Que ce soit pour dormir, chasser, se déplacer, les animaux savent utiliser toutes les astuces de la chimie, de la physique et de la mécanique.

Cette moule d'eau douce du genre Hyriopsis peut atteindre 30 cm de long. Elle produit à chaque récolte jusqu'à 40 perles, souvent de forme irrégulière. Certaines parfaitement sphériques (petite photo), sont d'aussi bonne qualité que les perles fines des huîtres d'eau de mer.
Photos : Llang Zhen/Imaginechina/AFP.

Cette moule peu ragoûtante révolutionne la joaillerie. Depuis vingt ans, la province côtière Zhejiang, au sud de Shanghai, s'est imposée comme le premier producteur mondial de perles. Les rizières y ont été remplacées par des centaines de fermes perlières de moules. Jusqu'alors, les perles d'eau douce récoltées en Chine étaient quelconques, réservées au marché du bijou fantaisie bas de gamme.
Désormais, les exploitants chinois s'attaquent au secteur du luxe. Leurs plus beaux spécimens rivalisent avec les perles d'eau de mer mais valent dix fois moins cher. L'université de Zhejiang a même séquencé le génome de la moule perlière pour tenter de créer des perles encore plus fines et peu coûteuses. Alors que l'économie occidentale redoute la concurrence des produits chinois de basse qualité, peut-être est-ce désormais leur qualité qui doit inquiéter !

En étudiant la composition de la cuticule enrobant les filaments (le byssus) qui permettent à la moule de Méditerranée de s'accrocher à la roche, Herbert Waite et ses collègues de l'université de Californie ont mis en évidence le rôle majeur du fer et du calcium dans les propriétés de solidité et d'élasticité de ce revêtement.

En parvenant à extraire les deux métaux de la cuticule, ils ont aussitôt constaté une perte de 50 % de la solidité des filaments. Concernant la nature élastique de la cuticule, on savait déjà que sa structure granuleuse jouait un rôle dans son extensibilité mais on ignorait comment. Sans fer ni calcium, la cuticule de la moule perd 50 % de sa solidité (->).
L'équipe l'explique aujourd'hui par la nature réversible des liaisons entre les ions métalliques et une molécule présente dans la cuticule (la Dopa). Cette découverte pourrait trouver des applications dans l'élaboration de nouveaux matériaux et revêtements à usage médical ou électronique.

Malgré des eaux chargées en gaz volcaniques, ces moules ont une longévité incroyable : plus de 40 ans.

La colonie de moules de l'espèce Bathymodiolus brevior, installée dans la source hydrothermale du volcan Eifuku, dans le nord-ouest du Pacifique, s'accommode d'eaux battant des records d'acidité due aux gaz volcaniques (dioxyde de carbone et sulfure d'hydrogène).
Voilà qui intrigue les chercheurs américano-canadiens à l'origine de la découverte : rares sont les organismes marins capables de construire et de maintenir une coquille en milieu acide, car le calcaire y est dissous. Certes, la croissance des moules découvertes et l'épaisseur de leur coquille sont moitié moins importantes que celles des leurs congénères vivant en milieu classique. Mais cette fragilité est contrebalancée par l'absence de prédateurs dans cette zone, et n'empêche pas une longévité incroyable : certaines moules ont plus de 40 ans, contre une dizaine d'années pour notre moule bleue ! Ces travaux éclairent sur les capacités de réponse des espèces à l'acidification des océans, qui accompagne le réchauffement climatique.