La légende dit que les Romains, lorsqu'ils rasèrent Carthage en 146 av.J.C., semèrent du sel sur les mines pour que rien, plus jamais, ne pousse sur ce sol maudit. L'histoire est certes contestée, mais le symbole demeure : le sel signe l'arrèt de mort de la terre. Or, les terres salées, naturellement ou à la suite d'une mauvaise gestion de l'eau, couvrent 20 % des terres irriguées. Pour l'agriculture, une véritable plaie... qui pourrait bientôt ne plus en ètre une ! Car tel est l'exploit que s'apprète à réaliser l'équipe du professeur Eviatar Nevo, directeur de l'Institut de l'évolution à l'université de Haifa (Israèl) : en adaptant à des espèces cultivées un gène tiré d'un champignon résistant au sel, elle semble avoir trouvé le moyen de rendre la vie à des sols que l'on croyait irrémédiablement perdus. Comme il se doit au pays de Lazare, cette affaire de résurrection a jailli... de la mer Morte.
RÉSERVOIR DE GÈNES INÉDITS L'intérèt de cette flore incroyable ? Il s'agit d'une vie qui a trouvé le moyen de se développer dans un des environnements les plus extrèmes de la planète. Ce qui fait de la mer Morte un extraordinaire laboratoire naturel pour l'étude de l'évolution. Et aussi un exceptionnel réservoir de gènes inédits. L'équipe Nevo, en cherchant dans le génome du champignon des séquences génétiques clés déjà repérées chez d'autres espèces est la première à avoir identifié le gène clé (appelé EhHOG) de la voie HOG. Or, c'est ce gène qui promet de rendre les plantes tolérantes à l'eau salée. Car après l'avoir identifié, les chercheurs l'ont cloné et transféré, par le biais d'un microbe porteur, à une plante, l'arabette des dames (Arabidopsis thaliana). Avec des résultats très encourageants :
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