Pollutions et Solutions pour nos Champs

La France tarde à se Débarasser du Cadmium

Y.S. - SCIENCE & VIE N°1227 > Décembre > 2019

6 Solutions pour Désintoxiquer nos Champs

Utilisés massivement depuis des décennies, les insecticides, herbicides et autres fongicides ont fait exploser les rendements agricoles. Mais leur impact sur l'environnement et la santé publique a jeté la suspicion. Aujourd'hui, les autorités doivent trouver des alternatives efficaces... Elles existent ! En voici six...

Contamination des sols et des eaux, impacts délétères sur les insectes utiles et la faune sauvage, lien avec des cancers et des affections neurologiques ou encore perturbation des fonctions hormonales et du système reproducteur : que ces effets soient avérés ou seulement suspectés, le fait est là : les molécules qui ont permis aux rendements agricoles d'exploser depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale suscitent désormais la suspicion. Et cette inquiétude trouve aujourd'hui un écho dans d'importantes évolutions réglementaires. Première consommatrice européenne de produits phytosanitaires, la France a ainsi décidé, dans la loi dite "Grenelle 1", de tout mettre en ouvre pour diminuer de moitié leur usage d'ici dix ans. Un objectif assorti de la décision de retirer du marché, à l'horizon 2010, une quarantaine de molécules jugées hautement toxiques.

FAITS & CHIFFRES
En France, 77.255 tonnes de produits phytosanitaires ont été commercialisés en 2007 pour un chiffre d'affaires de plus de 1,8 milliard d'euros. Les fongicides représentent 48 % des volumes échangés, contre 35 % pour les herbicides et moins de 3 % pour les insecticides et les acaricides, le reste regroupant anti-limaces, produits pour réguler la croissance des plantes et traitements appliqués sur la semence. En tout, plus de 300 substances actives. Avec 44 %, les céréales utilisent la plus grande part des volumes de pesticides, suivies par la vigne (18 %), le maïs (10 %) et le colza (10 %). (Source UIPP)

MENÉE SUR CINQ ANS, UNE EXPÉRIENCE TRÈS CONCLUANTE

Cette démarche nationale n'est pas isolée : les députés européens ont décidé en janvier de durcir les critères d'autorisation des molécules considérées comme cancérigènes ou toxiques pour les systèmes reproducteur et endocrinien, ce qui devrait conduire au retrait d'une vingtaine de substances commercialisées. Une décision précédée de vifs débats, car on doit à l'usage des pesticides des rendements agricoles très élevés, en hausse continue depuis les années 1960 : protégées de leurs ennemis, les cultures produisent des récoltes abondantes, régulières, prévisibles. Au cours des débats parlementaires européens, les producteurs n'ont pas manqué de rappeler qu'en l'absence de toute forme de protection contre les champignons, l'impact des maladies peut conduire à une perte de près de 25 % des rendements des cultures de blé. Un argument de poids... qui n'a pas empêché l'Europe d'opter pourune politique claire de réduction de la dépendance aux pesticides. Et les exploitants vont, désormais, devoir s'adapter.
La filière biologique, qui exclut par définition l'usage de pesticides et d'engrais de synthèse, a déjà franchi le pas. Sauf que si ses agriculteurs tirent leur épingle du jeu, sans pesticide, c'est grâce à des prix de vente en moyenne 30 % plus élevés, notamment pour compenser des rendements moindres. Pour le blé tendre, les adhérents de la Fédération nationale de l'agriculture biologique ont par exemple rapporté avoir obtenu des rendements compris entre 25 et 50 quintaux par hectare, alors que le rendement moyen national dépasse les 70 quintaux par hectare.
Dans ces conditions, serait-il possible d'utiliser moins, voire pas du tout, de pesticides sans tirer les prix vers le haut ? Certaines expériences, intégrant diverses techniques alternatives aux traitements phytosanitaires, semblent l'indiquer. Un essai lancé en 2003, pendant cinq ans, par l'association Agrotransfert ressources et territoires dans huit fermes pilotes en Picardie a permis, par exemple, de maintenir les rendements obtenustraditionnellement tout en diminuant de 37 % la quantité de produits phytosanitaires utilisés en cinq ans. Pour arriver à ce résultat, les exploitants ont surveillé leurs cultures grâce à des outils de pilotage, choisi des variétés résistantes, opté pour dessemis moins denses et plus tardifs, et fait succéder plusieurs types de culture sur leurs parcelles. Des solutions efficaces, parmi un panel à disposition des agriculteurs. Tour d'horizon de quelques-uns des moyens envisageables pour résorber la dépendance aux pesticides.

M.V. - SCIENCE & VIE > Avril > 2009
 

   
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