Les Animaux et la Guerre

L'histoire militaire des animaux est émaillée d'épisodes dramatiques ou cocasses. Des oies du Capitole aux dauphins de la marine américaine, des éléphants d'Hannibal à ceux des Khmers rouges, des renards hébreux aux rats du Mossad, des pigeons "photographes" aux mulets d'artillerie... peu d'animaux ont échappé à l'embrigadement. Durant la Première Guerre mondiale, plus de 14 millions d'entre eux ont été enrôlés dans les armées belligérantes. Si 120.000 d'entre eux ont été décorés pour faits de guerre, près de 10 millions ont péri sur le champ de bataille. Lors du second conflit mondial, 30 millions d'animaux ont servi sur les terrains d'opération. La Suède a utilisé des phoques kamikazes contre les sous-marins allemands, les Anglais ont conditionné des mouettes pour qu'elles repèrent les sous-marins, les Soviétiques ont envoyé des chiens kamikazes à la rencontre des chars d'Hitler, qui lui-même faisait décorer de la croix de fer des bataillons de chiens poseurs de bombes...

Les Animaux et la Guerre 1914-1918

Pourquoi ce Pigeon "Cher Ami" est-il un Héros ?

ÇA M'INTÉRESSE Questions N°39 > Juillet-Septembre > 2022

Un Pigeon Voyageur décoré de la Croix de Guerre Américaine

Le fait est assez rare, sinon unique, pour être mentionné. Le pigeon voyageur, entre les mains du capitaine américain J.-L. Carney de Pittsburg (Pensylvanie), restera célèbre dans les annales de guerre de nos alliés.

En pleine forêt de l'Argonne, en juillet 1918, un bataillon américain, commandé par le colonel Whittlesey, après avoir exécuté un bond en avant, se trouva séparé du reste du régiment. Les Allemands entourèrent la vaillante troupe qui, groupée autour de son chef, résista héroïquement. Comment rétablir la liaison ? Des volontaires se présentent, ils sont tués au fur et à mesure qu'ils tentent de franchir la ligne des tirailleurs ennemis.
Heureusement, un pigeon baptisé "Cher Ami", un pigeon voyageur au plumage bleu ardoise et blanc, est retrouvé sur un cadavre américain. Vite, un message à la patte et "Cher Ami" après quelques hésitations sur la direction à prendre, s'envola à tire d'ailes, sous le feu des mitrailleuses ennemies.

Il arriva sain et sauf au quartier général, et le bataillon fut immédiatement dégagé par des troupes envoyées à son secours. Toujours sur le front occidental, "Cher Ami" porta plus de douze messages très importants. Un jour, au cours d'un vol sous le feu ennemi, le vaillant oiseau se trouva dans le champ d'éclatement d'un obus fusant. Il fut atteint par un éclat qui lui enleva une partie de la patte droite. Il volait alors des premières lignes à Rembrandt. En arrivant à destination, "Cher Ami" tomba, affaibli par la perte de son sang, mais portant toujours le précieux billet attaché à sa patte blessée. Le général Pershing demanda à voir l'oiseau fidèle, et, après une caresse sur la tête, il lui décerna la Croix de Guerre Américaine, la Distinguished Service Cross. Puis le généralissime ordonna l'envoi du messager ailé à Washington, où il finira ses jours tranquillement.

"Cher Ami" est parti tout dernièrement avec la première compagnie du service des pigeons sur le paquebot Ohio à destination des États-Unis. Beaucoup de chiens, au cours de cette longue guerre, ont fait preuve de courage, de dévouement et même, le mot n'est pas exagéré, de bravoure. Plusieurs ont été décorés. L'histoire de ce pigeon méritait une place à part.

LE MIROIR N°287 - Dimanche 25 > Mai > 1919

Galerie Photo

Plaque, se trouvant au Fort de Vaux, rendant les honneurs
à un pigeon de guerre. (photo F. De Look)
Texte se trouvant sur la plaque du Fort de Vaux.
(photo F. De Look)
À Couin, petit village de la vallée de l'Authie dans la Somme, un monument où les animaux sont mis à l'honneur. (Photo Dr Loodts)
L'éloge à nos amis les animaux. (Photo Dr Loodts)
Chien ambulancier partant à la recherche des blessés. (Tiré de "Le miroir" du dimanche 8 août 1915)
Depuis longtemps les Belges emploient des chiens pour traîner leurs mitrailleuses. Ils leur ont rendu les meilleurs services. (Tiré de "Le miroir" du dimanche 8 août 1915)
Le transport, des vivres et quelques fois des munitions, effectué à l'aide d'une petite voiture. (Tiré de "Le miroir" du dimanche 8 août 1915)

P.Loodts - Medecins de la grande guerre

La Guerre des Animaux, 1914-1918

Quand il s'agit d'aborder la 1ère Guerre Mondiale, les animaux sont immanquablement oubliés par les historiens. Pourtant, pour l'homme, leur importance est de taille. Avec l'exposition "La guerre des animaux, 1914-1918", l'Historial de la Grande Guerre vous propose une autre façon de percevoir le quotidien des soldats. et des bêtes.

À la fois compagnons, moyens de transport et parfois charognards, les animaux durant la Grande Guerre ont imprégné le quotidien des soldats. Mais pas seulement par leur présence physique. En effet, l'iconographie - tant civile que guerrière - utilisait largement la symbolique des animaux.

Des animaux au front : du cheval au rat

À cette époque, les armées européennes se servaient des ânes, mulets et chevaux pour des services aussi bien tactiques que logistiques. Ainsi, en août 1914, la France avait déjà mobilisé 1,5 millions de chevaux. Combien survécurent ? Peu, sans doute. On peut même dire que ces bêtes ont appartenu à la catégorie "victimes de masse" de la guerre, comme en témoigne le cliché pris par Jean-Baptiste Tournassoud dans l'Oise, en 1917 : Tombereaux de cadavres de chevaux tirés par d'autres chevaux. Toujours est-il que le cheval eut un rôle capital à jouer auprès des soldats. Souvent seuls et effrayés, ceux-ci nouaient des liens affectifs avec leur compagnon d'infortune. Des liens si forts, que la mort de leur cheval pouvait les plonger dans un état de total désespoir. Désespoir qui d'ailleurs n'en finissait pas de grandir face au spectacle des rats rongeant les cadavres humains et animaux.

L'imagerie animalière comme propagande guerrière

Il n'y a pas qu'au front qu'on trouvait des animaux. Ainsi en témoigne la deuxième partie de l'exposition qui présente les insignes et blasons issus du bestiaire militaire comme ces volatiles, félins ou petits lapins peints sur les avions ou portés en épinglette par les aviateurs français. Les symboles nationalistes de la culture de guerre sont aussi largement exposés comme l'aigle et le cochon allemands, le coq français, le bouledogue anglais et l'ours russe. Dans l'iconographie civile, on retrouve des objets du quotidien décorés par des scènes de guerre où les animaux tiennent le premier rôle. Comme cette assiette peinte par l'illustrateur animalier Benjamin Rabier qui représente un chien sanitaire - chargé de trouver les blessés - désignant, d'un rire moqueur, un soldat allemand. Et bien sûr, il y a les affiches de guerre : qu'elles aient pour but d'inciter à s'engager dans l'armée américaine ou d'encourager les dons en faveur de la Croix-Rouge, elles utilisaient souvent les images d'animaux et particulièrement celle du chien. Un animal très proche de l'homme à qui l'on prête facilement des caractéristiques humaines... Et effectivement, avec "La guerre des animaux, 1914-1918", vous découvrirez enfin quelle vie de chien ont pu mener les poilus. Et là, on parle autant des hommes que des bêtes.

cr-picardie.fr > 9 Août > 2007
 

   
 C.S. - Maréva Inc. © 2000 
 charlyjo@laposte.net