la cohabitation forcée des deux espèces de Vespa aboutira-t-elle à un partage des niches écologiques, ou bien à la raréfaction, voire la disparition de l'un de ces protagonistes ?

CONTRE LE FRELON, LES LEÇONS D'APIS CERANA
Apis cerana est un modèle du genre. Quand vespa mandarinia, le plus gros frelon du monde (4,5 cm de long), s'attaque à ses ruches, 500 abeilles l'encerclent et contractent leurs muscles alaires, formant une boule de chaleur de près de 47°C : le frelon meurt d'hyperthermie... L'européenne A. mellifera n'est pas aussi efficace contre V. velutina. Pourquoi ? Une équipe de chercheurs a comparé les deux espèces : lors d'une attaque, les asiatiques sont 3 fois plus nombreuses devant la ruche et leurs ouvrières se replient 2 fois plus vite. Pour les "boules de chaleur", elles recrutent en moyenne 32 individus, contre 22 chez A. mellifera. Conséquence : la température augmente moins vite chez cette dernière et plafonne à 43°C. Enfin, en cas de danger, les gardiennes d'A. cerana font miroiter leurs ailes de concerve, créant des vagues d'éclairs lumineux. Ce comportement, qui semble destiné à perturber le prédateur, est "totalement absent du répertoire des abeilles européennes" étudiées. Lorsqu'il a le choix, V. velutina attaque donc 8 fois plus les colonies d'abeilles européennes qu'asiatiques.

"À LA FIN, LES ABEILLES AVAIENT TUÉ LE FRELON..."

Seules les études de terrain permettront de le savoir. En tout cas, "s'ils arrivent à cohabiter, on peut légitimement se demander quelles espèces d'insectes en feront les frais", note Claire Villemant. Une mauvaise nouvelle pour les abeilles ? Là encore, ce n'est pas si sûr. Car les butineuses sont capables de résister et de se défendre par leurs propres moyens, comme en témoigne Claude Le Gall, apiculteur en Gironde : "À l'approche du frelon asiatique, j'ai remarqué que mes abeilles Buckfast (une race hybride d'Apis mellifera, l'abeille européenne) adoptent un comportement caractéristique : une centaine d'ouvrières se rassemblent en nappe sur la planche d'envol de la niche. Là, elles se mettent à suivre les mouvements du frelon, un peu comme des spectateurs lors d'un match de tennis... Cette manouvre n'empêche pas le prédateur de capturer les ouvrières en vol, mais il semble qu'elle évite que le frelon s'introduise dans la niche.
Plus audacieux : Jacques Blot, qui, lui, élève des abeilles dans les Landes, assure avoir suivi en direct la mise à mort d'un frelon par une de ses colonies d'abeilles noires ! "Il était en vol stationnaire lors qu'un groupe de cinq ouvrières s'est jeté sur lui, le déséquilibrant jusqu'à le faire tomber à terre. Aussitôt, une cinquantaine d'autres abeilles a rappliqué et, pendant quelques minutes, toutes se sont agglutinées autour du frelon, jusqu'à former une boule compacte. Puis les abeilles se sont envolées d'un coup : par terre, le frelon gisait, mort." Une étonnante et radicale tactique défensive qui évoque celle dite de la "boule de chaleur", déjà observée en Asie et qui voit les abeilles "cuire" leur agresseur. Sauf que ce sont des abeilles "bien de chez nous" qui auraient appliqué cette technique... De quoi attiser la curiosité des scientifiques. "Il serait intéressant d'évaluer finement les capacités de défenses de quelques-unes des races d'Apis mellifera les plus représentées chez les apiculteurs européens, commente Agnès Rortais. Pour cela, on peut imaginer un dispositif expérimental qui consisterait à approcher d'une niche un frelon qui serait tenu au bout d'un fil et à filmer la réaction des abeilles."
Qu'en sera-t-il pour la suite ? Pour l'heure, personne ne peut le dire avec certitude. Mais s'il s'avérait que certaines races d'abeilles n'ont besoin de personne pour se défendre contre l'insatiable frelon, il y a fort à parier que les apiculteurs sauraient en tirer le meilleur profit, trop heureux de découvrir d'aussi valeureuses butineuses.

VESPA CRABRO, COUSIN PLACIDE... ET UTILE
Vespa crabro, seul frelon présent en Europe de l'Ouest jusqu'à l'arrivée de V. velutina, est une espèce répandue dans toute l'Eurasie, de la Scandinavie à la péninsule Ibérique et jusqu'à la Chine du Sud. Son vol bruyant et sa grande taille valent au frelon une réputation d'insecte dangereux pour l'homme. En réalité, la piqûre de V. crabro n'est pas pire que celle d'une guêpe sociale et l'insecte est même moins agressif que ces dernières. Du fait de son rôle dans la régulation des populations d'insectes, V. crabro est protégé en Allemagne. Il a par ailleurs été introduit intentionnellement vers 1850 en Amérique du Nord pour lutter contre les insectes ravageurs des forêts d'épineux. Il s'est acclimaté sans causer de dommages écologiques et est désormais présent dans l'Est des États-Unis et au Canada.

M.L. - SCIENCE & VIE > Mai > 2007

Contre le Frelon Oriental, les Abeilles s'Organisent

Pour lutter contre le frelon oriental, les abeilles domestiques de Chypre ont mis au point une tactique collective : elles se ruent par centaines sur leur prédateur à l'entrée de la ruche pour bloquer les mouvements de son abdomen et l'empêcher ainsi de respirer.

Ce comportement social de défense par étouffement a ainsi été observé pour la première fois dans le monde animal, par l'équipe grecque d'Alexandros Papachristoforou, de l'université Aristote de Thessalonique, et par l'équipe française de Gérard Arnold, du laboratoire Evolution-Génome-Spéciation du CNRS.

V.B. - SCIENCE & VIE > Novembre > 2007
 

   
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