Cerveau et Méditation

La Méditation est un Bain de Jouvence pour le Cerveau

E.S. - SCIENCES ET AVENIR N°852 > Février > 2018

Méditer sous IRM : Comment la Méditation modifie le cerveau

Observer le cerveau en activité est possible depuis un certain nombre d'années déjà, grâce à des techniques élaborées telles que l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ou la tomographie par émission de positrons. Même si l'interprétation des images obtenues est loin d'être aisée, de telles observations constituent un pan important des neurosciences d'aujourd'hui.

Il est ainsi crucial pour les scientifiques de déterminer comment telle ou telle activité mentale se traduit dans le cerveau - quels sont les aires et réseaux cérébraux impliqués, à quels moments ils s'activent, avec quelle intensité, etc. Des recherches récentes ont porté sur une activité mentale particulière : la méditation, pratiquée depuis des millénaires dans différentes traditions spirituelles, religieuses ou non, et dont il existe plusieurs formes.
Une confirmation des effets positifs et une fenêtre qui s'ouvre sur les mécanismes. Comme le détaillent dans ce numéro le moine bouddhiste Matthieu Ricard et deux neurobiologistes, Antoine Lutz et Richard Davidson, des méditants débutants ou chevronnés se sont prêtés à des expériences où l'on enregistrait leur activité cérébrale. Ces travaux ont d'ores et déjà produit des résultats remarquables. Ils ont établi les schémas d'activation des aires cérébrales en fonction des divers types de méditation. Ils ont montré que la méditation conduit à des modifications dans la structure même du cerveau. Ils ont fourni des indications sur les mécanismes à l'ouvre. Et ils confirment les bienfaits que l'on attribuait à la méditation : meilleur contrôle de l'attention, meilleure gestion du stress, etc. Avec, peut-être, des perspectives cliniques et médicales. Des découvertes à lire... et à méditer ! (Maurice Mashaal, rédacteur en chef)

Les neurosciences explorent le cerveau des méditants. Et confirment les effets bénéfiques de ces très anciennes pratiques méditatives.

L'ESSENTIEL
- La méditation, dont il existe diverses formes, s'est répandue dans le monde laïc. Elle est notamment pratiquée dans les hôpitaux et les écoles.
- Elle produit plusieurs effets bénéfiques sur le plan psgchologique. Par exemple, les pratiquants contrôlent mieux leur attention et sont moins sensibles au stress.
- L'imagerie cérébrale et d'autres techniques ont permis de montrer qu'elle modifie l'activité et la structure du cerveau.

Quelle relation pourrait-il y avoir "entre le bouddhisme, une ancienne tradition philosophique et spirituelle indienne, et la science moderne ?". Cette question était posée par Tenzin Gyatso, le quatorzième dalaï-lama (chef spirituel du bouddhisme tibétain), à la rencontre annuelle de la Société des neurosciences, à Washington, en 2005. Quelques centaines de participants - sur un total de 35.000 - avaient alors protesté contre la tribune qui lui était accordée, estimant qu'un chef religieux n'avait pas sa place dans une rencontre scientifique. Pourtant, la collaboration entre science et bouddhisme avait déjà commencé à porter ses fruits. Le dalaï-lama a entrepris cette collaboration dès les années 1980, suscitant la création de l'Institut Mind and Life (Esprit et vie), dédié à l'étude de la «science contemplative». En 2000, il a suggéré aux chercheurs d'étudier l'activité cérébrale de méditants bouddhistes «experts» - c'est-à-dire ayant entre 10.000 et 60.000 heures de pratique.
Pendant près de 15 ans, plus de 100 méditants bouddhistes - moines et laïques, orientaux et occidentaux, hommes et femmes - et de nombreux débutants ont participé à des expériences sur la méditation dans une vingtaine d'universités, dont celle du Wisconsin à Madison, aux États-Unis. Lors d'études d'imagerie, on a comparé l'activité cérébrale de méditants experts et novices. On a ainsi découvert de premiers éléments expliquant les multiples bénéfices cognitis et émotionnels que peut apporter cette pratique. De fait, les objectifs de la méditation recoupent largement ceux de la psychologie clinique, de la psychiatrie, de la médecine préventive et de l'éducation. Un nombre croissant de recherches suggèrent qu'elle peut aider à traiter la dépression et la douleur chronique, ainsi qu'à développer un sentiment de bien-être général. La découverte des bienfaits de la méditation coïncide avec des résultats récents sur la plasticité du cerveau adulte, qui peut être profondément modifié par l'expérience vécue. Ainsi, chez un violoniste, une région cérébrale qui contrôle les mouvements des doigts s'agrandit progressivement à mesure qu'il apprend à jouer de son instrument. Un processus similaire semble se produire lors de la méditation. Le pratiquant régule ses états mentaux pour parvenir à une forme d'enrichissement intérieur, ce qui modifie le fonctionnement et la structure du cerveau. La méditation semble même susceptible d'augmenter la connectivité des circuits cérébraux et de produire des effets bénéfiques non seulement sur l'esprit et le cerveau, mais aussi sur l'ensemble du corps.
La méditation s'enracine dans les pratiques contemplatives de presque toutes les grandes religions. Elle est très présente dans les médias, mais avec diverses significations. Pour nous, pratiquer la méditation signifiera cultiver des qualités humaines fondamentales, telles que la stabilité et la clarté de l'esprit, l'équilibre émotionnel, le souci des autres et même l'amour altruiste et la compassion - des qualités qui restent latentes tant que nous ne nous efforçons pas de les développer. C'est aussi une familiarisation avec une manière d'être plus sereine et plus souple. La méditation est relativement simple et peut se pratiquer partout. Aucun équipement n'est nécessaire. Le méditant commence par adopter une posture physique confortable, ni trop tendue ni trop relâchée et par souhaiter une transformation intérieure, ainsi que le bien-être des autres et le soulagement de leurs souffrances. Il doit ensuite stabiliser son esprit, trop souvent confus et envahi par un incessant bavardage intérieur. Cela passe par une libération des conditionnements mentaux. Les neuroscientifiques commencent à découvrir ce qui se passe dans le cerveau au cours de trois types communs de méditation. Ces derniers ont été développés par le bouddhisme et sont désormais pratiqués dans le cadre de programmes laïques, au sein d'hôpitaux et d'écoles du monde entier.
La méditation du premier type, dite par attention focalisée, vise à apprivoiser et à centrer l'esprit sur le moment présent, tout en développant la vigilance.
Celle du deuxième type, qu'on appelle méditation de pleine conscience ou de surveillance ouverte (parfois aussi conscience non réactive), cultive une conscience plus neutre des émotions, des pensées et des sensations, pour éviter qu'elles deviennent incontrôlables et créent une détresse mentale. Dans cette pratique, le méditant demeure attentif à ses ressentis, sans se concentrer sur quelque chose en particulier.
Enfin, un autre type de méditation développe la compassion et l'altruisme envers les autres, tout en réduisant la tendance à rester centré sur soi-même.

Wendy Hasenkamp, de l'Université Emory aux États-Unis, et ses collègues ont utilisé l'imagerie cérébrale (l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, ou IRMf) pour identifier les réseaux neuronaux activés dans la méditation par attention focalisée. Dans le scanner, les participants ont appris à concentrer leur attention sur leur respiration. En général, durant cette forme de méditation, l'esprit se met à vagabonder, et le pratiquant doit en prendre conscience puis recentrer son attention sur le rythme régulier de l'inspiration et de l'expiration. Le méditant allongé dans le scanner signalait quand son esprit vagabondait en appuyant sur un bouton. Les chercheurs ont identifié un cycle cognitif de quatre phases : un épisode de vagabondage de l'esprit, une prise de conscience de la distraction, un moment de réorientation de l'attention et une nouvelle phase d'attention focalisée. Dans chacune des quatre phases, des circuits cérébraux particuliers s'activent. Lors de la première, durant laquelle l'esprit se laisse distraire, l'activité augmente dans le réseau dit du mode par défaut. Ce réseau comprend des régions du cortex préfrontal médian, du cortex cingulaire postérieur du précuneus, du lobe pariétal inférieur et du cortex temporallatéral (encadré ci-contre). Il s'active lorsque l'esprit vagabonde tout en étant impliqué dans la construction et la mise à jour de modèles internes du monde, fondés sur des souvenirs à long terme relatifs à soi ou aux autres.
Lors de la deuxième phase, où l'on prend conscience de la distraction, d'autres aires cérébrales s'activent, telles que l'insula antérieure (un repli du cortex au niveau des tempes) et le cortex cingulaire antérieur. Ces aires appartiennent au «réseau de la saillance». Ce dernier réoriente la conscience vers ce qui est saillant et régule les sensations qui pourraient distraire le sujet au cours de la réalisation d'une tâche. Il jouerait un rôle clé dans la détection d'événements nouveaux et dans le transfert d'activité entre de vastes ensembles de neurones durant la méditation. Il pourrait déplacer l'attention en atténuant l'activité du réseau du mode par défaut, par exemple.
La troisième phase fait intervenir d'autres aires cérébrales, dont le cortex préfrontal dorso-latéral et le lobe pariétal inféro-latéral, qui réorientent l'attention du sujet en la détachant de tout élément susceptible de créer une diversion.
Enfin, durant la quatrième et dernière phase, l'activité augmente dans une région située en arrière du front, le cortex préfrontal dorsolatéral, ce qui indique la focalisation de l'attention, sur la respiration par exemple.

DES CHAMPIONS DE LA CONCENTRATION ET DE L'ATTENTION : Dans notre laboratoire à l'Université du Wisconsin, nous avons constaté que l'activité cérébrale dans ces aires liées à l'attention dépendait du niveau d'expérience du méditant. Par rapport aux novices, les pratiquants ayant médité plus de 10.000 heures présentaient une activité plus intense. Paradoxalement, pour les plus chevronnés de ces experts, le phénomène s'inversait : leur activité cérébrale était moins intense que celle de leurs confrères un peu moins expérimentés. Ainsi, les meilleurs méditants semblent avoir besoin de moins d'efforts pour atteindre une grande concentration, un peu comme les musiciens et les athlètes virtuoses s'immergent naturellement dans leur pratique, sans consacrer trop de peine à tout contrôler. Dans une autre expérience, nous avons examiné des pratiquants de la méditation par attention focalisée avant et après une retraite de 3 mois, lors de laquelle ils ont effectué des exercices intensifs pendant au moins 8 heures par jour. Nous leur avons donné des casques diffusant des sons de fréquence fixe, parfois mélangés avec des sons légèrement plus aigus. Ils devaient se concentrer sur ce qu'ils entendaient et se manifester quand un son plus aigu retentissait. Après la retraite, les méditants avaient des temps de réaction moins variables que les sujets d'un groupe témoin dans cette tâche répétitive, propice aux distractions. Ce résultat suggère que les méditants avaient une capacité accrue de vigilance. En outre, les réponses électriques de leur cerveau aux sons de fréquence fixe étaient moins variables d'un essai à l'autre, signe que les méditants se laissaient moins absorber par des distractions pendant la tâche. Le second type de méditation bien étudié implique aussi une forme particulière d'attention. Dans la méditation de pleine conscience, le méditant prend mentalement note de tout ce qu'il voit ou entend, de ses sensations corporelles internes et de son discours intérieur. Il reste conscient de ce qui se passe sans se préoccuper d'aucune perception ou pensée isolée, en revenant à cette concentration détachée chaque fois que son esprit vagabonde. À mesure que la conscience des événements environnants augmente, les sources d'irritation quotidiennes (un collègue en colère, un enfant agité) deviennent moins perturbatrices et une sensation de bien-être se développe. Avec Heleen Slagter, alors membre de notre équipe, nous avons étudié les effets de cette forme de méditation, en mesurant la capacité des participants à détecter de brefs stimulus visuels. Dans ce type d'expérience, les sujets doivent détecter deux nombres qui se succèdent rapidement sur un écran parmi une suite de lettres. Si le second nombre apparait environ 300 millisecondes après le premier, il leur échappe souvent, un phénomène nommé clignement attentionnel. En revanche, s'il est présenté après un délai de 600 millisecondes, il est détecté sans difficulté. Le clignement attentionnel reflète les limites de la capacité du cerveau à traiter deux stimulus rapprochés. Lorsqu'une partie trop importante de l'attention est consacrée au traitement du premier nombre, le second n'est pas toujours détecté. Nous avons émis l'hypothèse que l'entraînement à la méditation de pleine conscience réduit la propension à «rester collé» au premier nombre. Cette pratique développe une forme de conscience sensorielle non réactive, qui devrait réduire le clignement attentionnel. Comme prévu, après 3 mois de retraite intensive, les méditants percevaient les deux nombres plus souvent que les sujets témoins. Cette amélioration se traduisait par une diminution de l'intensité d'une onde cérébrale particulière, l'onde P3b, qui reflétait l'allocation des ressources attentionnelles au premier nombre. Les caractéristiques de cette onde suggéraient que les méditants étaient capables d'optimiser leur attention pour minimiser le clignement attentionnel.
Rester simplement conscient d'une sensation déplaisante, sans espoir ni crainte, est susceptible de réduire les réponses émotionnelles inadaptées et d'aider à ne plus s'en préoccuper, ce qui peut se révéler utile dans la gestion de la douleur. Dans notre laboratoire, nous avons étudié des pratiquants expérimentés pendant qu'ils s'adonnaient à une forme avancée de méditation de pleine conscience, qualifiée de présence ouverte. Dans cette pratique, l'esprit est calme et détendu, n'est concentré sur aucun objet en particulier, mais reste clair, libéré de l'excitation ou de l'ennui. Le méditant observe la sensation douloureuse, sans chercher à l'interpréter, la changer, la rejeter ou l'ignorer. Nous avons constaté que la douleur restait aussi intense chez les méditants, mais qu'elle les dérangeait moins que les membres d'un groupe témoin. Durant la période précédant le stimulus douloureux, les méditants expérimentés présentaient une activité cérébrale moins importante que les novices dans les aires liées à l'anxiété (le cortex insulaire et l'amygdale). En outre, ils s'accoutumaient plus vite à la douleur, les aires cérébrales liées à celle-ci s'activant moins après un certain nombre de stimulus. D'autres tests réalisés dans notre laboratoire ont montré que l'entraînement à la méditation augmente la capacité à contrôler et modérer les réponses physiologiques à un stress social : lorsque le sujet doit parler en public ou procéder à un calcul mental face à un jury sévère, par exemple, il développe moins d'inflammations et sécrète moins d'hormone de stress s'il est adepte de la méditation.
Plusieurs études ont révélé les bienfaits de la pleine conscience sur l'anxiété et la dépression, ainsi que sur le sommeil. Les patients déprimés peuvent utiliser la méditation pour gérer les pensées et les sentiments négatifs qui surviennent spontanément, et ainsi atténuer les ruminations. En 2000, les psychologues cliniciens John Teasdale, alors à l'Université d'Oxford, et Zindel Segal, de l'Université de Toronto, ont fait pratiquer pendant six mois la méditation de pleine conscience à des patients qui avaient souffert d'au moins 3 épisodes de dépression, en associant cette pratique à une thérapie cognitive. Au cours de l'année suivant la dernière dépression sévère, le risque de rechute était réduit de près de 40 %. Plus récemment, Z. Segal a montré que cette intervention est plus efficace qu'un placebo et équivaut à un traitement par antidépresseurs pour la prévention des rechutes. La troisième forme de méditation étudiée cultive des attitudes et des sentiments de bonté bienveillante et de compassion envers les autres, qu'ils soient de proches parents, des étrangers ou des ennemis. Cette pratique consiste à prendre conscience des besoins de quelqu'un d'autre, puis à ressentir un désir sincère de l'aider ; on peut aussi souhaiter soulager la souffrance d'autres personnes en les protégeant contre leur propre comportement destructeur. Se mettre dans un état compatissant peut amener le méditant à entrer en résonance empathique avec une autre personne, c'est-à-dire à ressentir les mêmes choses qu'elle, mais l'inverse n'est pas toujours vrai. Il ne suffit pas d'une résonance empathique pour entraîner la compassion, et la méditation doit aussi être conduite par un désir désintéressé d'aider quelqu'un qui souffre. On a montré que cette forme de méditation pouvait bénéficier aux professionnels de la santé, aux enseignants et à toutes les personnes susceptibles d'être épuisées émotionnellement par leurs réactions empathiques à la détresse des autres.

LA COMPASSION, PLUS VASTE QUE L'EMPATHIE : Le méditant commence par se concentrer sur un sentiment inconditionnel de bienveillance et d'amour pour les autres, en répétant silencieusement une phrase du type : «Que tous les êtres vivants trouvent le bonheur et les causes du bonheur et soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance». En 2008, nous avons étudié des volontaires expérimentés qui s'étaient entraînés pendant des milliers d'heures. Nous avons observé une augmentation de l'activité dans plusieurs régions cérébrales pendant qu'ils écoutaient des voix empreintes de détresse. Chez eux, le cortex somatosensoriel secondaire et le cortex insulaire, qui participent à l'empathie et à d'autres réponses émotionnelles, s'activaient plus fortement en réponse à ces voix que chez des sujets témoins. Cela suggère une capacité accrue de partager les émotions des autres, sans qu'aucun signe d'accablement émotionnel n'ait été observé. La pratique de la méditation compassionnelle entraîne également une augmentation d'activité dans des régions telles que la jonction temporo-pariétale, le cortex préfrontal médian et le sulcus temporal supérieur, qui s'activent lorsque nous nous mettons à la place de quelqu'un d'autre. Plus récemment, Tania Singer et Olga Klimecki, de l'Institut Max-Planck à Leipzig, en Allemagne, ont cherché à distinguer les effets de l'empathie et de la compassion chez les méditants, en collaboration avec l'un d'entre nous (M. Ricard). Ils ont constatéque la compassion et l'amour altruiste étaient associés à des émotions positives, tandis que l'épuisement émotionnel serait une sorte de fatigue empathique. D'après la tradition contemplative bouddhique, dont dérive cette pratique, la compassion, loin de conduire à la détresse et au découragement, renforce la puissance de l'esprit, l'équilibre intérieur et la détermination à aider ceux qui souffrent. Quand un enfant est hospitalisé, la présence de sa mère est plus bénéfique si elle tient sa main et le réconforte que si, accablée par une détresse empathique et incapable de supporter la vue de son enfant malade, elle fait les 100 pas dans le vestibule. Dans le second cas, la mère peut finir par ressentir un épuisement émotionnel, à l'instar de 60 % des soignants américains.
Pour explorer plus avant les mécanismes de la compassion et de l'empathie, O. Klimecki et T. Singer ont réparti près de 60 volontaires en deux groupes. Ceux du premier ont médité sur l'amour et la compassion, tandis que ceux du second ont suivi un protocole expérimental visant à développer leurs sentiments d'empathie envers les autres. Après une semaine de ce traitement, les chercheuses ont analysé les réactions des sujets à des vidéos de personnes qui souffrent. Leurs résultats, préliminaires, montrent que les participants du premier groupe ont éprouvé des sentiments plus positifs et bienveillants, tandis que ceux du second ont ressenti des émotions en profonde résonance avec les souffrances présentées. Ces émotions ont déclenché des pensées et d'autres sentiments négatifs, qui ont abouti à une plus grande détresse et parfois à une perte de contrôle. Conscientes de ces effets déstabilisants, T. Singer et O. Klimecki ont prescrit au groupe qui avait développé son empathie des séquences de méditation pour travailler la compassion et la bonté aimante. L'exercice a contre balancé les effets préjudiciables de l'entraînement à l'empathie : les émotions négatives ont diminué et les émotions positives ont augmenté. Ces résultats s'accompagnaient de changements au sein de plusieurs réseaux cérébraux associés à la compassion, aux émotions positives et à l'amour maternel, incluant le cortex orbito-frontal, le striatum ventral et le cortex cingulaire antérieur. En outre, les chercheuses ont montré qu'une semaine d'entraînement à la compassion favorisait les comportements prosociaux dans un jeu virtuel développé pour mesurer la capacité à aider les autres.

UNE PERTE d'ACCÈS À LA CONSCIENCE : De façon générale, la méditation offre un moyen d'étudier la conscience et les états mentaux subjectifs. Lors d'une séance de méditation compassionnelle, nous avons mesuré par électroencéphalographie (EEG), à l'aide d'électrodes posées sur le crâne, l'activité électrique du cerveau de pratiquants bouddhistes expérimentés. Durant de telles séances, les méditants décrivent des fluctuations de la sensation du soi, auparavant stable et bien définie.
Nous avons constaté que ces pratiquants arrivaient à créer un motif particulier dans le tracé électroencéphalographique. Il s'agissait d'oscillations de grande amplitude dans la bande de fréquences dite gamma (entre 25 et 42 hertz), ce qui traduit une synchronisation importante de l'activité neuronale à ces fréquences. Une telle synchronisation pourrait être cruciale dans l'intégration de divers aspects cognitifs et affectifs pendant l'apprentissage et la perception consciente. En effet, elle permettrait la mise en ouvre de réseaux neuronaux temporaires chargés de cette intégration, un phénomène susceptible d'aboutir à des changements durables dans les connexions cérébrales. Les oscillations de forte amplitude persistaient pendant plusieurs dizaines de secondes et s'intensifiaient au fil de la méditation. Les tracés électroencéphalographiques différaient de ceux des sujets témoins, en particulier au niveau du cortex fronto-pariétal latéral. Chez les méditants expérimentés, cette activité cérébrale particulière pourrait traduire une meilleure conscience de l'environnement et des processus mentaux intérieurs, bien que des recherches complémentaires soient nécessaires pour mieux comprendre le fonctionnement des oscillations gamma.

DES AIRES CÉRÉBRALES QUI CHANGENT DE VOLUME : La méditation modifie également le volume de certaines aires cérébrales, sans doute en raison de changements du nombre de connexions entre cellules nerveuses. Une étude préliminaire menée par Sara Lazar, de l'Université Harvard aux États-Unis, et ses collègues a révélé des différences entre l'insula et le cortex préfrontal de méditants expérimentés et de sujets d'un groupe témoin. Plus précisément, le volume de matière grise (constituée essentiellement des corps cellulaires de neurones) n'était pas le même dans les régions nommées aires de Brodmann 9 et 10, souvent activées pendant la méditation. Ces différences étaient supérieures chez les participants les plus âgés, suggérant que la méditation influe sur l'amincissement cortical provoqué par le vieillissement. S. Lazar et ses collègues ont aussi découvert un effet de la méditation de pleine conscience sur l'amygdale, une aire cérébrale intervenant dans le traitement de la peur. Ils ont entraîné à cette forme de méditation des sujets dont ils mesuraient par ailleurs la sensibilité au stress. Pour ceux chez qui cette sensibilité diminuait le plus, les chercheurs ont constaté un rétrécissement de l'amygdale. Dans une autre étude, Eileen Luders, de l'Université de Californie à Los-Angeles, et ses collègues ont observé chez les méditants certaines spécificités des axones (des prolongements neuronaux pouvant relier différentes régions cérébrales), qui suggéraient une multiplication des connexions cérébrales. Tous ces résultats semblent accréditer l'idée que la méditation entraîne des modifications structurales dans le cerveau. Cependant, on manque d'études de longue durée, où un groupe est suivi sur plusieurs années, ainsi que de comparaisons systématiques entre des méditants et des personnes de milieux et d'âges similaires qui ne méditent pas.
Quelques études suggèrent que la méditation ne modifie pas que le cerveau, mais aussi le reste du corps. Elle pourrait ainsi atténuer les inflammations et d'autres stress moléculaires. Une équipe dirigée par Perla Kaliman, de l'Institut de recherche biomédicale de Barcelone, a montré tout récemment que chez des pratiquants expérimentés, une journée intensive de méditation de pleine conscience influe sur les enzymes régulant la lecture du génome et diminue l'expression de gènes responsables des inflammations.
Cliff Saron, de l'Université de Californie à Davis, a étudié l'effet de la méditation sur la longévité des cellules. Il s'est intéressé à une enzyme nommée télomérase, qui rallonge des segments d'ADN à l'extrémité des chromosomes. Ces segments, les télomères, assurent la stabilité du matériel génétique pendant la division cellulaire. Ils raccourcissent chaque fois qu'une cellule se divise et, quand leur longueur descend sous un seuil critique, la cellule stoppe ses divisions pour entrer en sénescence. Après que les méditants eurent effectué une retraite, l'activité de la télomérase était plus élevée chez ceux dont le stres spsychologique avait le plus diminué que chez les sujets d'un groupe témoin. Cette découverte suggère que la méditation de pleine conscience pourrait ralentir le vieillissement cellulaire chez certains pratiquants.

UN CHEMIN VERS LE BIEN-ÊTRE ET VERS DES SOCIÉTÉS MEILLEURES : Près de 15 années de recherche révèlent qu'une pratique assidue de la méditation modifie l'organisme. Des études complémentaires sont nécessaires pour isoler les effets de cette pratique de ceux d'autres facteurs psychologiques. Par exemple, les résultats peuvent être influencés par le degré de motivation d'un pratiquant, par le charisme de l'enseignant ou par les échanges avec les autres élèves dans un groupe de méditation. De multiples paramètres restent également à étudier : éventuels effets négatifs, durée optimale des sessions, ajustements aux besoins individuels... Quoiqu'il en soit, les recherches sur la méditation apportent de nouvelles connaissances sur les méthodes d'entraînement mental, susceptibles d'améliorer la santé et le bien-être. Non moins important, la compassion, avec d'autres qualités humaines, est le fondement d'un cadre éthique indépendant de toute philosophie ou religion, et leur développement par la méditation pourrait bénéficier à nos sociétés.

Matthieu Ricard : TÉMOIGNAGE D'UN COBAYE VOLONTAIRE

Quel est votre rôle dans les expériences sur la méditation ?
Matthieu Ricard : Parce que j'étais passionné par ce type de recherche, j'ai accepté de participer à de nombreux programmes en tant que «cobaye ambulant». Sans doute ne suis-je pas seulement un cobaye, car bien souvent je participe à la conception du protocole expérimental, puis à l'interprétation des résultats. Mon apport est alors notamment de les interpréter selon la perspective de la «première personne», c'est-à-dire du méditant.

Le processus de mesure perturbe-t-il la séance de méditation ?
M. R.: Les conditions sont bien sûr plus favorables à une méditation claire et stable sur le balcon de mon ermitage, face à l'Himalaya, au Népal, que lorsque je suis allongé dans un appareil d'IRM, étroit, sombre et bruyant. Cela étant, ce qui caractérise un méditant expérimenté, c'est sa capacité à concentrer son attention ou à cultiver l'amour altruiste dans toutes les circonstances. Les résultats des 15 dernières années de recherche semblent confirmer cette capacité.

Les résultats neuroscientifiques ont-ils fait évoluer votre pratique ?
M.R.: J'ai longtemps pensé que ma participation à ces travaux ne changeait rien à ma pratique. Puis nous avons tenté de distinguer des états de conscience qui pourraient sembler proches, tels que l'empathie, l'amour altruiste et la compassion. Lorsque j'ai essayé de méditer séparément sur ces divers états, j'ai réalisé à quel point ils avaient des effets différents. Cela m'a beaucoup appris et m'a notamment fait comprendre, lors d'une collaboration avec Tania Singer, que les phénomènes d'épuisement émotionnel rencontrés chez le personnel soignant ne sont pas une «fatigue de la compassion» (comme le laisse supposer la terminologie anglo-saxonne, qui désigne ces phénomènes par ce terme). Il s'agirait plutôt d'une «fatigue de l'empathie», et la compassion est au contraire le remède à cette détresse empathique.

Les connaissances acquises permettent-elles de s'entrainer à la méditation via des techniques de neurofeedback, c'est-à-dire en observant son activité cérébrale en direct ?
M.R.: Je ne pense pas que les dispositifs simples de mesure et de retour d'information (feedback), fondés sur quelques électrodes, puissent beaucoup nous apprendre sur la méditation ou aider le méditant à s'entraîner. Nous avons réalisé quelques expériences avec T.Singer, grâce à des mesures par IRM avec un retour en temps réel : les méditants expérimentés étaient capables de moduler à volonté l'activation des aires cérébrales liées à l'empathie et à la bonté aimante, à divers niveaux demandés par l'expérimentateur (30 %, 60 % ou 90 % de leur capacité maximale). Mais pour moi comme pour d'autres, il était plus facile de moduler "intensité de la bonté aimante sans le feedback, qui se révélait source de distraction !
Propos recueillis par Guillaume Jacquemont

POUR LA SCIENCE N°448 > Février > 2015

Les 4 Phases du Cerveau qui Médite

SCIENCES ET AVENIR N°797 > Juillet > 2013

Le Cerveau Transformé par la Méditation

Pour échapper à la multitude d'informations externes qui l'assaillent en permanence, le cerveau apprécie la méditation - apaisante, déstressante, privilégiant le monde interne. En retour, une pratique régulière modifie la structure de plusieurs zones cérébrales, avec des bénéfices marqués sur les capacités attentionnelles.

Bouddhiste, chinoise, védique... Pleine conscience, zen, transcendantale, Qi Gong... La méditation s'appuie sur une diversité de traditions et de méthodes, qui intéressent de plus en plus les neuroscientifiques.

Une pratique régulière est en effet associée à des changements comportementaux - dans les capacités attentionnelles, la gestion du stress, la régulation émotionnelle et sans doute d'autres domaines cognitifs. Que se passe-t-il dans le cerveau des méditants ?

PLUS DE CONNEXIONS NEURONALES EN DEUX SEMAINES

Depuis quelques années, Yi-Yuan Tang et Michael Posner cherchent à le découvrit en ciblant une forme de méditation chinoise de pleine conscience, appelée IBMT (integrative body-mind training). Cette méthode dépend d'un niveau élevé de conscience et d'équilibre entre le corps, l'esprit et l'environnement. En 2010, les deux chercheurs ont démontré une amélioration de la connectivité neuronale dans les régions du cerveau impliquées dans l'autorégulation et le contrôle de soi, après seulement un mois d'IBMT - par comparaison avec un entraînement à la relaxation. Aujourd'hui, ils confirment ces résultats en les approfondissant, à l'implication d'un plus grand nombre de participants (des étudiants n'ayant jamais médité avant l'expérience) et le recours à une technique d'IRM plus précise, l'imagerie du tenseur de diffusion.
"Cette nouvelle étude montre qu'après seulement 2 semaines d'entrainement, des changements sont observés dans la densité axonale, ce qui signifie une augmentation des connexions entre les neurones, explique Michael Posner, professeur à l'université d'Oregon. Après 4 semaines, certaines zones du cerveau montrent en plus une augmentation de la myélinisation". La myéline est l'élément de base de la gaine protectrice qui entoure les neurones et qui facilite la propagation de l'influx nerveux. La stimulation de sa production, grâce à la méditation, concerne surtout le cortex cingulaire antérieur - une zone dont le manque d'activation est associé aux déficits attentionnels ou encore à la dépression.

DE MULTIPLES BÉNÉFICES COGNITIFS

Pour Michael Posner, "d'autres formes de méditation de pleine conscience peuvent avoir les mêmes effets sur le cerveau. Nous sommes en train d'étudier les effets à long terme, mais il faut garder à l'esprit que seule la poursuite de l'entrainement permet de prolonger les bénéfices et implique un temps minimum - une demi-heure par jour dans notre étude". Ces résultats viennent comforter d'autres travaux récents sur les effets de la méditation de pleine conscience. Britta Holzel et ses collègues du Massachusetts General Hospital se sont intéressés a l'impact d'un entraînement de 8 semaines. "C'est fascinant de constater des changements dans la structure même du cerveau en un temps aussi court, confirme la chercheuse. L'IRM révèle notamment une augmentation de la densité de substance grise dans l'hippocampe, connu pour son rôle dans l'apprentissage et la mémorisation".
L'ensemble de ces découvertes permet d'éclairer les travaux portant depuis plusieurs années sur les bénéfices cognitifs de la méditation de pleine conscience. Les capacités attentionnelles sont directement concernées : on reste attentif plus longtemps, même dans une activité ennuyeuse. D'après les études de chercheurs de l'école de médecine de Harvard, les effets sur la mémoire de travail (qui nécessite une attention soutenue) s'expliqueraient par la meilleure régulation des ondes cérébrales alpha - connues pour atténuer les sources de distraction. Ainsi la méditation de pleine conscience rendrait notre cerveau moins sensible aux sensations perturbatrices.

DES MÉDITANTS PLUS ATTENTIFS... ET QUI LE RESTENT

Plusieurs recherches ont mis en évidence l'intérêt de différentes formes de méditation sur plusieurs facettes des capacités attentionnelles. Dans une étude menée au sein de l'université de Californie à Davis, 30 personnes ont participé à une retraite de 3 mois dans le Colorado. À trois reprises au cours de cette période, un test d'attention visuelle soutenue leur est proposé. Tous les participants se sont progressivement améliorés, et le gain attentionnel a persisté au moins 5 mois après la fin de la retraite, en particulier chez ceux qui ont continué à méditer quotidiennement.
Si la méditation renforce les capacités attentionnelles, elle semble également produire des bénéfices intéressants suite à une interruption. On doit cette découverte à des chercheurs de l'école de médecine de l'université Emory. Les pratiquants de la méditation zen sont ainsi capables de débarrasser leut esprit des distractions plus vite que les novices, et donc de se reconcentrer quasi automatiquernent sur leur activité. L'étude s'est appuyée sur l'lRM pour mettre en évidence ce phénomène : le réseau du mode par défaut, un ensemble de zones cérébrales impliqué dans les pensées spontanées et les rêvasseries, revient plus rapidement à son niveau normal.

PLUS EFFICACE EN SITUATION DE MULTITÂCHE

Si ces résultats ont été obtenus chez des méditants expérimentés, inutile d'être un expert pour en retirer une plus-value cognitive. Quatre jours d'entrainement, à raison de 20 minutes quotidiennes, suffisent à booster la mémoire, la vigilance et l'attention visuelle, comme l'a démontré Fadel Zeidan, chercheur à l'université Wake Forest. Pour les professionnels stressés et surmenés, la méditation a donc de beaux jours devant elle. Gérer plusieurs tâches en parallèle, traiter des urgences multiples, répondre à d'innombrables informations : pour David Levy, "un entrainement à la pleine conscience représente sans doute un "plus" significatif pour y faire face". Avec ses collègues de l'université de Washington, il teste les conséquences de la méditation chez les personnes travaillant dans un environnement stressant et multi-informatif. "L'enseignante zen Darlene Cohen a organisé des ateliers pour aider des professionnels à gagner en efficacité, à l'entraînement attentionnel centré sur la pratique zen. Nous voulions en apporter des preuves concrètes", précise le chercheur.
Plusieurs managers se sont donc prêtés au jeu pour 8 semaines de pratique, soit de relaxation, soit de méditation. Résultat ? Dans une situation de multitâche, les participants du groupe "méditation" rapportent moins de stress et se concentrent plus longuement que ceux de l'autre groupe. La mémorisation est également améliorée, mais cette fois dans les deux groupes. "Il nous reste à vérifier si les bénéfices de l'entraînement persistent dans le temps", précise David Levy. Et de comprendre plus finement, pour Britta Holzel, les mécanismes cérébraux en jeu et leur impact sur le bien-être et les compétences cognitives des pratiquants".

LA MÉDITATION TRANSCENDANTALE CALME LES ÉTUDIANTS HYPERACTIFS
La méditation, alternative crédible - et naturelle - à la Ritaline ?
D'après plusieurs recherches menées récemment par Fred Travis, directeur du Center for Brain, Consciousness and Cognition de l'université de management Maharishi, les laboratoires pharmaceutiques ont trouvé une concurrente sérieuse à leurs médicaments. Une première étude a concerné un groupe de lycéens diagnostiqués TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité) à qui le chercheur a proposé 2 séances quotidiennes de méditation. Trois mois de pratique ont suffi pour diminuer de moitié les symptômes du TDAH, ainsi que le stress et l'anxiété. La seconde recherche a permis d'évaluer les effets de la méditation transcendantale chez des jeunes de ll à 14 ans, également diagnostiqués hyperactifs. Après six mois de pratique, les bénéfices cognitifs et cérébraux sont appréciables : la méditation diminue l'activité des ondes thêta pour les ramener à un niveau normal, permettant de filtrer les informations non pertinentes et d'aider ainsi les individus à se concentrer sur une tâche. Cette méthode de méditation a un autre avantage pour des jeunes hyperactifs : contrairement à d'autres techniques, son apprentissage est facile et sa pratique ne nécessite pas de gros efforts pour se concentrer et contrôler son esprit. Pour les chercheurs, la méditation transcendantale pourrait s'imposer comme une véritable alternative aux traitements médicamenteux.
F. Travis, S. Grosswald et W. Stixrud, ADHD, brain functioning and transcendental meditation practice, Mind & Brain, The Journal of Psychiatry, juillet 2011.

EN PRATIQUE : UNE TECHNIQUE DE MÉDITATION, LE SCANNER LE CORPS

Préparation : Cette méthode de méditation de pleine conscience se pratique couché sur le dos. Allongez-vous confortablement, sur un tapis épais, une couverture posée au sol, ou sur votre lit. Puis laissez vos yeux se fermer doucement. Consacrez quelques instants à entrer en contact avec les mouvements de votre respiration. Puis prenez conscience de vos sensations physiques, notamment la pression que ressent votre corps aux endroits où il touche le sol ou le lit. À chaque expiration, enfoncez-vous un peu plus dans le sol ou le lit. Rappelez-vous qu'il est question de se réveiller, pas de s'endormir ; d'être conscient de ce qui se passe. Le but est de ressentir en conscience toutes les sensations, ou l'absence de sensations, que vous éprouvez lorsque vous dirigez intentionnellement votre attention sur chaque partie de votre corps.

PHASE 1 : Prenez conscience des sensations dans votre ventre, en commençant par les mouvements de votre paroi abdominale quand le souffle entre et sort de votre corps. Prenez quelques minutes pour ressentir ce qui se passe à chaque inspiration et expiration.

PHASE 2 : Dirigez votre attention le long de votre jambe gauche, dans votre pied gauche et jusqu'au bout de vos orteils. Concentrez-vous successivement sur chaque orteil et explorez la qualité des sensations que vous découvrez sensation de fourmillement, chaleur, engourdissement, ou rien.

PHASE 3 : Inspirez et sentez (ou imaginez) que le souffle qui entre dans vos poumons descend tout le long de votre corps, par votre jambe gauche jusqu'à vos orteils. À l'expiration, sentez ou imaginez le souffle remonter en sens inverse, des orteils au pied, puis à la jambe, au torse, avant de sortir par votre nez. Continuez à respirer comme cela plusieurs fois.

PHASE 4 : Expirez et déplacez votre attention de vos orteils à la plante de votre pied gauche, pour explorer en conscience la plante du pied, sa cambrure, son talon, la sensation du contact avec le sol ou le lit. Expérimentez tout en ressentant chaque sensation, en étant conscient de la respiration à l'arrière plan.

PHASE 5 : Laissez maintenant votre conscience s'étendre au reste de votre pied la cheville, le dessus du pied, jusqu'aux os et aux articulations. Prenez une inspiration plus profonde et dirigez votre souffle vers l'ensemble de votre pied gauche ; à l'expiration, abandonnez-le complètement et déplacez votre attention vers le bas de la jambe gauche - mollet, tibia, genou, etc., l'un après l'autre.

PHASE 6 : Continuez à scanner votre corps en vous attardant un moment sur chaque partie : tibia, genou et cuisse du gauche ; puis orteils, pied, cheville, jambe, genou et cuisse du droit ; bassin - aines, parties génitales, fesses et hanches ; bas du dos et abdomen, haut du dos et épaules.

PHASE 7 : Passez ensuite aux mains, généralement les deux en même temps. On commence par s'intéresser aux sensations des doigts, des paumes et du dos, des poignets, puis on passe aux avant-bras et aux coudes, aux bras et à nouveau aux épaules, aux aisselles ; ensuite viennent le cou, le visage (machoire, bouche, lèvres, nez, joues, oreilles, yeux, front) et l'ensemble de la tête.

N.B. : Après avoir exploré chaque partie du corps, prenez quelques minutes pour être conscient de son ensemble et de votre souffle qui va et vient librement.

G.M. - CAHIERS DU MONDE de l'INTELLIGENCE N°1 > Août-Septembre-Octobre > 2013
 

   
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