Pollution en Ile-de-France

L'Air du Métro est 3 fois Plus Pollué qu'à l'Extérieur

S.M. - LE MONDE > 9 Juin > 2022

Particules Ultrafines Mesurées pour la Première Fois

L.C. - SCIENCES ET AVENIR N°901 > Mars > 2022

Retour de la Pollution de l'Air en Ile-de-France

S.M. - LE MONDE > 11 Juin > 2020

Ce qu'on vous Cache sur la Pollution en Ile-de-France

Faudrait-il s'arrêter de respirer ? À lire l'enquête, que nous publions en exclusivité aujourd'hui les Français ont vraiment de quoi s'inquiéter : les risques encourus par la population de l'agglomération parisienne seraient complètement sous-évalués. Pendant huit mois, un bureau d'études indépendant (Horizons) missionné par l'association Ecologie sans frontière (ESF) a planché sur la pollution atmosphérique en Ile-de-France en passant notamment au crible des milliers de données existantes. Édifiant.

POLLUANTS NON SURVEILLÉS

Comme le rappelle ESF, 54 % des Français ne font pas confiance à l'information délivrée par les pouvoirs publics sur la qualité de l'air. Gageons qu'ils seront encore moins nombreux. Car, d'après l'étude, "l'air ambiant de l'agglomération parisienne est pollué par une mixture de substances qui ne font pas toute l'objet d'une réglementation. Certains polluants sont insuffisamment, voire pas du tout surveillés", détaille Franck Laval, le président de l'association. Mis sur la sellette, Airparif, l'association qui mesure la qualité de l'air francilien (avec l'indice Atmo) prétend pourtant le contraire : "Tous les polluants que les normes françaises et européennes exigent de surveiller le sont. Nous allons même au-delà de la réglementation en étudiant les dioxines, les suies ou les pesticides", se défend Karine Léger, porte-parole d'Airparif. Mais, pour ESF, le problème vient d'un inventaire obsolète des polluants. "Il est trop ancien et incomplet. Il ignore certains phénomènes, comme les polluants secondaires, formés par la combinaison de substances émises dans l'atmosphère", poursuit ESF, qui prédit une "multiplication des pics de pollution dans les prochaines années".

LE DIOXYDE DE CARBONE BAISSE, L'OZONE EXPLOSE

Récemment, la mairie de Paris a annoncé triomphalement que la pollution au C02, le dioxyde de carbone, a baissé de 9 % ces dernières années. Et c'est vrai : certains polluants sont en voie de diminution (le dioxyde d'azote, grâce à l'amélioration des pots d'échappement) ou de disparition (le soufre, grâce à la mise aux normes des sites industriels). De même, les grosses particules, émises par les moteurs Diesel antiques, se sont nettement estompées. En revanche, ESF tire le signal d'alarme au sujet de polluants, dopés par la croissance du trafic aérien et routier : les composés organiques volatils, les métaux lourds (nickel, arsenic, mercure) crachés par les incinérateurs... Pire encore, l'ozone, qui résulte de la combinaison de plusieurs polluants et de la chaleur, aurait vu ses niveaux augmenter de 64 % depuis 1996... "Avec le réchauffement climatique, l'ozone va devenir un vrai problème de santé publique. Avec des seuils d'alerte plus conformes à la réalité, nous aurions eu des pics à l'ozone quinze jours en mars et autant en avril. Ce sera sans doute aussi le cas aujourd'hui et vendredi", note Franck Laval. Selon la Commission européenne, "l'ozone causerait quelque 21.000 décès prématurés en 2020".

DES SEUILS D'ALERTE TROP ÉLEVÉS

Mais l'attaque la plus saillante concerne les seuils d'alerte "beaucoup trop élevés pour être crédibles". ESF pointe notamment l'absence "navrante" de surveillance de l'air dans les sites très fréquentés par le trafic automobile ou aérien, où vivent des centaines de milliers de Franciliens. Airparif le reconnaît d'ailleurs à demi-mots, mais promet d'y remédier, comme l'y incite un projet européen qui associe une vingtaine de métropoles. Autre critique majeure : les particules fines, émises par les moteurs Diesel, qui représentent 55 % du parc automobile français, ne font l'objet d'aucune réglementation. "Les pouvoirs publics, influencés par le lobby automobile, affirment que le diesel poilue moins grâce aux améliorations technologiques, mais c'est faux : les particules sont de plus en plus fines et s'infiltrent dans nos alvéoles. Ce sont les plus nocives", poursuit Franck Laval, qui demande l'interdiction des véhicules diesels en ville. Son association a lancé sur son site (www.ecologiesansfrontiere.org) une pétition qui a recueilli 10.000 signatures, et qui pèsera lors du Grenelle de l'environnement qui réunira en octobre le gouvernement et les principales associations écologistes. CHARLES DE SAINT SAUVEUR (AVEC MICHEL VALENTIN)

À ALÉSIA, ON BAT DES RECORDS

Le constat. À Barbès, la Place Victor-Basch (Paris 14e) serait l'un des lieux les plus pollués de Paris, comparable à Bastille, République, Rivoli, aux portes de Paris ou à la A 86. C'est sourtout l'un des seuls à être mesuré dans la capitale. "Le nombre de capteurs d'Airparif y est largement insuffisant. En outre, ils sont placés à 2,20 m de hauteur. À moins d'être basketteur, nous n'avons aucune idée de la qualité de l'air qu'on respire, surtout les enfants", persifle ESF.
La revendication. Il faut multiplier le nombre de stations de surveillance à Paris et dans la petite couronne. Le nombre de capteurs installés dans un secteur doit dépendre de la densité de population. Enfin, les capteurs devront être installés à hauteur de nez : 1 m ou 1,50 m, quitte à être prôtéges par des grillages.

AÉROPORTS : LE NIVEAU D'AZOTE DÉCOLLE

Le constat. Roissy et Orly, les deux grands aéroports franciliens, sont - selon ESF - des "zones de non-droit" où les capteurs d'Airparif n'auraient pas droit de cité, hormis quelques analyses sporadiques dans les environs. "Aucune étude indépendante n'y a jamais mis son nez, alors que 60 000 employés y travaillent et qu'ils sont très nombreux à habiter autour. "Les émissions de Nox (azote), produites par la combustion du kérosène, seraient deux fois supérieures à celles du périphérique. Chennevières et Goussainville (Val-d'Oise) voient leurs niveaux de particules fines augmenter de 30 à 50 % lorsqu'elles sont situées sous le vent de Roissy.
La revendication. ESF, qui parle d'un "scandale public", exige une vraie transparence : des capteurs, des procédures d'alerte avec éventuellement une limite du trafic aérien quand les seuils sont dépassés. Bannir les vieux avions plus polluants.

MÉTRO, C'EST TROP !

Le constat : trois millions de Franciliens prennent chaque jour le RER et le métro sans savoir que la pollution y rôde de façon sournoise et d'autant plus implacable que les lieux sont confinés. Les voyageurs y sont coincés entre deux feux. D'une part, l'usure des pneus et les plaquettes de frein, qui créent une pollution endogène. De l'autre, l'air vicié de surface qui s'engouffre dans les couloirs. "Les concentrations de particules fines peuvent aller jusqu'à 300 microgrammes par mètre cube, alors que les normes de l'OMS sont fixées à 50 ug/m3, explique ESF. Pour les usagers, c'est la double peine ! Ils prennent les transports en commun et ils subissent de plein fouet la pollution".
La revendication : l'association exige l'installation de plusieurs capteurs dans le réseau métropolitain (un seul pour l'instant au RER des Halles), un véritable accès à l'information pour les usagers, avec des panneaux d'affichage à chaque station qui indiqueraient la qualité de l'air souterrain, les seuils d'alerte et de vigilance.

L'air du métro est-il plus pollué que celui de la rue ?

Malheureusement OUI !!!



Er.H. - SCIENCE & VIE > Avril > 2009

ÉCHANGES DE PARTICULES À ROLAND-GARROS

Le constat. Périphérique, A 13, boulevards des maréchaux... Côté trafic automobile, le stade de Roland-Garros est cerné. "Ils sont fous de courir autant alors qu'on flirte avec un pic d'ozone. Pour leurs poumons, qui absorbent énormément de particules, c'est terrible. On bâche bien le central quand il pleut. Ne serait-il pas logique de ne pas jouer quand l'air est trop pollué ?", s'interroge ESF, qui pointe le problème des zones d'habitation situées en bordure (à moins de 300 m) du périph, des autoroutes ou des axes rouges en plein centre-ville. "Tous les stades sont situés sur le pourtour de Paris, une vraie folie sanitaire. Charléty, c'est le pompon : le périphérique passe à sa hauteur".
La revendication. Les recommandations des pouvoirs publics s'actionnent en fonction d'une moyenne établie avec tous les capteurs d'Airparif. Du coup, les alertes sont rares. "Il faut réagir dès que les seuils sont atteints dans les zones de trafic dense, là où sont les personnes les plus exposées. Elles sont sous-informées", critique ESF, qui demande au président Sarkozy, serial-joggeur, de ne pas courir les jours de pollution à l'ozone ou aux particules, "c'est-à-dire la moitié de l'année".

"Un probléme sous-estimé". Yann Arthus-Bertrand, signataire de la pétition d'ESF

PHOTOGRAPHE réputé et converti récent à l'écologie, Yann Arthus-Bemand est également président de Goodplanet.org, une association de promotion du développement durable.

Vous habitez aujourd'hui dans les Yvelines. Vous avez fui Paris ?

Yann Arthus-Bertrand. Paris, c'est ma ville. J'ai longtemps habité sur une péniche mais, tous les jours, des particules noires se déposaient dessus. Depuis, je me suis installé en forêt de Rambouillet loin des bouchons de la capitale. Une chose est sûre, moi qui fais un jogging quotidien, je me sens bien mieux quand je cours là-bas que sur les bords de Seine. Je n'aimerais pas habiter au premier étage d'un immeuble parisien. Mais le plus dingue dans tout ça, c'est que l'air, à Rambouillet est aussi pollué qu'à Paris, à cause des nuages d'ozone qui viennent stationner au-dessus de la forêt.

Faites-vous partie des anti-voitures à Paris ?

Je n'aime pas les discours moralisateurs ou schématiques. Arrêtons de dire qu'il y a les gentilles victimes d'un côté, les méchants pollueurs de l'autre. En revanche, je pense que Bertrand Delanoé, le maire de Paris, a raison à 100 % d'embêter les voitures, car il faut bien admettre que, moins il y en aura, mieux ce sera, surtout dans une ville aussi dense que Paris.

Faut-il interdire les 4 x 4 ?

Je ne suis pas un ayatollah. Il ne faut pas enlever le plaisir, alors les 4 x 4, pourquoi pas, mais alors à 4 dedans ! Je pense qu'il faut d'abord tenter de convaincre l'opinion publique avant de prendre des décisions impopulaires. Que chacun se prenne individuellement en charge et ce sera déjà beaucoup mieux. Je rêve à Paris de transports en commun complètement gratuits, quitte à ce que les impôts locaux augmentent.

Qu'attendez-vous du Grenelle de l'environnement ?

Beaucoup de transparence et de bon sens sur tous les sujets écologiques, notamment la pollution de l'air, qui est un problème sous-estimé, comme tous ceux qui ne se voient pas. Arrêtons de cacher aux Français des vérités qui finiront forcément par se savoir. Disons fort que les avions de Roissy et d'Orly consomment la moitié du carburant francilien et on commencera peut-être à réfléchir différemment.
PROPOS RECUEILLIS PAR C.D.S.

LE PARISIEN > Jeudi 7 Juin > 2007
 

   
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