Le Futur en 2050, c'est déjà Demain |
Le futur est dejà là ; simplement tout le monde n'y a pas encore accès, aurait dit l'écrivain de SF William Gibson. S'il a raison, ce qui suit fera - peut-être - le quotidien des hommes de 2050.
EN 2050 NOUS VIVRONS DANS DES TOURS DE 1000 M...
Non, ceci n'est pas l'ouvre d'un illustrateur 3D grassement payé par votre magazine pour délirer sur la cité du futur ! Sous vos yeux s'étend la ville de Dubaï, capitale de l'émirat du même nom, telle qu'elle était en août 2010 au moment où le photographe Stéphane Compoint a actionné le déclencheur de son appareil.
Face à vous, surplombant un lac artificiel, trône la Bud Khalifa (tour de Khalifa) avec ses 162 étages empilés sur 828 m. Record du monde actuel... mais sans doute plus pour très longtemps puisque l'Arabie saoudite a lancé le projet Kingdom Tower (tour du royaume) qui atteindrait à Djeddah les 1000 m d'altitude ! À la différence des tours de bureaux qui peuplent le centre de Hong Kong, de New York ou le quartier de La Défense, la Burj Khalifa est avant tout résidentielle : pas moins de 900 propriétaires s'y côtoieront, sillonnant les étages à bord de 57 ascenseurs. La plupart de ces résidents fortunés n'y feront que des séjours limités. Habiter toute l'année dans un tel bâtiment sera-t-il un sort enviable pour l'urbain de 2050 ?
Jusqu'à présent, les Européens n'ont guère montré de passion pour les gratte-ciel. Mais l'attraction sans limite exercée par les grandes villes et le coût exorbitant des terrains nous amèneront peut-être, un jour, à prendre de la hauteur.
EN 2050 NOUS HABITERONS SOUS LA MER...
Ah, le froufrou de la raie manta et le sourire du requin-marteau pendant que vous savourez un steak de thon... En réservant une table au restaurant Ithaa ("la perle") du Conrad Flangali Island Hotel, installé sur un atoll des Maldives, vous avez la garantie d'un divin dîner par 5 m de fond. Hélas, la moindre nuit dans ce palace est à 1900 euros !
Une virée sous les flots sera-t-elle, un jour, accessible ? Dans les années 1960-1970, en parallèle de la conquête spatiale, les esprits s'emballerent pour des projets de villages bâtis sous l'eau (taper "world without sun" sur Youtube pour visionner un documentaire du commandant Cousteau, en anglais, sur l'expérience en 1965 de cinq hommes dans leur "maison" sous la mer Rouge). Aujourd'hui, quelques dizaines de stations sous-marines accueillent des "aquanautes" - la base Aquarius, dans les eaux de Floride, sert encore à préparer les équipages de la Nasa en partance pour l'espace.
Si les projets d'habitat permanent se font rares, l'architecte français Jacques Rougerie croit encore à des séjours de quelques mois. Telle est la raison d'être de son projet SeaOrbiter, une bouée robotisée dérivante en aluminium de 30 m, destinée à abriter des plongeurs et un équipage. "Le but sera d'améliorer notre connaissance de l'océan, où tout reste à découvrir, précise-t-il, mais aussi de nous permettre l'exploitation de ses ressources énergétiques et l'aquaculture, dans un esprit de développement durable". En octobre 2012, si le dernier sponsor sort son chéquier, le premier SeaOrbiter pourrait entrer en chantier à Saint-Nazaire.


O.V. - SCIENCE & VIE JUNIOR HS N°94 > Juin > 2012 |
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Que d'humains ! Déjà 7 milliards aujourd'hui, et 2 de plus en 2050. On vous dit tout sur l'origine de l'extraordinaire poussée de croissance de l'humanite. Sur ses conséquences. Mais aussi sur les recettes qui permettront de nourrir cette surabondante population.
POURRA-T-ON NOURRIR TOUT LE MONDE ?
Deux milliards de bouches supplémentaires auront pointé le bout de leurs dents en 2050. Comment les nourrir alors qu'aujourd'hui déjà 900 millions d'humains ne mangent pas à leur faim ? Allons-nous être trop nombreux au regard de ce que la planète peut produire ?
"Ce n'est pas ainsi qu'il faut poser le problème, prévient Nicolas Bricas, du Cirad. Si tant de personnes ont faim, ce n'est pas parce que la nourniture manque, mais parce que les affamés manquent d'argent pour l'acheter". La preuve : sur ces 900 millions de personnes, 1 million vit en France et 35 millions aux États-Unis, des pays dans lesquels les supermarchés regorgent de victuailles. Les régions du monde où la production alimentaire est trop faible sont limitées à quelques zones d'Afrique ou d'Asie. Mais à l'échelle mondiale, aujourd'hui, elle est largement suffisante pour nous nourrir tous.
Alors, pas d'inquiétude pour demain ? Non si nous, Occidentaux, modifions certaines de nos pratiques et si les pays en développement n'adoptent pas notre régime alimentaire. Sinon, il faudra en 2050 faire produire à notre planète 2 fois plus d'aliments. Techniquement, c'est possible, mais implique la destruction d'une grande partie des forêts pour en faire des cultures. Et tant pis pour la biodiversité, et pour tout ce CO2, dont les forêts nous débarrassent. Comment ne pas en arriver là ? Le premier point sur lequel il y a une grande marge de manouvre est le gaspillage. La moitié de la nourriture des pays riches finit à la poubelle ! Fruits et légumes subissent un casting avant d'arriver sur les étals : pas la bonne forme, trop petit, une tache... et ils sont recalés. Qui plus est, les supermarchés achètent plus qu'ils ne vendront pour avoir toujours des étals bien garnis. Une fois vendue, la nourriture n'est pas pour autant assurée d'atteindre un estomac. Une étude a montré qu'en Grande-Bretagne, les foyers en jettent un tiers, parce qu'ils ont laissé passer la date limite de consommation.
En France et dans les autres pays riches, le gaspillage est sans doute du même ordre. Dans les pays pauvres aussi, une partie de la nourriture est perdue. Mais pour des raisons différentes. Selon la FAO, environ 40 % des denrées périssables (fruits et légumes, poisson, viande, laitages...) pourrissent ou sont attaqués par des parasites. Des mesures telles que l'amélioration des routes permettraient de diminuer ces pertes en limitant la chute ou l'enlisement de camions - rarement réfrigérés - chargés de ces marchandises. "Des cagettes et des paniers, pour le transport des fruits et légumes dans les camions, éviteraient qu'ils finissent écrasés, ajoute Nicolas Bricas. De plus, leur fabrication fournirait des emplois locaux et donc de l'argent qui permettrait à ces populations pauvres d'acheter de quoi se nourrir. L'utilisation de produits phytosanitaires inoffensifs pour l'homme aiderait aussi à conserver les aliments plus longtemps". La FAO forme les agriculteurs de nombreux pays à des techniques de conservation comme le salage ou le séchage, à la chaine du froid, ou aux bonnes conditions de stockage. Ainsi, en Afghanistan, les silos métalliques pour le stockage des céréales ont réduit les pertes de 15 % a 2 %.
Mais limiter pertes et gaspillage ne suffira pas. Pour qu'aucun ventre ne gargouille plus, l'agriculture devra être repensée en vue de produire plus avec plus de variété. "Attention, pratiquer une agriculture intensive ultra-mécanisée n'est pas la solution pour des pays d'Afrique, ou pour l'Inde, prévient Nicolas Bricas. Dans un pays où la croissance démographique est forte, comme en Afrique subsaharienne, on estime qu'il faut, chaque année, créer 30.000 emplois par million d'habitants. Or, l'agriculture est l'un des meilleurs secteurs d'emplois... à condition qu'elle utilise des bras et non des machines.
POLLUER MOINS ET CULTIVER DURABLEMENT : Il faudra avant tout adapter le plus finement possible les cultures aux sols et aux climats locaux. Et trouver des combinaisons de cultures et d'animaux qui, produits ensemble, présentent des avantages l'un pour l'autre. En effet, par des combinaisons judicieuses, on peut économiser les engrais chimiques, l'eau, et même les pesticides. Donc, polluer moins et cultiver durablement. Par exemple, les déjections animales peuvent servir d'engrais ; entre deux cultures de céréales, on peut intercaler une culture de légumineuses comme la luzerne, qui fixe le diazote de l'air. Une partie de cette luzerne nourrit les animaux et le reste est enfoui en terre pour fournir à la culture suivante l'azote qui n'a pu être apporté par des engrais chimiques. "Les paysans indiens les plus pauvres le font déjà d'eux-mêmes, rappelle Bruno Dorin, lui aussi chercheur au Cirad, ils cherchent les associations qui, avec un minimum de moyens, sont les plus productives sur leurs terres. C'est en ce sens que l'agriculture du futur sera high-tech : elle devra, à chaque endroit marier des connaissances locales à des connaissances de laboratoire pour répondre aux besoins croissants des sociétés sans épuiser la nature ni consommer trop de pétrole".
L'alimentation gagnera en quantité mais aussi en qualité, car dans de nombreux pays, le gros de la production repose maintenant sur quelques cultures : riz, blé, maïs, soja. "Ce sont celles sur lesquelles s'est concentrée la recherche agronomique, ce qui a permis de bien ameliorer leur rendement analyse le chercheur. C'était nécessaire à une époque pour lutter contre les famines, mais ensuite les politiques agricoles sont restées focalisées dessus. Résultat : en Inde, où traditionnellement on produisait et consommait beaucoup de pois et lentilles, aujourd'hui on n'en cultive 2 fois moins par personne. Or les pois et lentilles apportent une bonne ration de protéines à un coût moindre que la viande, et permettent une alimentation équilibrée chez les pauvres". Même lorsque les populations pauvres mangent assez, leur alimentation est déséquilibrée. Il leur manque des protéines, des acides gras essentiels, des vitamines et des minéraux. "Même chez les paysans, s'indigne Bruno Dorin. À l'opposé, dans les pays riches, on consomme beaucoup plus de protéines et de graisses animales que nécessaire, au détriment de la santé". Notamment beaucoup de bouf ! Et c'est là l'un des autres gros changements à opérer. Pourquoi ? Parce qu'on a besoin de plus en plus de place pour cultiver de quoi nourrir les animaux d'élevage. Tant qu'on cantonnait les bestiaux sur des prairies qui ne pouvaient servir à rien dautre, tout allait bien. Mais aujourd'hui, en raison de la demande, beaucoup d'animaux sont concentrés dans des élevages industriels, notamment dans des fermes gigantesques, aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Elles y sont gavées de céréales autrefois réservées aux hommes, ou de tourteaux de soja, riches en protéines, qui leur permettent de faire rapidement du muscle. Car le muscle, c'est la viande.
MOINS DE VACHES DANS PLUS D'ASSIETTES : Un tiers des terres cultivées le sont pour nourrir des animaux d'élevage, des vaches en particulier. Or la demande en bouf pourrait doubler d'ici 2050. Parce que la population augmente et que des pays qui ne mangeaient pas de bouf s'y mettent lorsqu'ils deviennent un peu plus riches.
Un Étasunien ingurgite 41 kg de bouf par an, un Français (plus gros consommateur d'Europe) 27 kg contre seulement 1,5 kg pour un Indien et 4 kg pour un Chinois. Imaginez un peu si les Chinois et les Indiens, les deux plus grosses populations du monde, avalent en 2050 autant de steaks que les Français ou les Étasuniens. Ce sera tout bonnement impossible : on ne pourra pas nourrir et les hommes et les vaches. En revanche, si les pays riches diminuent leur consommation de produits animaux (viande, laitages, oufs...) - ce qu'ils ont commencé à faire, pour des raisons de santé, de budget, ou par souci du bien-être animal tandis que les pays pauvres l'augmentent, chacun aura la ration convenable pour sa santé. On pourra alors nourrir les 9 milliards d'humains de 2050 en n'accroissant que de 30 % la production agricole d'aujourd'hui. Ce qui évitera de faire exploser la consommation d'engrais chimiques et de raser trop de forêts. Une partie des vaches pourra alors retourner dans les prés. Mais attention, en contrepartie, il faudra débourser plus pour sa viande et ses laitages. C'est embêtant, mais se nourrir n'est-il pas une priorité ? Après tout, aujourd'hui, l'alimentation ne représente que 15 % du budget des ménages, contre 60 % en 1950. Il faudra juste choisir entre une bonne entrecôte ou un dépassement de son forfait téléphonique. Produire de façon durable de quoi nourrir 9 milliards d'humains est donc possible. Mais tout le monde mangera-t-il à sa faim pour autant ? C'est loin d'être sûr. Il faudra avant tout que la pauvreté diminue. Que des gouvernements des pays aux greniers bien remplis ne gardent pas jalousement leurs stocks de céréales pour les rendre rares, donc chères... quitte à affamer les populations qui n'ont plus les moyens de se les payer. C'est ce qu'a fait la Russie au début de la sécheresse de 2010, sur les conseils d'un groupe financier suisse qui s'en est mis plein les poches. La recette pour une humanité sans famines se joue finalement bien au-delà des champs.


LA QUESTION DE L'EAU : Qui dit plus de bouches à nourrir, dit plus de cultures à arroser. Or l'eau douce est une ressource limitée. Nous en utilisons 4.800 km³ par an. Les spécialistes estiment qu'on pourrait en prélever 3 fois plus sans mettre en péril les nappes souterraines. Le hic c'est que l'eau douce n'est pas toujours où on en a besoin. L'Alaska se noierait presque tandis que le Moyen-Orient ou la corne de l'Afrique sont à sec. Il faudra être économe. Et ce, en limitant les fuites : plus de 60 % de l'eau pompée est perdue à cause de canalisations percées ou parce qu'elle s'évapore des réservoirs. L'agriculture, qui absorbe 70 % de la consommation d'eau planétaire, devra apprendre à ne plus irriguer à grandes eaux... et privilégier un arrosage au compte-gouttes grâce à des tuyaux qui courent dans les champs. |
S.R.-C. - SCIENCE & VIE JUNIOR HS N°94 > Juin > 2012 |
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Évolution du Climat vers le Nord |
PYRÉNÉES : ADIEU AUX SPORTS D'HIVER
"Je vous retrouve sur la traditionnelle étape pyrénéenne. Nous sommes partis ce matin de Cauterets, qui jadis fut une station de ski mais dont les équipements, faute de neige, rouillaient. À présent, les téléphériques servent à hisser les cyclistes en haut des pistes. Ainsi, la poussive étape de grimpe est devenue une époustouflante étape de descente. Admirez la virtuosité de Pedro Montón : il va, il roule, il vole sur les cailloux des pistes ! Il entre en pôle position dans le lit asséché du torrent. Quel athlète !"
Est-ce crédible ?
Dans les Pyrénées, à 1100 m d'altitude, l'enneigement annuel a diminué, en 40 ans, de deux semaines. En 2050, deux autres semaines seront perdues. Pour survivre, la plupart des stations de sports d'hiver se seront reconverties dans les sports d'été ! Dans les Alpes françaises, au-dessous de 1800 m, la hauteur de la neige a diminué de moitié depuis 50 ans. Dans le futur, les stations de basse altitude ne pourront plus vivre de la neige ; en revanche, à plus de 2000 m, bonne nouvelle : les précipitations hivernales seront plus abondantes, et les domaines skiables le resteront.
Pour les fans d'alpinisme, le décor est moins rose (enfin, moins blanc). Les glaciers fondent partout dans le monde. Ceux des Alpes devraient persister jusqu'en 2100 : mais dans les Pyrénées, leur surface a déjà rétréci de 85 % depuis 1850, et d'ici 2050, ils pourraient avoir disparu... Avec les glaciers, ce ne sont pas simplement des sites d'une beauté exceptionnelle qui disparaissent, mais des réserves d'eau qui alimentent les torrents de montagne et les rivières - torrents appréciés des amateurs de sports d'eaux vives, rivières dont le débit, quand il décline, réduit l'alimentation en eau pour tous ses usages, y compris l'irrigation des cultures en plaine.

LA VALSE DES PAYSAGES
Côté forêt, sur 40 ans, vous allez voir le paysage de la France changer sans bouger de chez vous !
Les Lyonnais auront l'impression d'être dans le Midi, Les Français du Sud-Ouest, eux, auront dit adieu à leurs truffes : elles se seront fait la malle vers le nord, avec les châtaigniers.
Jusqu'en 2050, moyennant ces quelques changements, la forêt française va globalement bénéficier du changement climatique : avec, dans l'air, plus de dioxyde de carbone à absorber lors de leur photosynthèse, les arbres et les cultures pousseront plus vite.
Côté agriculture, le changement devrait aussi être bénéfique, à condition d'adopter des cultures moins gourmandes en eau.
Les rendements devraient augmenter dans le nord, grâce à la chaleur et à la richesse de l'atmosphère en dioxyde de carbone, mais diminuer dans le sud à cause de la pénurie d'eau.

GARD : LE CIEL NOUS TOMBE SUR LA TÊTE
"Nous sommes de nouveau en direct de la course et, décidément, le temps ne nous aura pas épargnés. Les pluies diluviennes qui s'abattent depuis deux jours sur l'arrière-pays montpelliérain font craindre le pire : crues soudaines des rivières, inondations"...
"Les organisateurs de la course et les municipalités surveillent de près tous les indicateurs. Le peloton se réduit comme peau de chagrin. Déjà trois abandons et des chutes à gogo... Les cyclistes ont chaussé leurs lunettes hydrophobes pour voir où ils mettent les roues ; bien entendu, les vélos sont tous équipés de pneus spéciaux "aquaplaning" - dans ces conditions, le cyclisme se rapproche d'un sport de glisse. Sven Aqvavitsen, grand spécialiste des terrains humides, prend la tête. Seuls ceux qui possèdent un mental d'acier trempé continuent"...
Pour l'instant, Météo-France n'a pas noté d'augmentation des pluies extrêmes chez nous. Mais en 2011, plusieurs études ont établi que le changement climatique avait augmenté l'intensité des pluies et les risques d'inondation dans l'hémisphère Nord, au cours des dernières décennies. Normal : quand la température augmente, l'atmosphère retient mieux l'humidité. D'un côté, l'évaporation est plus importante, ce qui augmente la sécheresse des sols. D'un autre, comme l'air contient plus d'eau, les précipitations sont plus intenses. Comme elles coulent sur un terrain très sec, elles sont moins bien absorbées, ce qui augmente les risques d'inondation.
DELTA DU RHÔNE : CONTRE-LA-MONTRE ET CONTRES LES CROCOS
"C'est sur ces images de marais scintillants que nous nous retrouvons aujourd'hui. Le départ vient d'être donné, les pieds dans l'eau, à Aigues-Ecumes, autrefois nommée Aigues-Mortes. Car n'oubliez pas, chers téléspectateurs, qu'«aigue» est tout simplement une forme ancienne du mot «eau»".
"Qui va enlever ce contre-la-montre ? On attend des records de vitesse. Ici, la motivation des coureurs trouve un aiguillon imparable : celui des moustiques locaux. Sachant qu'ils transmettent la dengue, le paludisme ou le chikungunya, personne ne lambine ! En plus, si on traîne dans ces eaux, on risque d'attraper la bilharziose, car les escargots qui la transmettent adorent ces zones marécageuses...
Mais que vois-je ? Marcel Cabas accélère brutalement en pédalant d'un seul pied. Je demande au pilote de se rapprocher, et j'apprends le fin mot de l'histoire : son pied a hélas été happé par un crocodile. Il faut dire que dernièrement, les crocos se sentent dans le Rhône comme dans le Nil autrefois, il ne leur manque que les pyramides. Mais l'essentiel, c'est que Cabas ne lâche pas le guidon. Chauffe, Marcel" !
Est-ce crédible ?
Les animaux migreront, eux aussi. Certains poissons, insectes et oiseaux ont déjà entamé leur voyage. Le sud de la France accueille déjà 40 espèces de moustiques des genres Anopheles, Culex ou Aedes. Aedes albopictus, par exemple, peut transmettre la dengue ou le chikungunya ; Culex pipiens, courant en ville, où il est arrivé grâce aux transports internationaux, peut injecter le virus du Nil occidental, qui provoque la fièvre ou des encéphalites aux complications mortelles. Mais il n'apprécie pas la Camargue, où se développera plutôt Aedes caspius, qui y vit déjà. La lutte contre ces vecteurs de maladies sera-t-elle menée plus efficacement en France qu'elle ne l'a été en Afrique ? Il faut l'espérer... Quant aux crocodiles, ils survivent tant que les températures ne descendent pas en dessous de 5°C. Le sud du Rhône en 2050 pourrait donc être tout à fait à leur goût.
SCIENCE & VIE JUNIOR HS N°94 > Juin > 2012 |
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SE PASSER DE GUERRES
Un monde sans conflits armés, sans bombes et sans missiles... Mais comment les États se feraient-ils respecter ? Petit à petit, des éléments de réponse apparaissent. Parce que notre planète n'a jamais été aussi calme !
Cela ne vous a peut-être pas frappé, mais le nombre de guerres diminue. Aujourd'hui, il y en a une vingtaine dans le monde. Ce qui n'est pas tant que ça, pour presque 7 milliards d'individus. Et elles tuent moins de monde : 55.000 morts par an, en moyenne. Alors que dans les années 1990, les habitants de la planète étaient moins nombreux, mais les guerres faisaient deux fois plus de morts. Une nouvelle encourageante, non ?
Comment s'explique cette baisse ? D'abord, par l'absence de grands conflits frontaux, faisant intervenir de très grosses armées. Pensez qu'en 1914-1918, la France, l'Allemagne et leurs alliés respectifs ont souffert 8 à 9 millions de morts! L'opinion publique des pays développés est devenue farouchement hostile à ce type d'affrontement. Aujourd'hui, la guerre prend plutôt la forme de guérillas de terrain qui opposent parfois des groupes insaisissables à des armées d'État : par exemple, les talibans confrontés aux soldats de l'Otan en Afghanistan. Du coup, de plus en plus d'États orientent leur armée vers l'action de type défensif - répondre en cas d'attaque - et de type "gendarme" - protéger les intêréts nationaux dans telle ou telle partie du monde. Les grands pays occidentaux se reconnaissent même un "droit d'ingérence" militaire sur le territoire d'autres pays dès lors que la vie de nombreux civils y est menacée. Du point de vue occidental, ce droit est considéré comme un progrès qui limite la portée des guerres.
En 2011, la France est ainsi intervenue en Côte d'Ivoire et, au côté des Britanniques, en Libye. Les conflits sont moins meurtriers et leur nombre diminue, c'est entendu. Mais la guerre peut-elle disparaître tout à fait ? Malheureusement, elle est aussi une affaire d'argent. Les États-Unis dépensent à eux seuls 530 milliards d'euros par an pour leurs armées, la France environ 45 milliards. De nombreux intervenants n'ont donc pas vraiment intêrét à voir ce juteux business s'évanouir : à commencer par les industriels de l'armement soutenus par leurs gouvernements ; les trafiquants d'armes ; et les fanatiques en tout genre. Les pays consacrent en moyenne 20 % de leur budget à leur armée. Et la recherche militaire ne peut pas s'arrêter comme ça. Car si les conflits sont moins meurtriers, c'est qu'ils sont aussi plus technologiques. Par exemple, les drones envoyés en territoire ennemi tuent moins et atteignent mieux leurs cibles ; mais pour les contrer, de nouvelles techniques se développent... d'où de nouvelles dépenses de recherche en armement ! Si l'on considère qu'une chose est mauvaise, nuisible, dangereuse, on l'interdit. On la rend illégale. C'est vrai pour le vol, la drogue... et même la fessée dans plusieurs pays d'Europe (pas encore en France). Alors pourquoi pas la guerre un jour ? On veut y croire.
SCIENCE & VIE JUNIOR HS N°94 > Juin > 2012 |
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