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Pollution Lumineuse

Pollution Lumineuse : elle Empêche l'Air de se Purifier

L'éclairage artificiel des villes détruit les molécules qui purifient l'air, présentes la nuit dans l'atmosphère. Pis, il les transforme : elles deviendront, de jour, des agents polluants !
Observé depuis l'espace, l'éclairage nocturne dessine une carte de la pollution lumineuse... dont il vient d'être démontré, à Los Angeles, qu'elle contribue à la pollution atmosphérique (->).

Pour lutter contre la pollution atmosphérique le jour, réduisons l'éclairage des villes la nuit. Ce pourrait être la leçon à tirer des travaux menés à Los Angeles par Harald Stark. Ce chimiste de la National Oceanic and Atmospheric Administration a découvert que la lumière des lampadaires détruisait des composés chimiques nécessaires au nettoyage naturel de l'atmosphère.

UN IMPACT SUR LE TAUX D'OZONE

Les victimes de notre phobie du noir ? Les radicaux nitrates. Ces oxydes d'azote neutralisent les composés organiques volatils (COV), vaste famille de polluants en grande partie issus de l'activité humaine. Par leur action épuratrice, les radicaux nitrates sont l'équivalent nocturne des radicaux hydroxyles, ces "détergents de l'atmosphère". "Les radicaux hydroxyles ne sont présents que le jour ; la nuit pe sont les radicaux nitrates qui prennent le relais, explique Harald Stark. On savait que ces radicaux étaient détruits par la lumière du soleil, mais pas que la lumière artificielle avait aussi un effet sur eux".
Pour le mesurer, Harald Stark a sillonné le ciel de Los Angeles en avion et estimé précisément l'intensité de l'éclairage nocturne. Résultat ? "Les lumières au-dessus de Los Angeles sont certes 10.000 fois plus faibles que la lumière du soleil, mais 25 fois plus fortes que celle de la pleine lune, détaille le chercheur. D'après nos calculs, elles détruisent jusqu'à 5 % des radicaux nitrates". Réduisant d'autant les performances de ce purificateur d'air. Surtout qu'elles le transforment en plus en dioxyde d'azote, un gaz précurseur de l'ozone, célèbre polluant urbain. "L'éclairage nocturne provoque une production un peu plus importante d'ozone", poursuit le chercheur. La quantification n'est pas aisée, mais cette contribution serait de l'ordre de 7 % (->). Un impact suffisant pour expliquer certains dépassements du seuil fixé de pollution à l'ozone. Une des solutions déjà prônées consiste à privilégier les lampadaires qui n'éclairent que vers le sol. Autre piste, mais plus difficile à appliquer : passer à un éclairage public... rouge. C'est la seule lumière qui ne possède pas assez d'énergie pour détruire les radicaux nitrates. On savait déjà que la pollution lumineuse gênait l'observation du ciel, perturbait flore et faune et représentait un gaspillage énergétique. Voilà qu'elle affecte aussi la capacité de l'air à s'auto-nettoyer. Un effet indésirable de plus...

ELLE FAVORISE EGALEMENT LE PALUDISME

La propagation du paludisme, de la leishmaniose et de la maladie de Chagas serait favorisée par l'électrification des campagnes dans les pays tropicaux. Selon Alessandro Barghini, de l'université de Sao Paulo (Brésil), les insectes vecteurs de ces maladies sont attirés par la lumière artificielle quand, dans le même temps, l'éclairage nocturne modifie les habitudes : les populations passent plus de temps dehors, notamment en début de soirée, lorsque ces insectes sont très actifs, ce qui multiplie les risques de contagion.

B.B. - SCIENCE & VIE > Mars > 2011

Pollution Lumineuse : la Perte de Vision sur l'Univers

La pollution lumineuse du ciel nocturne n'est plus, depuis longtemps, un vain mot. Déjà en 1970, le signal d'alarme était tiré. Aujourd'hui, il devient difficile de faire de l'astronomie à grand champ.

Cela devient catastrophique pour l'observatoire du CERGA (Centre d'Etudes et de Recherches géodynamiques et astronomiques) sur le plateau de Calern, au-dessus de Cannes. Il souffre de la pollution lumineuse de la Côte d'Azur. Il en est de même de l'Observatoire de Haute Provence. Il y a longtemps que celui de Paris ne peut plus faire d'observations. Il n'existe en France aucun moyen légal pour protéger les installations scientifiques. Or les techniques progressent à pas de géant. La découverte de la première exoplanète, à l'Observatoire de Haute Provence, le prouve. Or, plus la sensibilité des instruments s'améliorent, plus ils sont sensibles à la pollution lumineuse.

A 3 h du matin, les villes, vues en altitude, ressemblent à d'énormes taches brillantes. Les images satellitaires montrent les USA, l'Europe de l'ouest, l'Inde, la Chine et le Japon entièrement allumés (->).
Voici une vue nocturne et globale de la Terre créée à partir des données du Défense Meteorological Satellite Program (DMSP) et du Operational Linescan System (ODS). À l'origine conçu pour regarder des nuages par clair de Lune, l'OLS est également utilisé pour indiquer les endroits de lumières permanentes à la surface de la Terre. Les autoroutes inter-état, aux USA, apparaissent comme un treillis reliant les points les plus lumineux des centre-villes. En Russie, le chemin de fer du Transsibérien est une mince ligne qui s'étire de Moscou à Vladivostok, à travers l'Asie centrale. La vallée du Nil, du barrage d'Assouan vers la méditerranée, est une autre ligne très lumineuse à travers une région très sombre.

Au début de l'année 2001, on s'est enfoncé encore plus dans l'absurdité, en maintenant l'illumination du ciel de Paris avec un puissant projecteur qui balaie le ciel depuis le sommet de la Tour Eiffel et dont le faisceau s'étale sur des dizaines de kilomètres (visible de la forêt de Fontainebleau, distante de 50 km et même de 400 km pour les pilotes d'avion). Or, ce phare ne sert à rien et n'est regardé par personne. Il n'est que l'émanation de quelques "cultureux" parisiens. Il en est de même avec les constellations de satellites pour la téléphonie mobile. Ces satellites polluent les ondes et leurs immenses panneaux solaires, en réfléchissant le Soleil, provoquent des flashes 1000 fois plus intenses que Sirius. Lorsque des temps pose sont requis pour des observations, ils polluent le travail des astronomes.
Une autre aberration : l'éclairage de monuments, notamment la statue au sommet du Mt St Michel. Pour donner une brillance équivalent à 240 watts, on utilise des projecteurs qui fournissent 24.000 watts. Seulement 1 % de l'énergie sert à éclairer. Est-ce bien raisonnable ? Il en est de même dans le parc des Ecrins, avec la Meige. Et que dire des tirs laser, des boîtes de nuit, qui se multiplient ? Pourtant, la loi du 2 février 1995, complétant celle de décembre 1979, stipule que les dispositifs de faisceaux de rayonnement laser sont soumis à l'autorisation du préfet ! Le summum de la bêtise humaine a failli être atteint avec l'éclairage du pic du Midi (2870 m), afin qu'il soit visible de la méditerranée ! On rêve. Le projet aurait été abandonné. Si le monde de l'astronomie ne s'était pas révolté, que serait-il advenu de ce projet insensé...

Il est aussi à noter que cette pollution lumineuse s'ajoute à la pollution atmosphérique, par suite des rejets de la population du globe, qui obscurcit davantage le ciel de jour en jour. Les composants les plus néfastes en la matière sont le dioxyde de soufre (SO 2) qui présente des bandes d'absorption dans l'ultraviolet proche et la vapeur d'eau, dans l'infrarouge proche et lointain. Des études approximatives américaines montrent qu'une ville de 100.000 habitants produirait une augmentation de brillance de 10 %, sur un ciel nocturne, à une hauteur de 45°, si elle était située à 40 km. Mais une petite ville de 3000 habitants produirait le même effet à 10 km. Si les astronomes professionnels sont concernés, il ne faut pas oublier les amateurs, bien qu'ils ne représentent qu'une force de 10 à 15.000 personnes. Ils sont obligés de faire 50 à 100 km pour obtenir des conditions d'observations acceptables, mais non idéales.

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