La Chine pourra-t-elle terminer la mise en eau du barrage des Trois-Gorges, le plus grand au monde, commencé il y a trois ans ?

Près de la moitié des 26 turbines géantes n'ont pu être mises en service. La sécheresse, qui a sévi dans le sud et le centre du pays en 2009, a fortement réduit le débit amont du Yangzi et imposé dans le même temps d'ouvrir les vannes pour irriguer en aval les provinces du Hunan et du Jiangxi.

L'objectif d'atteindre le niveau d'eau de 175 m requis pour le bon fonctiormement du barrage a dû être reporté. Avec cet ouvrage, la Chine doit économiser plus de 30 millions de tormes de charbon par an.

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Après avoir englouti 162 sites archéologiques, et entraîné le déplacement de deux millions de personnes, le barrage des Trois Gorges perturbe maintenant le fonctionnement du Yangzi Jiang, le fleuve sur lequel il est installé.

Selon le constat établi par Shilun Yang de l'Université normale de l'Est de la Chine (Shanghai), la retenue a piégé près de 150 millions de tonnes de sédiments en 2004, un an après le début du remplissage du réservoir des Trois Gorges. Soit deux tiers du volume de sédiments transportés par le fleuve !

Conséquence : l'eau qui sort du barrage est peu chargée en particules et érode sur plusieurs centaines de kilomètres le lit du fleuve en aval de la retenue. Cependant, cette érosion ne permet pas de compenser, au niveau de l'embouchure du fleuve, la perte de sédiments induite par le barrage. Le dépôt d'alluvions dans l'estuaire a ainsi diminué d'un tiers. De la sorte, combiné à de nouveaux projets de rétention d'eau, le barrage des Trois Gorges va faire reculer pendant plusieurs siècles l'embouchure du fleuve, "et ainsi avoir un impact important sur l'écosystème du delta et le développement humain", s'alarme le scientifique.