Télomères et Durée de Vie

Avoir un Père âgé Allonge la Durée de Vie

Les hommes ayant des enfants à un âge avancé transmettent à ces enfants, mais aussi à leurs petits-enfants, une particularité génétique susceptible de leur permettre de vivre plus longtemps : des télomères plus longs.

Les télomères (en jaune) qui protègent les extrémités des chromosomes sont plus longs chez les enfants dont le père est plus âgé.

Les télomères sont des fragments d'ADN qui protègent les extrémités des chromosomes. Selon plusieurs travaux, les personnes dotées de télomères plus longs bénéficient en général d'une meilleure santé et d'une plus grande longévité. Dans leur étude, Dan Eisenberg et ses collègues de l'université North-westem (Illinois) ont étudié l'ADN de 1779 petits Philippins nés de pères âgés de 15 à 43 ans. Et il est apparu que la longueur des télomères des enfants augmentait avec l'âge de leur père à la naissance : 0,73 (valeur relative) chez ceux nés d'un père âgé entre 15 et 27 ans, contre 0,76 chez ceux conçus par un homme âgé de 27 à 43 ans. La taille des télomères augmentait aussi avec l'âge du grand-père à la naissance du père : 0,73 quand le grand-père avait alors entre 13 et 30 ans, contre 0,78 lorsqu'il avait entre 30 et 54 ans. Attention toutefois, ces travaux ne prouvent pas que procréer à un âge avancé est bénéfique pour la santé de l'enfant. Cela est même peu probable, car l'âge augmente aussi le risque de transmettre à l'enfant des mutations responsables de maladies congénitales.

K.B. - SCIENCE & VIE > Août > 2012

Pourquoi les Femmes Vivent plus Longtemps ?

C'est un fait : les femmes vivent en moyenne 4,2 ans de plus que les hommes. Cet écart atteint même 6 à 8 ans dans les pays industrialisés. Certes, les hommes prennent plus de risques : ils sont plus enclins à fumer, boire, conduire vite, pratiquer des sports et des métiers dangereux, sont moins attentifs à leur santé... Mais les particularités sociologiques ne suffisent pas à expliquer cet écart : il existe un réel avantage biologique à être une femme.

Côté hormones, tout d'abord, les femmes semblent mieux loties : les hormones féminines, les ostrogènes, limitent la formation du "mauvais" cholestérol, responsable de l'accumulation de graisse obstruant les vaisseaux (athérosclérose) ; or, ce sont d'abord ces plaques de graisse qui sont en cause dans les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Conséquence : les maladies carcliovasculaires, première cause de mortalité en France, tuent cinq fois moins de femmes que d'hommes ! Les ostrogènes favorisent également la cicatrisation de la paroi des vaisseaux et stimulent la libération d'oxyde d'azote, gaz "dilatateur" qui augmente le diamètre vasculaire, diminuant le risque de formation de caillot sanguin. En outre, le taux d'ostrogènes subit d'importantes variations au cours du cycle menstruel et peut être multiplié par 70 lors de la grossesse.

LE SECOND X RÉNOVE LES GÈNES

Résultat : les vaisseaux des femmes sont constamment sollicités, le débit cardiaque augmente de 20 % dans la deuxième phase du cycle et de 40 % pendant la grossesse, ce qui a presque l'effet d'un entraînement sportif ! Ce n'est qu'à partir de la ménopause, quand le taux d'ostrogènes chute considérablement, que leur risque cardiovasculaire se met à rattraper celui des hommes... N'arrivant alors à égalité qu'à partir de 75 ans. Enfin, les ostrogènes stimulent la production de molécules antioxydantes qui neutralisent les radicaux libres, ces éléments chimiques impliqués dans le vieillissement cellulaire qui endommagent les parois des cellules, des protéines ou de l'ADN.
Mais c'est aussi une affaire de chromosomes. Alors que les hommes possèdent un X et un Y, les femmes ont deux X. À mesure qu'elles vieillissent, leur second X peut ainsi s'activer, permettant de remplacer les gènes détériorés par l'âge par des "neufs". Et cela concerne une quantité non négligeable de gènes : le chromosome X contient pas moins de 5 % du génome (de 900 à 1200 gènes), contre 0,4 % pour le Y (moins de 80 gènes)... Par ailleurs, l'ADN féminin semble mieux protégé : chez les femmes, les extrémités des chromosomes, ou télomères, sont plus longues et protègent les gènes plus longtemps. Ajoutons que le système immunitaire féminin est plus performant pour produire des anticorps contre les infections.
En dépit du risque lié à la maternité, le "sexe faible" est donc biologiquement le plus fort. Pour Thomas Perls, spécialiste du vieillissement à l'université de Boston, la raison évolutive est simple : vivre plus longtemps permet aux femmes d'élever le plus d'enfants possibles".

PLUS LONGTEMPS... MAIS PAS MIEUX

Attention ! Vivre plus longtemps ne signifie pas vivre en meilleure santé. Au contraire : les femmes, dont l'espérance de vie en France est actuellement de 83,8 ans (contre 76,8 ans pour les hommes), sont, à âge égal, plus dépendantes que les hommes. Elles souffrent davantage de maladies invalidantes, telles que l'ostéoporose ou la maladie d'Alzheimer, et passent plus de temps à l'hôpital que les seniors masculins. Elles peuvent donc s'attendre à passer un plus grand nombre d'années avec des fonctions altérées, en particulier la marche et la vue. Ainsi, sur les 18 % de personnes âgées de plus de 75 ans considérées comme malades ou handicapées, deux tiers sont aujourd'hui des femmes.

LES CHROMOSOMES DES FEMMES SONT MIEUX ENTRETENUS
Une partie de la réponse réside dans le fait que les ostrogènes, les hormones féminines, renforcent la maintenance des chromosomes. En accentuant la production de télomérase, une enzyme chargée de réparer les extrémités des chromosomes (ou télomères), ils protégeraient l'ADN des dégradations liées au vieillissement.
1/ Les télomères raccourcissent
À mesure que les cellules se divisent, les extrémités des chromosomes raccourcissent.
2 / La cellule vieillit...
Au bout de quelques dizaines de divisions, les télomères deviennent très petits. S'ils sont trop courts, la cellule devient sénescente, stoppe sa division et meurt.
3/ ...mais les ostrogènes réparent l'ADN
Chez la femme, les ostrogénes renforcent la production de l'enzyme télomérase, qui rallonge les télomères. L'ADN est réparé, la durée de vie des cellules est prolongée.

Marine Corniou - SCIENCE & VIE > Août > 2007
 

   
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