Monde ANIMAL (Eucaryotes Invertébrés) : ARTHROPODES, Hexapoda,
Insecta : Près de 1,3 million d'espèces (près de 10.000 nouvelles espèces inventoriées par an).
Pterygota, Neoptera, Orthoptères ou Orthoptera (22.000 espèces)
Caelifera = Acrididea (8 sup-fam, 30 fam) et Tridactylidea (3 familles)

Le Monde des Criquets Pèlerins (Schistocerca gregana)
Acrididae, Cyrtacanthacridinae (37 genres), Genre Schistocerca (37 espèces)

Rapide comme l'Éclair

SCIENCE & VIE HS N°308 > Juillet > 2023

Kenya : Tempête de Criquets

D.C. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°268 > Janvier > 2022

Une Phéromone fait Naître les Nuages de Criquets

P.K. - SCIENCES ET AVENIR N°884 > Octobre > 2020

Naissance d'un Nuage de Criquets

T.M. - NATIONAL GEOGRAPHIC N°245 > Février > 2020

Criquets Pèlerins : la Calamité Volante

L'ACTUALITÉ Vol 25 N°4 > Avril > 2020

Criquet Pèlerin : des Corps Pédonculés et Optimisés

Lors du passage à la vie grégaire, quand les criquets pèlerins quittent leur vie solitaire pour se regrouper par millions et former des essaims affamés, redoutable pour les cultures, une partie de leur cerveau - les corps pédonculés, centres d'intégration des informations chez les insectes - se développe significativement.

Ici, la partie gauche de l'image représente une micrographie du cerveau d'un criquet solitaire, la partie droite celle du cerveau d'un criquet grégaire. Les corps pédonculés sont les "couronnes" orangées situées au centre de l'image. Dans la phase grégaire, les criquets peuvent voler en formation sur des dizaines de kilomètres par jour, ce qui requiert une machinerie robuste et performante. Et le criquet est plutôt bien servi en la matière, avec quelque 296 muscles ! Pour voler, il lui suffit cependant de 72 neurones moteurs (sur les dizaines de milliers que compte son système nerveux) innervant 34 muscles. Une optimisation remarquable, sachant qu'il faut plusieurs dizaines de neurones pour activer une seule patte chez un vertébré.

F.L. - SCIENCE & VIE > Mars > 2011

Criquets : Ils échappent à tout Contrôle

Depuis l'été 2003, l'Afrique connaît l'une de ses récurrentes et dramatiques invasions de criquets pèlerins. Comment vaincre un tel fléau alors que les pays touchés sont parmi les plus pauvres du monde ?

De la Mauritanie au Soudan, du Maroc à l'Égypte... une bonne partie de l'Afrique est sur le pied de guerre. C'est que le criquet pèlerin, Schistocerca gregaria, menace de nouveau. Et pas d'une petite offensive les autorités craignent une invasion généralisée sur une quinzaine de pays, dont certains parmi les plus pauvres de la planète (Burkina Faso, Tchad, Mauritanie...). Une invasion de l'ampleur de celle qui eut lieu entre 1986 et 1989 ou, pis, de celle ayant perduré vingt longues années pour s'achever en 1963 ! La voracité des essaims avait alors privé des millions d'hommes des produits de leurs paturages et de leurs cultures - orge, agrumes, mil, sorgho, palmiers, dattiers... Avec à chaque fois les mêmes scènes terrifiantes de nuées d'insectes jaunes à taches noires, recouvrant tout sur leur passage dans un bruit assourdissant de battements d'ailes.
Comment vaincre ce fléau, déjà désigné par la Bible comme la "huitième plaie d'Égypte" ? En ce début 2005, l'homme n'aurait-il donc pas encore trouvé la parade contre ce qui n'est qu'un insecte ? La guerre il est vrai, porte sur tous les fronts.

1 TONNE DE VÉGÉTATION PAR JOUR : L'invasion actuelle remonte à l'été 2003. Tandis que l'Europe souffre de la canicule, le berceau géographique traditionnel du criquet pèlerin qui recouvre la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Soudan, connaît une exceptionnelle saison des pluies. C'est la promesse d'abondantes moissons, mais aussi d'une reproduction effrénée de Schistocerca gregaria, l'une des quelque douze mille espèces de criquets recensées dans le monde. Et parmi la plus redoutée.

Lors de la dernière invasion acridienne entre 1986 et 1989, 29 millions d'hectares répartis sur 23 pays d'Afrique ont été touchés. Pour enrayer la crise, près de 250 millions d'euro ont été dépensés et 32.000 t d'insecticides ont été pulvérisés. La plus longue crise du siècle dernier a duré vingt ans et s'est achevée en 1963. Pour la crise actuelle, 12,4 millions d'hectares ont déjà été traités, à raison d'un litre d'insecticide chimique par hectare. Un essaim peut s'étendre sur près de 10.000 ha et regrouper jusqu'à 80 millions de criquets. 1 million de criquets consomment 1 t de végétation, soit autant que 2500 personnes en une journée. Au sol, leur densité atteint 1 million d'individus par hectare. Chaque femelle engendre 60 criquets qui vivront entre 2 et 6 mois. La formation d'un bataillon terrestre nécessite ainsi 50.000 larves/ha et celle d'un essaim, 250 adultes ailés/ha.
Tel fut le cas à l'automne 2003. Au Sahel, la saison sèche est revenue. Affamés, les essaims qui se sont formés remontent au nord. Première touchée, la Mauritanie y laisse quelque 300.000 hectares de mil, blé, sorgho et riz. Repus, les criquets atteignent le Maghreb à l'hiver 2003-2004. Là encore, la météo joue pour eux : il pleut sur le Nord de l'Afrique.

UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT : Du coup, les larves sont en phase grégaire dès l'éclosion et de nouvelles générations aux effectifs plus nombreux remplacent les précédentes. Engourdies par le froid hivernal, elles attendent leur heure.
Qui arrive au printemps 2004, sous l'effet des premières chaleurs et des pluies. Cette nouvelle génération se développe au Maroc, prête à poursuivre le périple entamé l'année précédente par ses aînés. Résultat : la majorité fonce vers la terre mère sahélienne et ses abondantes pluies d'été.
En août 2004, l'invasion est à son paroxysme. Poursuivant un cycle infernal de reproduction, la densité de criquets atteint cette fois un million d'individus par hectare et menace les semis de la récolte suivante. Quatre millions d'hectares sont ainsi dévorés en Mauritanie, au Sénégal, au Mali et au Niger. À l'automne 2004, les criquets reprennent la route du nord, plus nombreux que jamais. Des essaims atteignent le Cap Vert, les Canaries, le Sud du Portugal et de l'Espagne, la Crète, Chypre, Israël, l'Égypte... D'autres essaims, au lieu de migrer normalement vers le nord à cette époque de l'année, descendent vers le sud.
En janvier 2005, des essaims ont gagné la Guinée-Bissan, détruisant 700 ha de plantations de manguiers et d'anacardiers dans la région de Biombo, au Nord-Ouest. Bilan en cette fin d'hiver : une bonne dizaine de pays envahis.

DEMAIN EN EUROPE ? Avec le réchauffement climatique, les criquets pèlerins pourraient-ils déferler en Europe ? En novembre 2004, des essaims sont arrivés aux Canaries, dans le Sud du Portugal et de l'Espagne. Deux individus ont été trouvés dans la Crau, quelques-uns dans les dunes de Port-Camargue, et un à Rome. "Mais ils ne peuvent pas se reproduire car les conditions écologiques ne leur sont pas favorables", rassure Michel Lecoq, entomologiste au CIRAD à Montpellier.

Ainsi de la température et de l'humidité du sol qui influencent directement la durée d'incubation et le taux de mortalité des oufs. Les criquets pèlerins ne peuvent se reproduire que dans les sols sablonneux humidifiés par la pluie. Ils se reproduisent au Sahel pendant la saison des pluies en été et au Maghreb l'hiver. Ces zones de reproductions sont beaucoup plus restreintes que la zone d'invasion qui s'étend, au nord, jusqu'en Méditerranée.

V.B. - SCIENCE & VIE > Avril > 2005

La Sérotonine rend le Criquet Dévastateur

Lorsque la nourriture fait défaut, une poussée de sérotonine transforme le criquet pèlerin, habituellement solitaire, en insecte grégaire.

Comment le timide criquet pèlerin Schistocerca gregana, petit insecte solitaire fuyant ses congénères, peut-il se transformer en quelques heures en un redoutable ravageur de cultures, capable d'agir de concert avec des millions de ses semblables ?
Selon Michael Anstey et Stephen Rogers, de l'université d'Oxford (Royaume-Uni), la clé de cette métamorphose réside dans le ganglion thoracique, une région motrice du système nerveux central des insectes. C'est une forte augmentation de sérotonine, une petite molécule naturellement présente dans les neurones de la plupart des espèces animales, qui donnerait le signal de la transition vers un comportement grégaire.
Tout commence lorsque la nourriture se fait trop rare. Les criquets pèlerins se rassemblent alors sur les derniers carrés de végétation. Au milieu de cette population inhabituellement dense, le contact avec leurs congénères déclenche une brusque poussée de sérotonine. "Il suffit de quelques heures pour que la sérotonine commence à modifier l'expression des gènes", révèle Stephen Rogers. Les criquets recherchent alors la compagnie de leurs congénères : ils forment des essaims comptant jusqu'à 40 millions d'insectes par kilomètre carré ! En laboratoire, les biologistes ont montré qu'en bloquant l'action de la sérotonine, ils parvenaient à inhiber tout comportement grégaire, alors même que les conditions d'une formation d'essaim étaient réunies. Une piste de contrôle des populations de criquets pèlerins qui mérite d'être approfondie : à chaque invasion, les insectes dévastent des millions d'hectares, menaçant les moyens de subsistance d'un dixième de la population mondiale.

E.H. - SCIENCE & VIE > Avril > 2009

 

   
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