La Déforestation de Bornéo

Bornéo, la Forêt Assassinée

La couverture forestière de l'Indonésie disparaît à toute vitesse pour laisser place à l'exploitation intensive du palmier à huile. La photographe Isabelle Alexandra Ricq a suivi toutes les étapes de ce désastre écologique au Kalimantan, sur l'île de Bornéo.

LA NATURE EST MISE EN COUPE RÉGLÉE

En quarante ans à peine, près des trois quarts des cent millions d'hectares de la forêt primaire de l'archipel indonésien (1), la plus vaste au monde après l'Amazonie, sont partis en fumée selon un scénario immuable : l'Etat cède des concessions à des forestiers qui prélèvent les essences précieuses (2), (3) pour les exporter. Puis les bois plus communs partent à destination de l'industrie papetière ou celle du contreplaqué (4).
Lorsque la forêt est jugée trop abîmée, le terrain est cédé à la monoculture industrielle du palmier à huile (Elaeis guineensis) dont l'Indonésie est devenue le premier producteur mondial.
Les communautés locales dayaks, qui pratiquent une agriculture de subsistance, sont alors chassées et privées de leurs droits, la forêt est défrichée à coups de pelleteuses (5), puis ce qui reste des terres est souvent brûlé en dépit de l'interdiction officielle. Or les sols tourbeux de ces zones forestières ont absorbé depuis des siècles des milliards de tonnes de carbone qui sont rejetées dans l'atmosphère lors de ces incendies.

L'Indonésie est ainsi devenue, malgré son faible développement industriel, le troisième pays le plus pollueur au monde en 2007.

LE PALMIER À HUILE RAVAGE L'ÉCOSYSTÈME

Avec plus de six millions d'hectares plantés et des pépinières à perte de vue (1), la monoculture du palmier à huile (2) est en pleine expansion et on estime à 3,5 millions le nombre de personnes travaillant pour le secteur.
La demande mondiale pour l'alimentation, les cosmétiques et les agrocarburants croit de 3 % par an, l'Europe étant le principal importateur. La culture s'étend de manière spectaculaire avec la bénédiction du FMI et de la Banque mondiale.

Les orangs-outangs en quête de nourriture sont systématiquement tués lorsqu'ils s'aventurent sur les plantations, leurs petits capturés et revendus au marché noir, à des particuliers ou à des zoos.
Les plus chanceux sont recueillis dans des centres privés surpeuplés comme celui de Nyaru Menteng, sans que l'on sache s'ils pourront un jour être rendus à la liberté (3). C'est la rentabilité exceptionnelle du palmier à huile qui déclenche ces ravages : une fois ses fruits récoltés (4), (5), il suffit de quelques heures pour en extraire l'huile (6). Son faible coût de production en fait le corps gras le moins cher du monde. Le récent engagement de l'Union européenne d'utiliser 10 % d'agrocarburants dans le secteur des transports à l'horizon 2020 risque d'accentuer encore la pression sur les dernières forêts d'Indonésie.

Textes et photos : Isabelle Alexandra Ricq

SCIENCES ET AVENIR N°744 > Février > 2009

Déforestation Sauvage de Bornéo

C.S. - MARÉVA INC > Décembre > 2017
 

   
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