Tchernobyl, la Vie Résiste aux Radiations |
L'effet des Radiations à Tchernobyl ne Baisse Pas |
Près de 30 ans après l'explosion d'un réacteur nucléaire à Tchernobyl, en Ukraine, le 26 avril 1985, une étude d'Anders Pape Moller et de Tim Mousseau, publiée dans la revue Scientific Reports, fait le bilan sur des mutations dues à la radioactivité dans la région.
Quels effets de la radioactivité observe-t-on ?
Dans les zones radioactives, on peut mesurer un surcroit de mutations dans le génome, ainsi que des modifications dans les chromosomes, le développement ou l'apparence des espèces vivantes observées.
Toutes les espèces sont-elles concernées de la même façon ?
Le taux de mutation dans l'ADN provoqué par le rayonnement se révèle moyen chez l'homme, mais très élevé chez le pin sylvestre et faible chez la souris, sans que l'on sache très bien pourquoi. Dans tous les cas, les effets s'accumulent avec les générations.
Le taux de mutations diminue-t-il ?
Non, car la radioactivité reste toujours aussi forte dans le sol. Les demi-vies du césium, du strontium et du plutonium radioactifs sont respectivement de 30.000, 29.000 et 24.000 ans. La radioactivité passe dans les végétaux et se concentre dans la chaîne alimentaire, se fixant notamment dans les os et le foie.
Propos receuillis par P.K.
SCIENCES ET AVENIR N°818 > Avril > 2015 |
|
Tout autour de Tchernobyl, la Forêt s'est Figée |
Des amas de feuilles mortes, du bois mort qui ne pourrit pas, des arbres qui poussent au ralenti... les sites autour de Tchernobyl sont comme pétrifiés, 28 ans après l'explosion de la centrale.
Pourquoi ? Timothy Mousseau (université de Caroline du Sud) et ses collaborateurs ont testé une hypothèse : dans un rayon de 30 km, ils ont disposé 572 petits filets de feuilles sèches de chêne, d'érable, de bouleau ou d'aiguilles de pin non contaminées par la radioactivité.
Neuf mois plus tard, la perte de masse était de 40 % moins importante pour les échantillons déposés dans les zones les plus contaminées. La radioactivité inhibe donc bien le travail de décomposition des bactéries, des champignons et des insectes, qui recyclent normalement ce matériel en composés chimiques indispensables aux végétaux. "C'est sans doute l'une des raisons de la faible croissance des arbres, explique Timothy Mousseau. Dans les parties les plus contaminées, il ne pousse que de l'herbe et quelques buissons". Ici, les feuilles mortes, amoncelées sur une épaisseur de 16 m, sont une menace : en cas d'incendie, les éléments radioactifs accumulés pourraient se propager jusqu'aux territoires habités.
V.E. - SCIENCE & VIE N°1161 > Juin > 2014 |
|
À Tchernobyl, la Vie apprend à Résister aux Radiations |
L'explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire deTchernobyl, en 1986, a contaminé un territoire d'environ 320.000 km² en Ukraine, Biélorussie et Russie. Quatre millions de personnes vivent toujours dans ces zones et en exploitent les terres.
Des travaux viennent de montrer que des arbres et des animaux inventent des modes d'adaptation originaux pour survivre en milieu contaminé. Des pins proches de la centrale accidentée de Tchernobyl ont adapté leur génome pour résister à la contamination.
Certains arbres survivants ont en effet "blindé" leur ADN en y ajoutant des groupes chimiques méthylés. Cette réaction permet aux plantes de protéger les gènes essentiels. Des chercheurs canadiens et ukrainiens ont vérifié en laboratoire : les jeunes pins plantés dans un terreau contaminé ont montré, après dix ans de croissance, un taux de méthylation de 30 % supérieur à la normale. Parallèlement, l'Institut de biologie des mers du Sud, (Sébastopol) a établi que deux espèces de vers d'un lac contaminé qui se reproduisent par autofécondation ou par accouplement ont opté pour la seconde solution sous la pression du milieu. Une façon d'assurer la survie par la diversité. Des découvertes prometteuses dans l'étude de la survie des espèces exposées à de fortes doses de radioactivité.
P.G. - SCIENCE & VIE > Novembre > 2003 |
|