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Quand les Prix s'Envolent : Crise Alimentaire

L'ONU Alerte sur la Gravité Record de la Crise Alimentaires Mondiale

M.G. - LE MONDE > 4 Mai > 2023

La Flambée des Prix Alimentaires Dopent l'Inflation en France

B.M. - LE MONDE > 17 Mars > 2023

Matières Premières : la Flambée Menace la Reprise

A.-S.L. - PARIS MATCH > 1er Juillet > 2021

Pourquoi Craint-on une Nouvelle Crise Alimentaire ?

Production céréalière en recul, flambée des prix, diminution des stocks, développement des biocarburants : tous les éléments d'une crise majeure semblent en place... Explications.

REPÈRES : La surface cultivée globale dans le monde est passée de 0,45 ha par personne dans les années 1960 à 0,22 ha en 2008. Les céréales représentent 50% de la consommation calorique humaine. La sous-alimentation chronique touche 14,9 % de la population, contre 23,2 % en 1990. Cependant, les progrés ont été considérablement ralentis depuis 2007.

Les émeutes de la faim sont-elles appelées à devenir récurrentes ? En 2008, la flambée des prix des denrées alimentaires avait provoqué des troubles graves en Afrique (Sénégal, Côte d'Ivoire, Cameroun... voir plus bas), en Haïti, en Indonésie et aux Philippines. Or, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), une nouvelle crise grave pourrait avoir lieu en 2013, lorsque les produits des campagnes agricoles mondiales 2012-2013 arriveront dans l'assiette des consommateurs. En repli, la production céréalière a en effet pâti l'été dernier d'une sécheresse catastrophique aux Etats-Unis, mais aussi d'un déficit hydrique en Europe de l'Est et en Asie centrale. Dès juillet, les prix du maïs et du blé ont atteint des niveaux record sur le marché mondial (+25 % par rapport au mois de juin), l'ensemble des prix alimentaires enregistrant globalement une forte progression.
Cet affolement du cours des denrées est intervenu dans un contexte de forte tension sur les marchés, due à des facteurs structurels. Avec la croissance démographique et la transition vers une alimentation plus riche en protéines animales des pays en voie de développement, la consommation augmente plus vite que la production. L'accaparement des terres pour développar les biocarburants concourt aussi à la contraction des stocks mondiaux. Sur des marchés fragilisés par la crise, l'état des récoltes et le niveau des stocks se répercutent vite sur les prix... Même si la faiblesse des récoltes européennes ou américaines a été en partie compensée par des récoltes records de blé en Chine et en Inde, ainsi que par une production de riz mondiale en hausse pour la troisième année consécutive, les cours des denrées restaient à l'automne 2012 élevés et fluctuants. D'où l'inquiétude de la FAO, qui recense 35 pays incapables de faire face à leurs besoins alimentaires, principalement en Afrique.
Dans ce contexte, les filets de sécurité mis en place depuis 2008 pour amortir les effets des hausses de prix - amélioration de la coordination entre Etats, augmentation des aides d'urgence de la Banque mondiale, transparence accrue des marchés alimentaires... — risquent de s'avérer insuffisants. Et les perspectives à plus long terme ne sont guère plus brillantes, d'autant que le risque d'évènements météorologiques extrêmes grandit et que la crise financière compromet la solidarité. Pour les experts, c'est, fondamentalement, un changement de modèle agricole qui s'impose.

M.M. - SCIENCE & VIE > Février > 2013

Les Prix s'Envolent, la Rue s'Enflamme

On ne produit plus assez de blé, de maïs, de lait pour nourrir la planète. Dans les pays riches, la hausse des prix alimentaires entame le budget des plus modestes. Ailleurs, au Mexique, en lndonésie, en Afrique, la pénurie menace. Et la colère s'empare des peuples.

NÉPAL : L'AUGMENTATION DE TROP
Au Népal (photo ->)
, c'est une nouvelle hausse des prix du carburant qui a mis le feu au poudre fin janvier et provoqué deux jours d'émeutes. Dans le pays, la nourriture, l'essence ou encore le gaz ont bondi de 25 % en quelques mois. Dur à avaler quand une majorité des habitants survit avec moins de 3 $ (2 €) par jour.

Les ventres grondent et la rue fait de même. Au Burkina Faso, fin février, une foule en colère brûle des bâtiments gouvernementaux, des boutiques, des stations-service. Ici, les prix du tissu, de l'essence et surtout de la nourriture ont bondi de 10 à 65% sur un an. À Djakarta (Indonésie), ils étaient des dizaines de milliers en janvier à protester contre la flambée du prix du soja, à la base de l'alimentation locale. Au Pakistan, c'est la farine de blé qui manque dans les magasins. Au Venezuela, l'état a dû rationner des produits de consommation courante, de la nourriture jusqu'au papier-toilette, pour limiter la pénurie. Au Cameroun, un mouvement de grogne des chauffeurs de taxi contre la hausse du prix de l'essence a dégénéré en une manifestation générale contre la vie trop chère. D'autres émeutes explosent encore au Maroc, au Pakistan, au Sénégal, au Népal, en Albanie... Pourquoi ? Parce que les prix flambent. Ceux de l'essence d'abord mais aussi du pain, du riz, du soja et de toutes les matières premières agricoles. Face à cela, les populations des pays pauvres manifestent avec colère et violence leur inquiétude.
En un an - de février 2007 à février 2008 -, le maïs a grimpé de 28 %, le soja de 79 % et le blé de 122 % ! Trente ans que les stocks de matières premières n'ont pas atteint un niveau aussi bas. Du coup, sous les néons blanchâtres de nos supermarchés, les étiquettes dansent la valse ! Le paquet de pâtes ou de gâteaux, les pots de yaourts, la plaquette de beurre ont vu leur prix s'envoler de 5 % à 48 % entre novembre 2007 et janvier 2008. Mais si elle est inquiétante en France, cette inflation galopante prend un tour dramatique dans les pays pauvres.
Dans les pays les plus dépendants, la facture en céréales s'est alourdie de 35% en 2007, et ce pour la deuxième année consécutive. Avec un risque : ne plus parvenir à nourrir ses habitants. Et le salut ne viendra pas de la communauté internationale. Le Programme d'aide alimentaire des Nations unies, qui nourrit 73 millions de personnes à travers le monde, ne parvient plus, non plus, à joindre les deux bouts. Sa directrice, Josette Sheeran a annoncé qu'elle devrait rogner les aides si elle ne trouvait pas rapidement 500 millions de dollars pour compenser la hausse des prix. "Des populations qui n'étaient pas dans des situations d'urgence entrent dorénavant dans cette catégorie", s'est-elle alarmée.

À qui la faute ? À l'accroissement de la population mondiale, prévisible, mais d'abord à l'élévation du niveau de vie qui influe sur les habitudes alimentaires. En Chine et en Inde, l'industrialisation croissante a permis l'émergence d'une classe moyenne qui a pris goût à la viande. Mais avec quoi nourrit-on le bétail ? Il faut entre 3 et 10 kg de céréales pour produire 1 kg de viande.
Le climat, rendu capricieux par le réchauffement climatique, entame aussi les récoltes. En Australie, la sècheresse a frappé deux étés consécutifs, faisant chuter la production de blé, de fourrage pour les bêtes et par ricochet, de lait. En Europe de l'Est, la dernière canicule a grillé les récoltes tandis qu'à l'Ouest, trop de pluies ont nui aux rendements.
Présentés il y a dix ans comme le remède miracle à une prochaine pénurie de pétrole, les biocarburants sont désormais montrés du doigt. On leur reproche d'empiéter sur les cultures destinées à l'alimentation. Aux États-Unis, deux épis de maïs sur cinq finissent dans le réservoir d'une voiture plutôt que dans une assiette. Pour que toute l'Europe roule à 10 % au biocarburant, il faudrait y consacre 73 % de sa surface agricole ! Faudrat-il un jour choisir entre rouler et manger ? Contribuent encore à la crise le jeu dangereux des spéculateurs qui parient sur la hausse des cours, le manque de terres agricoles sauf à relancer la déforestation et ainsi aggraver le réchauffement de la planète... Aujourd'hui, les dirigeants se creusent les méninges pour enrayer cette inflation. Il en va de la paix sociale. En France, le débat autour du pouvoir d'achat s'est invité dans la campagne des municipales. Malgré les promesses gouvernementales, il a pesé sur les résultats de la majorité et pourrait plomber pour longtemps la popularité du Président Sarkozy. Ailleurs, c'est le chacun pour soi. L'Afrique du Sud a gonflé les allocations versées aux pauvres, le Maroc a réduit les taxes à l'importation, l'Inde les a supprimées. Adoptant une tactique différente, la Chine, la Russie, le Kazakhstan ont augmenté les taxes à l'exportation pour éviter que leurs céréales ne quittent le territoire. Un choix pervers qui contribue à raréfier l'offre et faire encore monter les cours mondiaux. Ces décisions bricolées à la va-vite, sans concertation internationale, suffiront-elles à surmonter cette crise ? S'agit-il d'ailleurs d'une crise durable ou, comme l'espèrent certains, d'un problème cyclique et donc provisoire ? D'ici à 2030, selon les experts, il faudra augmenter la production alimentaire mondiale de 50 % pour répondre aux besoins croissants de la population. En attendant que les chefs d'état prennent la mesure de ce colossal problème, dans certaines maisons du Burkina, d'Albanie, du Pakistan, on s'inquiète : y aura-t-il assez d'argent demain pour acheter du pain ?

L'EUROPE RESPONSABLE ?

Des tonnes de céréales qui s'amoncellent, des prix au plus bas... Il y a vingt ans, l'Europe fait face à une crise de surproduction agricole. La politique agricole commune (la fameuse Pac) cherche alors à remettre de l'ordre. En 1984, instauration de quotas, notamment laitiers. En 1988, gel de 10 % des terres (jachère)... De producteur de nourriture, l'agriculteur est prié de se muer en artisan du paysage, responsable de l'entretien de nos campagnes. Une autre époque. Et aujourd'hui ? Premier exportateur et premier importateur au monde de matières premieres agricole, l'Union européenne a-t-elle pris la mesure de la crise alimentaire ? Pas sûr, estime Thierry Pouch, responsable des études économiques à l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture. "Depuis 1992, la Commission réforme la Pac dans le sens d'une baisse de soutiens financiers aux agriculteurs, dénonce-t-il. Cela les a incités à réduire les volumes produits". "Le budget alloué aux agriculteurs n'a pas changé", rétorque Michael Mann, porte-parole de la commissaire européenne à l'agriculture, qui se refuse à parler de pénurie. "Les niveaux sont historiquement bas depuis vingt ans, c'est un rééquilibrages". L'Europe commence tout de même à réagir. La jachère a été supprimée pour l'année 2007-2008. Idem pour les droits de douane sur les céréales juaqu'à fin juin. Les quotas de production de lait ont été rehaussés de 2 %. En mai, l'Europe dressera le bilan de santé de la Pac. Devrait alors se jouer la suppression définitive de la jachère et des quotas.

B.J. - CHOC N°106 > Avril > 2008
 

   
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