Pollution des Eaux par les Médicaments |
Les Cours d'Eau Contaminés aux Médicaments |

M.V. - LE MONDE > 20-21 Février > 2022 |
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Trop de Médicaments dans les Rivières |
Prévu par le Grenelle de l'environnement, le comité de pilotage du Plan national sur les résidus de mèdicaments dans l'eau (PNRM) vient de se mettre en place.
Au programme, développement et coordination d'actions sanitaires et environnementales pour mieux comprendre les conséquences de la présence croissante dans les eaux d'antibiotiques, d'antidépresseurs mais aussi de médicaments à usage vétérinaire. Et réduire cette pollution.
SCIENCES ET AVENIR > Janvier > 2010 |
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Des Résidus Pharmaceutiques dans les Eaux de l'Europe |
Alors qu'ils étudiaient les effets de la contamination par pesticide de l'eau d'un lac, des chimistes d'un laboratoire de recherche agricole suisse ont découvert un polluant inattendu : de l'acide clofibrique, médicament qui fait baisser le cholestérol.
On ne fabrique pas d'acide clofibrique en Suisse, donc on a exclu la cause d'un déversement industriel accidentel. Les chimistes ont vérifié d'autres masses d'eau, y compris des lacs de montagne ruraux et des cours qui traversent des villes, et ont partout trouvé de très faibles concentrations du médicament.
Les chercheurs de Berlin ont aussi trouvé de l'acide clofibrique dans les eaux locales : "On trouve dans la nappe phréatique des concentrations allant jusqu'à 4 mg par litre, ou 4 parties par milliard (ppb²)... On en a aussi trouvé dans toute l'eau du robinet qu'ils ont prélevée à Berlin - à un taux de 0,2 ppb". Une fois qu'ils eurent commencé leur examen, les chercheurs européens ont trouvé dans les masses d'eau qui alimentent la ville en eau potable des médicaments réducteurs de graisses, des analgésiques (dont l'ibuprofène et le diclofénac), des bêtabloquants, des médicaments utilisés en chimiothérapie, des antibiotiques et des hormones. On a trouvé des concentrations plus fortes dans des zones plus peuplées. Ayant
exclu le déversement industriel accidentel, les chercheurs se sont rendus compte que les médicaments étaient issus de déchets du corps humain.
La quantité de médicament qui est décomposée par le corps varie en fonction du médicament et de l'individu. 50 % à 90 % d'un médicament, sous sa forme initiale, peuvent être rejetés du corps. Parfois, les réactions chimiques avec l'environnement transforment des médicaments en partie dégradés en
médicaments de nouveau actifs. Personne ne connaît les concentrations dans les eaux des États-Unis, parce que personne ne le regarde. L'Office
de contrôle pharmaceutique et alimentaire n'exige pas que les ressources d'eau soient contrôlées pour voir si les concentrations pharmaceutiques
correspondent aux estimations des fabricants. Stuart Levy, qui dirige le Centre pour l'Adaptation de la génétique et la résistance aux médicaments à
l'Université de Tufts (Boston, Massachusetts), a dit que des antibiotiques à une concentration infime peuvent affecter l'Escherichia coli et d'autres bactéries. Pendant ce temps, les chercheurs suisses ont trouvé 0,5 microgrammes par litre de l'antibiotique fluoroquinolone dans une station de traitement des eaux usées - taux 1000 fois plus élevé que le chiffre très faible auquel Levy fait référence.
Source : extrait de "Drugged Waters" (Eaux contaminées) de Janet Raloff, publié dans Townsend Letter for Doctors &
Patients, n°192, juillet 1999.
NEXUS N°5 > Novembre-Décembre > 1999 |
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Les Médicaments Polluent notre Eau |
Une nouvelle catégorie de polluant de l'eau a été découverte ces 6 dernières années.
Des médicaments pharmaceutiques à usage humain ou animal domestique, dont des antibiotiques, des hormones, des antalgiques puissants, des tranquillisants, et des produits utilisés en chimiothérapie du cancer, se retrouvent en doses quantifiables dans les eaux de surface, les eaux souterraines et l'eau du robinet. De grandes quantités de ces médicaments sont excrétées par l'humain et les animaux domestiques, et rejetées dans l'environnement par les chasses d'eau et par l'épandage des boues de vidange sur ou dans le sol.
Des savants allemands rapportent que, partout, dans n'importe quel échantillon d'eau tout à fait classique, on peut retrouver de 30 à 40 sortes de médicaments - à supposer que quelqu'un prenne le temps de faire les analyses adécuates. Les concencrations de certains médicaments dans l'eau sont comparables aux doses inférieures de parties par milliard auxquelles on trouve généralement les pesticides. Cela peut en rassurer certains mais d'autres se demandent quel effet cela produit, à long terme, de boire jour après jour un cocktail dilué de pesticides, d'antibiotique, d'antalgiques, de tranquillisants et d'agents chimiothérapeutiques. Évidemment, personne ne connaît la réponse à une telle question puisque trouver les nombreuses interactions chimiques pouvant se trouver dans une soupe chimique aussi complexe est au-delà des capacités de la science.
La première étude qui a détecté des médicaments dans les vidanges eut lieu à la station d'épuration de Big Blue River, Kansas City, USA en 1976. Le problème fut comme il se doit, rapporté dans la littérature scientifique (life Science. 20(2):337-34 1. 15 janvier 1997), et on n'en a plus parlé pendant 15 ans. En 1992, des chercheurs en Allemagne recherchaient des herbicides dans l'eau lorsqu'ils ont remarqué un composant chimique qu'ils ne pouvaient identifier. Il s'est avéré qu'il s'agissait de l'acide clofibrique (CA), médicament largement utilisé par un grand nombre de personnes afin de diminuer le taux de cholestérol dans le sang. L'acide clofibrique est un cousin chimique proche du fameux herbicide 2.4-D. Depuis 1992, en Allemagne, au Danemark et en Suède des chercheurs ont mesuré les taux d'acide clofibrique et d'autres médicaments dans les rivières, les lacs et la mer du Nord. Surprise pour tout le monde : la mer du Nord toute entière contient des quantités mesurables d'acide clofibrique. En se basant sur le volume de la mer, qui est de 12,7 quatrillions de gallons, et sur la concentration moyenne d'acide clofibrique, qui est de 1 à 2 parties par trillion (ppt), les chercheurs estiment que la mer du Nord contient de 48 à 96 tonnes d'acide clofibrique (Environmental Science and Technology 32(1): 188-192. 1998). Le Danube (Allemagne) et le Pô (Italie) contiennent également des quantilés mesurables d'acide clofibrique.
Plus inquiétant dans l'immédiat pour le genre humain : on a trouvé, dans l'eau du robinet de différents endroits de Berlin, des concentration variant de 10 à 165 ppt. L'approvisionnement d'eau d"autres grandes villes n'a pas encore été testé. Les médicaments sont conçus pour avoir des caractéristiques particulières. Par exemple, 30 % des médicaments fabriqués entre 1992 et 1995 étaient liposolubles. Cela signifie que le médicament est soluble dans un corps gras mais pas dans l'eau ; cela permet le passage au travers de la membrane cellulaire, puis la libération de l'effet à l'intérieur de la cellule. Malheureusement, cela signifie aussi qu'une fois excrétés dans l'environnement, ils entrent dans la chaine alimentaire et se concentrent de plus en plus au fil des prédateurs. Beaucoup de médicaments sont également conçus pour être résistants, leur structure chimique est ainsi maintenue suffisamment longtemps pour qu'ils puissent exercer leur action thérapeutique. Malheureusement, une fois excrétés ces médicament ont tendance à persister également dans l'environnement.
Un terrain vague utilisé par la station aéronavale de Jackson, en Floride, a contaminé la nappe souterraine avec une traînée de produits chimiques qui s'est tranquillement déplacée sous terre pendant plus de 20 ans. On peut encore retrouver, en doses quantifiables, du penthiobarbital (barbiturique), du méprobamate (tranquillisant vendu sous le nom d'Equanil) et du phensuximide (anticonvulsif).
Quand une personne ou un animal absorbe un médicament de 50 à 90 % en sont excrétés inchangés, le rester est excrété sous forme de métabolites, qui sont des produits chimiques dérivés de l'interaction du corps et des médicaments - et les chercheurs font remarquer que certains des métabolites sont davantage liposolubles ou résistants que le médicament dont ils sont dérivés.
Autre conséquence problématique des médicaments dans l'environnement : les bactéries qui développent une résistance aux antibiotiques. Cela fait plus de dix ans que l'on connaît le problème. Les antibiotiques sont utiles aux humains uniquement tant que les bactéries ne résistent pas à leurs effets. Or les bactéries exposées aux antibiotiques dans les boues de vidange ou dans l'eau ont une occasion de développer une résistance.
Source : par Peter Montague, Rachel's Environment and Health Weekly, n°614, 3 septembre 1998.
NEXUS N°1 > Mars-Avril > 1999 |
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