Grâce au GPS, il est en effet possible de mesuner les mouvements de chaque plaque continentale au millimètre près. La plaque pacifique, par exemple, est 10 fois plus rapide (10 cm/an) que la plaque atlantique (1 cm/an). En appliquant ces vitesses dans des modèles numériques reproduisant le comportement de chaque plaque, il est possible de faire vieillir artificiellement la planète, et d'observer à quoi elle ressemblera dans le futur.
Ses rives séparent toujours l'Ancien et le Nonveau Monde. Ses limites, révélées par les explorateurs de la Renaissance, affichent toujours une belle démesure. Avec ses 106 millions de km², l'Atlantique se place toujours sur la deuxième marche du podium des océans de la planète, derrière le Pacifique, devant l'océan Indien. Il semble même promis à de beaux jours. En son milieu, une fracture de la croûte terrestre - appelée dorsale océanique - laisse remonter des profondeurs, depuis 180 millions d'années, suffisamment de matière (du magma issu du manteau terrestre) pour, en faisant croitre son plancher rocheux, étendre l'écart entre ses côtes Est et Ouest de 2 centimètres par an. Et pourtant... JARGON : La croûte terrestre est constituée de 15 plaques tectoniques principales et d'une quarantaine de plaques secondaires, qui se déplacent grâce aux courants de convections du manteau. On parle de subduction lorsqu'une plaque océanique plonge sous une autre plaque, la plupart du temps continentale. UNE VÉRITABLE CORDILLÈRE Et pourtant... cette paisible croissance masque en réalité une disparition annoncée. Car dans les profondeurs des eaux du golfe de Cadix, à 2000 km à l'est de la dorsale, une équipe internationale menée par la faculté de Géosciences de Monash (Australie) vient de détecter les prémices d'un fantastique mouvement : la plongée de la croûte terrestre portant l'Atlantique sous la façade Ouest de l'Europe et de l'Afrique. "La bordure ibérique occidentale devient active", rapporte Joao Duarte, docteur en géosciences à Monash et premier auteur de l'étude. Les fonds rocheux supportant les millions de kilomètres cubes d'eau de l'Atlantique vont se dérober, plus rapidement qu'ils ne sont créés au droit de la dorsale, pour plonger dans les profondeurs du manteau terrestre. Ce qui conduira, d'aprés les modèles des chercheurs, à la disparition de l'océan. Au fur et à mesure de cet engloutissement, les eaux atlantiques n'auront en effet d'autre choix que de se déverser dans les autres océans de la planète, jusqu'à ce que les 2 rives se rejoignent, et que le deuxième océan du monde ne soit plus qu'un souvenir.
D'abord, 3 séismes importants, tous survenus au large des côtes du Portugal, depuis 250 ans. Le premier fut si fort qu'il est réputé être le plus violent que l'Europe occidentale ait jamais connu (encadré) : le 1er novembre 1755, en début de matinée, Lisbonne est ravagée par une secousse de magnitude évaluée à 8,7, qui, estiment aujourd'hui les géologues, a pris sa source dans le mouvement des fonds océaniques au large des côtes portugaises. Le scénario se reproduit le 28 février 1969. La magnitude de ce séisme est de 7,9, l'épicentre à 200 km au sud-ouest du cap Saint-Vincent, à la pointe sud-ouest du Portugal. Le troisième tremblement de la série a eu lieu le 12 février 2007. Moins violent (magnitude de 6,1), mais tout de même ressenti jusqu'au Maroc, il trouve son origine au même endroit que le précédent. D'ordinaire, les géologues pointent du doigt l'arc de Gibraltar pour expliquer l'activité sismique de la région. C'est que cette boursouflure rocheuse est le fruit de l'enfoncement d'un lambeau de la plaque tectonique africaine sous la plaque eurasiatique. Autrement dit, l'arc de Gibraltar est une zone de "subduction", où les contraintes mécaniques et les frottements sont si intenses que les séismes sont fréquents. Spécialiste du golfe de Cadix, Marc-Andre Gutscher, directeur de recherche à l'Institut universitaire européen de la mer (CNRS/université de Brest), connait bien cette structure : "Elle finit d'avaler de la vieille lithosphère, âgée de 180 à 200 millions d'années, qui formait le plancher d'un] ancien océan, la Thétis, lequel séparait alors l'Afrique et l'Eurasie, et dont la Méditerranée est une relique". UN MONT BLANC SOUS-MARIN Ce scénario, les géologues de Monash l'ont établi en dressant une carte tectonique détaillée, basée sur une analyse des nombreuses données (structures des roches grâce à des profils sismiques, bathymétrie haute résolution pour établir la topographie exacte des fonds). Ils ont mis en évidence des déformations dans les couches sédimentaires et des fractures dans le plancher océanique, entre l'arc de Gibraltar et le banc de Gorringe, véritable mont Blanc sous-marin, à cheval sur les plaques eurasiatique et africaine, qui jaillit des abysses depuis 5000 m de profondeur jusqu'à 50 m sous la surface. Non seulement ce "banc" est cerné par des failles, mais il présente, à sa base, des "serpentinites", des roches qui rendent les plaques plus cassantes, et favorisent ainsi leur chevauchement. Autant de signes qu'ici le plancher de l'Atlantique se prépare à se couper en 2, et sa partie située à l'ouest à s'enfoncer dans le manteau terrestre. Pourquoi ? Les chercheurs estiment que la subduction engagée sous l'arc de Gibraltar ne peut plus s'épanouir, bloquée par les roches du détroit. En deux mots, ça coince. PROJECTION ALTERNATIVE Le sort de notre océan est-il définitivement scellé ? Les chercheurs admettent que la tectonique des plaques est un système redoutablement complexe, un magnifique mouvement d'ensemble, fait de compensations et de rééquilibrages. La formation d'une nouvelle subduction - desormais pronostiquée dans les abysses aux alentours du banc de Gorringe, plausible dans les petites Antilles et au large de la Patagonie - aura nécessairement des effets induits ailleurs. On ouvre ici et on ferme là, on accélère d'un côté, on ralentit de l'autre... Et les temps géologiques défient les modélisations. "Elle ne nous permettent pas de nous projeter de façon réaliste à plus de 10 ou 20 millions d'années", avance Jérôme Dyment. Un point de vue que ne partage pas David Boutelier, docteur en géosciences à Monash et coauteur de l'étude : "Si l'évolution du golfe de Cadix peut paraitre spéculative, les modèles conceptuels sont cependant solides, et peuvent être utilisés pour fonder des prédictions". Lesquelles indiquent que, d'ici une vingtaine de millions d'années, nos rivages paisibles seront bouleversés, soulevés par de monstrueux séismes et remodelés par le volcanisme, pour ressembler à terme à la cordillère des Andes, paysage typique d'une subduction mature. Et le plancher atlantique poursuivra sa lente disparition.
Des géologues australiens ont découvert, au large du Portugal, une nouvelle zone de subduction. Elle annonce le début d'un cycle au cours duquel l'Europe va se rapprocher de l'Amérique jusqu'à former un supercontinent, d'ici quelque 200 millions d'années.
Et ce ne sera pas une première. Les masses continentales terrestres bougent en permanence : elles se rapprochent - pour former un supercontinent -, puis s'éloignent, à une vitesse inférieure à la poussé d'un ongle. La convergence la plus récente, la Pangée, s'est formée il y a 300 millions d'années ; la Rodinia date d'il y a 1,1 milliard d'années ; la Nuna, de 1,8 mllllard d'années.
Voici 250 millions d'années, il n'existait qu'un seul supercontinent (un regroupement de plusieurs continents) sur Terre : la Pangée. Ce n'est pas le premier supercentinent que la planète ait connu. Avant, il y avait eu Rodinia, et antérieurement, Nuna. Comment le sait-on ? Grâce à l'étude des roches et de leur magnétisme, qui a renseigné sur leur orientation au fil du temps. Même s'il reste très difficile de donner des positions précises au-delà de 500 millions. UNE DÉRIVE PRÉVISIBLE Une chose est sûre : sous l'action des mouvements de convection du manteau qui sépare le noyau de la croûte terrestre, cette dernière continuera de se disloquer en plaques qui, au fil du temps, dériveront, s'éloignant les unes des autres ou, au contraire, se rassemblant. Ainsi, à la Pangée succédera l'Amasie, qui regroupera les plaques américaine et eurasienne. Quand ? Nul ne peut le précisément. Mais une équipe de chercheurs américains en est aujourd'hui convaincue : l'Amasie se formera autour du pôle Nord. Pour élaborer ce scénario, l'équipe de Ross Mitchell, de l'université Yale, a modélisé les mouvements des plaques, après avoir déterminé, grâce à des données de paléomagnétisme (l'étude du champ magnétique terrestre) et à des simulations numériques, l'emplacement des anciens supercontinents par rapport à l'axe de rotation de la Terre. Chaque supercontinent se serait formé selon un angle de 90° par rapport à celui qui l'a précédé. En extrapolant leurs résultats, les chercheurs prévoient la fermeture de l'Arctique et de la mer des Caraïbes, et situent l"Amasie à 90° de l'ancienne Pangée, soit au niveau du pôle Nord. Baptisée "orthoversion", cette nouvelle hypothès va à l'encontre des précédentes. D'après la première, "l'introversion", les supercontinents se reformeraient toujours au même endroit ainsi, l'Amasie se situerait au niveau de l'ancienne Pangée, après la fermeture de l'océan Atlantique. Selon la deuxième hypothèse, baptisée "extroversion", un supercontiment se créerait aux antipodes du précédent, ce qui placerait l'Amasic à 180° de la Pangéa Via la fermeture de l'océan Pacifique. Mais selon Ross Mitchell, ces scénarios souffrent de certaines faiblesses : ils ne concordent pas toujours avec les données paléomagnétiques. "Avec l'orthoversion, au contraire, il semble qu'il y ait concordance entre la position des anciens supercontinents et les données paléomagnétiques et géologiques que l'on possède, commente Sonia Rousse, du laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse. Si cette hypothèse se confirme, on pourra établir à la fois la latitude et la longitude de ces supercontinents, et ainsi mieux comprendre l'histoire de la Terre". Quant au climat qui régnera en Amasie et aux espèces qui la peupleront, on ne peut pas encore les prédire.
On pensait que la tectonique des plaques était apparue voici 900 millions d'années. Mais d'après les travaux de l'équipe de Jérome Ganne, du laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse, elle pourrait être deux fois plus vieille : "La subduction, phénomène par lequel une plaque plonge sous une autre, constitue le marqueur de la tectonique moderne et se caractérise par la formation de minéraux spécifiques, comme l'amphibole bleue. Or, jusqu'à présent, si l'on ne trouvait pas ce minéral, on considérait que les zones de subduction n'existaient pas", explique le chercheur. Son équipe a découvert l'année dernière, en Afrique de l'Ouest, d'autres minéraux, notamment des chlarites, tout aussi caractéristiques des zones de subduction, et vieux de 2 milliards d'années.
Dans 200 millions d'années, certains scientifiques pensent qu'il n'y aura plus qu'un seul continent. C'était déjà comme ça au temps des dinosaures, il y a 250 millions d'années. Eh oui, on ne s'en rend pas compte, mais les continents se déplacent très lentement et pourraient se réunir à nouveau dans le futur, entourés par un immense océan.
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