La Pollution Radioactive en France |
Les Principaux Accidents Nucléaires en France |
SCIENCE & VIE SHS N°32 > Avril > 2011 |
République Atomique |
Une fuite dans un vieux lieu de stockage de déchets nucléaires militaires, à Tricastin (Vaucluse), et 74 kg d'uranium - excusez du peu - sont allés polluer une nappe phréatique.
Bizarrement, dans les colonnes du journal du dimanche, la présidente d'Areva - dont dépend le site - s'est étonnée de "l'amplitude de l'émotion, pour une anomalie de niveau 1 sans danger pour l'homme ou l'environnement". Ce n'est pas l'avis des habitants qui ont porté plainte.
Le film d'angoisse de l'opinion publique continue à Romans-sur-Isère (Drôme), dans une filiale d'Areva, avec la découverte, lors d'une visite de maintenance, d'une rupture de canalisation enterrée qui libère des liquides radioactifs. Dépêches sur place, les inspecteurs de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) constatent que la rupture de cette canalisation date de plusieurs années, et que la tuyauterie est non conforme à la réglementation ! Là encore, sourire aux lèvres et "niveau 1". Nous voilà rassurés.
On pourrait ajouter, à raison d'une centaine par an, les 896 anomalies de niveau 1 que Le Canard enchaîné a découvert sur le site Internet de l'ASN. Les autorités, industrielles ou préfectorales, peuvent s'égosiller en répétant que ce ne sont que des incidents de niveau 1 sur une échelle qui en compte 7, le quidam a la désagréable impression d'une nouvelle version du nuage de Tchernobyl qui s'arrête à la ligne bleue des Vosges. Certes le progrès est certain quant à la communication de l'industrie nucléaire. On est passé de la loi du silence qui régnait en même temps que les militaires sur le nucléaire français, aux ruses de la communication qui sévit avec l'avènement des opérateurs privés et le démantèlement du service public. Pas de quoi cultiver la confiance. La gestion des risques liés à l'énergie nucléaire semble frappée d'une tare congénitale de désinformation qui pose un problème de compatibilité avec la démocratie.
On ne s'étonnera pas de voir les journaux télévisés effacer le souvenir de 74 kg d'uranium inoffensifs, par la chasse, en combinaison de protection, aux dangereux réveils luminescents des années 50, anormalement radioactifs.
CHOC N°110 > Août > 2008 |