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Pourquoi la Rougeole fait un Retour en Force

Loin d'être éradiquée, la rougeole resurgit, notamment en France, où elle touche désormais... les adultes. Pourtant, il existe un vaccin efficace. Encore faut-il le prendre. Contre la rougeole deux injections de vaccin sont recommandées : la première vers 1 an et la seconde entre 13 et 24 mois.

On la considère encore souvent comme une maladie infantile bénigne et éradiquée. Mais la rougeole perdure et entraîne de sévères complications (pneumonies et encéphalites notamment) chez des centaines d'adultes. Depuis le déclenchement de l'épidémie nationale, début 2008, on dénombre en France 6500 cas déclarés, dont 1000 environ sur les deux derniers mois de 2010 (clé n°1). "Une sous-estimation du nombre de cas réels", selon Isabelle Parent du Châtelet, médecin épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire. Plus d'une dizaine de milliers de personnes pourraient en réalité avoir été touchées. Et la France n'est pas un cas isolé, la maladie ayant resurgi dans plusieurs autres pays européens.
Rien de surprenant : cela fait des années que les autorités de santé s'inquiètent de l'insuffisance de la couverture vaccinale contre la rougeole, qui stagne depuis vingt ans sous le seuil de 95 % d'enfants vaccinés (clé n°2). Il faudrait impérativement dépasser ce seuil pour faire disparaître le risque épidémique de cette maladie très contagieuse. Pour François Freymuth, directeur du Centre national de référence de la rougeole, la progression de la vaccination a ralenti dans les années 1990, car "des informations ont semé le doute dans la tête des médecins et des parents". Ainsi, l'évocation de liens - même s'ils n'étaient pas démontrés ou ont été réfutés par la suite - entre des vaccins et l'apparition de certaines maladies a contribué à persuader une partie d'entre eux de refuser l'injection. Résultats : l'insuffisance de la vaccination, en plus d'avoir permis à l'épidémie de réapparaître, a fortement fait augmenter la proportion d'adultes contaminés (clé n°3). Certes, la vaccination partielle ralentit la circulation du virus, permettant ainsi à des enfants non vaccinés d'échapper à la rougeole. Mais ces derniers deviennent alors des adultes non immunisés (c'est-à-dire qui n'ont été ni vaccinés ni en contact avec le virus), susceptibles de contracter la maladie.
Un phénomène préoccupant car, à l'instar de la plupart des maladies infantiles, les adultes atteints de la rougeole développent plus souvent que les enfants des complications (clé n°4). Pour éviter qu'une telle épidémie - qui constitue aussi un danger pour les nourrissons, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes - ne ressurgisse régulièrement, les autorités de santé ont donc lancé une campagne de rattrapage vaccinal pour les enfants et les jeunes adultes. Espérons que cette fois, elle sera suivie.

REPÈRES
En 1983, le vaccin contre la rougeole est introduit dans le calendrier vaccinal français.
À partir des années 1990, la progression de la vaccination commence à ralentir.
En 2004, l'Institut de veille sanitaire alerte : la France pourrait voir réapparaître des épidémies de rougeole.
En 2008, une épidémie se déclare dans toute la France. Au 1er janvier 2011, elle a déjà touché plus de 6.500 personnes.

E.A. - SCIENCE & VIE > Mars > 2011
 

   
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