Comment les rorquals réussissent-ils, pour se nourrir de krill et autres petits crustacés, à absorber jusqu'à leur propre volume d'eau sans se blesser ? Ils disposent d'un organe spécifique qui signale au cerveau quand il faut arrêter de boire et analyse le fruit de la pêche, répond une équipe internationale de chercheurs dans Nature.

Situé dans une cavité gélatineuse à l'avant de la bouche, entre les deux os de la mâchoire inférieure, cet organe sensoriel est composé de papilles sensibles aux déformations mécaniques. Lorsque la bouche s'ouvre pour se remplir d'eau, l'organe est compressé. Si la pression exercée n'est pas trop forte, il informe le cerveau que la mâchoire peut rester ouverte. La poche extensible qui recueille l'eau au fond de la gorge s'étire tant et si bien qu'elle pourrait finir par exploser. Mais l'organe sensoriel, alors totalement écrasé, commande à temps la fermeture de la bouche.
Comment le rorqual sait-il si l'eau contient quelque chose de nourrissant ? Les scientifiques pensent qu'il s'informe grâce à des poils sensoriels situés à l'entrée de la bouche, qui enverraient des influx nerveux au passage de proies. L'organe sensoriel contrôlant la fermeture de la bouche serait lui aussi relié à ces nerfs pour optimiser la bouchée du cétacé. Selon les auteurs, sans cet organe, les rorquals ne seraient peut-être pas devenus les plus gros vertébrés marins. Ou en tout cas pas en se nourrissant uniquement dep etits crustacés.