Tenez-vous bien, cher lecteur la réponse à cette vertigineuse question risque de vous transformer : le centre de l'Univers, c'est vous ! Car, aux yeux de la cosmologie, n'importe quel point de l'Univers peut être considéré comme son centre. De là à penser qu'il n'y en a aucun, il n'y a qu'un pas, que franchissent allégrement les scientifiques à la suite d'Albert Einstein. Car lorsqu'on observe la nature à la lumière de la théorie de la relativité générale, il n'existe en cet Univers aucun repère absolu. On peut toujours se consoler de cette cruelle absence en se disant que l'Univers a autant de centres que l'on veut. DÉTRÔNÉS DU NOMBRIL DU MONDE Curieux renversement de perspectives : alors que, depuis la Renaissance, scientifiques et philosophes n'ont eu de cesse de détrôner du "nombril" du monde la Terre, puis le Soleil, puis notre galaxie, voici que nous pouvons tous revendiquer cette position centrale. Ainsi, selon le modèle cosmologique standard, l'Univers évolue à partir d'un point singulier : le big bang. Aux dernières nouvelles, celui-ci aurait eu lieu il y a environ 13,7 milliards d'années. De fait, toute l'information qui nous provient du cosmos - sous forme de rayonnement électromagnétique ou gravitationnel, par exemple - est limitée par l'âge de l'Univers. Aucun signal ne peut nous provenir d'une époque précédant le big bang, qui marque le premier tic de la grande horloge cosmique. IL N'EST PAS DE REPÈRE ABSOLU Résultat, nous sommes tous situés au centre d'une sorte de "planétarium" spatio-temporel, dont la voûte est tapissée par le rayonnement cosmologique, cette pâle lueur vestige du big bang. Cela étant, attention, car cette sphère céleste n'est pas un repère absolu, mais un repère relatif. En clair, d'où que l'on observe l'Univers, on se situe toujours au centre d'une sphère apparente quasiment identique, qui délimite "notre" univers. Un observateur qui serait situé à dix années-lumière de nous verrait un univers tout aussi vaste, dont le plus vieux rayonnement mesurable aurait lui aussi 13,7 milliards d'années. Cela signifie que l'Univers "en soi" est infiniment plus vaste que l'Univers visible. Ainsi, la science moderne confirme-t-elle cette magnifique intuition que l'évêque Nicolas de Cues hasardait déjà il y a cinq siècles : "La machine du monde a, pour ainsi dire, son centre partout et sa circonférence nulle part".
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