Un moyen économique de piéger le gaz carbonique : voilà ce qu'a inspiré à Gaurav Bhaduri et Lidija Siller (université de Newcastle, Angleterre) l'observation de larves d'oursin.

Ces chimistes ont découvert que des nanoparticules de nickel présentes à la surface de l'animal favorisaient la formation de son squelette calcaire à partir du dioxyde de carbone (CO2) contenu dans l'eau de mer.

Filtrer les fumées industrielles à travers des colonnes d'eau riche en nanoparticules de nickel devrait donc permettre d'en extraire le CO2, concluent les chercheurs. De plus, ces particules étant magnétiques et insolubles, elles pourraient être récupérées et réutilisées.

Les oursins utilisent leur corps comme un oil géant : c'est l'étonnante conclusion à laquelle sont arrivés Maria Ina Amone, de la Station zoologique Anton Dohrn à Naples (Italie), et ses collègues.

Selon eux, l'invertébré marin utiliserait ses milliers de pieds tubulaires comme des rétines. La sensibilité à la lumière de l'échinoderme, cousin des étoiles de mer, est connue depuis longtemps, mais elle demeurait une énigme en l'absence manifeste de toute structure semblable aux yeux.

En 2006, le séquençage du génome de l'oursin violet Strongylocentrotus purpuratus a pourtant révélé l'existence de plusieurs gènes liés à la vision. L'étude de Maria Ina Amone montre désormais que deux de ces gènes, essentiels au fonctionnement et au développement de photorécepteurs, s'expriment à la base et à l'extrémité des pieds, qui couvrent le corps de l'animal et l'aident à se déplacer. Il y aurait ainsi 140 cellules photoréceptrices dans chaque appendice, soit jusqu'à 200.000 par individu selon sa taille et son nombre de pieds. Déployant ce système unique, le corps entier de l'oursin fonctionnerait comme un seul et large oil.

Bien qu'il les use à gratter les rochers pour se nourrir d'algues, l'oursin conserve des dents étonnamment pointues. Des chercheurs américains viennent de comprendre pourquoi.

Chaque dent est en fait une véritable mosaïque de cristaux de calcaire disposés en croix et cimentés par un biominéral très dur, entre lesquels on trouve de la matière organique, plus molle. Quand la dent frotte contre un rocher, cette couche organique se rompt, à la manière d'une page que l'on détacherait d'un carnet, mettant à nu une nouvelle couche cristalline, intacte.

À quand des couteaux, calqués sur ce principe, qui s'aiguiseraient seuls à mesure qu'on les utilise ?

Avec 2 siècles d'espérance de vie, l'oursin rouge du Pacifique vient de reloindre la liste des records de longévité. Selon notre modèle, le plus gros spécimen jamais trouvé;, d'un diamètre de 19 cm, aurait 200 ans...

Cet oursin, dont la durée de vie était auparavant estimée a quinze ans, a vu son âge maximal plus que décuplé à la suite des constatations de zoologistes américains. Ceux-ci avaient entrepris de calculer scientifiquement la courbe de croissance de l'animal, aux fins de rationaliser son exploitation commerciale (l'oursin rouge est très prisé au Japon).
Après avoir injecté un marqueur permettant de suivre la croissance annuelle du squelette, les scientifiques ont constaté que l'oursin grandissait plus lentement que prévu et, surtout, à un rythme toujours égal ! "Nous en avons déduit un modèle, dont les prédictions ont été vérifiées par une méthode de datation par radioactivité, explique Thomas Ebert, de l'université d'Oregon. En fait, tout semble montrer que ces animaux sont pratiquement immortels ! Et il ne serait pas étonnant que d'autres espèces d'oursins partagent cette particularité. "Outre son intérêt pour la connaissance des mécanismes du vieillissement, la découverte pourrait influer sur la gestion de la pêche : les spécimens les plus âgés étant les meilleurs reproducteurs, Thomas Ebert recommande de les préserver en fixant une taille maximale de capture.

<- Capable de vivre 250 ans, le ver tubicole Lamellibrachia détient le record de longévité animale. Long de 3 mètres, il vit par millions, près de sources naturelles de pétrole au fond du golfe du Mexique.

Les larves se dédoublent et leur taille diminue. Menacées par les poissons, les larves de l'oursin Dendraster excentricus assurent la survie de leurs gènes... en se clonant !

Ce mécanisme de défense inédit vient d'être découvert par deux biologistes américains de l'université de Washington (Seattle). Exposée à du mucus de poisson, substance dénonçant la présence d'un prédateur, la larve forme un bourgeon... qui se détache pour former une autre larve contenant le même matériel génétique, mais deux à trois fois plus petite que son émettrice, dont la taille diminue également. Certes, le clonage était déjà connu chez les échinodermes comme moyen de reproduction lorsque des conditions favorables sont réunies (température adéquate ou nutriments en abondance). Mais c'est la première fois qu'il est décrit comme moyen de survie face à la prédation. Les biologistes y voient un avantage évolutif : se dédoubler, c'est multiplier par deux les chances de survie de l'individu (et de l'espèce). Diminuer sa taille permet en outre de passer inaperçu aux yeux des poissons.