Mozart et la Pop Stimulent le Cerveau

Écouter de la musique ou pratiquer un instrument améliorent les performances cognitives. Si la musique est appréciée par celui qui l'écoute, le bénéfice est plus grand.

Tous les sens s'éveillent

Martin à la guitare, Léa au micro répètent leurs morceaux, samedi soir, dans le garage de la maison familiale. Ils cassent un peu les oreilles de leurs parents, certes, mais c'est pour la bonne cause. Tout en se faisant plaisir, les deux jeunes gens affûtent... leur cerveau ! C'est en tout cas ce qu'ont démontré les neuroscientifiques après une petite décennie de recherche : la musique stimule les performances intellectuelles. Cette découverte a été amorcée par un article publié dans la revue britannique Nature en 1993, sous le titre "Music and task performances". Le court papier était signé par trois auteurs du Center for Neurobiology of Leaming and Memory de l'université de Californie-Irvine, Greg Shaw, Katherine Ky et Frances Rauscher qui ont réalisé l'expérience suivante. 36 étudiants, répartis en trois groupes, ont passé des tests standards de QI après avoir au préalable écouté pendant dix minutes une cassette de relaxation, la Sonate pour deux pianos en ré majeur K 448 de Mozart, ou le doux bruit du silence. Résultats : 110 points de QI au compteur pour le groupe "silence", 111 pour celui "relaxation" et... 119 pour le groupe "Mozart" ! Ecouter une musique joyeuse comme cette sonate enlevée induirait un état d'humeur et d'éveil optimal qui conduirait à de plus hauts niveaux de performances à des tests cognitifs. Meilleurs en tout cas que de rester dix minutes dans le calme absolu. "L'effet Mozart" était né.
Jusque dans les années 2000, l'expérience a été retentée par plusieurs équipes, en améliorant les protocoles de recherche, en élargissant le panel de sujets, et en comparant aussi les ouvres de Mozart à d'autres musiques avec plus ou moins de succès. En 2005 notamment, Glenn Schellenberg, du département de psychologie de l'université de Toronto (Canada), teste un large panel d'enfants âgés de 10 à 11 ans qui écoutent soit de la musique pop, soit du Mozart, ou bien discutent entre eux. Le chercheur observe alors que le score à un des deux tests cognitifs standards (un exercice de pliage de papier) est supérieur chez ceux qui écoutaient de la pop. "Cela montre que les bénéfices de l'écoute musicale sur les capacités cognitives sont plus à même d'apparaître quand la musique est appréciée par celui qui l'écoute", conclut Glenn Schellenberg. Confirmation de Séverine Samson, professeure de psychologie à l'université de Lille et neuro-psychologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. "L'effet de la musique existe bien mais n'est pas spécifique à Mozart, même s'il est vrai que l'éveil provoqué par les ouvres du musicien autrichien est très fort, en raison du caractère dynamique de ses compositions. Mais on pourrait en réalité tout aussi bien parler de l'effet rap, l'effet Schumann ou que sais-je"...
Mieux, si l'écoute musicale passive a un bénéfice à court terme avéré, la pratique d'un instrument aurait, elle, une action puissante et durable. En 2004, Glenn Schellenberg, toujours lui, mène une nouvelle étude sur 144 enfants de 6 ans divisés en quatre groupes. Les enfants du premier suivent des cours de piano pendant trente-six semaines, ceux du deuxième des cours de chant, ceux du troisième des cours de théâtre, ceux du quatrième rien. Neuf mois plus tard, leurs capacités cognitives sont évaluées, ainsi que leur QI. Bilan : si tous les QI ont augmenté durant cette période - fait normal en période d'apprentissage intensif - ceux des groupes "musicaux" (piano ou voix) ont plus augmenté que les autres. En 2009, Joseph Pira et Camilo Ortiz, de l'université de Long Island (Etats-Unis), exposent à leur tour un groupe de 46 enfants de 6 ans à un programme d'apprentissage musical. Dix mois plus tard, les enfants du programme musical affichent des capacités de lecture supérieures à celles des 57 enfants du groupe témoin.
"Il y aurait donc des transferts de compétences entre capacités musicales et non musicales, résume Séverine Samson. La musique est un outil puissant qui modèle le cerveau enfavorisant des connexions dans différentes zones cérébrales à la fois. Nombre de travaux, dont ceux de Glenn Schellenberg, montrent qu'il y a beaucoup à gagner à apprendre la musique, conclut Isabelle Peretz, professeur de psychologie à l'université de Montréal, cofondatrice du Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (Brams) et pionnière dans ce domaine (lire ci-dessous). Le bénéfice n'est pas énorme mais il est systématique. On peut dire que les musiciens sont meilleurs que les non-musiciens dans beaucoup d'activités non musicales. Mais attention, ce n'est pas un effet magique et direct. Ce bénéfice est probablement lié au fait que la pratique de la musique améliore des facultés telles que l'attention, la mémoire, la concentration, la discipline et la coordination de tâches motrices aussi. Un véritable entraînement sportif pour le cerveau, en somme !"

"Chez les personnes âgées, le bénéfice est immédiat" - Interview : ISABELLE PERETZ, professeure du département de psychologie de l'université de Montréal, codirectrice du Laboratoire Brams.
Vous êtes pionnière dans la recherche sur le cerveau musical. Comment avez-vous convaincu vos confrères de vous suivre ?
En 2000, la conférence "Musique et cerveau" que nous avions organisée à la New York Academy of Science, mon confrère Robert Zatorre (codirecteur de Brams) et moi-même a constitué un tournant. Auparavant, cette science sur laquelle je travaillais depuis les années 1980 était marginale, voire mal vue par la communauté scientifique, qui ne la considérait pas comme un objet de recherche sérieux. À New York, elle a gagné sa légitimité et nous en visibilité. Nous avons en effet prouvé qu'étudier le cerveau musical contribuait à mieux connaître le fonctionnement cérébral en général. Nous sommes passés d'une petite centaine de chercheurs à environ 500 aujourd'hui à travers le monde.

Votre laboratoire est désormais le plus high-tech qui soit... avec un piano à queue !
Les projets de recherche se sont multipliés et en 2005, nous nous sommes dotés du Laboratory for Brain, Music and Sound Research (Brams). Entre autres équipements exceptionnels, nous disposons en effet d'un des meilleurs pianos à queue du monde : il est informatisé et équipé d'un système de détection des mouvements. L'ordinateur peut ainsi reproduire le toucher du musicien dans les moindres nuances. Nous avons aussi accès à une salle de concert où les paramètres physiologiques de 50 auditeurs et du chef d'orchestre peuvent être enregistrés simultanément, ainsi qu'à des appareils de stimulation cérébrale, 5 EEG, 2 IRM, un Pet-scan...

Votre travail se concentre aujourd'hui sur les personnes qui "n'entendent" pas la musique. Cette "amusie" est-elle incurable ?
Entre 5 et 15 % de la population n'ont aucun penchant pour la musique, sont incapables de reconnaître une mélodie ou de chanter juste. Mon équipe explore en ce moment la possibilité d'une origine génétique à cette amusie et envisage une rééducation, afin que les individus touchés puissent bénéficier des effets positifs de la musique. Nous nous intéressons également à ceux qui ne savent pas danser en rythme...

Comment soigner les " amusiques " ?
Nous avons recruté des adolescents amusiques (AVEZ-VOUS L'OREILLE MUSICIENNE ? Le test peut être réalisé en ligne : www.brams.umontreal.ca/amusia-demo/). La première étape de l'expérience est de leur confier un baladeur pour qu'ils écoutent soit de la musique, soit des histoires, et d'observer leurs progrès. Dans un deuxième temps, ils suivront vingt minutes de cours de piano par jour, cette année. Nous étudierons leur cerveau avant et après apprentissage. Comme ils sont en phase de plasticité cérébrale importante, une amélioration devrait être visible.

Faut-il encourager l'activité musicale, chez les enfants, les personnes âgées ?
Il faut stimuler l'intérêt des enfants pour la musique, c'est sûr, car les bénéfices sont avérés et rejaillissent sur toutes les connexions cérébrales, à long terme. Ce qu'on sait moins, c'est que chez les personnes âgées, le bénéfice sur le comportement est également énorme, immédiat et sans aucun effet secondaire. C'est un véritable "apaisant" ou stimulant naturel. L'absence de musique dans les maisons de retraite est une réelle absurdité !
Propos recueillis par E. S.

Le circuit de la récompense s'active

Le Stabat Mater de Vivaldi vous donne le bourdon, Satisfaction des Rolling Stones vous requinque pour la journée ? Normal... Gaieté, désespoir, sérénité, colère et toutes leurs nuances possibles sont autant d'émotions profondes que peuvent déclencher l'écoute ou la pratique de la musique. C'est pourquoi la plupart d'entre nous l'apprécient tant, pour sa forte capacité à provoquer un état émotionnel particulier. Ces émotions musicales sont-elles réellement vécues par l'individu ? Oui. Plusieurs études de mesures physiologiques ont révélé que les émotions musicales engendraient des modifications du rythme cardiaque, respiratoire ou encore de la conductance de la peau, voire de l'érection des poils, le fameux "frisson musical".
Le corps réagit, le cerveau aussi. L'imagerie cérébrale en témoigne. Des équipes, dont celles de Barbara Tillmann, du Laboratoire neurosciences sensorielles, comportement, cognition de l'université Lyon-I, ont établi qu'outre les aires auditives, la musique active des aires impliquées dans la mémoire, dans la synchronisation des mouvements (pour danser ou battre la mesure) ainsi que "le cerveau des émotions". En 2001 déjà, Robert Zatorre, de l'université McGill (Montréal), se fondait sur une étude par TEP (tomographie par émission de positons) pour révéler que les zones cérébrales les plus activées chez des auditeurs écoutant des musiques qu'ils aimaient faisaient partie du circuit de la récompense et de l'éveil. "Ces structures sont connues pour être actives en réponse à d'autres stimuli euphorisants, estime Robert Zatorre, comme le sexe, la nourriture ou les drogues". On sait également aujourd'hui que les fausses notes, elles, activent le gyrus parahipoccampique qui engendre un sentiment désagréable. Quant à une musique triste ou angoissante, elle sollicite en premier lieu l'amygdale, impliquée dans les phénomènes de peur. Sans cette petite structure cérébrale, la musique des films d'horreur laisserait le spectateur indifférent !
Ce qui nous touche dans une chanson ce sont les paroles, analysées par les aires dédiées au langage (aires de Broca et Wernicke) mais la partie instrumentale, seule, a tous les pouvoirs pour nous émouvoir. En 2005, l'équipe d'Emmanuel Bigand, du Laboratoire d'étude de l'apprentissage et du développement (LEAD) de l'université de Bourgogne à Dijon, a montré que cette réponse émotionnelle survenait 250 millisecondes seulement après le début de l'écoute. Soit aussi rapidement que le réflexe de recul devant un danger. En un clin d'oil, le cerveau repère les grandes caractéristiques d'un morceau. La tonalité (gammes), le mode (majeur ou mineur), le rythme, le tempo. Grosso modo, un air en mode majeur au tempo rapide suscite la gaieté, l'espoir... Alors que le même air en mode mineur et tempo lent provoquera tristesse ou mélancolie.
Dans un deuxième temps, le cerveau va écouter plus finement la structure du morceau et en tirer du plaisir ou non. Comment ? Même s'il n'a jamais fait de solfège de sa vie, tout individu est un expert en musique qui s'ignore. Depuis sa naissance, l'enfant acquiert, en écoutant berceuses, musique ambiante... , les paramètres de la musique de sa culture. L'enfant occidental enregistre ainsi les lois de hiérarchie entre les notes, les accords et les tonalités, qui régissent aussi bien la musique classique, le rock, le jazz, la pop ou autre... Par la suite, tout au long de sa vie, cette connaissance implicite engendrera des attentes. Si quelqu'un nous dit "Le zèbre a des... ", nous anticipons le mot "rayures". Eh bien en musique c'est pareil. Tel accord, telle note ou tonalité appelle tels autres, automatiquement. Sans en avoir conscience, l'auditeur anticipe sans cesse ce qui va suivre. "C'est ce qu'on appelle "l'attente musicale", explique Emmanuel Bigand. Cette attente provoque en nous une tension qui sera soulagée par la "résolution" qui provoque du plaisir". Tout l'art du compositeur est de jouer avec ces attentes. Si l'auditeur parvient à prévoir à tous les coups ce qui va suivre, il trouvera la musique ennuyeuse. Si au contraire, il est surpris en permanence par des violations harmoniques, il éprouvera une sensation désagréable, car son amygdale cérébrale (impliquée dans les phénomènes de stress et peur) s'active, c'est prouvé ! Le génie du musicien est donc de créer la surprise sans s'éloigner trop du schéma connu. Et surtout de savoir prolonger les attentes, retarder les résolutions, pour engendrer un maximum de plaisir. Lors d'une conférence au Collège de France, Emmanuel Bigand fait écouter à son auditoire un extrait d'une symphonie de Tchaïkovsky. On entend une montée en puissance des instruments, un plateau, suivi d'une explosion orchestrale, le coup de cymbale... " Tchaïkovsky retarde l'explosion, le moment attendu, de quelques secondes pour faire croître le suspense et le plaisir de la résolution", analyse le chercheur. Plus ces attentes, ces tensions se multiplient, s'enchâssent, plus forte sera l'expérience musicale, l'émotion liée à la résolution de ces tensions.

Des vertus analgésiques
Il est universellement admis que la musique est un inducteur d'émotions, rappelle Isabelle Peretz. C'est pourquoi elle est reconnue pour ses vertus thérapeutiques mises en ouvre par les musicothérapeutes. Elle peut être un stimulant ou à l'inverse un moyen de diminuer le stress. La musique peut même réduire la douleur. "Depuis des décennies, l'effet analgésique de la musique est constaté, mais est-il dû à la distraction ou à l'émotion positive suscitée ? Un de nos doctorants, Mathieu Roy, a donc mené l'enquête", poursuit la chercheuse de Montréal. Pour cela, il a soumis 18 volontaires à des stimuli thermiques désagréables, en silence, avec une musique agréable ou désagréable. Observation : seule la musique agréable réduit la douleur ressentie. "C'est la preuve que l'effet musical dépasse la simple distraction", conclut Peretz. Les vertus de la musique pour la santé sont nombreuses et commencent à être de mieux en mieux étudiées. Analgésie, mais aussi facteur de récupération après un accident vasculaire cérébral, bon pour le système cardio-vasculaire, lutte contre la démence... les sujets de recherche sont nombreux. Le n°1 d'une revue trimestrielle internationale, éditée par Sage, intitulée Music and Medicine est même paru en juillet dernier.

La mémoire est sollicitée et étendue

Des expériences ont prouvé que des personnes âgées atteintes de graves troubles de la mémoire sont capables de mémoriser des musiques et des paroles de chanson et ont mesuré l'impact des chants comme facteur de cohésion sociale (chez les Afars, peuple de la Corne de l'Afrique).
Quatre personnes âgées souffrant de graves troubles neurologiques - dont des démences de type Alzheimer - obtiennent le même score à des tests de mémoire de paroles et musiques que 90 seniors en bonne santé ! Voici le résultat surprenant qu'a publié en juillet dernier l'équipe de Lola Cuddy, du Music Cognition Lab de la Queen's University à Kingston (Canada). L'hypothèse d'une relative préservation des aptitudes musicales des patients Alzheimer - qui présentent des troubles de la mémoire et du langage - semble de plus en plus étayée par les observations sur le terrain. Plus près de nous, des ateliers de chants hebdomadaires ont été lancés dans la maison de retraite les Pervenches, près de Caen, par le docteur Odile Letortu associée à Hervé Platel du laboratoire Inserm Neuropsychologie cognitive et neuroanatomie fonctionnelle de la mémoire humaine. Les élèves ? Des patients Alzheimer atteints de troubles massifs de la mémoire. Au bout de huit semaines les malades sont capables de chanter la nouvelle chanson ! Une capacité qui va persister plusieurs mois, la musique étant mieux retenue que les paroles.
Cette expérience de terrain - et d'autres -, renforcée par des études de neuro-imagerie, lève un voile sur la structure de la mémoire musicale. Ainsi, selon Hervé Platel, même si les réseaux neuronaux du langage et ceux de la musique ont une certaine proximité, ils sont distincts et indépendants. Ce qui permet, même à des personnes ayant une grande difficulté à parler suite à une attaque cérébrale (aphasiques) de pousser la chansonnette. Les études montrent également que la cognition musicale est distribuée dans les deux hémisphères de manière diffuse - contrairement au langage - ce qui la rend, visiblement, beaucoup moins vulnérable.

Le besoin d'appartenance est comblé

La musique est-elle utile pour l'espèce humaine ? N'est-elle pas seulement un artefact comme le pensent certains chercheurs ? Selon Isabelle Peretz, il faut considérer le rôle de la musique à l'échelle de l'évolution humaine. "Pour toutes les civilisations elle a été essentielle. Elle est utilisée pour transmettre le savoir mais aussi pour assurer la cohésion sociale". Pour rassembler les foules, on n'a, en effet, encore pas trouvé mieux que la musique, que ce soit lors des rituels sociaux de célébrations, d'événements sportifs ou... de guerre. Une étude suédoise a montré en 2003 que le taux d'ocytocine, une hormone produite par le cerveau qui participe à conférer un sentiment de confiance, augmentait significativement chez des chanteurs et leurs professeurs de chant, après le cours de chant. En mars 2009, l'institut Max Planck (Allemagne) et l'université de Salzbourg (Autriche) apportent une autre donnée surprenante. Huit duos de guitaristes sont équipés d'électrodes qui enregistrent leur activité cérébrale tandis qu'ils jouent ensemble un court morceau de jazz, 60 fois de suite. Surprise, de répétition en répétition, les ondes cérébrales des deux musiciens se synchronisent ! "La musique répondrait à un besoin biologique d'appartenance. Pour préserver le groupe social, l'évolution aurait donc conservé dans le cerveau humain la capacité à ressentir des émotions avec la musique comme un moyen fédérateur".

Le ver d'oreille s'incruste
"On a tous dans le cour une petite fille oubliée"... vous trotte dans la tête ? Peut-être avez-vous attrapé un "ver auditif", chanson ou partie de chanson qui vous obsède. "Dans une étude en cours nous avons découvert que les vers d'oreille sont très proches de la version originale de la chanson, explique Sylvie Hébert, professeure à l'université de Montréal, et chercheuse au laboratoire Brams ; ce serait donc une trace mnésique qui semble jouer en boucle". La chercheuse reprend une idée qu'a développée l'Américain Oliver Sacks dans son livre Musicophilia : "Nous sommes tellement entourés de musique ininterrompue que notre système auditif en est surchargé. Cela provoquerait l'apparition plus fréquente de vers auditifs". Mais pourquoi ces ritournelles obsédantes ? "Peut-être ces vers d'oreille aident-ils à la régulation émotionnelle, ou gident à ne plus "ruminer", c'est une hypothèse".
L'oreille absolue se travaille
Cette sirène est un si mineur, ce klaxon un fa... Ceux qui possèdent "l'oreille absolue" sont capables, sans note de référence, d'identifier (ou de produire) la hauteur tonale de notes isolées. Don inné ou acquis ? Depuis plus d'un siècle, la controverse fait rage. Daniel Levitin, spécialiste de la cognition et du cerveau à l'université McGili de Montréal, a passé au crible nombre d'études récentes parues sur la question. Il livre ses conclusions : "Il semble presque impossible de distinguer l'influence de la génétique et de l'environnement dans cette aptitude. Certains enfants auraient des prédispositions cérébrales qui leur permettent d'étiqueter des hauteurs de notes de manière absolue. Mais cette capacité ne se révélerait que si l'enfant suit un entraînement [nommer les notes] durant une période critique avant l'âge d'environ 6 ans". Aucun cas d'adulte ayant acquis ce don sur le tard n'a en effet été référencé à ce jour. Daniel Levitin estime qu'il est plausible qu'une proportion beaucoup plus importante de la population possède ce don mais l'ignore, faute d'avoir reçu un entraînement adéquat à l'âge requis.
GLOSSAIRE
MUSIQUE TONALE : elle repose sur 12 notes de la gamme qui couvrent une octave. Ces 12 notes se répètent d'une octave à l'autre, du grave à l'aigu.
TEMPO : détermine la vitesse d'exécution d'une pièce musicale.
RYTHME : détermine la durée des notes les unes par rapport aux autres.
HARMONIE : c'est l'art de combiner des sons entre eux pour les rendre agréables à l'oreille.
DISSONANCE : correspond à un ensemble de sons dont la succession ou la simultanéité est désagréable.

E.S. - SCIENCES ET AVENIR > Octobre > 2009
 

   
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