Le Désert Nigérien livre les Vestiges d'une Faune inédite |

Après des reptiles, des amphibiens ! Des fossiles découverts au Niger renversent la thèse d'une faune et d'un climat unique régnant sur le seul continent existant il y a 250 millions d'années.
Les restes de deux amphibiens archaïques ont été exhumés de la formation de grès rouge de Moradi, dans le Sahara nigérien, lors d'une expédition paléontologique sur des sédiments du Permien supérieur (-250 millions d'années).
À cette époque, toutes les terres émergées formaient un "supercontinent", la Pangée, ceint d'un vaste océan, le Panthallasa. Les tétrapodes, adaptés à la marche, étaient sortis des eaux depuis 100 millions d'années déjà.
Or, jusqu'ici, on pensait que le climat et la faune de ce supercontinent étaient plutôt homogènes. Mais les deux fossiles découverts sont des crânes d'amphibiens et leur analysemorphologique montre qu'il s'agit de deux nouveaux genres d'amphibiens carnivores, sortes de salamandres géantes baptisées par les chercheurs Nigerpeton ricqlesi -> et Saharastega moradiensis. Le crâne du Nigerpeton mesure 65 cm, soit la taille de celui d'un crocodile actuel, dont il partageait sans
doute le mode de vie.
"Avec ses yeux au-dessus du crâne, ses narines sur-élevées, on l'imagine guettant ses proies, immobile sous la surface de l'eau ou enfoui dans la vase", raconte le paléontologue du CNRS, Jean-Sébastien Steyer, qui a participé à l'étude.
<- Saharastega moradiensis, au museau plus arrondi, devait lui, être moins amateur d'eau.
Ce n'est pas la première fois que la thèse d'une faune tétrapode unique évoluant à la surface de la Pangée est remise en question. Il y a quelques années déjà, le Sahara nigérien avait livré les squelettes de deux espèces inédites de reptiles herbivores, un paréiasaure et un captorhinomorphe.
UNE VASTE PLAINE ARIDE
Mais comment petit-on expliquer la présence d'une "autre" faune ? Selon les chercheurs, elle se serait retrouvée isolée à la suite d'un changement climatique. Une nouvelle image des conditions de vie de l'époque en Afrique de l'Ouest se dégage alors. "Ce devait être une vaste plaine aride de 100 km², traversée par des cours d'eau en voie d'assèchement", poursuit Jean-Sébastien Steyer. Or les paléontologues croyaient jusqu'à présent les écosystèmes du Permien uniformes sur toute la Pangée, avec
un climat tempéré à tropical selon les latitudes.
Ces récentes découvertes prouvent qu'il n'en est rien.
Et ouvrent la voie à l'étude de l'influence des changements climatiques sur l'évolution des vertébrés terrestres avant l'apparition des dinosaures.
<- C'est au Niger qu'ont été découverts les restes de 2 amphibiens carnivores...
des fossiles de leurs dents, caractéristiques d'une faune jusqu'ici inconnue. ->
B.B. - SCIENCE & VIE > Juin > 2005 |
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