Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Holometabola, Diptera (+ de 150.000 espèces)

Moustiques - Leur Force : s'Adapter à tout
Diptères, Nematocera (7 infra-ordres, 24 fam), Culicidés (111 genres, 3578 espèces)

De prodigieuses mécaniques biologiques : tels sont les moustiques qui n'en finissent plus de profiter des activités humaines pour évoluer et coloniser de nouveaux espaces.

Comment les moustiques sont-ils devenus aujourd'hui une menace plus préoccupante que jamais ? L'affaire est complexe, mais une chose est sûre : c'est l'alliance de ces insectes vrombissants avec les pires pathogènes de l'humanité, virus et parasites, qui rend ce duo infernal.
À la décharge des moustiques, il faut reconnaître que c'est bien malgré eux qu'ils sont le vecteur de cohortes de virus, protozoaires et autres vers. Ces pathogènes entrent en effet par effraction dans le corps de l'insecte lorsqu'il aspire le sang, déjouant son système immunitaire, avant de détourner une partie de son métabolisme pour servir leurs propres intérêts. "En termes biologiques, ces pathogènes accomplissent ainsi une véritable prouesse, souligne Hugues Tolou, de l'institut de médecine tropicale du service de santé des armées. Ils parviennent à se répliquer à la fois à l'intérieur d'un vertébré et d'un insecte pour accomplir leur cycle, alors que ce sont des environnements biochimiques très différents, à des températures différentes. Le prix à payer pour le virus, c'est que pour survivre, il lui faut rester adapté à la fois à l'hote mammifère et à l'insecte, en faisant preuve d'une grande plasticité. Mais au final, cela produit une transmission très efficace". Les pathogènes véhiculés par les moustiques sont donc - piètre consolation pour leurs victimes - particulièrement sophistiqués et adaptables. À tel point qu'au hasard de leurs mutations, certains parviennent à changer d'hôte ou de vecteur, colonisant dès lors de nouveaux diptères.

UNE DANGEREUSE ALLIANCE

Selon Paul Reiter, directeur de l'unité insectes et maladies infectieuses de l'Institut Pasteur, "le virus du Nil occidental (dit West Nile), par exemple, est très colonisateur et fort peu discriminant : pratiquement tous les moustiques qui ont été testés aux États-Unis sont susceptibles de porter ce virus, et toutes sortes de vertébrés sont contaminés. On a même eu des mortalités incroyables d'alligators dans des élevages du sud des États-Unis" ! Autre effet de la ficheuse propension des virus à muter : "Beaucoup de virus connus se sont mis ces dernières années à provoquer des maladies plus sévères, indique Hugues Tolou. C'est le cas de la dengue, du West Nile, et peut-être du virus du Chikungunya, même si sa responsabilité exacte reste à établir dans les cas les plus graves constatés sur l'île de la Réunion. Beaucoup d'hypothèses sont évoquées pour expliquer ce phénomène. De toute façon, lorsqu'un virus se répand largement et rencontre un grand nombre d'individus, il a davantage la possibilité d'infecter des sujets fragiles qui vont développer des formes plus graves. Par ailleurs, il accroît ses possibilités de mutation, avec le risque d'apparition de variants plus pathogènes."
S'il n'est déjà pas très agréable de se savoir convoité par des pathogènes innombrables, adaptables et pour certains de plus en plus dangereux, le fait que ces organismes aient réussi à s'adjoindre l'aide des moustiques est encore plus inquiétant. Car les moustiques s'avèrent une mécanique prodigieuse, qui a admirablement réussi à profiter du succès planétaire de l'espèce humaine comme de l'évolution de son mode de vie. Ainsi, ces insectes sillonnent à présent la planète, à l'instar de leurs hôtes bipèdes. Une propension à l'auto-stop qui ne date d'ailleurs pas d'hier. Comme l'explique l'entomologiste Francis Schaffner, de l'Entente interdéparternentale pour la démoustication (EID) Médîterranée, "le moustique vecteur de la fièvre jaune est probablement passé d'Afrique en Amérique grâce au commerce des esclaves il y a quatre siècles. Aujourd'hui, les moustiques prennent la voiture et l'avion à l'échelle industrielle. Aedes albopictus, pour ne citer que lui, poursuit ses proies en tournant autour d'elles avec obstination ; du coup, "il monte très facilement dans les automobiles, indique Francis Schaffner, et peut en sortir 300 km plus loin. C'est d'ailleurs probablement ainsi qu'il est arrivé d'italie en France, sur la Côte d'Azur". Idem pour l'avion. Et puis, il y a la croissance exponentielle du commerce international, qui vient de dépasser 10.000 milliards de dollars de marchandises par an (+6 %) - ce qui représente un flot de camions, bateaux et avions véritablement providentiel pour la dispersion des moustiques.

Vecteur : agent intermédiaire dans le cycle d'une maladie mettant en relation l'agent pathogène (bactérie, virus, protozoaire ou ver) et sa cible, souvent vertébrée. Les vecteurs sont souvent des insectes (diptères, puces, etc.), mais peuvent être aussi des mollusques aquatiques.

Appelé pour une infestation de moustiques dans le comté de New York, et à la suite d'une enquête digne de Sherlock Holmes, Reiter découvrit que ce commerce peu connu quadrille notre planète : les pneus de voitures, de camions, d'engins agricoles ou autres, d'avions, de métro... passent d'un continent à un autre pour être vendus, transformés, rechapés, vendus à nouveau... Empilés à ciel ouvert dans d'immenses dépôts, ces pneus accumulent de l'eau à la moindre pluie, eau qui stagne et constitue alors de parfaites nurseries cosmopolites pour les moustiques venus de tous horizons. Résultat ? Il n'y a pas un entomologiste qui n'ait en réserve quelques histoires de moustiques découverts à un endroit de la planète où ils n'avaient rien à faire. À lui seul, Paul Reiter a ainsi compté pas moins de cinq espèces de moustiques japonais, en plus d'Albopictus, dans un seul dépôt de pneus à Seattle. D'ailleurs, ajoute-t-il, un nouvel Aedes, Ae. atropalpus, est en train de coloniser l'Est des USA.

MÊME LE MÉTRO EST COLONISÉ...

Même s'il progresse moins vite qu'Aedes albopictus, un certain Ochlerotatus japonicus, vecteur potentiel du West Nile, semble par ailleurs entamer une expansion mondiale. Et sans doute existe-t-il de nombreuses offensives non encore décelées, faute d'études. De fait, les entomologistes spécialisés sont rares... tandis que les espèces de moustiques foisonnent. On en connaît 3000 environ ! Au cours d'un seul voyage d'étude à Madagascar, deux chercheurs ont, en 2005, décrit 48 nouvelles espèces appartenant à un seul genre (Uranotaenia)...
L'affinité acquise des moustiques pour les pneus n'est pas qu'anecdotique. Elle témoigne de leur adaptabilité, caractéristique d'organismes prolifiques dont les générations se succèdent vite. Même le métro n'échappe pas à leur énergie colonisatrice ! L'urbanisation croissante de l'espèce humaine a ainsi été mise à profit par les moustiques pour accéder à ce garde-manger géant, surtout qu'au Sud, cette urbanisation se fait souvent dans des conditions sanitaires déplorables, par l'hypertrophie de bidonvilles où l'eau croupie abonde. Autre exemple remarquable de plasticité, Aedes albopictus - alors qu'il provient de la zone tropicale - a "appris" à survivre à l'hiver... et avec talent, puisqu'il a atteint le Canada.

LA CLÉ DANS LEUR GÉNOME ?

Mais comment font les moustiques pour être si féconds en adaptations diverses ? Difficile de répondre à cette question. Une partie de la solution est certainement cachée dans leur génome, dont les scientifiques commencent tout juste à comprendre l'organisation depuis que le code génétique d'Anopheles gambiae a été séquencé en 2002. Evidemment, il y a encore beaucoup de travail avant qu'il soit possible de trouver les clés des comportements des insectes, et de leur souplesse. Mais, déjà, des pistes nouvelles s'ouvrent. Les chercheurs ont par exemple identifié une famille de 276 protéines, les GPCR, dont les gènes sont exprimés principalement dans les antennes et les palpes. Ces protéines ont un rôle dans la reconnaissance des goûts et des odeurs ; et ce sont sans doute des mutations dans ces gènes particuliers qui ont augmenté l'affinité des moustiques pour l'homme, au point que certaines espèces (gambiae, aegypti...) ne piquent pratiquement plus aucun autre vertébré. Avec pour conséquence d'en faire les pires propagateurs de maladies pour l'homme...
Nos horripilants diptères surfent également sur l'évolution de l'agriculture mondiale : en quarante ans, la superficie des rizières - excellents sites de reproduction - s'est accrue de 25 % dans le monde. Or, ces milieux constituent les lieux de ponte favoris d'Anopheles funestus le bien nommé, puisque c'est l'un des pires vecteurs du paludisme. Plus généralement, les superficies irriguées de la planète sont passées de 94 à 255 millions d'hectares au cours du dernier demi-siècle. Ce qui a augmenté dans des proportions énormes le nombre de lacs, de canaux, d'étangs, et jusqu'aux simples flaques exploitables par les moustiques. Ajoutons à cela le développement de l'élevage. Un seul exemple : le nombre de volailles dans le monde est passé de 2 à 10 milliards de 1970 à nos jours ! On imagine l'aubaine pour le genre Culex, spécialisé dans la prédation sur les oiseaux, même s'il pique très volontiers l'homme... Reste que le plus impressionnant exploit adaptatif des moustiques consiste probablement dans leur facilité à s'acclimater aux produits que nous employons contre eux. De fait, il n'a pas fallu quinze ans aux moustiques pour commencer à résister au DDT, pourtant qualifié dans les années 50 de molécule miracle par l'industrie chimique.

SCIENCE & VIE > Juin > 2006

Les Moustiques peuvent-ils Transmettre le Sida ?

Inquiétude légitime, puisque les moustiques sont les principaux vecteurs du paludisme, de la fièvre jaune, de la dengue ou du chikungunya. Mais rassurez-vous, ils ne transmettent pas le VIH, pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, il y a statistiquement peu de risque pour que le virus du sida soit prélevé par le moustique, la charge virale dans le sang d'un séropositif étant relativement faible ; ce qui n'est pas le cas avec le paludisme, par exemple, dont les protozoaires responsables de la maladie se trouvent en très grande quantité dans le sang. Si, toutefois, le VIH se retrouvait dans le "repas" du moustique, plusieurs expériences ont montré qu'il est digéré et détruit en moins de vingt-quatre heures par les enzymes stomacales des moustiques. Et au cours de ce laps de temps ?

"Les moustiques ne sont pas des seringues volantes", explique Paul Reiter, responsable de l'équipe Insectes et maladies infectieuses à l'Institut Pasteur. Leur trompe est constituée de deux canaux à sens unique. Lorsqu'un moustique pique une personne, il inocule de la salive anticoagulante par son canal salivaire et aspire du sang par son canal alimentaire. À aucun moment, il ne régurgite du sang de la piqûre précédente. Aussi, la piqûre d'un moustique ne peut transmettre un virus que si ce dernier se réplique dans les cellules du moustique et gagne ses glandes salivaires. Or, contrairement au virus de la dengue ou du chikungunya, le VIH est incapable d'infecter un moustique. Et c'est tant mieux...

C.H. - SCIENCE & VIE > Août > 2007

Les Moustiques sont Attirés par des composés chimiques Microbiens

Les moustiques vecteurs de la dengue et de la fièvre jaune sont attirés par des composés chimiques microbiens présents dans certains conteneurs d'eau.

C'est donc là que les Aedes aegypti choisissent de déposer leurs oufs. Loganathan Ponnusamy, de l'université de Caroline du Nord, et ses collaborateurs ont en effet découvert que les acides carboxyliques et les méthylesters étaient de puissants déterminants de 'Toviposition", l'environnement dans lequel la femelle choisit de pondre. De quoi mieux contrôler la population de ces moustiques.
L'OMS estime à 50 millions le nombre de cas de dengue dans le monde chaque année.

M.-C.M. - SCIENCE & VIE > Août > 2007
 

   
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