Il vit près des marais, digère la nourriture par fermentation comme une vache et reste inclassifiable pour les scientifiques.

L'hoazin huppé déploie souvent ses plumes en éventail quand il se pavane sur une branche, mais bat des ailes avec maladresse quand il s'envole.

Mais d'où vient l'hoazin, oiseau étrange d'Amérique du Sud.

Probablement d'Afrique, comme les singes et certains rongeurs qui peuplent le continent, concluent, dans la revue Naturwissenshaften, trois spécialistes, dont Cécile Mourer-Chauviré de l'université de Lyon-I. Décrit en 1776, l'oiseau est resté un cas à part pour les ornithologues et les généticiens. Perché dans les arbres longeant l'Amazone ou l'Orénoque, peu discret par sa taille, ses couleurs, ses cris bizarres et sa forte odeur de fumier, c'est le seul oiseau capable de ruminer. Son bec, doté de dents internes, est adapté à la mastication et son jabot, énorme au point de repousser les muscles pectoraux, abrite une flore bactérienne capable de faire fermenter les jeunes feuilles à son menu. Une telle adaptation, résultat d'une longue évolution, n'est partagée par aucun autre oiseau actuel.
L'étude de fossiles retrouvés en Namibie a révélé qu'un oiseau très proche de l'hoazin vivait il y a 17 millions d'années le long d'un fleuve. Or l'Afrique s'est séparée de l'Amérique du Sud il y a plus de 90 millions d'années. L'hoazin pourrait être le seul survivant d'une famille d'oiseaux ruminants ayant évolué en Afrique. Ses ancêtres, au vol déjà bien maladroit, seraient arrivés tardivement en Amazonie, descendant un fleuve africain à bord de radeaux improvisés puis traversant l'océan portés par des courants marins. L'hypothèse a été évoquée pour expliquer l'origine récente des singes platyrhiniens et des rongeurs caviomorphes en Amérique du Sud.