Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Lépidoptères (43 sup-fam, 136 fam, 155.100 à 174.233 espèces) |
Le Monde des Papillons Monarques (Danaus plexippus)
Nymphalidæ (559 genres, 6152 espèces), Danainae (3 sous genres, 300 espèces) |
Monarques : un Voyage Intergénérationnel |
J.R. et M.N. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°292 > Janvier > 2024 |
|
Les Monarques Reviennent en Force |
C.A. et N.P. - ÇA M'INTÊRESSE N°506 > Avril > 2023 |
|
Le Monarque, le Cardinal et l'Asclépiade (140 espèces) |
H.L.G - POUR LA SCIENCE N°532 > Février > 2022 |
|
Mexique : Cohue de Monarques |
S.C - TERRE SAUVAGE N°394 > Novembre > 2021 |
|
L'Asclépiade au Secours des Monarques |
BIOSPHÈRE Vol 35 N°1 > Mars-Avril > 2019 |
|
La Vie du Papillon Monarque |
Chaque année, entre 60 millions et 1 milliard de papillons monarques entreprennent une incroyable migration hivernale depuis le Canada du sud et le nord des États-Unis jusque dans le sud de la Californie et dans les forêts du Mexique central. Une distance de presque 5000 km.
Le monarque est reconnaissable à sa couleur orange striée de noir et bordée de points blancs. Son envergure est d'environ 10,4 cm. Le mâle ne se différencie de la femelle que par un point noir sur les ailes postérieures, une glande odorante dont il se sert pour attirer la dame. Comme chez de nombreux animaux, les couleurs lumineuses du monarque préviennent surtout les prédateurs de ne pas s'y frotter attention, poison ! Cette toxicité provient de la plante asclépiade, sur laquelle la monarque femelle pond ses oufs. Les chenilles écloses s'en nourrissent exclusivement, développant ainsi un réservoir de toxines dans leur corps qui persisteront dans leur système au-delà de la métamorphose. Ces toxines sont inoffensives pour le monarque, mais certainement pas pour les prédateurs du papillon.
La plupart des monarques ne vivent pas plus de 5 semaines. De 3 à 5 générations naissent entre le début du printemps et la fin de l'été, mais la génération qui émerge des chrysalîdes au début de l'automne est différente. Sa mission est de voler vers le sud, loin des hivers rigoureux nord-américains, et d'assurer la survie de l'espèce. Leur migration est étonnante, non seulement en termes de distances parcourues, mais également pour le fait qu'ils connaissent instinctivement la route, sans avoir fait le voyage auparavant. Leur arrivée au Mexique coïncide généralement avec Dia de Muertos (jour des morts), l'une des fêtes les plus importantes du Mexique. Selon la légende locale, les monarques qui arrivent sont les âmes des défunts qui reviennent sur Terre. Ces monarques de l'hiver resteront jusqu'à 8 mois. Ils décolleront ensuite vers le nord au début du printemps, s'accouplant en vol et pondent leurs oufs sur des asclépiades dans le sud des États-Unis. C'est leur progéniture qui complètera le voyage vers le nord, passant le flambeau pour la prochaine saison.
COMMENT ÇA MARCHE N°62 > Août > 2015 |
|
Le Monarque Victime des Bonnes Intentions |
L.C. - SCIENCES ET AVENIR N°817 > Mars > 2015 |
|
Il est Guidé par une Boussole Biologique |
Un coin du voile vient d'être levé sur la plus spectaculaire migration du monde des insectes : pour parcourir sans faille 4000 km, le papillon monarque dispose d'un étonnant... GPS. Explication.
1/ Chaque automne, des millions de papillons monarques entament un périple de 4000 km...
2/... à destination du Mexique : ce voyage est effectué par une seule génération de migrants...
3/... dotés "d'outils" physiologiques qui leur permettent de s'orienter.
C'est l'odyssée de la démesure. Chaque année, à l'automne, des nuées de dizaines de millions de papillons monarques quittent le Canada et le nord des Etats-Unis, entamant un périple éreintant de plusieurs mois et plus de 4000 km en direction du sud, pour passer l'hiver et se reproduire dans une petite forêt de conifères perchée au centre du Mexique. Un exploit migratoire sans équivalent dans le monde des insectes. Et pour les scientifiques, une source inépuisable de questionnements. Pourquoi seuls les spécimens nord-américains de Danaus plexippus, espèce qui vit aussi aux Antilles ou en Australie, migrent-ils ? Comment font les migrants pour survivre huit à neuf mois, quand l'espérance de vie d'un monarque ne dépasse généralement pas les cinq semaines ? Qu'est-ce qui leur permet de ne pas se perdre en route ?
Si la plupart de ces questions restent sans réponse, le laboratoire de Steven Reppert, à l'université du Massachusetts (Worcester, États-Unis), vient toutefois de révéler, analyses microscopiques et expériences à l'appui, un système "GPS" sophistiqué qui se déploie dans les yeux, les antennes et le cerveau du monarque. Ce système ingénieux conjugue une boussole et une horloge pour maintenir le cap par tout temps et à toute heure. Les chercheurs ont d'abord mis en valeur, dans les yeux du lépidoptère, un ensemble de récepteurs sensibles à la lumière, appelés ommatidies. Sur le pourtour de la rétine, ces ommatidies détectent la polarisation de la lumière (l'inclinaison des ondes lumineuses), ce qui renseigne sur la hauteur du Soleil sur l'horizon. Sur le reste de la rétine, d'autres ommatidies captent les gradients spectraux, soit les différentes longueurs d'onde de la lumière. Deux types d'information qui permettent de connaître en permanence la position du Soleil, même par temps couvert.
Mais pour que cette boussole indique un cap fixe, encore doit-elle tenir compte du déplacement du Soleil dans la journée. L'insecte fait cette fois appel à une sorte d'horloge basée sur des protéines, les cryptochromes, dont le cycle de synthèse et de destruction dure vingt-quatre heures. Cette horloge correctrice de la navigation est étonnante pour deux raisons. D'abord, parce que les deux types de cryptochromes exploités sont typiques, l'un de la drosophile, l'autre de la souris, évoquant ainsi une horloge ancestrale commune aux insectes et aux mammifères. Ensuite, parce que cette horloge ne se situe pas dans le cerveau, comme pour la plupart des espèces, mais dans les antennes. Pour preuve : les papillons dont les antennes ont été recouvertes d'une peinture noire faisaient fausse route !
Reste qu'une telle boussole conjuguant informations spatiales et temporelles ne permet pas d'expliquer comment les papillons trouvent leur fameuse forêt mexicaine. Les scientifiques imaginent ici une sorte de plan inscrit dans les gènes du lépidoptère, puisqu'il sait de manière innée où il va et où il doit s'arrêter. Ils ont d'ailleurs déjà mis en évidence une quarantaine de gènes s'exprimant différemment dans le cerveau d'un monarque migrant par rapport à un non-migrant. Et espèrent que le séquençage en cours du génome du papillon monarque éclairçira un peu plus l'un des plus fascinants mystères du monde animal.
FAITS & CHIFFRES
Ce lépidoptère d'à peine 95 mm d'envergure pour 0,5 g parcourt en 2 mois plus de 4000 km. Les migrants vivent 10 fois plus longtemps que les nonmigrants, et 3 fois plus longtemps que leurs descendants, qui effectueront le voyage retour en 3 générations. |
H.P. - SCIENCE & VIE > Octobre > 2011 |
|
Un Papillon Soigne ses Oufs en les Pondant sur une Plante Médicinale |
C'est le premier cas d'automédication transgénérationnelle prouvé chez un animal : une femelle de papillon monarque infectée par Ophryocystis elektroscirrha contaminera ses larves.
Mais Thierry Lefèvre (université Emory d'Atlanta) a montré qu'en pondant sur la plante (une asclépiade) la plus riche en toxines néfastes à ce parasite elle assurera à ses oufs un régime salvateur.
S.Bo. - SCIENCE & VIE > Décembre > 2010 |
|
Un Scarabée Menace le Monarque |
Un minuscule scarabée contraint le Mexique à couper des milliers de conifères infestés dans la réserve nationale située à 100 km de Mexico afin de protéger la migration du papillon monarque (Danaus plexippus).
Hylurgopinus rufipes creuse en effet des galeries dans le bois et émet des toxines qui bloquent la circulation de la sève, provoquant rapidement la mort des arbres sur lesquels les papillons se réfugient lors de leur hivernage. Le monarque migre sur plus de 3000 km du Canada et du nord des Etats-Unis vers le Mexique pour y passer l'hiver.
L.C. - SCIENCES ET AVENIR > Décembre > 2009 |
|
Le Monarque utilise ses Antennes comme GPS |
Prenez un papillon monarque, ôtez-lui ses antennes et le voilà... désorienté !
C'est ce que vient de montrer l'équipe de Christine Merlin de l'université du Massachusetts (États-Unis). On savait que le lépidoptère, lors de ses migrations automnales du Nord des États-Unis au Mexique, se sert de la position du soleil pour se diriger. On ignorait jusque-là que son horloge interne n'est pas dans le cerveau mais dans les antennes.
R.B. - SCIENCE & VIE > Novembre > 2009 |
|
L'Appel de la Forêt - Vu du Ciel |
L'incroyable voyage du papillon Monarque.
Au Mexique a lieu chaque année un spectacle unique.
Après un périple de 5000 kilomètres, les papillons Monarque s'y regroupent chaque hiver par millions.
Mais à cause de l'exploitation des hommes, la forêt où ils hibernent est aujourd'hui en danger.
Yann Arthus-Bertrand - VU du CIEL > Décembre > 2008 |
|
Une grappe silencieuse et endormie attend patiemment le retour du printemps... Sculpture végétale : Cyprès, pins et grands sapins s'ornent d'imposants amas de monarque, jusqu'à disparaître !
Aux petits soins, Chip Taylor, directeur du Monarch watch, a initié un programme de capture et d'étiquetage afin de comprendre le phénomène migratoire et ses évolutions au cours des ans.
Dès la fin de l'été, des dizaines de milliers de monarques, papillons migrateurs, entreprennent un incroyable périple à travers les États-Unis, jusqu'au cour des forêts d'Ocampo, au Mexique. Originaires du Canada, ils parcourent ainsi les 4500 km qui séparent leur habitat de leur refuge hivernal. Un exploit. Après plus de deux mois d'un voyage éprouvant, ils sont des millions, nuage virevoltant orange vif, à s'abattre sur les pins centenaires, colonisant le moindre espace de végétation. "Parfois la concentration est si importante que les arbres ploient sous le poids. à certains endroits, le sol est recouvert d'un tapis animé pouvant atteindre 10 cm d'épaisseur", explique Hélène Boileau, biologiste à Montréal. Cette migration, unique au monde, la plus longue jamais observée chez un insecte, est une énigme de la nature.
Des scientifiques ont commencé à s'intéresser au Danaus plexippus (son nom scientifique) dans les années 50. Par un judicieux marquage, ils ont localisé les couloirs migratoires, jusqu'à découvrir, en 1975, le site d'Ocampo. Le programme de Chip Taylor, directeur de Monarch watch a ainsi pu déterminer que les forêts du Michoacan constituent un écosystème protecteur pour l'espèce, mais il se demande toujours aujourd'hui comment, année après année, génération après génération, le monarque retrouve les collines mexicaines. Les premiers signes de déclin du jour donnent le signal du départ. Pour atteindre son refuge ancestral, ce poids plume de 0,5 g, qui peut vivre jusqu'à 9 mois, profite des vents ascendants pour parcourir, sans effort, une moyenne de 80 km par jour. Quand il n'est pas dans les airs, le monarque butine l'asclépiade, une fleur qui le nourrit et le protège de ses prédateurs. Lui seul en effet sait digérer cette plante, au poison nocif pour toute autre espèce de papillons. En chemin il butine tant et plus qu'au terme du voyage il s'est engraissé, multipliant son poids par six. épuisés et repus, les papillons, accrochés aux branches, agglutinés les uns aux autres pour se tenir chaud peuvent commencer leur hibernation. En mars, la colonie sort doucement de sa torpeur. La forêt s'anime du vol de centaines de milliers de papillons, grand bal qui sonne le temps des amours avant le long périple du retour. Au rythme des floraisons de l'asclépiade, dont les feuilles cette fois accueillent les oufs, il faudra quatre à cinq générations de monarques pour regagner le nord.
Mais la subtile alchimie qui participe à la survie du monarque est menacée par les désherbants utilisés par l'agriculture industrielle, qui détruisent sa nourriture et, plus grave, par la déforestation du site, malgré la surveillance de gardes forestiers armés. Le gouvernement mexicain, soucieux de préserver son patrimoine et d'assurer le développement d'un écotourisme, milite pour que le site soit inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Solidaire, la France accueillera, à Paris, en avril, une exposition militante, à la découverte de ce phénomène du monde animal.