P L A N È T E  G A Ï A 
 
   
   
Index MICROBIOLOGIE -> BACTÉRIOLOGIE -> GÉNÉTIQUE
   
 
Le Secret de la Bactérie Increvable

Comment fait la bactérie Deinococcus radiodurans pour résister à une dose de radiations qui tuerait net n'importe quel être vivant ?

Grâce au NO, nous explique une équipe de chercheurs de l'université Cornell (États-Unis). Aussi appelé monoxyde d'azote, ce gaz intervient dans des processus biochimiques. Chez l'homme, il permet le passage d'informations entre les neurones et est nécessaire à l'érection.

SCIENCES ET AVENIR > Janvier > 2010

Immortalité : Une bacterie livre son Secret

Elle est si résistante qu'elle a été surnommée Conan la bactérie : Deinococcus radiodurans est tout simplement capable de... ressusciter. Par quel miracle ? Un chercheur vient de l'élucider : il tient à un mécanisme inédit de réparation du génome.

Soumettez-la à 5000 fois la dose de radioactivité qui tuerait un homme ; infligez-lui des ultraviolets à raison d'une centaine de fois la dose mortelle pour la plupart des organismes ; placez-la en plein soleil dans le désert pendant des mois ; et puis, basculez-la dans les glaces sibériennes à -45°C, et même arrosez-la de peroxyde d'hydrogène, un puissant antibactérien... Rien n'y fera ! Une fois qu'elle aura retrouvé un milieu favorable, la bactérie Deinococcus radiodurans se portera comme un charme.
Pourquoi ? Comment ? Voilà un demi-siècle que les biologistes cherchent à percer le secret de cette incroyable résistance.
Or, une équipe franco-croate menée par Miroslav Radman, spécialiste en génétique moléculaire (Paris-5-Inserm, Institut méditerranéen des sciences de la vie, à Split), vient d'en démonter le mécanisme en mettant au jour un système de réparation de l'ADN aussi inédit qu'efficace. "C'est un cas unique, s'enthousiasme le chercheur. Car on a ici une cellule vivante en état de mort clinique et qui cependant revit après avoir reconstitué son génome."
Une résurrection qui, au bout du compte, lui confère une forme d'immortalité.
Condamnée, à cause de sa lenteur de reproduction, à coloniser des milieux peu fréquentés, Deinoccocus radiodurans, bactérie peu nocive pour l'homme, s'est adaptée aux conditions extrêmes. On la retrouve ainsi un peu partout dans les sols de la planète, du granite des vallées de l'Antarctique aux sols arides du désert tunisien. Le plus curieux, c'est que, contrairemient à d'autres bactéries résistantes, D. radiodurans ne se protège pas. Dénuée de coque ou de capsule, elle subit les attaques extérieures de plein fouet, avec, comme pour n'importe quelle cellule, les mêmes conséquences : des brisures du génome. Et pourtant, l'expérience a été menée des centaines de fois dans une dizaine de laboratoires au monde : il lui suffit de trois heures en milieu riche en nutriments pour reconstituer les quatre molécules d'ADN circulaire qui composent son génome.
Pour tenter de percer son secret, son génome a été séquencé par plusieurs équipes dès 1999, sans grand succès. Certes, son génome contient des gènes connus pour réparer l'ADN chez les autres bactéries, mais en moindre quantité que ceux de la commune E. coli, alors que celle-ci est très sensible aux radiations.
En faisant tout d'abord ce constat : comme beaucoup de bactéries, D. radiodurans produit plusieurs copies identiques de son génome au cours de son cycle de division. Or, les coupures de l'ADN causées par les agressions ont statistiquement très peu de chances de tomber au même endroit sur deux copies distinctes du génome. Pour une cassure sur une copie, il se trouvera donc quelque part dans la cellule un morceau d'ADN issu d'une autre copie qui est intact à cet endroit.

UNE ENZYME BIENFAITRICE

Et justement, à l'instar d'autres bactéries, D. radiodurans possède une enzyme capable de retrouver, parmi les fragments issus d'autres copies du génome, une séquence complémentaire qui chevauche la coupure. Connue sous le nom de recombinase A, cette enzyme ouvre localement le double-brin pour permettre à l'extrémité simple brin de la cassure de s'apparier avec un des brins ainsi mis à nu. Une autre enzyme intervient alors pour rallonger le simple brin au delà de son extrémité. Une fois détachés de cette matrice, les simples brins peuvent se ré-apparier. La coupure est réparée. En répétant cette opération autant de fois qu'il y a de coupures, D. radiodurans pourrait alors reconstituer son génome entier en quelques heures.

UNE RÉSISTANCE À EXPLOITER

Les capacités hors du commun de D. radiodurans à réparer son ADN peuvent-elles être mises à profit ? Miroslav Radman pense qu'elles pourraient être utilisées dans les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson. Autre piste : envoyer D. radiodurans, génétiquement modifiée, fabriquer une atmosphère respirable sur Mars, bombardée par les ultraviolets. De fait, capable de résister aux conditions martiennes, elle pourrait alors se nourrir de C02 et recracher de l'oxygène. Plus concrètement, il est question d'utiliser ces bactéries pour décontaminer des sols pollués dans des environnements radioactifs, comme les anciens sites de stockage d'armes nucléaires. Michael Daly, de l'université des sciences de la santé à Bethesda, (États-unis), vient de publier un article où il explique comment il a modifié le génome de D. radiodurans afin qu'elle assimile en partie du toluène et d'autres déchets organiques, notamment des métaux comme le mercure.

Anne Debroise - SCIENCE & VIE > Janvier > 2007
 

   
 C.S. - Maréva Inc. © 2000 
 charlyjo@laposte.net