P L A N È T E  G A Ï A 
 
   
   
 Index ASTRONOMIE -> SYSTÈME SOLAIRE -> MÉTÉORITES 
   
 
Astéroïdes et Comètes en Antarctique

Grains de Comètes en Antarctique

CIEL & ESPACE N°516 > Mai > 2013

Chasseur de Météorites en Antarctique

Le continent glacé regorge de pierres extraterrestres, très précieuses pour étudier l'histoire du système solaire. Tous les ans, une expédition de chercheurs part les récupérer. Une géologue française raconte ses 6 semaines d'aventure extrême.

Le scientifique James Karner tient un bout de cosmos entre ses doigts. Chaque année, entre 30.000 et 40.000 tonnes de roches venues de l'espace tombent sur Terre. Dans l'Antarctique, continent privilégié pour les recueillir, elles ne subissent quasiment aucune altération grâce au froid et au climat sec.

Huit motoneiges glissent en parallèle sur la glace bleue. Plein sud, face au vent, paysage plat jusqu'à l'horizon. Puis demi-tour plein nord devant les majestueuses montagnes Miller de la chaine Transantarctique, dos au vent, le soleil dans les yeux, éblouissant dans un ciel bleu pur. La glace crisse sous les patins, le vent froid s'infiltre sous les masques malgré nos visages emmitouflés, les secousses sont incessantes à cause de la surface inégale de la glace sculptée par le vent. Cela fait des heures que notre équipe de chercheurs quadrille ce coin de calotte polaire. Tout à coup, j'aperçois devant moi une pierre noire de la taille d'une balle de tennis, posée là au milieu de nulle part.
Et si ce caillou venait de l'espace ? L'Antarctique est l'une des régions les plus inaccessibles et les plus froides au monde, avec la plus grande réserve d'eau douce de la planète, les glaciers les plus immenses et des chaînes de montagnes entières sous des kilomètres de glace. Mais une caractéristique moins connue de ce continent est, en effet, sa concentration de météorites unique au monde. C'est pour elles que nous sommes venus ici. Il y a environ 40 ans, lorsque cette "mine" a été découverte, des scientifiques américains ont créé un programme de collecte annuel : l'Ansmet (Antarctic Search for Meteorites). Chaque année en décembre et janvier, pendant l'été austral, une dizaine d'experts jouent les prospecteurs de l'extrême. À leur tête, Ralph Harvey, professeur à l'université Case Western, dans l'Ohio. Il est chargé de trouver les financements (auprès de la Nasa par exemple) et de sélectionner les heureux participants. Cette année (saison 2011-2012, ndlr), notre équipe était composée de quatre Américains, dont John Schutt, le guide des expéditions Ansmet depuis 30 ans, deux universitaires et un chercheur de la Nasa. À leurs côtés, deux Anglais - une spécialiste des roches lunaires et un astrobiologiste -, un doctorant danois et moi-même, Française, géologue employée par un sous-traitant de la Nasa au Johnson Space Center de Houston, au Texas.

Les puissants vents catabatiques, érodant la glace, font ressortir les cailloux tombés du ciel.
Plusieurs raisons expliquent que l'Antarctique soit un nid à météorites : d'abord, il y pleut aussi peu que dans le Sahara. Du coup, à cet endroit, les roches ne sont pas altérées par les précipitations. Elles sont aussi très bien conservées grâce au froid vertigineux : on a enregistré ici des températures allant jusqu'à -80°C. En outre, ce continent est recouvert sur 98 % de sa surface d'une couche de glace qui peut atteindre plusieurs kilomètres d'épaisseur. Cette dernière, en mouvement perpétuel vers les côtes, est à certains endroits bloquée par des montagnes comme la chaîne Transantarctique. Les météorites tombées sur la calotte glaciaire se retrouvent donc transportées jusque-là et s'accumulent le long de ces remparts naturels. Là, les vents dits "catabatiques" qui soufflent dans le sens de la pente jusqu'à 300 km/heure, érodent constamment la glace et font ressortir les précieux cadeaux du ciel. Depuis le début de l'expédition, nous en trouvons ainsi une dizaine par jour.
La centaine de cailloux extraterrestres récoltés ici chaque année est apportée au Johnson Space Center de la Nasa à Houston, puis mise à la disposition des scientifiques du monde entier. Ces petits fragments d'obiets célestes ont en effet beaucoup à nous apprendre sur l'histoire de notre système solaire. De sa formation il y a 4,5 milliards d'années, notamment : la plupart des météorites, appelées chondrites, en sont en effet des vestiges intacts. D'autres, les achondrites, proviennent, elles, de la Lune, de Mars ou de la ceinture d'astéroïdes qui se trouve entre Mars et Jupiter. Parfois, les météorites contiennent des acides aminés, les constituants de base de nos protéines. Une découverte qui a relancé la polémique sur l'origine - terrestre ou extraterrestre - de la vie.
Acheminer des chercheurs et leur matériel en Antarctique n'est pas une mince affaire. Pour nous, l'aventure a commencé à Christchurch, une bourgade du sud de la Nouvelle-Zélande, camp de base d'où partent les expéditions américaines. La, on nous a prêté des vêtements spéciaux : une épaisse veste matelassée rouge surnommée "Big Red" (la grosse rouge), un assortiment de gants, bonnets, chaussettes et diverses couches de polaires, ainsi que des grosses bottes blanches appelées "Bunny Boots" (bottes de lapin) faites de deux couches de plastique dur séparées par de l'air servant d'isolant. Nous avons ensuite embarqué dans un avion militaire, 5 heures de vol jusqu'à la base McMurdo où nous avons atterri sur la banquise de la mer Ross. Nous sommes restés là une semaine, dans une ambiance curieuse entre ville du Far West aux rues boueuses et station de ski pour étudiants. Chaque été, 1200 personnes travaillent ici, certains dans les laboratoires scientifiques, d'autres dans des bâtiments dédiés au maintien et au stockage de matériel pour expéditions en climat polaire. Tout le monde loge en dortoir et mange à l'unique cafétéria. La station dispose aussi de trois bars, d'un magasin de souvenirs et même d'une chapelle.
Ces quelques jours nous ont servi à nous préparer au terrain. D'abord, ce fut un cours express de réparation et entretien de motoneiges avec Toby Weisser, un jeune homme au look de motard rebelle avec tatouages et piercing. Puis une séance avec Peggy Malloy, une femme d'une quarantaine d'années - dix étés en Antarctique à son actif - qui nous a indiqué la quantité de provisions nécessaires pour six semaines de terrain. Son conseil, s'abstenir de mayonnaise : une fois gelée, la chose ressemble à une lampe à lave peu ragoûtante.
Le jour J, après avoir pesé tout notre matériel (et nous avec), nous avons embarqué à bord d'un avion militaire Hercules, puis d'un petit Twin-Otter à hélices, qui nous a conduits ici, 500 kilomètres vers l'intérieur, dans les montagnes Miller.

Toute l'eau consommée provient de la glace que nous devons casser en morceaux chaque jour.
Notre bivouac est situé à des centaines de kilomètres du plus proche être humain. Nos tentes à double toile, coniques (une forme idéale pour résister aux grands vents) ont peu changé depuis un siècle et la conquête du pôle Sud par le Norvégien Roald Amundsen. Dans chacune d'elles, deux sacs de couchage sont posés sur des matelas gonflables. Au milieu, un réchaud à propane sert autant à nous chauffer qu'à cuisiner. Tant que ce dernier est en marche, la température est supportable : brûlante au sommet de la tente, et frisquette au sol même si celui-ci est recouvert de planches de contreplaqué et d'une bâche. Il faut accepter de ne pas prendre de douche pendant 6 semaines. Toute l'eau consommée, pour se laver ou cuisiner, provient de la glace sur laquelle nous campons et que nous devons casser en morceaux chaque jour pour nous approvisionner. Lors de cette mission, des vents catabatiques de plus de 60 km/h nous ont consignés à l'intérieur plusieurs jours de suite. Les températures ont chuté au-dessous de -30°C, pendant que la neige, soulevée à grande vitesse, frappait en continu contre la toile de la tente, un peu à la façon d'un Karcher. À la longue, ce genre de camping peut devenir très lassant. Même aller aux toilettes relève de l'aventure. Certaines fois, nous nous sommes épargné la traversée jusqu'à la "tente WC" grâce à des "bouteilles pipi" pour éviter d'affronter les éléments en furie. Heureusement, pour tromper l'ennui, nous avons des livres, jeux de société ou films sur ordinateur : des panneaux solaires portatifs permettent de recharger portables, appareils photos et autres gadgets électroniques. Les claquements répétés de la toile de la tente nous ont tenus éveillés toute la "nuit" - si l'on peut dire, puisque le soleil ne se couche pas pendant l'été austral.
A l'inverse, sous ces latitudes, quand il n'y a pas de vent, le silence est presque irréel. Cette paix est seulement rompue par les claquements sourds de la glace en perpétuel mouvement. Il y a d'ailleurs des crevasses tout autour de nous. Mais pour l'heure, l'objet de mon attention est cette pierre noire que je viens de trouver. J'arrête la motoneige et je m'approche. Instinctivement, je me récite les critères d'identification d'une météorite : extérieur foncé, noir ou brun, en contraste avec un intérieur plus clair ; surface à l'aspect poli, parfois alvéolé et aux reflets cuivrés ; lignes radiales souvent présentes sur la croûte, laquelle résulte de la fusion de la surface de la météorite lors de son passage dans l'atmosphère. Mon caillou semble réunir les caractéristiques requises. Je me relève pour signaler ma découverte à mes compagnons. Un ballet parfaitement orchestré se met aussitôt en place. John Schutt, le guide, se gare le plus près possible du caillou noir, car sa motoneige est équipée du GPS nécessaire au relevé exact. Puis, à plat ventre, il observe ma trouvaille. Un court hochement de la tête et un "OK" bourru me confirment que j'ai bien identifié une météorite et non un simple morceau de roche issu des montagnes toutes proches. À son tour, l'astrobiologiste anglais commence alors à fouiller dans son sac à dos et en extrait un compteur, une petite bande de métal avec un numéro, des sacs plastiques fournis par la Nasa, une grande pince en métal désinfectée et un rouleau de scotch. Chaque membre de l'équipe se saisit de ces divers objets car posés sur la glace ils seraient emportés par le vent.
Il ne faut surtout pas toucher la pierre, pas même avec les moufles, afin de ne pas contaminer sa matière organique. Une fois photographiée, numérotée, mesurée, la météorite est manipulée avec la pince, emballée et scellée dans un sac plastique puis embarquée sur l'une de nos motoneiges. À l'endroit de la trouvaille, on plante un petit drapeau avec son numéro au cas où nous devrions revenir en vérifier la position. Un dernier coup d'oil dans les environs au cas où d'autres précieux débris astraux s'y trouveraient. Et nous repartons en chasse de nouveaux trésors extraterrestres.

PAR ANNE PESLIER (TEXTE) ET KAYERINE JOY / ANNE PESLIER (PHOTOS)

Anne Peslier - GEO N°410 > Avril > 2013

Le Pôle Sud aurait livré des Poussières de Comète

Pour la première fois, des particules d'origine cométaire ont peut-être été découvertes sur Terre, emprisonnées dans les neiges de l'Antarctique.

"À la différence des météorites, ces particules sont riches en matière organique et en deutérium, la version lourde de l'hydrogène", explique Cécile Engrand, l'un des membres de l'équipe française qui a fait cette découverte. Cela suggère que la matière organique à l'origine de la vie a pu se former dans le système solaire avant d'ensemencer la Terre primitive, à l'instar de cette comète microscopique.

C.H. - SCIENCE & VIE > Juillet > 2010

Astéroïde en Antarctique

Un astéroïde a probablement explosé au-dessus de l'Antarctique il y a quelque 481.000 ans.

Il y a quelque 481.000 ans, un astéroïde a probablement explosé au-dessus de l'Antarctique, projetant des tonnes de débris, comme le montrent les poussières extraterrestres et les particules météoritiques trouvées dans les montagnes Transantarctiques et dans deux carottes de glace prélevées au dôme C et au dôme Fuji. Ces résultats ont été présentés à la Conférence de Wood lands, au Texas.

SCIENCES ET AVENIR > Avril > 2010
 

   
 C.S. - Maréva Inc. © 2000 
 charlyjo@laposte.net