Il est admis qu'une population peut garder en mémoire des faits précis sur 500 à 800 ans. Au-delà, sans support écrit, l'histoire devient souvent légende.

Patrick Nunn et Nicholas Reid, des universités de la Sunshine Coast et de New England (Australie), ont montré que les Aborigènes ont, eux, une mémoire dix fois plus longue !
Les deux chercheurs ont compilé les histoires collectées depuis plus de deux siècles auprès de dizaines de groupes sur 21 sites côtiers, de la Terre d'Arnhem à Melbourne. Là où n'existe plus aujourd'hui qu'un océan, ces récits évoquent des pinèdes, des terres arides peuplées de kangourous... et leur abandon face à leur submersion. Des faits réels remontant au moins à 7000 ans - lorsque les eaux ont atteint leur niveau actuel, comme l'ont montré des analyses sédimentaires et géologiques. Cette persistance hors norme s'expliquerait par l'isolement, qui a favorisé la perpétuation (les histoires, mais aussi leur importance dans l'identité de chaque groupe aborigène.

Les Aborigènes furent seuls sur le continent durant 50.000 ans ! Aujourd'hui, ils représentent moins de 3 % de la population, et leur mode de vie traditionnel est menacé. Mais pas tout à fait. Dans les terres ancestrales, les coutumes perdurent...

Les Anangu d'Australie centrale appellent ce monolithe de grès Uluru. Ils croient qu'il a été créé par les êtres ancestraux. Les Européens l'avaient baptisé Ayers Rock en 1873, mais il est redevenu Uluru en 1985.

Dans les années 1970, les Aborigènes commencent à quitter les réserves pour revenir sur leurs terres, redistribuées par l'Etat. Résultat : des communautés en meilleure santé avec moins d'obésité, de diabète et de violence. Aujourd'hui, 21 % des 670.000 Aborigènes estimés vivent dans des régions reculées.

Finalement, les aborigènes d'Australie sont bien issus de la vague migratoire d'Homo sapiens sortie d'Afrique, il y a plusieurs millénaires.

C'est ce qu'a démontré une équipe internationale de chercheurs en étudiant l'ADN mitochondrial et le chromosome y de plusieurs centaines de Mélanésiens et d'aborigènes. Ils infirment ainsi l'hypothèse selon laquelle ces derniers seraient issus d'Homo erectus provenant d'Asie du Sud-Est qui auraient ensuite évolué séparément.

Ces Homo sapiens seraient arrivés, au bout de deux mille générations, sur le sahul, vaste continent que formaient l'Australie, la Nouvelle-Guinée et la Tasmanie. Les chercheurs de l'université Anglia-Ruskin, en Grande-Bretagne, ont aussi démontré qu'après avoir atteint le Sahul, ces populations sont restées isolées pendant 50.000 ans, ne subissant pas ou peu de brassage génétique.