Les animaux vont-ils survivre ?

Des milliers d'espèces, dont les primates, font face à un futur incertainalors que les prospecteurs convoitent des champs pétrolifères.

LA FIÈVRE DU PÉTROLE : Dans l'est de l'Equateur, le gouvernement a établi une géographie complexe où se chevauchent parcs, territoires indigènes et zones d'exploitation pétrolière. Le bloc Ishpingo-Tambococha-Tiputini (ITT) est très convoité. Recouvert d'une forêt largement inexplorée et encore protégée, ses réserves de brut s'éléveraient à 850 millions de barils. Les compagnies pétrolières prospectent dans la région depuis les années 1940 et resserrent leur étau autour de l'ITT.

Il y a autant d'espèces d'insectes dans un seul hectare de forêt tropicale qu'au sein des États-Unis et du Canada réunis. La localisation du Yasuni explique cette abondance. Le parc est situé à l'intersection des Andes, de l'équateur et de l'Amazonie - un centre écologique des communautés extrêmement riches de plantes, d'amphibiens, d'oiseaux et de mammifères convergent de toute l'Amérique du Sud. Des averses surviennent presque chaque jour de l'année et les changements de saison sont à peine discernables. La lumière du soleil, la chaleur et l'humidité sont constantes.
Cette partie de l'Amazonie est aussi le territoire de deux peuples indigènes, les Quichua et les Huaorani, qui vivent dans des campements éparpillés le long des routes et des rivières. Le premier contact pacifique entre des Huaorani et des missionnaires protestants remonte à la fin des années 1950. Suivant l'exemple de leur anciens ennemis tribaux, les Quichua, la plupart des communautés huaorani commercent aujourd'hui avec le monde extérieur et s'ouvrent même au tourisme. Deux groupes de Huaorani ont toutefois refusé de prendre part à ces activités, préférant errer dans la dénommée Zone intangible, une région de la forêt montagneuse créée pour les protéger. Cet espace, à cheval sur le secteur sud du Yasuni, ne comprend malheureusement pas l'intégralité de leur territoire traditionnel. Les guerriers nomades ont donc attaqué des colons et des bûcherons, à l'intérieur et à l'extérieur du périmètre, pas plus tard qu'en 2009.
Dans les profondeurs de son sous-sol, le Yasuni recèle un autre genre de trésor : des centaines de millions de barils de pétrole brut amazonien inexploité. Un défi urgent est posé au précieux écosystème de la surface. Au fil des ans, l'économie primant sur l'écologie, des concessions pétrolières ont éclos sur des terrains chevauchant celui du parc. Au moins 5 concessions en activité couvrent la section nord du Yasuni et, dans un pays pauvre comme l'Equateur, la pression pour forer est maximale. Le pétrole représente déjà la moitié des exportations nationales et provient presque en totalité des provinces de l'est du pays.