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Manger Moins de Viande, Bon pour la Planète ?

Bientôt, Tous Obligés d'être Végétariens ?

Le manque d'eau pourrait nous priver de viande.

"On ne s'en rend pas compte, mais manger un steak équivaut à boire beaucoup d'eau : les milliers de litres nécessaires pour produire la nourriture du bétail impactent considérablement "l'empreinte eau" de nos assiettes de carnivores. Selon les scientifiques du Stockholm International Water Institute (Siwi), nous allons devoir revoir la composition de nos repas : de 20 %, la part d'aliments carnés devrait être portée à 5 % si l'on veut que les deux milliards d'humains supplémentaires en 2050 aient aussi accès à la viande.

DIX FOIS PLUS D'EAU

"Il y aura juste assez d'eau si la proportion d'aliments issus des animaux est limitée à 5 % des apports caloriques. Les déficits régionaux en eau pourraient être compensés par un échange de nourriture", commente Malik Falkenmark, auteur de l'étude. Selon les scientifiques, adopter un régime végétarien permettrait de réduire la consommation d'eau : un régime carné en utilise dix fois plus, notamment à cause de l'irrigation des champs de céréales consommées par les bovins.

UNE NOUVELLE RECETTE POUS NOURRIR LE MONDE

Alors que cet été, la sécheresse en Amérique du Nord a provoqué une hausse du prix des denrées agricoles, les scientifiques rappellent que "selon les Nations unies, il faudra augmenter la production alimentaire de 70 % d'ici au milieu du siècle. Cela accroîtra la pression sur les ressources en eau, alors que nous en aurons aussi besoin pour répondre à la demande en énergie, qui devrait augmenter de 60 % dans les trente prochaines années". Il va donc falloir choisir entre manger de la viande et produire de l'électricité, et partager les ressources avec les pays en forte croissance démographique. "Nous allons avoir besoin d'une nouvelle recette pour nourrir le monde", conclut Anders Jagerskog, du Siwi. Une recette qui pourrait être végétarienne.

AUDREY CHAUVET - 20 MINUTES > Août > 2012

Manger Moins de Viande est-il Vraiment Bon pour la Planète ?

Hélas pour les amateurs, la réponse est oui. Non seulement l'industrie de l'élevage est extrêmement gourmande en eau et en ressources agricoles, mais en plus elle pollue. Et cette réalité et de mieux en mieux évaluée.

"En 2006, un rapport de la FAO a fait l'objet d'une bombe", relate Hayo van der Werf, à l'INRA. Pour la première fois, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture décrit, chiffres à l'appui, en quoi "l'élevage contribue aux problèmes environnementaux les plus pressants, notamment le réchauffement climatique, la dégradation des terres, la pollution de l'air et de l'eau, et la perte de biodiversité".

En clair, le bétail joue un rôle essentiel dans le changement climatique. Et même un double rôle : le premier concerne la déforestation qui prive la planète d'un régulateur climatique important. En Amazonie par exemple, les pâturages sont à l'origine de 70 % des déboisements. Deuxièmement : les ruminants émettent, en digérant, de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone. Ils sont ainsi responsables de 18 % des émissions de gaz à effet de serre (en comptant le transport) de la planète : plus que les transports eux-mêmes. Le bétail contribue également à la pollution des eaux par ses déjections riches en nitrates, en hormones perturbatrices des systèmes endocriniens, en antibiotiques utilisés massivement dans l'élevage et en pesticides issus des céréales alimentaires. Pour ne citer que la France, sixième producteur de viande de bouf et de porc, elle produit chaque année quelque 280 millions de tonnes de déjections.

LES PROTÉÏNES VÉGÉTALES

Et la situation ne s'améliore pas puisque la consommation mondiale de viande ne cesse d'augmenter. Elle n'est encore que de 100 g par jour en moyenne dans le monde, mais plafonne à 200 g dans les pays développés. Dans ces conditions, les spécialistes s'accordent sur la nécessité de réduire les impacts environnementaux de l'élevage. Avec une priorité : "se mettre dans la perspective de 2050, quand il y aura 9 milliards de personnes sur terre", souligne Hayo van der Werf.
Une première approche consisterait à changer les pratiques d'élevage, par exemple, en alimentant le bétail avec l'herbe locale plutôt qu'avec du soja importé d'Amérique du Sud. Mais aussi en remplaçant, dans nos assiettes, les protéines animales (viande, oeufs, laitages) par des protéines végétales (légumineuses, notamment). Selon la FAO, une alimentation à base de produits animaux exige 4,5 fois plus de surfaces agricoles qu'une alimentation à base de végétaux : la production d'un kilo de protéines animales consomme 13 fois plus d'eau que celle d'un kilo de protéines végétales. Selon l'Américain David Pimentel, de l'université Cornell (Ithaca, état de New York), chaque kilo de protéines animales nécessite de fournir au bétail environ 6 kg de protéines végétales. 1 kg de bouf exige 100.000 l d'eau, alors que les pommes de terre se contentent de 500 l par kilo. Les calculs de Elke Stehfest, de l'agence environnementale des Pays-Bas, montrent que si la population mondiale passait à un régime pauvre en viande (70 g de bouf et 325 g de poulet et d'oeufs par semaine), les émissions de gaz à effet de serre chuteraient de 10 %.

A.O. - SCIENCE & VIE > Mars > 2011
 

   
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