Monde ANIMAL - Eucaryotes - Vertébrés, Tetrapoda, Mammalia
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Haplorrhini (147 es), Simiiformes (136 es), Hominidés (4 genres, 8 es), Gorilla (2 es)

Population des Gorilles du Virunga (Gorilla beringei)

La Population des Gorilles de Montagne est en Plein Boum

Le nombre de gorilles de montagne a augmenté de 26 % en sept ans !

Un recensement effectué en mars-avri 2010 sur les pentes des Virunga, des montagnes à cheval entre la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l'Ouganda, comptabilise en effet 480 individus, contre 380 en 2003. Avec les 302 de la Forêt impénétrable de Bwindi, en ouganda, et les 4 orphelins d'un sanctuaire de RDC, cela porte à 786 la population totale de Gorilla beringei beringei à travers le monde. Le primate reste néanmoins vulnérable : une patrouille a récemment détruit dans le massif des Virunga plus de 200 pièges en 5 jours.

R.B - SCIENCE & VIE > Février > 2011

Les Gorilles sont de Retour

Condamnés dans les années 1980, les géants des montagnes ont vu leur population augmenter ces dix dernières années, résultat d'un formidable programme de protection.

Aujourd'hui, on peut à nouveau leur rendre visite. Mais étroitement encadré...

Un Territoire, trois nations : le parc national des Volcans Rwandais dans le nord ouest du pays, s'étend sur 18.000 ha...

Il est protégé en permanence par des gardes forestiers et des militaires des trois pays frontaliers.

C'est Ugenda, le chef. En langue kinyarwanda, son nom signifie "celui qui se promène". Il est le dominant à dos argenté, signe de grand âge. De long poils, parfaits pour la vie à plus de 3000 mètres, dans les hauteurs du volcan Bisoke. Corpulent comme 3 hommes et vautré sur le dos. À sa droite, sa première dame, Kubina, la plus ancienne, à sa gauche Insiza, "la belle" en kinyarwanda. La famille forme un vague tas de pattes, de poils et de têtes. Ils sont treize, depuis qu'une femelle est partie "pour ne pas risquer qu'elle se reproduise avec un de ses fils", affirme Espoir, notre guide. Les grands singes somnolent dans la senteur du thym sauvage, ils viennent de se régaler de pousses de bambous, qui germent en ce début de saison des pluies. Et qui les soûlent ! "Gorilla beer", disent les Rwandais. Les gorillons ébouriffés enchainent culbutes et pitreries. Pompettes, eux aussi.
Ugenda et les siens comptent parmi les derniers représentants de "Gorilla berengei", une espèce considérée en danger critique d'extinction par les instances mondiales. Ils sont près de 790 sur la planète, et tous vivent ici, sur les rudes pentes des volcans Virunga. À cheval entre le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda. Un tiers environ vit du côté rwandais, dans le parc national des Volcans, le plus ancien d'Afrique (1925). Un sanctuaite de 13.000 hectares dans le nord-ouest du pays, inscrit au patrimoine de l'Unesco. C'est ici, à deux pas de la famille Ugenda, que vécut la primatologue américaine Dian Fossey. "Au cour de l'Afrique centrale, si haut qu'on grelotte plus qu'on ne transpire, on trouve de superbes volcans culminant à 4570 mètres d'allitude, presque entièrement recouverts d'une forêt tropicale luxuriante, les Virunga", écrivait-elle au début des années 1980. Désormais, la forêt a reculé dans les hauteurs embrumées, repoussée jusqu'à 2600 mètres d'altitude par un patchwork ininterrompu de plantations de patates douces et de pyrèthre, dont on extrait un insecticide destiné à l'export. Là, un mur de pierre ceinture le parc national des Volcans. Plus qu'un mur, une frontière. Personne ne passe sans guide. Au pied du volcan, les toits en tôle de Musanze étincellent dans la lumière humide. D'est en ouest. les trouées de la canopée dévoilent les volcans des Virunga : Muhabura, Gahinga, Sabyinyo, Bisoke et Karisimbi. Ces deux derniers noms, Dian Fossey les contracta en "Karisoke", baptisant ainsi son camp de base entre les deux volcans.

LEUR PIRE ENNEMI : LES PIÈGES À ANTILOPES ET À BUFFLES

La biologiste américaine a 35 ans quand elle plante sa tente dans les brumes des Virunga, en 1967, pour protéger ces drôles de singes à longs poils. À cette époque, les trophées sont du dernier chic : mains de gorille en cendrier, crânes on abat-jour... Les bébés, eux, sont capturés, direction les zoos. Pour fournir les amateurs, les braconniers font un carnage, prétextant de la dangerosité des gorilles. Fossey montrera que se sont de paisibles végétariens. Elle passa 18 ans, seule dans la forêt, à étudier les primates et combattre la convoitise des trafiquants. Deux ans avant sa mort, elle publia ses observations. Le livre sera porté à l'écran en 1988, avec Sigourney Weaver dans le rôle de la primalologue. "Gorilles dans la brume", tourné dans le parc des Volcans, connu un grand succès et sensibilisa enfin l'opinion au sort des derniers gorilles des montagnes. Ils n'étaient alors que 250. Héroïne pour les uns, caractérielle pour les autres, l'ennemie des braconniers fut assassinée dans la nuit du 25 décembre 1985, dans sa cabane a coups de machette. Vengeance de chasseurs ? Tuée par un proche las de ses humeurs fantasques ? Nul ne le sait. À Karisoke, il y a un tout petit cimetière sans murs. Des planchettes de bois plantées dans le sol. Gravés au couteau, des noms de singes. La biologiste repose ici. Une pierre porte son surnom, Nyiramachabelli, "la femme qui vit seule dans la forêt".
A-t-elle gagné son combat ? Réunis en mars dernier au Qatar, les experts de la conservation révélaient que les primates pourraient disparaitre des vastes régions du bassin du Congo d'ici à 2020. "Sauf le gorille des montagnes", précisait Ian Redmond, spécialiste des grands singes aux Nations unies. De fait, au Rwanda, cette population a augmenté de 28 % depuis 10 ans. Curieusement, le génocide rwandais de 1994, qui causa 800.000 morts en l'espace de trois mois, et la série de conflits qui enflammèrent la région des Grands Lacs entre 1990 et 2000, dont les deux guerres de l'ex-Zaïre, eurent peu d'impact sur les gorilles. Aujourd'hui, les milices et le trafic sont jugulés dans le parc des Volcans. Et le braconnage y a nettement diminué. Ce qui peut encore menacer les gorilles ? Les pièges destinés aux buffles et aux antilopes, où ils se prennent par accident - les Rwandais ne mangent pas la viande de singe. Ou bien la coupe de bambous pour l'artisanat, l'installation de ruches dans la forêt (le miel y est meilleur) et le prélèvement de plantes par les guérisseurs. "Durant ces va-et-vient, les gens piétinent la forêt, font des feux et risquent de transmettre des maladies aux gorilles. Comme nous partageons avec eux 98 % de patrimoine génétique, ils peuvent contracter le même type de maladies, en particulier respiratoires", explique la vétérinaire du parc. Mais le plus grand danger reste la destruction de l'habitat. Car, dans ce pays, le plus peuplé d'Afrique (384 habitants au km² en 2008) et qui ne vit quasiment que de l'agriculture (87 % de l'activité nationale), les aires protégées sont convoitées par les paysans.

APRÈS UNE HEURE DE VISITE, LE PRIMATE DEVIENT NERVEUX

Et depuis peu par les touristes. Seize ans après le génocide, la capitale Kigali, repousse sur ses taudis rasés, et malgré une série d'attentats au début 2010, le pays est relativement sûr. Le tourisme est devenu la première source de devises, rapportant l'année dernière quelque 143 millions d'euros. Soit 7 % de plus qu'en 2009, révèle un récent communiqué du RDB, le Rwanda Development Board, l'équivalent de l'office du tourisme. Avec la construction en 2006 d'une route asphaltée pour joindre Kinigi, base de départ vers le parc des Volcans, et l'amélioration des conditions de sécurité depuis 2003, la fréquentation a presque triplé en 5 ans. Elle atteignait 20.000 visiteurs en 2008. À cause du rôle controversé de la France dans le génocide rwandais, et l'émission en 2006 de mandats d'arrêt contre 9 proches du president Kagame, les relations diplomatiques entre Paris et Kigali ont été rompues pendant 3 ans. Le gel a cessé fin 2009. Mais, malgré la visite du president Sarkozy en février 2010 à Kigali, censé sceller la réconciliation, les touristes tricolores sont rares. Parmi les 20.000 visiteurs du parc des Volcans entre janvier et septembre 2010, on comptait 6000 Américains, 2600 Britanniques, 1400 Australiens, 1200 Allemands. Avec 270 touristes seulement, la France arrive dixième. Pourtant, le pays des mille collines a tout pour attirer le voyageur. Refusant le tourisme de masse qu'ont connu ses voisins kényan et tanzanien, le pays joue la carte de l'écotourisme haut de gamme. Peu d'élus, beaucoup de devises. Une expédition chez les gorilles coûte près de 400 euros et les entrées sont limitées - mieux vaut réserver à l'avance. "Ce n'est pas un zoo", appuie le conservateur du parc, Prosper Uwingeli. Les règles sont strictes. Pas plus de 65 visiteurs par jour, pas plus de 8 touristes par groupe, pas plus de 8 groupes par jour. Point final.
La visite n'excédera pas une heure : au-delà, les gorilles deviennent nerveux. Les 8 familles "visitables" sont habituées, la plupart de leurs membres sont nés depuis l'arrivée des touristes. Pas quesrion d'approcher les 9 autres, réservées à la recherche ou totalement sauvages. Pour encadrer chaque groupe : un guide, deux trackers de gorilles et deux militaires, Radio dans une main, fusil mitrailleur dans l'autre. Officiellement pour réagir à une attaque de buffle ou d'éléphant. Moinzs officiellement, des milices congolaises rôderaient encore à la frontière.
"Après le génocide en 1994, c'était le chaos, se souvient Oreste Ndayisaba, chargé des relations avec les communautés villageoises voisines du parc. Tout était démoli, chacun faisait ce qu'il voulait", il fallut alors reconstruire. À l'initiative du parc, les riverains se regroupèrent en coopératives et évaluèrent les besoins. Depuis 2005, le RDB redistribue 5 % des revenus du tourisme aux habitants. Soit pour les riverains du parc des Volcans, 520.000 euros entre 2005 et 2009. Le gros de la cagnotte (70 %) va aux écoles : 50 classes ont été construites dans chacun des 4 districts de la région. Le reste de l'argent va (pour 16 %) dans la construction de citernes destinées à recueillir l'eau de pluie. Objectif : dissuader les habitants de venir dans le parc pour puiser l'eau, trop vite absorbée par le sol poreux des volcans déboisés. Pour que les gens survivent sans braconner, le parc investit aussi dans de nouvelles cultures, des fertilisants, du bétail. Enfin, le reste des recettes va aux associations communautaires, comme la Sabyinyo Community Livelihoods Association (Sacola). Cette dernière a pu construire, à l'entrée du parc, le Sabyinyo Silverback Lodge ou "Hôlel du Dos argenté". Les employés (surtout des femmes) sont tous des locaux. Autre création de la Sacola en 2007 : le centre culturel de Kinigi. Les hahitants de ce village reconstitué, des ex-braconniers et leurs femmes, se sont reconvertis en tambourinaires, danseurs traditionnels, forgeron, tireurs à l'arc, guérisseur. Tout irait pour le mieux sur la planète des singes ? Hélas ! Le braconnage n'a pas totalement disparu, et la protection des gorilles dans les zones frontalières reste un casse-tête. Des tensions demeurent entre Rwanda et RDC, et milices ou réfugiés transitent encore dans la zone. Là, les ONG prétent main-forte. "Le massif des Virunga où vivent les gorilles est une entité. Sans collaboration entre Rwanda, Ouganda et RDC, la protection n'aurait pas de sens", explique Benjamin Mugabukomeye, du PIGC (Programme international pour la conservation des gorilles), qui regroupe entre autres le WWF et l'African Mildlife Foundation. Le PIGC a mis en place des paltrouilles de Rwandais, Congolais et Ougandais qui travaillent ensemble.
Katie Fawcett est la nouvelle madone des gorilles. Un nouveau centre de recherches a été construit en dur au pied des volcans à Musanze. Depuis la mort de Dian Fossey, le travail sur les gorilles n'a jamais cessé. Même pendant le génocide. Cynique, quand hommes, femmes et enfants tombaient sous les coups de machette ? Pour Katie Fawcett, l'héritière anglaise de la pasionaria des gorilles, certainement pas. "Toute forme de lutte contre la pauvreté est un ontil de paix. C'est le cas de la protection. Dans un pays où 60 % de la population vit sous la seuil de pauvreté, ce sont les plus pauvres qui braconnent : ils n'ont pas le choix. Nous devons d'abord les aider à cesser la chasse". Alors "Karisoke 2" vient en appui pour mieux gérer le tourisme. Son atout ? Un outil unique au monde : 44 années d'observation quotidienne des gorilles. Et des troupes renforcées. Dian était seule, l'équipe de Katie compte 120 personnes. À l'heure du GPS, de l'informatique et des études d'ADN, la recherche a bien changé. Mais, plus étonnant, le comportement des gorilles s'est modifié lui aussi. Par exemple, selon Dian Fossey, les familles comptaient 1 à 12 individus. "Ils étaient stressés en permanence par les braconniers, explique Katie. Aujourd'hui, leur comportement est redevenu naturel, et une famille peut compter jusqu'à 65 membres". Certains ont été suivis de leur naissance à leur mort naturelle. Une première. Il y a 25 ans, Dian Fossey écrivait : "Des mesures urgentes de protection doivent être prises si l'on veut que les gorilles survivent et se multiplient. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?" Peut-être pas, madame Fossey.

S.B. (Texte) et M.K. (Photos) - GEO N°384 > Février > 2011

Gare aux Gorilles

Victimes du braconnage, des conflits ethniques et de la progression des humains sur leur territoire, les gorilles seraient désormais un peu moins de 720 à vivre, disséminés dans les collines de Virunga.

L'Ouganda, le Rwanda et le Congo viennent donc de s'unir pour protéger l'espèce aujourd'hui menacée d'extinction dans la jungle. L'objectif de cet effort conjoint est d'identifler les groupes qui la menacent pour mieux préparer la riposte...

CHOC > Mars > 2008

Le Gorille reprend du Poil de la Bête

Au dernier recensement les forêts ougandaises comptaient 20 gorilles de montagne de plus ! La population des gorilles de montagne augmente régulièrement.

Des échantillons d'ADN des fèces de ces primates vivant dans le parc national de Bwindi ont en effet permis de dénombrer 340 individus, contre 320 en 2002, et 300 en 1997. Ce parc est l'un des deux derniers sanctuaires pour ces grands singes, menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat. Il ne resterait plus que 720 gorilles de montagne dans le monde.

F.H. - SCIENCE & VIE > Décembre > 2005
 

   
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