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Les "Superfruits"

Bien Profiter des Fruits Rouges

S.B. - SCIENCES ET AVENIR N°869-870 > Juillet-Août > 2019

Des Fruits Petits mais Vertueux


T.B. et S.A. - GEO HS SCIENCE N°1 > Mai > 2019

Les Bienfaits de la Canneberge

NATIONAL GEOGRAPHIC N°200 > Mai > 2016

L'Açaï, le Superfruit de l'Amazonie

C'est la petite baie qui monte. Longtemps dégusté par les seuls habitants de la forêt, l'açaï est le nouvel "or noir" du nord du Brésil. La raison ? De prodigieuses vertus pour la santé.

Belém, capitale de l'Etat brésilien du Para, dans le delta de l'Amazone, sept heures du matin. Il fait déjà chaud au Ver-o-Peso, l'un des plus grands marchés à ciel ouvert d'Amérique latine. Sur les quais, les bateaux déversent des quantités de poissons dont les noms résonnent comme des formules magiques : pirarucu, tambaqui, filhote, piranhas... Mais c'est l'açaï (prononcer assa-ï) qui suscite aujourd'hui toutes les convoitises, au point d'être surnommé "l'or noir du Para", et Belém, la "Mecque de l'açaï".
Chaque matin, sont écoulées ici 50 tonnes de ces baies d'un violet foncé. Des paniers d'une quinzaine de kilos sont déchargés des barques en provenance de Marajo ou des autres îles voisines. Les porteurs, en maillot de bain, les pieds dans l'eau, rivalisent de force et chargent tour à tour trois, quatre, voire cinq paniers sur leur tête. D'autres marchés ont essaimé le long du fleuve mais c'est bien à Belém qu'est fixé quotidiennement le cours du fruit. Les plus gros acheteurs du pays se disputent les meilleures récoltes, assurant ainsi des revenus réguliers à des dizaines de communautés de Caboclos, ces indigènes qui se chargent de cueillir les grappes à 15 metres du sol, se balancant d'un tronc de palmier à l'autre.
Pour Belém, le boom de l'açaï tient du miracle. La ville semblait assoupie depuis un siècle. Elle s'était enrichie grâce au caoutchouc, mais sa fortune avait fondu au début du XXe siècle, lorsque l'hévéa asiatique avait inondé la planète. Or, depuis une décennie, l'açaï, qui n'était auparavant consommé que dans la région du Para, est devenu le superfruit amazonien dont le monde raffole. Les surfeurs des plages de Rio seraient à l'origine de cet engouement soudain, si bien que la capitale du Brésil compte désormais des dizaines de bars spécialisés, où le fruit se retrouve dans des jus, smoothies, sorbets, sucettes, bonbons. Sa consommation a depuis gagné la Californie, l'Australie, et même la France, où l'açaï est prisé au même titre que les baies de gogi, la grenade ou la myrtille, pépites antivieillissement. Bonnes au goût et pour la santé.
Doté de vertus aussi réelles que fantasques (voir ci-dessous), l'açaï est pourtant un fruit ingrat : il ressemble à une petite olive qui aurait un très gros noyau. Surtout, il ne se consomme pas tel quel, mais doit être traité dans les 24 heures qui suivent son acrobatique récolte. Quant à sa saveur, elle peut d'abord décontenancer. Comme l'a écrit le grand romancier brésilien Mério de Andrade, en 1927 : "L'açaï s'incruste dans la bouche, il a un goût de bois écrasé, pas un goût moelleux de fruit, un goût de feuille. Et il devient tout mou, prénostalgique, une amertume lointaine qui n'arrive pas à être amère et finit par plaire"...

CE QU'EN DIT LA SCIENCE

Pour les Indiens d'Amazonie, qui lui ont donné son nom ("fruit qul pleure"), c'est un aliment de base. Ils l'utilisent aussi pour soigner troubles digestifs et maladies de la peau... Aujourd'hui, la science se penche sur ses propriétés. Verdict : l'açaï est un pretendu aphrodisiaque mais un vrai antioxydant, un excellent anticholestérol, un activateur d'énergie et un fortifiant immunitaire.

Carole Saturno - GEO N°401 > Juillet > 2012

Les "Superfruits" sont-ils si Bon ?

Riches en anthocyanes, les cranberries, grenades et baies de goji séduisent pour leurs vertus anti-âge. Mais ont-ils vraiment quelque chose de plus que la pomme ou la noix ? Pas si sûr...

Baie de goji chinoise, canneberge canadienne (généralement vendue sous son nom anglais de cranberry), jus de noni polynésien, grenade asiatique... Ces superfruits - un néologisme apparu aux États-Unis en 2005 - envahissent nos étals. Leur vertu supposée ? Une teneur exceptionnelle en antioxydants. Car aujourd'hui, plus question de savourer simplement une poignée de mûres : il faut combler nos besoins en aliments "antiâge" en trouvant les produits supposés les plus bénéfiques. À l'origine de cette chasse effrénée ? Le lien, établi voici environ 20 ans par des scientifiques entre certaines maladies (problèmes cardio-vasculaires, cancers...) et l'action néfaste des radicaux libres contre lesquels la nature nous offrirait des armes : les fameux antioxydants.
Produits par les plantes pour se protéger des dommages causés par l'oxygène au cours de la photosynthèse, ces antioxydants sont capables, lorsque nous les assimilons, de neutraliser les radicaux libres en leur fournissant les électrons qu'ils "arrachent" généralement à nos cellules. Et de préserver ainsi notre équilibre cellulaire. De là à en faire des "amis publics numéro 1", i1 n'y a qu'un pas que l'industrie agroalimentaire a franchi, valorisant outrageusement certains aliments. Les superfruits en sont le dernier avatar. Selon une étude RTS ressource (2007), le marché européen dans ce domaine aurait une croissance moyenne annuelle de 20 % et devrait atteindre les 2,3 milliards d'euros en 2012. Ces baies éclipsent des trésors bien plus accessibles : cassis, pruneaux ou noix, qui attendent leur revanche au fond de nos jardins.

Constitués essentiellement de baies et de fruits rouges, les superfruits sont effectivement riches en anthocyanes, un antioxydant de la famille des polyphénols dont le nom fait référence à la teinte allant du rouge au noir qu'ils donnent aux fruits (cyan signifiant bleu foncé). Leur teneur est donc plus élevée dans les fruits mûrs que dans les fruits verts. La canneberge possède un antioxydant particulier, la proanthocyanidine. Elle a la propriété de prévenir les infections urinaires en empêchant certaines bactéries pathogènes, comme Escherichia coli, d'adhérer à la paroi de la vessie. Le jus de grenade renferme de nombreux composés antioxydants et son effet serait même supérieur à celui du vin rouge et du thé, réputés être d'excellents antioxydants. Egalement riche en vitamine C, la grenade fraîche n'est présente sur nos étals qu'à l'automne. Enfin, les baies de goji possèdent également diverses molécules antioxydantes : vitamines C, E, caroténoïdes, flavonoïdes, acides phénoliques.

Mais les quantités consommées sont insuffisantes pour apporter les bienfaits supposés. Ainsi, pour être efficace, l'apport journalier en proanthocyanidine doit être d'au moins 36 mg. Or les jus de canneberge et baies séchées n'en contiennent que quelques milligrammes par portion. De même, les boissons à la grenade sont pléthore, mais elles ne contiennent souvent que de faibles quantités de grenade. Quant aux baies de goji, de nombreux scientifiques qualifient de "surévalués" les bienfaits attribués à ces petits fruits qui ne contiennent pas plus de vitamines et d'antioxydants que la pomme.

Mieux vaut privilégier les fruits bio. La concentration des polyphénols des végétaux, qui jouent un rôle de défense contre les pathogènes, augmente après une infection. Les fruits issus d'une agriculture riche en pesticides renferment donc moins d'antioxydants que les fruits capables de générer leurs propres défenses. De plus, des taux jusqu'à 17 fois supérieurs aux normes européennes limitant les résidus d'acétamipride à 0,10 mg/kg (insecticide), ont été relevés dans de nombreuses baies de goji séchées importées de Chine.

Les noix de Grenoble, les noisettes et les pruneaux sont les meilleurs fruits antioxydants selon le test ORAC, qui mesure le pouvoir antioxydant des aliments. Et ce devant les baies de goji, les grenades et les canneberges qui ne se distinguent d'ailleurs pas des myrtilles, mûres, ou cassis. Débarrassé de presque toute son eau, le pruneau voit sa densité nutritionnelle grimper. Ainsi, selon le test ORAC, ce fruit présente une valeur aux 100 grammes 6 fois plus élevée qu'une prune. Mais sa densité calorique est aussi plus importante. Ce sont les épices qui sont les championnes antiantioxydantes selon ORAC : clou de girofle, cannelle et curcuma. Toutefois, ces indices sont calculés pour 100 g et les épices sont rarement consommées en si grosses quantités.

3000 à 5000 : C'est l'apport quotidien en unités ORAC (Oxygen radical absorbance capacity ou mesure de la capacité antioxydante) que le Dr Ronald Prior, inventeur de cette méthode de détection des antioxydants, estime nécessaire pour espérer avoir un impact significatif sur la capacité antioxydante du plasma et des tissus. Ce qui équivaut à 30 g à 50 g de noisettes, pruneaux ou myrtilles.

Ariel Fenster : Professeur de chimie à l'université McGill, Montréal.
L'oxydation étant un processus naturel, une vie sans oxydants est impossible. Mais une vie sans oxydants est impossible. Mais nous pouvons les limiter par une alimentation équilibrée, riche en antioxydants. Cela ne demande pas que nous traitions nos aliments en médicaments. Plutôt que de nous préoccuper d'aliments devant impérativement figurer au menu, nous devrions limiter les comportements à risque : excès de viande rouge et de charcuteries, tabac et inactivité. Panachons nos apports en fruits, légumes et épices car ce n'est pas un antioxydant particulier qui nous protège, mais l'ensemble des molécules antioxydantes qu'ils contiennent qui nous est bénéfique.

M.-N.D. - SCIENCES ET AVENIR N°777 > Novembre > 2011
 

   
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