Index SCIENCES -> MÉDECINE -> NUTRITION |
C'est la petite baie qui monte. Longtemps dégusté par les seuls habitants de la forêt, l'açaï est le nouvel "or noir" du nord du Brésil. La raison ? De prodigieuses vertus pour la santé. Belém, capitale de l'Etat brésilien du Para, dans le delta de l'Amazone, sept heures du matin. Il fait déjà chaud au Ver-o-Peso, l'un des plus grands marchés à ciel ouvert d'Amérique latine. Sur les quais, les bateaux déversent des quantités de poissons dont les noms résonnent comme des formules magiques : pirarucu, tambaqui, filhote, piranhas... Mais c'est l'açaï (prononcer assa-ï) qui suscite aujourd'hui toutes les convoitises, au point d'être surnommé "l'or noir du Para", et Belém, la "Mecque de l'açaï". CE QU'EN DIT LA SCIENCE Pour les Indiens d'Amazonie, qui lui ont donné son nom ("fruit qul pleure"), c'est un aliment de base. Ils l'utilisent aussi pour soigner troubles digestifs et maladies de la peau... Aujourd'hui, la science se penche sur ses propriétés. Verdict : l'açaï est un pretendu aphrodisiaque mais un vrai antioxydant, un excellent anticholestérol, un activateur d'énergie et un fortifiant immunitaire.
Riches en anthocyanes, les cranberries, grenades et baies de goji séduisent pour leurs vertus anti-âge. Mais ont-ils vraiment quelque chose de plus que la pomme ou la noix ? Pas si sûr... Baie de goji chinoise, canneberge canadienne (généralement vendue sous son nom anglais de cranberry), jus de noni polynésien, grenade asiatique... Ces superfruits - un néologisme apparu aux États-Unis en 2005 - envahissent nos étals. Leur vertu supposée ? Une teneur exceptionnelle en antioxydants. Car aujourd'hui, plus question de savourer simplement une poignée de mûres : il faut combler nos besoins en aliments "antiâge" en trouvant les produits supposés les plus bénéfiques. À l'origine de cette chasse effrénée ? Le lien, établi voici environ 20 ans par des scientifiques entre certaines maladies (problèmes cardio-vasculaires, cancers...) et l'action néfaste des radicaux libres contre lesquels la nature nous offrirait des armes : les fameux antioxydants. Constitués essentiellement de baies et de fruits rouges, les superfruits sont effectivement riches en anthocyanes, un antioxydant de la famille des polyphénols dont le nom fait référence à la teinte allant du rouge au noir qu'ils donnent aux fruits (cyan signifiant bleu foncé). Leur teneur est donc plus élevée dans les fruits mûrs que dans les fruits verts. La canneberge possède un antioxydant particulier, la proanthocyanidine. Elle a la propriété de prévenir les infections urinaires en empêchant certaines bactéries pathogènes, comme Escherichia coli, d'adhérer à la paroi de la vessie. Le jus de grenade renferme de nombreux composés antioxydants et son effet serait même supérieur à celui du vin rouge et du thé, réputés être d'excellents antioxydants. Egalement riche en vitamine C, la grenade fraîche n'est présente sur nos étals qu'à l'automne. Enfin, les baies de goji possèdent également diverses molécules antioxydantes : vitamines C, E, caroténoïdes, flavonoïdes, acides phénoliques. Mais les quantités consommées sont insuffisantes pour apporter les bienfaits supposés. Ainsi, pour être efficace, l'apport journalier en proanthocyanidine doit être d'au moins 36 mg. Or les jus de canneberge et baies séchées n'en contiennent que quelques milligrammes par portion. De même, les boissons à la grenade sont pléthore, mais elles ne contiennent souvent que de faibles quantités de grenade. Quant aux baies de goji, de nombreux scientifiques qualifient de "surévalués" les bienfaits attribués à ces petits fruits qui ne contiennent pas plus de vitamines et d'antioxydants que la pomme. Mieux vaut privilégier les fruits bio. La concentration des polyphénols des végétaux, qui jouent un rôle de défense contre les pathogènes, augmente après une infection. Les fruits issus d'une agriculture riche en pesticides renferment donc moins d'antioxydants que les fruits capables de générer leurs propres défenses. De plus, des taux jusqu'à 17 fois supérieurs aux normes européennes limitant les résidus d'acétamipride à 0,10 mg/kg (insecticide), ont été relevés dans de nombreuses baies de goji séchées importées de Chine. Les noix de Grenoble, les noisettes et les pruneaux sont les meilleurs fruits antioxydants selon le test ORAC, qui mesure le pouvoir antioxydant des aliments. Et ce devant les baies de goji, les grenades et les canneberges qui ne se distinguent d'ailleurs pas des myrtilles, mûres, ou cassis. Débarrassé de presque toute son eau, le pruneau voit sa densité nutritionnelle grimper. Ainsi, selon le test ORAC, ce fruit présente une valeur aux 100 grammes 6 fois plus élevée qu'une prune. Mais sa densité calorique est aussi plus importante. Ce sont les épices qui sont les championnes antiantioxydantes selon ORAC : clou de girofle, cannelle et curcuma. Toutefois, ces indices sont calculés pour 100 g et les épices sont rarement consommées en si grosses quantités. 3000 à 5000 : C'est l'apport quotidien en unités ORAC (Oxygen radical absorbance capacity ou mesure de la capacité antioxydante) que le Dr Ronald Prior, inventeur de cette méthode de détection des antioxydants, estime nécessaire pour espérer avoir un impact significatif sur la capacité antioxydante du plasma et des tissus. Ce qui équivaut à 30 g à 50 g de noisettes, pruneaux ou myrtilles. Ariel Fenster : Professeur de chimie à l'université McGill, Montréal.
|