Soigner l'Autisme

La Piste Bactérienne se Confirme
ÉPIDÉMIOLOGIE

Oui, il existe bien un lien entre maladie mentale et microbe. C'est ce que viennent de démontrer des chercheurs américains qui ont réussi à traiter des souris autistes en rééquilibrant simplement leur flore intestinale ! Explication.

Un traitement oral de bactéries Bacteroides fragilis (photo) a permis de faire disparaître la plupart des symptômes de souris autistes.

Il y a 2 ans, nous révélions une nouvelle piste de recherche encore controversée sur les causes des maladies mentales : celle des microbes. Parmi les hypothèses les plus surprenantes figurait alors celle du rôle des bactéries intestinales dans le développement de l'autisme. Or, des chercheurs du Caltech, célèbre université californienne, vinnent d'apporter un nouvel argument en faveur de cette hypothèse, qui ouvre aujourd'hui une piste de traitement très sérieuse.

UN MICROBIOME ALTÉRÉ

Les chercheurs ont d'abord démontré, chez des souris présentant les principaux symptômes de l'autisme, que leur microbiome (l'ensemble des bactéries présentes dans les intestins, qui sont essentielles au fonctionnement de l'organisme) était, comme chez certains autistes, altéré : des espèces étaient présentes en quantité supérieure, d'autres, moindre. Surtout, après avoir reçu un traitement oral de bactéries Bacteroides fragilis, qui a rééquilibré leur flore intestinale, les souris "autistes" ont vu la plupart de leurs symptômes disparaître. Elles étaient débarrassées de leur anxiété et de leur tendance aux comportements répétitifs, et retrouvaient en partie leur capacité à communiquer. Seul leur défaut de sociabilité restait inchangé. La preuve que les troubles de la flore intestinale sont bien une cause, et non unebsimple conséquence, de certains symptômes autistiques.
Les chercheurs proposent même une première explication de ce lien entre bactéries intestinales et comportement. Ils ont en effet montré que les modifications du microbiome des souris étudiées étaient associées à une plus grande perméabilité de la barrière intestinale, ce qui entraînait le passage dans le sang de molécules toxiques, produites par les bactéries. La molécule ESP4, en particulier, était 46 fois plus concentrée dans le sang des souris autistes, et son injection suffisait à induire des symptômes d'anxiété chez des souris normales.
Cette étude constitue donc une avancée importante. D'abord en ouvrant une nouvelle piste de traitement de l'autisme par des bactéries. "Nous prévoyons de démarrer des essais cliniques dans un an", affirme Sarkis Mazmanian, qui a dirigé ces travaux. Mais, aussi, en approfondissant les liens entre bactéries intestinales et cerveau. Des liens probablement impliqués dans de nombreuses autres maladies.

E.A. - SIENCE & VIE N°1158 > Mars > 2014

Le Lien entre Autisme et Pollution se resserre
ÉPIDÉMIOLOGIE

L'autisme serait favorisé par une exposition in utero à des polluants atmosphériques.

C'est ce qui ressort d'une étude réalisée aux Etats-Unis sur une cohorte de femmes et d'enfants suivis entre 1987 et 2002. En recoupant les lieux et dates de naissance, l'équipe a montré que les enfants autistes étaient nés dans des zones moins "propres". Premiers suspects : le diesel et le mercure, suivis par le plomb, le manganèse et le dichlorométhane. "Le lien de cause à effet reste à démontrer", tempère Andrea Roberts, coauteur de l'étude à l'école de santé publique de Harvard.

O.C. - SCIENCE & VIE > Août > 2013

Une Hormone Renforce la Confiance des Autistes

L'administration d'une hormone, l'ocytocine, par voie nasale, a permis d'améliorer le comportement social de patients autistes. Tel est le résultat encourageant obtenu par une équipe française conduite par Marion Leboyer (Inserm, Créteil) et Angela Sirigu (CNRS, Bron).

Synthétisée par l'hypothalamus, l'ocytocine favorise notamment la régulation des émotions, l'attachement ou encore la reconnaissance des visages. La littérature scientifique suggérait déjà que l'autisme pourrait résulter d'anomalies dans la synthèse de cette hormone clé. Fortes de toutes ces données, les scientifiques ont mené l'expérience suivante : 13 patients souffrant d'autisme de haut niveau ou de syndrome d'Asperger - ayant des aptitudes intellectuelles préservées mais des difficultés à s'engager dans un contact social - ont joué au ballon. Le protocole : le patient gagnait de l'argent à chaque fois qu'il recevait la balle. Devant lui, trois joueurs dont le comportement diffère : Le premier renvoie la balle 7 fois sur 10, le deuxième, 3 fois sur 10 et le troisième seulement 1 fois sur 10.

Observation : sous placebo, le patient autiste envoie indistinctement la balle aux trois joueurs, ne marquant aucune préférence pour l'un d'entre eux. Sous ocytocine, il finit par envoyer la balle au joueur le plus coopératif. "De plus, après le jeu, il lui donne la meilleure note sur une échelle de préférence, note Angela Sirigu. Le patient a donc amélioré sa capacité de discrimination et son aptitude à faire confiance". L'ocytocine, futur traitement de l'autisme ? "Pour l'instant non, car son action dans le cerveau n'est que de 90 minutes environ, poursuit la chercheuse. Il faudrait produire une substance similaire à la durée d'action plus longue".

E.S. - SCIENCES ET AVENIR > Avril > 2010
 

   
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