Ils s'apellent staphylocoques, pseudomonas, mycobactéries. Comme Legionella, ces dangereux colonisateurs qui aiment l'eau trouvent dans nos installations sanitaires les conditions idéales pour proliférer.

"Les eaux de surface qui deviennent eau du robinet subissent un double traitement. D'abord, elles sont clarifiées, ensuite, elles sont désinfectées par l'ozone et par le chlore. L'eau qui parvient à nos compteurs est exempte d'organismes pathogènes", assure Malika Ben Kiran, microbiologiste à l'office français d'ingénierie sanitaire. Mais du compteur aux robinets l'eau doit encore parcourir des canalisations. Des minéraux y sont naturellement présents (zinc, fer, magnésium ou calcium) sont ainsi une nourriture de choix pour les bactéries.
D'autres part une température supérieure à 23°C, l'oxygène dissous, les matériaux de canalisation, la corrosion... ou encore la stagnation contribuent au développement de populations bactériennes. Les hopitaux sont les premières victimes de ce phénomène, qui se traduit chaque année par 100.000 cas de maladies nosocomiales, dont 10 % sont mortels. La dernière enquète sur la contamination bactériologiques des eaux en milieu hospitalier réalisée en 1994 et 1995 a donné comme résultats : 37 espèces bactériennes, dont 9 mycobactéries, présentes dans 80 % des échantillons.

UNE GRANDE RÉSISTANCE

Les mycobactéries atypiques sont assez redoutables : leur paroi renferme des lipides polymérisés qui les rendent particulièrement résistantes aux désinfectants et aux antiseptiques. La contamination se fait par "nuages" de particules en suspension, ou aérosols (comme les légionelles), ou par le biais d'instruments chirurgicaux mal stérilisés. Mycobacterium xenopi (->) a ainsi provoqué une tuberculose osseuse chez une cinquantaine de patients opérés du dos, entre 1988 et 1993, à la Clinique du Sport, à Paris.

L'enquète a également mis en évidence la présence de 10 staphylocoques dans 47 % des échantillons. Une infection par ce germe, dont 95 % des souches résistent à la pénicilline, peut se généraliser lors du passage de la bactérie dans le sang, ce qui entraine une septicémie fatale.

Enfin, 13 pseudomonas ont ét retrouvés dans 26 % des échantillons. Omniprésent, Pseudomonas aeruginosa (<-) parasite les siphons d'évier, les robinetteries, les piscines...

Quant à la redoutable Legionella pneumophila, elle était "présente à des concentrations de 1000 à 10.000 bactéries par litre dans la quasi-totalité des prélèvements".

Tipique du milieu hospitalier, Pseudomonas aeruginosa survit même dans l'eau distillée.	Staphylococcus aureus colonise l'eau, le sol, l'air, les poussières... et l'homme, dont il apprécie la peau et les voies nasales.
Mycobacterium kansasii résiste aux désinfectants et antiseptiques. C'est entre 30 et 45°C qu'il se développe le mieux.	Legionella pneumophila est la plus virulente des légionelles. Elle est à l'origine de 95 % des cas de légionellose connus.