Planète Mutante : Japon

À l'échelle géologique les continents se déplacent, et les climats changent. Pour survivre, les animaux sont contraints de s'adapter. L'évolution est un processus qui façonne l'ensemble des êtres vivants. La terre est en perpétuelle mutation.

Les îles du Japon, majestueuseuses et tranquilles, elles sont nées dans la violence. Des terres qui ont tremblé, qui se sont déchirées, qui se sont regroupées et qui connaissent aujourd'hui un climat extrême.

Les animaux qui y vivent ont le même schéma de survie depuis très longtemps, et les nouveaux venus ont dû s'adapter. C'est le cas des singes des neiges qui développent des comportements surprenants pour survivre. Ils sont l'exemple même d'une espèce qui a su évoluer, sur une terre où la vie a été forgée par le feu et la glace.

Le Japon est un vaste archipel de quelque 7000 îles. La plus grande est Honshu, c'est une région de hautes montagnes où les hivers sont rudes. Il peut tomber jusqu'à 2 m de neige en un seul jour. Quel animal pourrait vivre ici ?

Le Macaque japonais ! Alors que la plupart des singes vivent sous des climats chauds, lui s'est habitué au froid. À part les humains, c'est le seul primate vivant aussi loin de l'Équateur. Comment subsiste-t-il dans cet endroit où il neige autant ?

Une bande de macaques japonais se déplace dans la région de Jigokudani (1 ci-dessous et ->), littéralement la vallée de l'enfer. Une femelle dominante et ses sours mènent les 160 membres du clan. Tous les ans, les singes affrontent le même défi, résister à l'hiver. La femelle dominante connaît un endroit où elle peut se réchauffer avec ses sours. C'est ce qu'on appelle un Onsen, une source chaude (2). Les Onsens sont nombreux dans cette région et pour les singes, c'est le paradis. Surtout, lorsque le froid devient insupportable ! Ses singes observent un code hiérarchique très strict. Seules les femelles et les petits rattachés à la famille de la femelle dominante sont autorisés à se baigner. Les mâles et les femelles de rang inférieur regardent de loin. Et si la tentation est trop forte pour l'un d'entre eux, un regard de la femelle dominante suffit à le dissuader. Il y a seulement 50 ans, on a vu pour la première fois, une femelle s'aventurer dans une source thermale. Depuis, d'autres l'ont imité et ce comportement se transmit sur trois générations. Cette caractéristique n'appartient qu'aux singes de Jigokudani. Et ils ont encore évolué... Ils plongent ! Non seulement ils nagent, mais ils peuvent retenir leur respiration près d'une minute (3 & 4). Ils ont commencé il y a quelques années pour aller chercher quelques grains de blé jetés par les touristes. L'habitude a vite été prise. Ils ont maintenant une nouvelle source de nourriture pour les longs mois d'hiver.

Les comportements inhabituels sont courants sur l'archipel japonais qui s'étend des régions subarctiques aux régions subtropicales (1). À l'extrême sud, les forêts luxuriantes de l'ile d'Iriomote reçoivent plus de 200 cm de pluie par an. C'est le domaine d'un des félins les plus rares du monde (2). Il n'en resterait qu'une centaine.

Il ressemble à un chat tigré domestique mais descend du léopard et s'est adapté pour exploiter son habitat. Et comme il n'y a pas de rongeurs sur l'île, le Chat d'Iriomote pêche ! Comment ce chat pêcheur unique et se singe baigneur se sont-ils retrouvés ici ?

Le Japon regroupe une centaine de volcans en activité, soit 10 % de tous les volcans actifs dans le monde (1 ->). Les éruptions explosives sont fréquentes. Le mont Fuji (2 ->) les domine tous, il dort depuis 300 ans, mais un jour il se réveillera. Il est situé à la jonction de plusieurs plaques tectoniques (2) à l'origine des séismes qui frappent régulièrement le pays.

(<-) Il y a 25 millions d'années, une intense activité sismique creuse une faille profonde le long de la côte est de l'Asie. Des fragments sont emportés au large par les plaques tectoniques. Quelques millions d'années plus tard, ils forment un arc de plus de 3000 km de long du nord au sud, le Japon (<-).

D'anciens habitants de l'Asie y ont trouvé refuge. La Salamandre géante : elle mesure 1,5 m de long et pèse plus de 20 kg. Ce prédateur nocturne voit mal mais les capteurs de vibrations qui tapissent sa peau compensent ce handicap.
L'île d'Amami-Oshima au sud-ouest du Japon abrite un autre survivant. Un lapin primitif aux petites oreilles qui a un curieux stratagème pour protéger sa progéniture. Lorsque la mère a fini de nourrir son petit, elle rebouche l'entrée de son terrier et l'enterre. Le lapereau peut rester sous terre jusqu'à deux jours grâce au lait maternel très nourrissant. Voilà celui qui représente la menace, le Habu : ce serpent mesure plus d'un mètre de long et possède sous les yeux de fossettes sensibles au moindre variation de température. Le Habu peut voir la chaleur irradiée de sa proie même dans l'obscurité la plus totale. La couche de terre empêche le serpent de percevoir la chaleur du lapereau. Un moyen de survie efficace pour cette ancienne espèce.

Les forêts japonaises abritent d'autres espèces animales venues du continent asiatique il y a moins d'un million d'années. Le sanglier, l'ours noir et le sarrau, un genre de chèvres des montagnes. Mais de tous les nouveaux venus, c'est le macaque qui a le mieux réussi son implantation. Il occupe les forêts depuis le littoral jusqu'à une altitude de 3000 m dans les montagnes. Comment est-il arrivé ici ? Et comment a-t-il colonisé ces îles ? Son histoire se confond avec celle de la formation du Japon. Jamais des primates n'ont eu à affronter des conditions aussi extrêmes. Comment les macaques ont-ils traversé les 200 km d'océan qui les séparait du Japon ? Le primatologue Yoshi Kawamoto étudie la question depuis des années. Il examinait des échantillons d'ADN prélevé sur des bandes de macaques dans différentes régions du pays. Et en 2006, il a découvert à quelle période leurs ancêtres sont arrivés. "Ils sont venus d'Asie, il y a environ 500.000 ans. C'est ce qu'indiquent nos recherches sur les fossiles et sur les molécules", Yoshi Kawamoto. D'après les analyses, leurs plus proches parents sont les macaques à longue queue de Chine et de Taiwan.
Pour comprendre leur parcours, il faut retourner dans les montagnes de Honshu. Elles abritent un oiseau qui a fait un long voyage pour les atteindre. C'est une Perdrix des neiges. Elle est née en Asie mais vit dans les Alpes japonaises depuis environ 20.000 ans. Logiquement, elle aurait dû arriver en volant mais elle n'est capable de parcourir que quelques centaines de mètres d'une seule traite. Alors, par quels moyens est-elle venue ? À pied, comme les macaques !

Il y a 2 millions d'années, le monde est entré dans une période de glaciations successives. Quand l'eau gelait au nord de l'équateur, le niveau de la mer baissait de près de 100 m. Des ponts de terre apparaissaient entre l'Asie et le Japon. La Perdrix des neiges est venue de Russie par le pont terrestre du Nord (tracé en bleu). Mais les premiers à emprunter un pont de ce genre ont été les macaques 500.000 ans plus tôt. Ils sont passés de la péninsule coréenne au Japon par le sud (tracé en jaune). Puis, se sont répandus jusqu'à l'extrémité nord de l'île de Honshu. Peu à peu, d'infimes mutations leurs ont facilité la vie dans leur nouvel habitat. Un poids et une taille augmentées leur permet de mieux résister aux hivers rigoureux. Leur corps s'est couvert d'une double couche de fourrure bien plus épaisse que celle de leurs ancêtres tropicaux. Et comme leur queue est sujette aux engelures et perte de chaleur, elle a considérablement rétréci.

Lorsque la période de refroidissement a pris fin, les singes se sont retrouvés dans un paysage verdoyant. C'est le printemps. Les singes des neiges dévorent les feuilles tendres pour reprendre le poids perdu pendant l'hiver. C'est aussi la période des naissances. Cette femelle appartient à la bande de la péninsule de Shimokita, au nord de Honshu. Elle a quatre ans et a eu son premier petit, il y a un mois. Elle va s'en occuper pendant deux ans. C'est un mâle, il atteindra sa maturité sexuelle vers quatre ans et quittera alors la bande de sa mère pour chercher une partenaire dans une autre famille. Cette petite en revanche, restera avec sa mère et son groupe de femelles apparentées toute sa vie, comme le veut le système matriarcal des macaques. Le petit mâle demande une surveillance constante durant sa première année.

Ces forêts luxuriantes qui recouvrent plus de la moitié des îles principales, ont joué un rôle clé pour la prospérité des macaques japonais. Pourtant, celle de Honshu sont un accident de la nature. Elles sont situées le long du 38è parallèle nord. En suivant cette ligne vers la Corée du Nord et la Chine, les forêts disparaissent pour laisser place à des zones arides et aux déserts. Pourquoi le Japon et l'extrême est de l'Asie sont-elles les seules régions densément boisées sous cette latitude ? Qu'est-ce qui est en fait une région unique, un archipel dominé par les animaux mutants ?

Il y a 25 millions d'années, les plaques tectoniques s'entrechoquent violemment le long de la côte est de l'Asie (1). À cette époque, un puissant courant océanique remonte de l'équateur et entraîne l'eau chaude du Pacifique jusqu'à l'océan Indien. Mais les blocs terrestres remontent vers l'Asie du Sud-Est et bloquent le passage du courant vers l'Ouest. Il y a 16 millions d'années, la majeure partie de ce courant remonte le long de la côte asiatique et contourne le sud-est du Japon (2). C'est le courant de Kuroshio, l'équivalent du Gulf Stream dans l'océan Pacifique. Ce tapis roulant large de 160 km fait circuler 50 millions de tonnes d'eau chaude par seconde autour du Japon. L'eau y est en moyenne à 21°C, ce qui explique l'existence des récifs coralliens les plus septentrionaux du globe (3). Il y a 16 millions d'années, le courant de Kuroshio transforme à jamais le visage du Japon. L'eau chaude s'évapore et crée d'énormes masses d'air humides (4), elles sont transportées par les vents au-dessus des montagnes où elles se refroidissent et forment d'épais nuages : il pleut. Des forêts apparaissent à une latitude où elles n'avaient jamais existé, influençant l'évolution de toutes les espèces animales.

Les cours d'eau grossissent et sont vite colonisés par d'étranges créatures. Dans ce nouvel environnement, la salamandre géante venue d'Asie prospère. En été, d'énormes mâles se rassemblent pour se battre afin d'assurer leur territoire et de conquérir des femelles. Les poumons des salamandres n'absorbent pas assez d'oxygène pour alimenter leurs muscles. Elles ne vivent donc que dans des rivières au débit rapide où le mouvement de l'eau facilite l'absorption de l'oxygène par la peau.
Une grenouille partage ce handicap, même s'il n'affecte que les mâles et seulement quelques semaines par an. La peau de ce mâle s'est étirée et fait des plis, comme un vêtement trop grand. La plupart du temps ces amphibiens respirent grâce à leurs poumons. Mais durant la période des amours, ils restent plusieurs semaines sous l'eau, ils absorbent alors l'oxygène par leur peau et ont tout intérêt à en avoir le plus possible. Ils ont ainsi plus d'énergie pour se battre et multiplier les occasions de s'accoupler. Mais il peut arriver à certains de se tromper de partenaire.

Au début de l'été, la mousson arrose le Japon. Cette saison des pluies déverse plus de 50 cm d'eau en l'espace d'un mois. Au moment de se reproduire, la grenouille arboricole émeraude tire parti de ce déluge (à g.). La femelle s'installe à l'écart juste au-dessus de la rivière. Un mâle la suit, il se met en position pour féconder ses oufs. La femelle sécrète un fluide qu'elle fait mousser avec ses pattes pour former un nid dans lequel elle dépose jusqu'à 800 oufs. D'autres mâles rejoignent le couple, ils sont parfois une dizaine à assurer la fécondation. Puis la mousse durcie, ce qui maintient les oeufs dans un milieu humide et les protègent des prédateurs. Au bout d'une semaine, les pluies ramollissent la mousse juste au moment où les oufs éclosent. 800 têtards tombent dans la rivière. Beaucoup ne survivront pas. D'habitude, ce sont les grenouilles qui se nourrissent des insectes. Mais ici, les rôles ont été inversés. Vue du dessus, cette punaise géante ressemble à une feuille (à d.). Elle attend patiemment au fond de l'eau. Une grenouille des marées se met en chasse. La punaise géante la saisie entre ses pattes et la transperce de son rostre. Elle aspire ses liquides vitaux avec ses pièces buccales en forme de seringues. Ces punaises sont à l'abri des grands poissons qui ne peuvent pas les chasser dans ces eaux peu profondes. Ici, elle se situe donc au sommet de la chaîne alimentaire.

L'été pluvieux cède la place à l'automne. Pour les singes des neiges, c'est le début de la saison des amours. La troupe de Shimokita se gave des fruits de la forêt, en particulier ceux du hêtre, les faines, riches en protéines et en graisse (à g.). Mais pendant que la mère se repose, son petit peut jouer. Sa mère le tient à l'oil. Pour survivre à l'hiver avec son petit, elle devra augmenter sa masse corporelle d'au moins 10 % en un mois.
La saison froide est un danger mortel pour les singes des neiges. Les premières tempêtes frappent le Nord de Honshu en novembre. Pour les macaques de Shimokita, la nourriture se réduit à des brindilles et à des bourgeons divers. Mais cette femelle met à profit une technique qu'elle a sans doute acquise en regardant sa mère. Elle arrache l'écorce d'un arbre et se nourrit de la couche située juste en dessous qui contient de nombreux nutriments (à d.). Elle peut ainsi continuer à allaiter.

Ces énormes chutes de neige sont causées par un phénomène relativement récent, qui est apparu il y a seulement 10.000 ans. Après la dernière glaciation, tous les ponts terrestres entre l'Asie et le Japon disparaissent sous l'eau. Une nouvelle branche du courant de Kuroshio s'engouffre dans la mer qui vient de se former, c'est le courant de Kushima : c'est lui le responsable de ces fortes chutes de neige.

Lorsque ce courant chaud circulant en hiver, la différence de température entre l'air et l'eau produit de la vapeur que les vents glacés transportent vers les montagnes de l'ouest du Japon. Là, le froid et la vapeur se combinent pour former un gigantesque canon à neige qui ensevelit l'ouest et le nord de Honshu. De nombreux arbres se brisent sous le poids de la neige. Le hêtre lui, ne rompt pas. Après des milliers d'années de blizzard, il s'est adapté. Pour lui, la neige est un avantage. Dans cette région où la température peut approcher -30°C, l'épais manteau neigeux protège ses graines. Elles pourront germer au printemps suivant. Les premières troupes de macaques ont certainement dû leur survie aux faines préservées du froid. Les singes se sont donc installés partout où poussaient des hêtres. Mais au cour de l'hiver, la bande de Shimokita fait face à une crise. Le peu de nourriture disponible n'apporte aux mères que les deux tiers de leurs besoins énergétiques alors qu'elles doivent allaiter. La jeune femelle et son petit dépérissent rapidement. Mais leurs ancêtres se sont adaptés pour survivre à une glaciation qui a duré plusieurs milliers d'années.

Il y a 20.000 ans, au plus fort de la dernière ère glaciaire, la calotte polaire s'étend. Les hêtres du Nord de Honshu n'y résistent pas. Ils sont peu à peu remplacés par des forêts boréales de conifères. Comment les singes des neiges ont-ils survécu durant cette période ? Le professeur Yoshi Kawamoto a analysé des échantillons d'ADN de macaques femelles de tout le pays, afin de comprendre comment les singes avaient réagi. "Il semblerait que lors du dernier maximum glaciaire, l'aire de répartition des macaques japonais se soit concentrée dans le sud", Yoshi Kawamoto. Pour fuir l'avancée du froid, les singes se sont réfugiés jusqu'à l'île de Kyushu où il restait des hêtres. Mais il y a quelques années, le professeur Yoshi Kawamoto a trouvé une autre source d'ADN qui révèle une réaction très différente. Dans le Nord-Est de Honshu, de nombreux fermiers gardent chez eux des crânes de macaques pour leur porter chance, et pour protéger leurs animaux. Certains étaient vieux de 300 ans et leur analyse génétique a surpris le primatologue. "J'ai trouvé un gène mitochondrial unique dans la population nordique. C'est peut-être la preuve de la présence d'une population relique avant le dernier maximum glaciaire", Yoshi Kawamoto. Il est donc possible qu'un groupe de singes des neiges n'est pas fui le froid. Pour résister durant des milliers d'années, ils ont dû à coup sûr faire preuve d'intelligence. Le comportement de leurs descendants actuels en témoigne.

Dans une vallée du centre de Honshu, la bande de Takaze n'hésite pas à chercher sa nourriture dans l'eau glacée de la rivière Azusa (<-). Les macaques mangent principalement des fruits, des graines et des noix. Mais les ancêtres de cette troupe ont découvert sous les rochers de la rivière des insectes et des larves.
Ils ont survécu parce qu'ils ont appris à exploiter cette source de protéines. Aujourd'hui, chaque membre du groupe passe la journée à grignoter et chaque mère enseigne la technique à son petit.

Au large de la côte de Honshu, les macaques de l'île de Kinkasan (1 ->) font également preuve d'ingéniosité. Les arbres de ce minuscule îlot ne suffisent pas à les nourrir toute l'année. Alors, l'hiver venu, la femelle dominante conduit chaque jour son clan au bord de l'océan. Ils viennent y récolter des algues. Il en existe 13 variétés, toutes riches en protéines, vitamines et minéraux. Après avoir goûté les algues, une femelle un peu plus aventureuse que les autres a sans doute découvert un jour l'intérêt des coquillages. Et des générations de macaques de Kinkasan se sont transmis cette méthode de ratissage de la côte.
Dans les montagnes de Honshu (2), chez les singes de Jigokudani, où nager sous l'eau est un apprentissage récent dont l'homme a été le témoin, la plupart des singes qui en sont capables sont des jeunes. Ce n'est qu'une fois adulte qu'ils pourront enseigner cette nouvelle technique à leur progéniture. C'est cette capacité d'acquisition et de transmission des nouveaux comportements qui a assuré la survie des singes des neiges. Les animaux qui vivent sur l'archipel japonais ont tous dû s'adapter.

L'île d'Iriomote est située à l'extrême sud. Ses vastes mangroves forment un habitat idéal pour les poissons et les crevettes d'eau douce. Si le chat d'Iriomote existe toujours, c'est parce qu'il s'est adapté. 70 sortes de proies figurent à son menu, mais ce qu'il préfère, ce sont les animaux aquatiques. Cet animal très rare mange tout qu'il peut trouver sur son minuscule îlot.

Sur la même île, vit son exact opposé : un super spécialiste. Le serpent mangeur d'escargots d'Iwusaki mesure un peu plus de 50 cm de long et traque sa proie en suivant sa piste de bave. Il attrape escargots par le pied, il n'a pas assez de force pour broyer sa coquille. Sa mâchoire s'est donc transformée en un instrument de précision qui lui sert à extraire le corps de la coquille. Comme chez tous les serpents, les deux côtés de sa mâchoire inférieure bougent indépendamment, mais chacun a une fonction bien précise. La mâchoire du reptile s'est adaptée à la structurde de la coquille. La plupart du temps, elle s'enroule vers la droite et le corps de l'escargot se love dans la spirale. Lorsque le serpent attaque, les dents arrondies et antidérapantes de sa mâchoire droite maintiennent le pied de l'escargot. La mâchoire gauche sincère ensuite dans la coquille et commence à tirer sur le corps de l'escargot. Le processus se répète jusqu'à ce que les dents acérées de la mâchoire gauche aient extraites tout le corps. La méthode semble infaillible, mais cela a changé la population des escargots. Puisque ceux dont la coquille s'enroule à droite était mangée, ce sont les mutants dont la coquille s'enroule à gauche qui ont fini par dominer. Quand un serpent s'attaque à l'un d'eux, tout est à l'envers. Résultat, c'est l'escargot qui gagne.

Le printemps est arrivé dans le nord de Honshu (1). Les singes de Shimokita ont survécu à l'hiver. La jeune mère et son petit reprennent vite le poids qu'ils avaient perdu. Bien des jeunes périssent au cours de leur premier hiver, mais les rescapés débordent d'énergie. Les animaux du Japon sont confrontés à d'autres épreuves que le froid extrême. à l'approche de l'été, la famine menace à nouveau la troupe de Takaze. La forêt à peu de choses à offrir en cette saison et il faut attendre l'automne pour récolter des fruits et des noix. Alors, le groupe entame un voyage périlleux.
Le mont Yarigatake culmine à plus de 3000 m d'altitude (2). Malgré ses parois à pic, les singes de Takaze doivent grimper jusqu'au sommet. Les 40 macaques suivent la femelle dominante dans la montagne. Qu'est-ce qui les attire là-haut ? Les petits profitent des pauses pour explorer les alentours. Mais les jeunes constituent une proie facile pour l'aigle. Un autre danger rôde déjà ! À chaque voyage plusieurs singes perdent la vie lors de cette ascension. Ils ont mis près de deux mois pour atteindre le dernier escarpement rocheux. Juste en contrebas du sommet du Yarigatake, une forêt de pins nains recouvre un pic. Leurs noix sont riches en nutriments et d'autres arbustes produisent des baies et des fruits. Les singes vont rester ici jusqu'à la fin de l'été. À l'automne, ils retourneront dans leurs vallées prêts à affronter un nouvel hiver. Leurs ancêtres ont certainement découvert cet oasis alors qu'ils cherchaient de la nourriture de plus en plus haut dans les montagnes. Ce savoir fait désormais parti de leur culture.

Au regard des derniers 20.000 ans, il semble évident que toutes les bandes de macaques japonais vont continuer à évoluer et à trouver des moyens uniques de perpétuer leur espèce. Comme tant d'autres, ce sont de véritables survivants sur notre planète en constante mutation.

FRANCE 5 - Planète Mutante - Natural History New Zealand > 2010
 

   
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